Il l’a claqué, la porte. Callum ne s’est pas fait prier une seconde fois de quitter l’appartement. Mais aussitôt qu’il a mis les pieds hors du logement, la réalité l’a frappé. Il réentend les mots qu’il a prononcés, revoit la chicane avec Achille d’une façon plus lucide. Et il se sent affreusement mal. Mais il ne fait pas demi-tour, car ça risquerait d’empirer la situation, d’ajouter de l’huile sur le feu. Alors il quitte l’immeuble de son amoureux sans regarder en arrière et va rencontrer son père au restaurant. Sa journée au travail se passe difficilement. Son engueulade avec Achille occupe ses pensées; il n’est pas capable d’y faire abstraction tant la douleur qu’elle cause est vive et insupportable. La nuit-même, il n’en dort pas. Il se tourne dans son lit sans cesse, incapable de fermer l’oeil sans revoir les images du matin le pénétrer avec violence. Il n’a donc pas dormi, tant l’absence d’Achille est d’une lourdeur suffocante.
Le lendemain matin, il ne prend pas le chemin habituel pour aller au boulot. Il décide d’emprunter un autre chemin, parce qu’il ne peut pas penser à autre chose qu’à Achille, qu’aux choses qui ont été dites la veille. Il bifurque donc pour aller directement au bureau de son père. Car il va lui parler, il va l’affronter. Et c’est ce qu’il fait aussitôt qu’il pénètre l’embrasure de la porte. Il ne réalise pas trop ce qu’il lui dit, tant il est possédé par la frustration et surtout, par l’amour qu’il porte pour Achille. Alors il lui dit tout, lui dit qu’il est tombé amoureux d’un homme, que ça lui plaise ou non. Et tout ce que son père lui dit, c’est de sortir et que jamais il ne voudrait revoir son « visage de tapette » et qu’un « gay ne sera jamais son fils ». Alors Callum quitte en sachant très bien qu’il a ruiné sa relation avec sa famille, qu’il a tiré un trait sur son passé au nom de l’amour, d’un futur avec Achille.
Le soir même, il ne rentre pas chez lui. Il a besoin de lui parler. Parce que maintenant, il n’a plus rien. Certes, il a ses amis, mais ce n’est pas ce dont il a besoin. Il veut lui dire ce qu’il a fait, lui dire qu’il est désormais tout ce qui lui reste. Alors il toque à la porte. Son coeur bat très fort, comme s'il va faire une syncope d'un instant à l'autre. Il a l’impression qu’il va lui sortir de la poitrine. Ce stress qui le submerge est à la fois doux et sauvage. Il a hâte de voir son visage, mais redoute le moment où il ouvrira la porte.

Les yeux dans le vide, le corps tremblant, il regarde sa télévision, éteinte depuis un long moment. Il n'a pas mangé, ni même penser à s'hydrater. Par contre, son torse le démangeait, et il s'est gratté à en saigner. Mais il s'en fiche, si des points ont sauté, si ses blessures vont s'empirer. Parce que Callum est parti, mais Callum ne revient pas. C'est la fin du monde pour Ach. Il est tellement fou amoureux de ce garçon, il n'a pas envie de le perdre, mais peut-être que Callum a raison. Alors, la scène se rejoue dans sa tête, encore, encore, et encore. Il essaye de trouver la pièce du puzzle qui manque. Ils ont assez chargés avec l'accident, Callum en a pris pleins la gueule quand Achille était de mauvaise humeur, et maintenant que ça allait mieux, qu'ils avaient un équilibre, et bien Callum est parti. Le seul souvenir qu'il lui reste, c sont ses fringues, mais l'immense piano que lui a offert Achille. Alors, par automatisme, il se lève pour s'installer face à l'objet. Ses doigts frôlent chacune des touches et de nouveau, les larmes sont présentes sur son visage.

