Il ose croire qu'il va pouvoir faire les choses bien. Qu'il va pouvoir retrouver un pilier, un équilibre dans sa vie. Il court, sans s'arrêter, sans se préoccuper des personnes qu'il bouscule qui, à cette heure-ci, sont simplement ivre. Il s'en fiche, des insultes qu'il se prend dans la gueule, même si son poing le démange férocement. Et rien que parler de poing, ça réveille en lui le peu d'hématome qu'il reste sur son visage. Il sent qu'il va cracher ses poumons qu'il faut réellement qu'il arrête son abus de cigarette parce que quand il arrive devant sa maison, il est essoufflé. Mais il n'hésite pas a toqué, peut-être un nombre incalculable de fois. Ses mains tremblent, la peur au visage, Callum lui ouvre la porte. Et bon sang, il est magnifique. Il a réellement manqué à Achille et il se retient de pleurer. Parce qu'il ne mérite pas de verser quelques larmes de plus, c'est à cause de lui qu'ils sont séparés et Achille ose croire qu'il peut désormais tout réparer. Callum est froid, et ça lui brise un peu plus le coeur, et pourtant, ça ne lui fait pas baisser ses gardes. « C'est ton père ! » Il hurle sans vraiment s'en apercevoir, parce qu'il est mort de trouille, il a peur que Callum ne l'entende pas, ou peut-être qu'il ne veut pas l'écouter. « Il y a une semaine, ton père est venu me voir et il m'a menacé. » Bon sang, juste lui dire ceci enlève un poids immense de ses épaules. Il n'a pas la permission d'entrer, alors Achille se confie sur le palier. Il ne connaît pas vraiment le loft de Callum, n'y allant pas réellement puis, ils sont habitués à aller chez Achille. Parce que malgré tout, c'était leurs chez-eux, là-bas. « J'ai eu peur, parce qu'il m'a dit qu'il pouvait me faire vivre pire que ce que j'ai déjà vécu à l'armée ! Je ne sais pas comment il l'a su... » Et c'est vrai que c'est peut-être ça qui le fait peur, de ne pas savoir un minimum d'information alors que quelqu'un enquête sur sa petite vie. « Soit je te quittais, soit... J'ai eu peur qu'il m'tue. Je pensais pas ce que je t'ai dit, je voulais juste que tu partes en me détestant. » Et des deux, Achille est certain que c'est lui qui a le plus souffert. Lui, il ne s'envoyait pas quelqu'un d'autre en l'air.

Callum n’attend même pas une seconde avant que les mots ne commencent à s’échapper frénétiquement de la bouche d’Achille. Ce dernier est essoufflé, faisant paraître son discours comme un monologue des plus complexes. Mais Callum l’écoute d’une oreille attentive. Il ressent à la fois un sentiment de trahison et de soulagement. De savoir que cette rupture n’était pas la réelle intention d’Achille, ça lui fait du bien. Parce que cela veut dire qu’il l’aime. Mais de savoir qu’il lui a caché cette vérité, a préféré se soumettre aux menaces de son père, ça lui fait mal. Parce qu’il l’aurait protégé de tout ça, il aurait bouger les montagnes pour ce mec bordel! Callum respire fort, parce qu’il est à la fois fâché et chagriné. Les deux émotions se battent férocement en lui et il ne sait pas qui gagnera l’ultime combat. Il fait entrer Achille dans l’appartement parce qu’il sait qu’il va gueuler. Heureusement pour lui, Orion est sorti avec la blonde dont il ne connait pas le nom, ce qui fait en sorte que ces états d’âme, il n’en sera aucunement témoin. “T’as pas envie de mettre tes couilles parfois?”