Un corps sans vie, sur une table froide, dans une pièce froide. Voilà le contexte du travail de James. Les écouteurs dans les oreilles, il se prenait pour un chirurgien à découper, à l'aide de son bistouri, le corps sans vie qu'il avait sous les yeux. Quel était le contexte de la mort ? Un crime ? Une maladie ayant gagner le pari de prendre une nouvelle vie ? Une rencontre qui a mal tournée ? James était là pour retirer de la liste, une par une, toutes les solutions possibles pouvant expliquer que la personne sur cette table avait passé l'arme à gauche. Il était là pour mettre la lumière sur ces nombreux mystères. Jamais, il ne travaillait sans sa musique. Il trouvait l'endroit trop prospère et lugubre pour ne pas l’étayer par un peu de musique. Sa façon de penser était paradoxale. Dans le sens où il était passionné par ce qu'il faisait, par l'histoire que pouvait lui raconter ce corps ouvert de partout. Mais il n'était pas particulièrement fan de l'endroit où il exerçait son travail. Une pièce plus froide qu'un morceau de viande pris par la congélation. On pouvait se penser littéralement dans un congélateur. La table froide où reposait le corps était au centre de la pièce et James se trouvait assis sur son tabouret au niveau de la tête de la victime. Face à lui, on pouvait y trouver une vitre où toute personne étrangère ou faisant partie du service pouvait observer le travail du médecin légiste. Ca le gratifiait de se sentir observer, de voir que des personnes pouvaient attendre après son rapport, après son travail, pour continuer le leur. Se dandinant sur son tabouret au rythme de la musique que recevait ses oreilles, il se sentait tout de même comme un poisson dans l'eau dans ce qu'il faisait. Même s'il exerçait un boulot plus que glauque et morbide, à chaque autopsie, il avait hâte de lire ce que le corps de la victime avait à lui dire, à lui confier concernant sa mort. Ce qu'il détestait par dessous tout lorsqu'il était en pleine autopsie, était qu'on vienne le déranger, sans aucune raison valable. Tous ses collègues connaissaient l'oiseau et connaissaient les raisons valables pour déranger James. Mais rares étaient les fois où quelqu'un prenait le risque de le déranger. James était bon dans son domaine et avait un professionnalisme irréprochable, hormis les petites manies qu'il pouvait avoir. On frappa à la porte de la salle où se trouvait James. Même s'il avait ses écouteurs, le volume de la musique n'était jamais assourdissant. Et il était ainsi donc capable d'entendre lorsqu'on frappait à la porte. « Désolé mec, je dois t'abandonner quelques secondes. Compte sur moi, ça ne prendra pas des heures. » adressa-t-il au cadavre qu'il avait devant les yeux. Se levant de son tabouret, il enleva les écouteurs de ses oreilles pour les jeter sur la paillasse présente près de la porte. « Il y a intérêt à ce que ce soit important pour qu'on ose venir me déranger. A tous les coups, c'est encore Maggie qui a oublier quelque chose. » Il avait sans doute un soucis à se parler à lui-même. Sa collègue Maggie avait ce petit côté tête en l'air et elle était la seule des collègues de James à venir le déranger même sans aucune raison. Elle était la seule à prendre le risque de s'octroyer les foudres de James pour l'avoir dérangé. Il se dirige vers la porte et pose la main sur la poignée de cette dernière. « De quoi t'as b'soin, Maggie ? » dit-il tout en ouvrant la porte dans un grand geste. Sa surprise ne fut que plus qu'immense lorsque ses yeux se posa sur la jeune femme qui se tenait derrière la porte. Une jeune femme brune, avec un air de famille très prononcé avec James. « Rip' ? » C'était la seule parole qui puisse sortir de sa bouche. Il ne savait pas que sa petite sœur se trouvait en ville, qu'elle était de retour auprès de sa famille. Depuis quand ? Pourquoi ? Elle aurait des explications à donner à James. « Qu'est ce que tu fais là ? … Enfin … T'aurais pu prévenir que t'étais en ville, merde ! » Elle se pointait là, comme ça. Elle était là, devant lui, comme s'ils s'étaient vu la semaine dernière. Il en revenait pas. Il était partagé entre le fait de lui en vouloir de ne pas avoir pris contact avec lui avant, pour lui dire qu'elle était ici et le fait d'être content de la revoir et de la savoir près de lui. « Putain, Rip', si t'avais pas mis les pieds ici, tu m'aurais jamais prévenu de ton retour ? Sympa la famille, ici ! Les parents sont au courant que tu te trouves en ville ? » Il la harcelait de questions alors qu'elle n'avait pas encore pu en placer une. Elle avait l'air autant surprise que lui, de se trouver face à son frère.