Il a besoin de lui, il l'aime tellement que c'est presque indescriptible. Mais ils s'aiment, ils se l'ont dit bon sang. Ils s'aiment, ça ne peut pas se finir maintenant. Achille cherche à se trouver la force d'aller rejoindre son petit ami, de le retrouver. Mais il a peur. Peur de se prendre un non catégorique, peur qu'il lui dise que c'est terminé. Ils ont passé deux semaines ensembles, on peut presque croire qu'ils habitent ensembles tant ils ne se quittent plus. Alors, il refuse de croire que c'est terminé. Il a eu de l'espoir, jusqu'à ce qu'il se retrouve seul dans son lit. La réalité lui a foutu une sacrée droite dans la gueule et il a passé une très mauvaise nuit. Il ne ressemble à rien, quand il entend toquer. Les cernes sont impressionnants, son visage pâle lui fait peur, son tee-shirt blanc a du sang de son torse totalement déchicter et ... Et par-dessus tout, il est en train de souffrir le martyr parce qu'il n'a même pas pris l'envie d'essayer de se soigner. C'était trop difficile de se mettre les bandages seul, surtout quand il a l'habitude que ce soit les mains de Callum, sur son corps, qui le rassure tout en le soignant. Alors... Quand il voit son copain en face de lui, c'est reparti pour un tour, les larmes jaillissent et automatiquement, il se jette dans les bras de son Call. « Je suis désolé. » Il murmure, s'accrochant à lui. Il a peur qu'il parte une nouvelle fois, il a peur que Callum se décroche de lui pour lui dire que tout est terminé.

Lorsqu’Achille ouvre la porte, Callum découvre un corps aussi ravagé par la peine que le sien. Il voit très bien que son amoureux a tout autant souffert de leur séparation temporaire. Car ni l’un ni l’autre ne savait réellement ce que leur couple devenir. Alors lorsqu’il lui dit qu’il s’excuse et qu’il vient s’accrocher à lui, l’avocat ne peut s’empêcher de le serrer fort contre lui. Il se sent à la fois soulagé et heureux. Parce qu’il craignait honnêtement qu’il se ferait injurier et qu’il serait forcé de faire demi-tour. Il craignait que ses paroles seraient impardonnables et que rien au monde ne pourrait les racheter. Callum ferme les yeux, ne lâche pas Achille. Ça, il en est incapable. Il le sert fort contre lui, comme si c’est la dernière fois qu’ils se voient. S’imaginer le perdre, il ne le peut pas. Et ces derniers vingt-quatre heures lui ont prouvé qu’une vie sans lui, ça transcende l'imaginable. Si sa vie est bien loin d’être ce qu’il a toujours imaginé, alors il s’en moque. Parce que quoi qu’il fasse, la vie est remplie de soubresauts sur lesquels nous n’avons pas contrôle. « J’ai parlé à mon père », parvient-il à souffler. L’étreinte se prolonge, tant le jeune homme ne parvient pas à creuser la moindre distance entre leurs corps affaiblis par la douleur et la solitude. « Il ne veut plus me voir, mais je m’en fous », poursuit-il en essayant tant bien que de mal de masquer la souffrance que lui inflige cette réalité. Toute sa vie, il a fait en sorte de satisfaire les moindres désirs de son père, d’être à la hauteur de ses attentes. Ça lui paraît invraisemblable qu’à vingt-huit ans, les fondations solides de sa relation familiale, qu’il a construites avec ardeur depuis sa tendre enfance, se soient effondrées avec un simple aveu. Et pourtant, il se sent enfin libéré. « Je suis désolé aussi », enchaine-t-il en posant sa main dans les cheveux d’Achille pour les caresser doucement. L’avenir lui fait peut-être peur, car il ne sait pas quelles représailles l’attendent. Mais pour le moment, il est prêt à affronter la mousson. Prêt à plonger dans la tempête et d’avancer malgré la pluie torrentielle qui lui masque la vue. Tant qu’il sait qu’à quelque part, le bonheur l’attend.