. Il ouvre enfin la bouche. Son ton est ferme, sa voix est remplie de reproches. Les larmes lui montent aux yeux. “Tu préfères te cacher dans ton coin plutôt que d’affronter, même si pour ça tu dois carrément briser le coeur de quelqu’un! Je comprends pas!”, enchaine-t-il en levant les bras dans les airs. “Tu sais, si tu me l’avais dit j’aurais pu faire quelque chose. Genre autre chose que de boire comme un putain de trou comme j’le fais depuis une semaine”, poursuit-il. Son regard est intense, à la fois rempli de rancune et de tristesse. Callum sait très bien qu’il ne pourra pas rester aussi fort très longtemps. Parce que par-dessus tout, Dieu sait à quel point il a envie de le serrer dans ses bras. Mais il a besoin de le secouer un peu, de lui faire réaliser à quel point sa décision a impacté négativement l’avocat. Bien sûr, Callum comprend la peur qu’il a pu ressentir vis-à-vis les menaces de son père. Mais il sait qu’il peut le gérer, son père. Achille aurait dû lui en parler le plus tôt possible. “Merde, Achille. Tu m’fais chier. Tu me pousses à bout et je fais des choses qui me font sentir comme un enfoiré”. Sa voix est désormais brisée et il baisse la tête. Les remords sont bien présents; il ne peut oublier le fait qu’il a volontairement écrit à Achille des détails concernant ses ébats avec sa secrétaire dans le seul but de le faire chier. “T’as pas le droit d’me faire ça. T’as pas le droit d’me laisser”, lui dit-il en le poussant ses épaules. Les larmes et ses yeux rougis consistent à eux-même l’entièreté du visage de Callum. On n’y lit plus rien hormis une profonde tristesse.

La vérité a éclaté. Au moins, Achille peut arrêter de s'en vouloir pour beaucoup. Mais bien sûr, la réaction de Callum est compréhensible, même si elle fait quand même mal. Il assume, garde la tête sur les épaules, et ne lâche absolument pas son regard. Pas même quand il pénètre dans l'appartement. Parce que Callum est beau, parce que Callum a énormément manqué au jeune homme et que pour lui, une semaine équivaut à une éternité. « Bah écoute Callum, va te faire torturer comme je l'ai été puis on en reparle, des couilles. » Il souffle, sans vraiment s'en empêcher. Et pourtant, il s'en veut à la minute qui suit, parce que ce n'est pas juste de prendre la violence comme défense. Parce que dans le fond, Achille sait qu'il a raison. Mais il est lâche, il l'a toujours été. Depuis qu'il a repris sa vie en main, il n'a pas été capable de prendre sur lui, de ne plus avoir peur. « Si j't'ai rien dit, c'est parce que je connais pas ce gars ! Moi je sais pas de quoi il est capable ! » Il a pris la défensive, il a pris la peur, mais en même temps, c'est tout ce qu'il sait faire, c'est tous qu'il a toujours ressenti. « Boire et baiser une bonne meuf ? Parce que ça, j'avais compris. » Là, il lui en veut, il ne cache pas sa déception, parce que même s'il ne remet pas le sujet du poing dans la gueule, il y a d'autre chose qui lui ont énormément fait mal. Achille se permet de lui faire la réflexion, et il n'arrive pas à trouver ça mal. Alors ouais, il a compris qu'il était lâche, il a compris qu'il fallait qu'il prenne sur lui, qu'il fallait qu'il décapite cette carapace qu'il a mis énormément de temps à construire. Puis Callum le bouscule, légèrement, et Achille ouvre enfin sa gueule. « J'ai compris putain. J'suis un homme, avec des couilles, j'ai compris. J'aurais dû te le dire, j'ai compris. J'ai eu peur ok ? Faut que je travaille sur moi, parce que depuis que je suis avec toi je change beaucoup ok ? Mais merde, tu peux pas m'en vouloir d'avoir pensé que tous ça, c'était pour te protéger ! Même si j'ai été cruel. » Il le reconnaît, honnêtement, il revoit encore ses mots qui sortent de sa bouche. « Sans toi, je peux pas Call. »