Mes yeux se perdent devant une rediffusion d'une émission française : les reines du shopping. En même temps, c'est logique, je suis en train de regardée une chaîne française. Par moment, ça fait du bien de revenir aux sources. Les bases en soient, mes bases à moi sont de tout de même mes racines françaises. Ce qui me fait penser que ça fait un moment que je n'ai pas posé le pieds sur le sol français. Un peu trop longtemps à mon goût, depuis que les parents ont déménagés près de Londres, que James vit dans le coin et moi.. bah moi qui vagabonde en fonction de mes missions, mais principalement je vivais dans un pays ou il faisait presque aussi froid que dans l’Arctique. J'y avais trouvé mes marques là-bas, mais bon il me manquait quelque chose ou plutôt quelqu'un… Quand j'y repense, j'ai vraiment été idiote, j'ai perdu des années, alors que j'aurai pu profiter de lui. Être si proche, mais si loin à la fois. Quand je repense à nos années « amicales » ou je le considérais, juste comme mon meilleur ami, j'étais vraiment bêta à l'époque. Bien sûr qu'il m'a attiré au premier regard, sauf que je ne pouvais pas. Je me rappelle plus ce qui me bloquait à l'époque, mais je me voyais pas en couple avec lui… alors que les envies étaient là. Y avait ces soirs de supplice, lorsque mon petit corps était blotti contre le sien, que nous dormions juste .. que l'alcool dans mon sang me guidait vers des choses peu catholique.  Soufflant en y repensant, j'ai vraiment été stupide à l'époque. J'ai perdu du temps, j'ai perdu l'homme de ma vie. Parce que oui, c'est lui. Je le sais, je le sens. Il suffit de voir comment mon cœur s'est emballé lorsque j'ai croisé son regard. Son magnifique regard. Et s'il ne l'était pas, j'aurai pu tourner la page, ce qui ne s'est jamais fait. Au fond, ça veut bien dire ce que ça veut dire ? Que c'est lui. Et cette fois, c'est à moi de lui courir après, j'ai juste peur de courir après une chimère… Il faut que je me change les idées, il faut qu'il arrête d'être dans mes pensées, ça va me tuer à force. Sauf qu'à chaque fois, il est là. Je repense à nos « retrouvailles », à la discussion qu'on a eu et moi qui ait eu la trouille de lui dire la vraie raison de mon retour. Je me voyais pas lui dire de but en blanc : et bien je suis revenue pour toi, je me suis rendue compte de mon erreur, je t'aime toujours et pour toujours, t'es l'homme de ma vie B. Ouais, non on va éviter ce genre de déclaration. Je me serais surtout pris un mur. Il aurait probablement flippé et m'aurait pris pour une folle. Cette partie de moi, il la connaît, mais la partie déclaration moins. Il sait que je ne suis pas habile avec les mots et encore moins pour exprimer ce que je ressens. Et puis bon … non ce n'est pas le moment de songer à tout ça, je ferme la télé et attrape ma veste, ainsi que mon chapeau. J'ai besoin de prendre l'air, de m'aérer l'esprit. J'ai l'impression d'être un poisson qui tourne dans son bocal. Les filles, oui à mes yeux Aiden fait parti des « filles », ne sont pas à l'appartement, Izzy a laissé ses clefs, je vais lui emprunter sa voiture. J'ai envie de rire et je connais la personne adéquate. Rien de mieux pour ça que d'être avec des personnes qui ne te connaissent pas, du moins pas entièrement. Je connais la personne idéal pour ça et je sais où elle bosse ! En route pour Leeds.