Leurs corps se retrouvent, il semble faible, mais en vrai... Son coeur bat tellement fort et cette fois-ci, c'est agréable. Ce n'est pas comme hier, non, c'est bien le contraire. Être loin de lui pendant plus de vingt-quatre heures, c'est l'enfer. Il ne le souhaite à personne, pas si on aime réellement. Au moins, s'ils avaient besoin de mettre un point sur leurs sentiments respectifs, Achille est certain de ce que lui fait ressentir Callum. Alors... Bien évidemment qu'il s'excuse, bien évidemment qu'il respire l'odeur de son parfum naturel, ses lèvres se déposent sur l'épaule de son amoureux. Il est rassuré, parce que Callum ne le lâche pas, il a compris qu'ils ont besoin d'eux, ils ont besoins d'avoir un contact aussi complice. Parce que quand tout a commencé, ils ont toujours été l'un avec l'autre, se quittant simplement pour le boulot de son compagnon. Callum, qui tient fermement Achille, lui confie quelque chose qui brise le cœur du militaire. Et d'un côté, enflamme son ventre. Alors... Alors Callum a dit la vérité à son père, pour sauver son couple. C'est la plus belle chose qu'on peut lui faire. Et pourtant, ça lui déchire le coeur parce que son je m'en fous sonne tellement faux. Achille a appris à le connaitre, il sait quand il lui ment, même s'il essaye de lui cacher ses sentiments. « Tu veux m'en parler ? » Il dit, timidement. Il a peur de le déranger dans ses pensés. La main de Callum dans les cheveux d'Achille fait fermer automatiquement ses yeux. Parce que bon sang, ça aussi, ça lui a énormément manqué. Ils devraient aller s'installer dans le canapé, ou alors, dans la chambre d'Achille. Ils devraient se retrouver, enlacer dans les bras de l'un et de l'autre, à discuter du tragique événement qui s'est abattu sur leurs épaules. Mais Achille ne se voit pas se séparer de lui, même si c'est pour un court instant. Pas après avoir été séparé plus de vingt-quatre heures. « C'est rien, j'ai... J'ai été loin, aussi. J'avais peur de plus te revoir, parce que je t'aime, tu vois ? » Il murmure, le ton de sa voix ne change pas et sa main cherche le contact de la sienne. Doucement, il emmène son amant dans la chambre, préférant rester allongé dans ses bras et profiter de lui, de cette sécurité qui engouffre son coeur, son esprit. « Plus jamais, c'est invivable d'être sans toi. » Puis, sur le lit, collait dans ses bras, il caresse son bras pour lui donner la force de lui parler. Parce qu'Achille est prêt à l'écouter, est prêt à rassurer et consoler son amour.

Il tient Achille du plus fort qu’il peut, car il ne veut pas le lâcher. Il n’aime pas quand les choses s’enveniment, quand son bonheur dérape et prend le fossé. Il craint tant de perdre Achille, alors il ne le lâche pas. Parce que la simple idée que leur relation prenne fin, ça le détruit à petit feu. Lorsque l’ancien militaire lui demande s’il veut en discuter, le coeur de Callum se serre. Non, il n’a pas envie d’en parler. Car il sait qu’il va en pleurer tant c’est difficile. La chose qu’il redoutait tant depuis le début de sa relation avec Achille - voire même, depuis leur rencontre - s’est finalement concrétisée, laissant le jeune homme mariner dans une mare de craintes et d’incertitudes. Il ne sait pas ce qu’il arrivera demain. Il ne sait pas ce que son père tentera. Il sait toutefois que ce dernier n’a pas accepté la nouvelle et ne l’acceptera jamais. Son paternel aime avoir le contrôle sur ses enfants, il veut que le nom Edwards soit respecté. Et l’homosexualité est, selon lui, l’un des facteurs qui peuvent ternir ce nom qu’il chérit tant. Alors pour une des rares fois de sa vie, Callum a peur de ce que l’avenir lui réserve. Parce que même s’il a tout ce qu’un homme peut désirer, le lendemain peut être rempli de surprises, de rebondissements rocambolesques et bouleversants. « Non, je veux pas en parler », finit-il par lui avouer. Il préfère profiter du moment, essayer de dévier ses pensées vers quelque chose de plus gaie. L’entendre dire ces mots; trois simples petits mots, « Je t’aime », ça remplit son coeur d'un bonheur incommensurable. Les papillons qui sommeillent en lui se remettent à danser d’une douce façon, à la fois envoutante et réconfortante. Il le laisse l’amener jusqu’au lit. Il n’a pratiquement pas dormi de la nuit et il sait qu'entrelacé avec Achille, il retrouvera les bras de Morphée en un rien de temps. Il le serre contre lui et l’embrasse tendrement. « Je t’aime aussi », lui souffle-t-il. Il a envie de lui répéter qu’il ne le répugne pas, que les paroles qu’il a dites n’auraient jamais dû sortir de sa bouche, mais il réalise que certaines choses devraient rester dans le passé. Il préfère donc fermer les yeux et sentir la chaleur d’Achille rencontrer la sienne. Il est bien et il se sent rassuré. Il aimerait que le temps n’arrête que pour eux deux, parce qu’ils s’aiment et ils doivent accepter que les choses ne seront jamais aussi parfaites que l’on voudrait.