Cette situation de confrontation, ça le met à terre. Il est pris d'une frustration qui le force à dire des choses dénuées de délicatesse et surtout, il se sent mal. Il sait qu'il a été blessé par la façon dont Achille a mis fin à leur relation, mais ne peut s'empêcher de regretter les conneries qu'il a faites au courant de la dernière semaine. Si seulement il avait su que ce n'était qu'une mascarade, il n'aurait pas couché avec sa secrétaire, n'aurait pas envoyé ces messages textes blessants à Achille et il ne se serait pas replongé dans l'alcool. D'ailleurs, ses habitudes alcooliques avaient grandement diminuées depuis les dernières semaines et voilà que ses efforts avaient été brisés, et il ne sait pas s'il pourra s'empêcher de boire à l'excès comme il l'a malheureusement toujours fait. Il n'aime pas ce sentiment de mal-être qui s'éprend férocement de lui. Il n'aime pas non plus le regard triste d'Achille qu'il défie du sien. Mais bordel, il ne peut ignorer la frustration qui l'assaille, l'éternel rappel qu'Achille lui a de prime abord brisé le coeur. "Ach, c'est pas c'que je voulais dire...", lui dit-il après sa remarque sur la torture. Il ne veut pas qu'il le prenne ainsi, comme s'il le traite de lâche pour avoir vécu des traitements inhumains. C'est foutrement difficile d'utiliser les bons mots sans les teinter de son énervement. Son but n'est pas de blesser davantage Achille, mais que celui-ci comprenne que Callum n'est pas le seul à avoir causé du tort à leur couple. "Si y'a quelqu'un qui le connait, c'est moi Ach. S'il y avait eu quelque chose à craindre, je serais parti", lui révèle-t-il. Parce que si son père était réellement capable de telles choses, il n'aurait pas exposé Achille à ce risque. Mais il sait que son père grogne, et ce, de façon très menaçante. Mais il ne mord pas, parce qu'il s'en sort généralement qu'avec les menaces pourtant toujours laissées sans suite. "J'pensais pas ce que je t'ai écrit! Puis p'tain TU m'as largué! J'pensais que c'était fini. J'voulais te faire chier, j'te détestais", lui avoue-t-il concernant les messages textes qu'il lui a envoyés. "Si j'avais su j'aurais pas couché avec elle. Mais j'étais perdu! Tu me connais Ach, tu sais que je dérape facilement", poursuit-il. Callum n'a aucun sefl-control. À vrai dire, il a peut-être toujours été en mesure de garder sa vie bien organisée, mais cela n'a toujours été qu'une illusion. Parce que lorsqu'il n'est pas l'avocat chevronné, il est une loque. Callum est un gars rempli de défauts, mais au moins Achille permet de minimiser la dominance de son mauvais côté. "Tu dis juste ça parce que tu veux qu'on arrête de s'engueuler. Je sais que tu m'en veux", réplique-t-il aux aveux d'Achille. Il ne sait pas pourquoi, mais il a l'impression qu'en ce moment, il le déteste ou du moins, ressent une rancune particulièrement élevée.

