a shot in the dark

caleb & nyx

Elle était enfin prête. Des jours maintenant qu’elle tentait de rassembler le peu de courage qu’il lui restait – ayant usé de la majorité pour embarquer dans ce train qui l’avait conduit jusqu’ici – pour se rendre chez Jules et finalement tout lui avouer. Elle se sentait enfin prête à lui déclarer sa flamme. Il faut dire que de le revoir lui a fait comprendre bien des choses, dont le fait qu’elle ne pourrait pas effacer ses sentiments pour lui quand bien même elle essaierait, et surtout, ça a fait son petit cœur battre la chamade. Elle était toujours sous son charme. Tout ce qu’elle avait enfoui depuis son départ, ces idées qu’elle avait en tête avant de partir, ces sentiments qu’elle avait ressenti, elle s’était longtemps efforcée de les oublier, parce qu’après tout, ce n’était plus possible. Jules avait déménagé et les chances qu’elle le revoit un jour étaient presque nulles – parce qu’il ne faut jamais dire jamais – alors, pour son propre bien-être, elle avait tenté de faire une croix sur ce qui, de toute façon, ne pourrait pas exister.  

Il y avait sans doute une meilleure façon de faire que de débarquer chez lui à l’improviste et, à peine la porte entrouverte, déballer son sac avant de finalement oser affronter son regard, mais elle savait que si elle ne saisissait pas sa chance maintenant, peut-être ne se représenterait-elle jamais. Parce qu’au fond, ça lui faisait un peu peur de finalement mettre carte sur table, de risquer l’amitié qu’ils avaient pour quelques sentiments stupides – quoi que ses sentiments n’étaient pas stupides et étaient légitimes, mais tout de même, sauter dans le vide comme ça, tout risquer, lui semblait terriblement effrayant. Plusieurs fois, en route vers chez Jules, elle aurait voulu faire marche arrière, rentrer chez elle en courant, mais il lui fallait être brave, parce que c’était maintenant ou jamais. Alors elle continuait d’avancer tandis que son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine à chaque battement. Puis, le moment fatidique arriva enfin. Elle se tenait devant la porte. Prenant une grande inspiration, vaine tentative pour faire son cœur se calmer, elle cogna finalement à la porte et attendit impatiemment une réponse.

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a shot in the dark

caleb & nyx

Je me demande parfois si on a vraiment eu la même éducation. Non, mais ce n'est pas possible, j'ai lavé ce truc il y a même pas un jour et voilà qu'il salit tout à nouveau. Y a pas à dire, mon frère aime vivre dans la saleté. Il suffit de voir l'état de l'appartement avant que j'arrive, un carnage. Je ne suis pas maniaque, mais j'aime bien un peu de propreté. Ça ne fait de mal à personne et puis ça permet qu'on s'y retrouve un peu. Bon j'avoue que moi ça me permet de penser à rien et de faire un peu le vide dans ma tête. Certains utilisent le sport pour se vider la tête et bien moi j'utilise le balais ou le chiffon. Chacun sa méthode, c'est toujours aussi fatiguant, surtout quand on doit entretenir ce « taudis » il me désespère par moment. Je sais qu'il fait ça dans le seul but que j'arrête et pour m'énerver, mais ça ne prendra pas. En même temps, ça m'occupe et puis il est déjà gentil de m'héberger le temps que je remette ma tête en place. Je ne sais pas de quoi mon avenir va se constituer, mais je peux toujours me recycler en tant que majordome. J'ai peut-être plus d'avenir là dedans ? Quoique non. Mauvaise idée. D'après Jasper, je suis fait pour la musique et je suis vraiment doué.. rien que de penser à lui, je souris. Tel un idiot. Un gamin de cinq ans qui sourit devant son jouet préféré. Jasper n'est pas mon jouet, loin de moi cette pensée. Non il est .. je ne sais pas ce qu'il est, mais dès que je le vois je souris. On va dire qu'il illumine mes jours en ce moment. Alors que je dois noircir les siennes.. quoique j'en sais rien et je vais éviter de penser à ça. Il a assez de soucis comme ça, n'allons pas lui rajouter mes angoisses. Quoiqu'il les connaît déjà. Je me cogne la tête en entendant qu'on cogne à la porte. Passant ma main sur la futur bosse. Ça m'apprendra à vouloir aller plus vite. Ou alors et surtout à avoir la tête ailleurs. Je regarde aux alentours. Jules n'étant pas là … j'en ai profité pour faire le ménage. Chien me regarde l'air de dire « tu vas pas ouvrir » .. cinq minutes. Il ressemble bien à son maître. Je me demande qui peut bien venir à cette heure… je n'attends pas de visite. Et il y a très peu de personne qui sachent que je suis ici. Ça doit sûrement être pour Jules. Y a plus de chance. La personne va vite déchanter en me voyant.

Je me dirige doucement, mais sûrement vers la porte. A peine, ai-je ouvert ce morceau de boîte qu'une voix apparaît à mes oreilles. Un discours dont je ne comprends pas un traître mot. La personne ne m'a pas encore vu. Je regarde ce petit bout de femme qui fait défiler les mots. Elle parle d'amour si je comprends bien, de sentiment, de… mon frère. J'écarquille un peu plus les yeux et là c'est le choque. Elle me voit et percute de son erreur. Elle finit par s'excuser. Je vois qu'elle est perturbée par la situation. Nous sommes deux dans ce cas. Je la vois qui s'apprête à partir, mais pour une fois : je suis rapide. « Attendez ... » elle se retourne. « Y a pas de mal, mais … vous vous connaissez mon frère ? » Question bête. Bien sûr qu'elle le connaît. Je me sens con là pour le coup. « Je… vous avez soif ? » Je l'invite à rentrer. Ne sachant pas encore ce que je vais bien pouvoir lui dire et surtout qui elle est. Et c'est là que ça me fait tilte. « Vous êtes Pam non ? » Je dis ça, sans vraiment savoir. Aussi bien c'est une autre personne. Et je fais erreur sur toute la ligne, mais elle a vraiment l'air de le connaître. De connaître un Jules qui m'est totalement inconnu, enfin le Jules qui m'a été inconnu durant douze ans.

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