« De quoi t'as b'soin, Maggie ? »  … mon regard s'ouvre un peu plus grand. Alors ça, pour une surprise, c'est une surprise. Ma bouche forme même un « o » tellement je suis prise par surprise. Je m'apprête à dire quelque chose, mais les mots ne viennent pas. Une chose est sûre, il ne s'attendait pas à moi et inversement. Maggie tu es où ? Je crois qu'on a besoin de toi dans cette situation, autant que lui, que moi. Les Moriarty au rapport, je sens que ça va faire mal pour mon matricule. « Rip' ? » Affirmatif, bon il se souvient de moi, encore heureux. Je sais pas ce que je dois dire ou faire. Là pour le coup, je m'attendais pas à tomber sur mon frangin, pourtant je sais qu'il bosse ici, mais ce n'est pas lui que je venais voir. J'étais venue ici pour voir maggie, une petite blonde toute mignonne qui m'aurait permis de ne pas penser à mes soucis. Là c'est pire que tout, c'est de mon frère qu'on parle. « Qu'est ce que tu fais là ? … Enfin … T'aurais pu prévenir que t'étais en ville, merde ! » Quand je dis que l'heure de mon procès a sonné. Il est pire que papa, je souffle un peu tout en rentrant la pièce, inspectant ce qu'il était en train de faire. Une autopsie et le cadavre, ne sent guère bon. Je suis partagée en voyant mon frère, est-ce qu'il est heureux de me voir ou est-ce le contraire ? Sa voix m'induit en erreur, à tel point que je n'ose pas parler. Ce qui est rare, je sais, moi la pipelette, ne trouve rien à dire. Ironie du sort quand tu nous tiens. « Putain, Rip', si t'avais pas mis les pieds ici, tu m'aurais jamais prévenu de ton retour ? Sympa la famille, ici ! Les parents sont au courant que tu te trouves en ville ? » Oui, clairement il me fait mon procès, je pose mon cul sur sa chaise. Tu permets Jim, mais je préfère m’asseoir avant de subir tes foudres. « Bonjour à toi aussi, moi aussi je suis content de te voir Jim. » j'aurais pu me passer de cette réplique, mais c'est plus fort que moi, j'aime pas quand il me fait mon procès. « T'sais que t'es pas papa hein ? Et détresses les parents ne sont pas dans le coin, et j'ai appelé maman y a quelques jours, ils savent que je suis revenue sur le sol anglais... » Oui bon ok, j'ai peut-être oublié de le prévenir. Mon excuse ? A dire vrai, j'en ai aucune. J'ai été pris par mon idée, j'ai foncé sans réfléchir. Orion m'a offert le toit pour les premières nuits avant que je finisse par trouver cette colocation. Et dans tout ça, j'en ai oublié de prévenir mon frère… Je mérite pas le titre de la super sœur de l'année. Pas du tout. « Et bien sûr que je t'aurais prévenu de mon retour, fin plutôt de mon arrivée… il se peut juste que j'ai légèrement oublié que tu vivais dans le coin… » Je fais une petite moue, essayant de voir si ça passe. Quoi, mon excuse est valable. Je ne retiens pas tout, il le sait, je retiens ce qui m'intéresse, mais bon j'ai pas mal bougé et puis… j'en sais rien. « Xcuse moi, mais regarde… je suis là ! Et détends toi ça fait même pas une semaine que je suis dans le coin. Alors oui j'aurai pu t'appeler à mon retour, mais je t'ai dit, j'ai oublié.. ça t'arrive pas d'oublier des trucs ? » Il va pas me la jouer monsieur perfection parce que ça ne fonctionne pas avec moi. Puis bon j'avais autre chose en tête, ou plutôt Lui en tête et ça c'est pas rien. Jouant un peu sur sa chaise et tournant dans le vide. Une chance que la vue du sang ne me fasse rien. « T'es même pas un peu content d'me voir ? Tu vas me faire ta tête de babouin pendant longtemps ? J'repars sinon ? » Ouais, parce que clairement t'es pas petite, blonde, adorable, mais je m'en contenterais quand même ! Je sais, je suis adorable.