Peut-être qu'il n'aurait pas dû revenir, parce que la tournure des choses lui fait franchement peur. Peut-être qu'ils éclatent un conflit trop mis sous silence, que cette semaine a été une simple expérience pour voir comment aller se tourner le reste de leur relation. Il est profondément vexé alors il se braque, entièrement. « Alors c'est quoi que tu veux me dire Callum ? Tu veux que j'porte mes couilles ? » Il commence réellement à s'énerver, pourquoi les choses sont toujours aussi difficiles entre eux ? « Bah écoute, j'vais retourner à ma vie d'avant si tu veux ? Quand je baisais avec n'importe qui, que j'étais infidèle. Putain mais tu veux que je porte mes couilles ? » Il est en train de perdre le contrôle, alors il se tait et souffle un bon coup. Il ne doit pas perdre le contrôle, il ne veut pas faire ce que Callum attend de lui ; il ne veut pas craquer. « Excuse-moi. » Il souffle. Il commence à faire les cens pas, juste histoire de se calmer. La seule chose qu'il eut, c'est d'être dans ses bras, c'est tout. Alors, oui, il tente de fuir la conversation, mais est-ce que c'est vraiment mal ? Ils ne peuvent pas en parler plus tard ? « ET C'EST MOI QUI SUIS PARTI JE LE SAIS. » Il s'exclame, en hurlant, en se brisant les tympans. Il s'agenouille au sol, placet ses doigts sur ses tympans. Il sait que c'est à cause de lui toute cette histoire, mais Callum est têtu, ou c'est Achille qu'il l'est définitivement trop. Puis Il y a ses phrases, celles qui tournent dans son cerveau sans s'arrêter, qui le fait réfléchir sans qu'aucun mot ne sorte de sa bouche. Il y a cette colère qui revient. Il se relève. « Je ne sais même pas comment tu as osé croire que j'étais sérieux ! Si moi je te connais, t'es censé me connaître aussi ! Tu le sais que j'ai jamais menti à propos de mes sentiments envers toi et t'as même pas essayer de comprendre la véritable histoire. Tu m'as insulté comme si j'étais la plus grosse merde au monde, comme si j'étais ton jouet putain ! » Il hurle encore plus, son regard est noir, ses mains tremblent et il se contrôle pour ne rien éclater au sol. « Tu as couché avec une autre personne ! Avec une fille ! Alors que moi, j'assumais même pas de t'avoir laissé partir sans te retenir ! Tu m'as traité d'enculer ! Bien-sûr que je t'en veux ! "Enculé" ! T'es pas juste Callum. » Les larmes menacent de couler. « Tu as levé la main sur moi... Putain mais tu m'as frappé. » Il perd le contrôle, sa main lui montre le restant de l'hématome, ses manches passent sur ses joues avec rage pour éliminer les perles salées. Ses poings se referment entre eux, il se maîtrise sans comprendre d'où lui vient cette force. « Baiser des putains et te bourrer la gueule, ça ne fait pas de toi quelqu'un qui dérape Callum. Mais ça fait juste de toi un sombre con. Alors... Oui je t'ai largué, mais tu n'as même pas mis vingt-quatre heures pour me remplacer. » Les dés sont lancés, les points commencent, les mots et les douleurs ne cessent pas.

L’ambiance dans le logement est plus que lourde. Callum sent les effets de l’alcool disparaitre rapidement tant la situation est chaude. Il est énervé, certes, mais il est surtout blessé. Il n’est plus blessé parce qu’Achille l’a largué de la façon la plus incompréhensible qui soit, mais blessé par sa propre attitude. Parce qu’encore une fois, c’est lui le con dans l’histoire. Il n’a pas cherché à comprendre, n’a pas forcé Achille à s’expliquer. Il a claqué la porte et est parti, préférant faire sa petite victime. Il aurait pourtant dû se battre pour au moins avoir la vérité. Mais il ne l’a pas fait. Et ce n’est pas faute d’amour envers Achille, mais c’est parce que Callum ne sait pas comment agir en amour, encore moins avec l’ancien militaire. Il baisse les bras rapidement, car il est habitué de se faire briser le coeur. “Tu m’as laissé aucun putain de signal me disant que t’étais pas sérieux. Tu voulais que je quitte. P’tain Ach, j’ai… j’ai jamais eu une foutue relation qui a bien terminé pour moi. J’me suis toujours fait largué. Alors tu pensais quoi? Que j’allais être trop fier pour assumer qu’on peut me larguer? J’suis peut-être pas le gars le plus modeste, mais je sais que j’ai des défauts qui sont durs à vivre. Alors…alors non j’ai pas cherché plus loin”, lui avoue-t-il sans filtre. En général, Callum ne laisse jamais transparaître une telle vulnérabilité. Il est le type de mec qui garde toujours la tête haute, qui n’expose jamais ses faiblesses. Mais avec Achille, c’est différent; il n’existe aucune barrière que ce garçon ne peut détruire. “C’était sous le coup de la rage! Comment peux-tu penser que je pensais ce que j’ai dit? J’suis impulsif”, réplique-t-il. Callum cherche peut-être trop à se déculpabiliser, mais il sait qu’intérieurement c’est lui le coupable dans cette histoire. Mais c’est lorsqu’Achille lui rappelle l’un des termes de son texto, il se sent mal. Mal parce qu’il n’y a même pas pensé; c’était une insulte comme une autre. Il ne voulait pas utiliser ce terme pour insinuer quoi que ce soit en lien avec leur vie sexuelle. “J’ai couché avec une femme, oui. Parce que Achille t’es le seul mec qui m’attire, t’es le seul mec qui m’excite sexuellement.”, lui explique-t-il. Il ne comprend pas trop son orientation sexuelle. Il pourrait voir un garçon au plus grand sex appeal, mais ne serait pas attiré par lui. Du moins, il n’a jamais, jusqu’à présent, ressenti de l’attirance pour un autre homme qu’Achille. “Puis putain, j’étais fâché. J’ai fait ça parce que j’étais fâché et seul. Ça m'a détruit que tu m'aies laissé, bordel. ” Il sait que ça n’excuse en rien l’acte, mais c’est la vérité. “Achille, j’voulais aucunement faire référence à ça… J’étais saoul, je voulais te blesser mais j’ai pas utilisé ce mot-là dans l’intention de te rabaisser par rapport à notre sexualité”, lui confie-t-il. L’avocat s’approche doucement de lui et regarde le bleu laissé par son coup qui, décidément, n’avait pas été de tout douceur. “Non, j’suis juste un sombre con follement amoureux de toi”, lâche-t-il avant de poser sa main dans le bas de son dos. Lorsqu’il lui reproche de l’avoir remplacé, Callum lève les yeux vers lui, particulièrement irrité par ses propos. “Te remplacer? P’tain je faisais juste m’imaginer que c’était toi que j’baisais”, lui réplique-t-il. Ses yeux se posent sur ses lèvres, sur son torse qui n’est qu’à quelques centimètres de distance. Il s’approche un peu de lui pour fermer l’espace entre leur corps. Il espère, prie même, qu’Achille ne le repousse pas.  

Ils crient, ils se hurlent dessus comme des chiens dans un combat. Au moins, les vérités éclatent également, et des choses dont Achille ignore dans la vie de son partenaire éclate. Malgré les confidences, il n'arrive pas à se calmer, à décolérer. C'est un bordel dans sa tête, c'est des phrases et des mots qui se répètent en boucle. C'est une chanson intime, qui ne regarde qu'eux deux qui se jouent dans la tête du militaire. « Mais tu le sais, que je suis dingue de toi. Je ne t'ai pas assez dit que je t'aimais ? Bon sang, mais je fais comme toi, tu l'entends parce qu'on peut pas sortir dans la rue main dans la main, tu crois que c'est pas frustrant ? » Au fond, ça lui fait mal au coeur, cette sensation que Callum a une aussi peu confiance en lui. Il lui rejette des choses qui sortent du coeur, et peut-être qu'Achille est injuste mais Callum veut la vérité, alors il la. « J'me suis plié à toi dès le début, parce que j'suis dépendant de toi, sans toi j'retombe dans les enfers ! Tu le sais bon sang ! » Il s'excite seul, cherchant des solutions à leurs problèmes sans s’apercevoir que la seule manière exacte de le faire c'est déjà de se calmer. Alors... Oui, Achille a énormément été blesser par toute cette histoire. Achille lui a déjà confié ses craintes, le soir, après l'acte, les confidences sous l'oreiller, à l'hôpital aussi. Callum aurait dû se demander les raisons, parce que l'annonce était trop soudaine bon sang. « Impulsif ou non, tu l'as dit. L'alcool fait le plus souvent dire des choses que l'on pense au plus profond que soit. » Achille se braquer, lui parlant froidement. Il se retient de ne pas éclater en sanglots, et il sait que la seule chose qui le maintient réellement, c'est cette colère qui est en train d'éclater. C'est vrai que l'insulte en elle-même, ce n'est pas grand chose, mais ça l'a franchement blessé et presque humilié. Cette sensation de n'être qu'un objet à ses yeux ne s'arrête pas non plus. Il ne sait plus sur quel pied danser. « Oh bah me voilà rassuré, j'suis le seul gars qui t'fais bander. » Il s'exclame avec ironie. Il lève les yeux au ciel, croise ses bras. « T'as réussi à me blesser, soit-en rassurer, j'en ai beaucoup chialé, j'te remercie tellement Call. » Le ras-le-bol prend trop le dessus, et sa conscience lui hurle quelque chose de mal. Elle lui hurle de ne pas le croire, et il se penche de ce côté-là. Il n'arrive pas à croire en ses mots, parce qu'il est profondément marqué. Il regarde Callum s'approcher, son corps se met à trembler, et pas dans le bon sens du terme. « J'te crois pas. » Il murmure. Ouais, il ne croit pas qu'il est amoureux. Il ne croit pas qu'il ne va pas recommencer. Qui lui dit qu'à la prochaine dispute, Callum va pas aller s'taper une autre fille ? Juste parce que monsieur est trop blessé ? Personne. Alors Achille fait la pire chose au monde, il redoute de ses sentiments. Callum l'embrasse, et la peur prend le dessus, il le repousse. Ses mains se plaquent sur ses épaules et il y met toute la force qu'il a. « J'te crois pas ! T'as pas le droit ! » Fatigué de ne pas avoir dormi depuis une semaine, fatigué de ses émotions qui partent en couille, Achille explose en sanglot, littéralement.

Il n'en peut plus de se sentir pris à la gorge de cette façon. Il essaie d'adoucir la situation en initiant un peu d'intimité avec Achille, mais ses efforts sont vains. Certaines vérités ont besoin d'être dites, mêmes si celles-ci font mal. "T'as pas le droit de jouer cette carte-là. Tu le sais que je suis pas prêt à ça..." Il se sent un peu trahi par les paroles d'Achille, car ce dernier connait très la position délicate de Callum. Il a été élevé dans une famille aux idées arrêtées, habitué à être épié avec envie. Alors il ne sait pas comment il réagira aux regards péjoratifs des gens. Il en a honnêtement peur, même s'il devrait s'en foutre royalement. Mais ignorer les commentaires des autres, ça effleure l'impossible pour le jeune avocat.
"T'es plié à moi? Dépendant de moi? Pourtant t'as pas de difficultés à me dire de partir de chez toi! Si c'est tant l'enfer sans moi, alors p'tain pourquoi tu t'es pas battu? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé?"Il lui crie à son tour dessus, car il se sent lui-même trahi par la façon dont Achille a géré la situation. "Si tu m'avais fait confiance, si tu NOUS avais fait confiance, on en serait pas là", poursuit-il d'un ton rancunier. Ça suffit d'être le seul pointé du doigt. Certes, il a ses torts, mais il ne peut être l'unique catalyseur de cette désolante situation. "Et tu penses que tu m'as pas blessé? Tu penses que je suis sorti chez toi le sourire aux lèvres? Tu venais de m'arracher le coeur", lui lance-t-il en haussant le ton dans sa dernière phrase. Il passe ses doigts à travers sa chevelure et soupire. Lui aussi se met à pleurer, tant il est dépassé par les événements. Quand Achille ironise la révélation de Callum, ce dernier le regarde d'un air insulté. "Va chier, Achille. On dirait que tu fais exprès pour que chaque fois que j'essaie de m'excuser tu détournes ça en insulte. Tu veux que j'fasse quoi? Que j'me mette à genoux? Que j'te dise que je t'aime? Je te rappelle que TU m'as largué", dit-il en insistant sur la dernière phrase. Il a peut-être essayé de se calmer quelques minutes plus tôt mais là, la frustration refait sa grande entrée. "Fuck Achille, j'en ai pleuré. Parce que p'tain ça me faisait mal juste d'écrire ces conneries." Il n'a pas l'air de comprendre que les textos n'étaient que de pures balivernes destinées à lui faire du mal, sans y avoir un semblant de véracité. "Bordel, si je t'avais pas texté tu aurais fait quoi toi, hein?", lui hurle-t-il. Parce que c'est vrai; s'il ne lui avait pas écrit, que se serait-il passé? Achille aurait-il continué à l'ignorer? Aurait-il lui aussi tenté de l'oublier?
Callum n'en peut juste plus de cette engueulade qui dégraisse leur coeur d'un poids de reproches, mais qui semble pourtant creuser un fossé entre les deux. "J'mennuie Ach. J'suis sincère. J'ai pas voulu faire ces conneries... J'suis un connard, je l'ai toujours été", souffle-t-il finalement, démuni de mots. Il ne sait plus quoi ni quoi dire. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il le veut dans ses bras.

Achille est méchant, pourtant ça n'a jamais été des reproches. Juste des constats fait d'une façon peut-être maladroite. Il veut juste lui faire comprendre certaines choses. « Je le sais, et je l'accepte. » Il murmure. Il commence à être fatigué de cette embrouille, il est fatigué d'avoir l'impression d'être aussi distant de lui. Pourtant, ils en ont peut-être besoin, de m'être les choses aux clairs. Ils sont tous les deux au bord du gouffre, ils ont tous les deux les nerfs qui sont en train d'exploser et ça devient compliquer d'essayer de trouver la sortie dans leur bordel. Achille arrête de hurler, sa gorge lui fait mal. Les larmes coulent, il a arrêté d'essayer de les essuyer. « Parce que j'ai eu peur bon sang... » Il souffle, avec énormément de supplice dans sa voix. Sa tête est en train d'exploser, la vision de Callum en larme est en train de lui briser le coeur. Puis les cries proviennent de Callum, et Achille se défend. Son ton remonte, il écarte les bras, signe de lassitude, signe de peur. « J'ai confiance en nous Callum ! Mais excuse moi d'avoir été tellement impressionné ! Ton père m'a craché dans la gueule bon sang ! » Sa voix est rauque, cassée, il commence à ne plus avoir de force. Il est fatigué, vraiment. Les dés sont jetés, ils ont tellement souffert tous les deux que c'était obligé que ça explose. Achille sait qu'il a merdé. Parce qu'il n'a pas été capable, parce que la situation a été difficile pour lui, parce qu'il a peur de briser entièrement la relation qu'ils ont réussi à construire ses dernières semaines. Achille se calme, officiellement. Plus de cri, parce que son coeur bat tellement fort qu'il a l'impression qu'à tout moment, celui-ci va sortir de sa cage thoracique. Il encaisse les mots, sans réussir à en dire d'autres. « Si j'avais pas eu de tes nouvelles, j'aurais passé ma vie a essayé de te retrouver. » Il répond sans une once d'hésitation. Parce que ce qu'il vit avec Callum, c'est quelque chose qu'il ne va pas vivre ailleurs. C'est fort, c'est nouveau, et il sait qu'une autre personne ne sera pas capable de le remplacer. Achille n'est pas capable de l'abandonner, de l'oublier, il est même certain que si jamais leur relation doit se terminer, c'est parce qu'il y en a un des deux qui sera enterré. Achille ose croire que les projets secrets, qu'il a pour leur nous, sont réels. Son corps reprend ses tremblements, son ventre a une sensation tellement bizarre qu'il n'arrive pas à savoir si elle est agréable ou non. « Je suis désolé de ne pas t'avoir dit la vérité. » Il commence, dans le plus grand des calmes. Parce qu'il n'en peut plus qu'ils se crient dessus, il a juste besoin de lui. Il a toujours eu besoin de lui. « Je suis vraiment désolé. » Et là, stop, il n'en peut plus de cette distance, alors il s'avance vers lui et ses lèvres se posent sur les siennes. Achille a compris son erreur, il espère juste que ce n'est pas trop tard.

Callum est énervé, son coeur bat vite. Il a l’impression que les secondes se sont arrêtés, que plus rien autour de lui ne bouge. Cette querelle l’a complètement déconnecté de la réalité. Il commence à perdre patience, mais surtout, commence à perdre toutes les forces qu’il lui reste. Il n’en peut plus de cette bagarre verbale. Il ne demande qu’à baisser les armes, qu’à cesser les haussements de ton. “Je comprends que tu aies eu peur, vraiment. Mais comprends que ça m’a pris par surprise, ça m’a blessé”, lui dit-il en adoptant cette fois-ci un ton calme, sincère. Il sait qu’Achille a vécu le calvaire dans l’armée. On lui a fait subir des choses au-delà de l’imaginable et l’avocat n’a pas envie de raviver les tristes souvenirs associés à cette période de détention. Il ne peut toutefois pas s’empêcher de penser au fait qu’Achille avait pris la décision de l’effacer de sa vie sans même peut-être envisager lui parler ou du moins, trouver une solution autre que la terminaison de leur relation.  Avec le temps, Callum a développé des sentiments profonds pour Achille et cette semaine a été extrêmement difficile, même s’il a fait des conneries pouvant laisser présager le contraire. Il n’y a pas un instant où il n’a pas pensé à Achille, où il n’a pas eu un pincement au coeur tant il lui manquait, où il n’a pas manqué d’éclater en larmes. “C’était son but: t’impressionner. Tu n’as rien à craindre de lui. Et s’il te touche, tu sais que je serai là”, lui confie-t-il en le regardant intensément dans les yeux. Oui, Callum serait toujours là pour Achille, quoi qu’il arrive. En réalité, l’ancien militaire est la seule personne qui compte réellement aux yeux de Callum. Certes, il a des potes qui lui sont chers, mais il n’a jamais porté un amour aussi intense pour quelqu’un. Pour le jeune avocat, il n’y avait que lui et lui seul. Il est narcissique, égoïste et bien sûr, dégage une confiance déstabilisante. Mais la présence d’Achille dans sa vie ébranle toutes ces caractéristiques, tant il est incapable de penser à sa petite personne comme il le faisait si bien avant. Son amoureux occupe ses pensées à tout moment, de sorte à ce qu’il n’y a plus de place pour l’égocentrisme et l’admiration de soi. “Et quand te serais-tu permis de me chercher? Quand j’aurais été marié avec des enfants?”, lui lance-t-il, la voix brisée. Parce qu’il y aurait eu un trop tard. Il y aurait eu un moment où Callum aurait possiblement refait sa vie, même si cela aurait été difficile. Alors il lui pose la question, car il veut une réponse honnête. Il veut savoir. Même si ses mots l’ont particulièrement touchés, ils demeurent néanmoins insuffisants.
Lorsque les lèvres d’Achille s’écrasent contre les siennes, il ne le repousse pas. Il se languissait de ses lèvres depuis si longtemps qu’il ne peut s’empêcher de répondre positivement à son étreinte. Lorsqu’ils s’arrêtent pour reprendre leur souffle, Callum  recule un peu sa tête pour le regarder. “Je suis désolé aussi… Pour tout”, lâche-t-il avant de capturer ses lèvres à nouveau, échangeant avec lui un baiser véhément. Le jeune avocat intensifie le embrassade, passe ses mains autour de son amoureux et se permet de lui retirer son t-shirt. Sans toutefois lâcher ses lèvres, il dépose ses mains sur sa ceinture qu’il utilise pour le tirer jusqu’à sa chambre. Il lui a trop manqué et il a envie de lui, envie qu’ils se montrent une fois pour toute qu’ils partagent un amour inconditionnel.