L'amour, c'est quelque chose qu'il ne pensait pas que ça allait arriver dans sa vie, et puis Callum a débarqué dans sa vie. C'est sans doute la plus belle chose de sa vie, et ouais, il est vrai qu'ils ont connus énormément d'étapes difficiles. Ils méritent d'avoir les choses tranquilles pendant un moment. Et pourtant, il sait que c'est difficile d'espérer que tout se passe pour le mieux. Parce que même si Callum ne veut pas en parler, Achille a compris à quel point il n'était pas bien. La situation le dépasse sans doute, et si Callum a besoin d'Achille, bien-sûr qu'il est là. Achille peut tout laisser tomber pour son tendre amoureux. Il vient de faire quelque chose d'incroyable. Confronter son père, c'est peut-ête la chose la plus folle par amour qu'il peut lui faire, parce qu'Achille lui e a réellement voulu, de ses mots. Maintenant, tout ceci est derrière eux, il ose même croire que tout ira pour le mieux désormais. Parce qu'ils s'aiment. Il ne le force pas à parler, il sera là en temps voulu. Achille se retourne, pour lui faire face. Sur ce lit, sur leur lit, parce qu'au fond, depuis qu'ils se sont mis ensemble, ils ne se sont plus quittés, c'est bien pour ça que la séparation de plus de vingt quatre heures a été très difficile à gérer. Dans une autre vie, il ose croire que s'il était toujours militaire, il lui aurait été difficile de partir en mission en sachant que son petit ami l'attend à l'autre bout du monde. Il est bien heureux de le retrouver là, dans ce lieu qui ne regarde qu'eux. Sa main caresse sa joue, ses lèvres se pressent sur les siennes, il s'accroche définitivement à lui. Il sait qu'il ne va pas partir, mais malgré tout, la peur est là. Demain, peut-être qu'il peut plaquer Achille pour retrouver ce fameux lien familiale, il peut claquer la porte, et ne plus jamais revenir. Il est clair que c'est une peur qu'il entasse dans un coin de sa tête, repoussant sa phobie au plus loin. Le silence est agréable, mais Achille le brise doucement, en murmurant contre ses lèvres, les yeux clos. « Tu veux bien me faire mes bandages ? » Il aime croir eque ce qu'il s'est passé hier n'a jamais exister, qu'ils reprennent là où ils se sont arrêtés. Même si Callum ne porte pas son beau costume bleu, même s'ils ont tous les deux des gueules de déterrer, il aime croire à beaucoup de choses. Puis... Achille en a besoin, sans être capable de le faire tout seul, il se bouge trop, il se fait trop mal. Cette nuit, il s'est juste explosé un peu plus ses blessures, pour éviter la douleur de la non-présence de Callum et pour penser à la douleur de ses saignements. Pour se persuader que ses larmes sont dû aux douleurs, et non au manque dans son coeur. Alors... Ouais, l'amour n'était pas prévu dans sa vie, mais maintenant, c'est la plus belle chose aux mondes. Un jour, ils auront un équilibre dans ce bordel. Achille l'aime tellement, ses mots là sont même plutôt faible. Il y a quelque chose en plus, quelque chose que seul le garçon dans ses bras lui apporte. Maintenant qu'il est revenu, les choses rentrent dans l'ordre. C'est un cercle vicieux, Achille est dépendant à lui, c'est devenu sa dose de nicotine, il en a réellement besoin. Pas que d'amour, il a besoin de la complicité qu'ils ont créés, il a besoin de leurs quotidiens qui ressemblent à des pauvres vieux tant ils sont encore blessés des derniers événements. Mais on s'en fiche, Callum est là, et leurs coeurs battent à l'unisson.

Les circonstances actuelles lui paraissent complètement invraisemblables, tant il n’aurait jamais cru en être là dans sa vie. Bien sûr, le jeune homme a toujours fourni les efforts nécessaires pour réussir dans la vie; connaitre un parcours sans faille qui ferait de lui un homme à la hauteur des attentes de ses parents. Et jusqu’aujourd’hui, son cheminement était impeccable. L’arrivée d’Achille dans sa vie a tout chamboulé, le poussant à l’extrême de ses sentiments et le mettant dans une situation à la fois douloureuse et magique. Callum est follement amoureux d’Achille, et cet amour vaut tout l’or du monde. Alors il ne sent pas qu’il a fait le mauvais choix en empruntant un chemin de vie différent, en bifurquant à l’opposé de ce que veulent ses parents. C’est l’une des rares fois où il vit pour lui-même et fait des choix qui le rendent heureux. Mais il ne parvient quand même pas à réaliser la chose, à comprendre que cela s’est réellement produit. Qu’à quelque part, son père l’efface allègrement de sa vie. Parce qu’il est une honte pour la famille, et ça, il n’en veut pas. Et Callum, quant à lui, ne veut pas d’une famille qui n’assume pas que leur fils soit heureux, parce que son bonheur ne correspond pas à leur définition arriérée. Alors même s’il est triste, il est fondamentalement épanoui d’avoir pris cette décision difficile. Il s’est écarté de sa famille la tête haute, certes, mais il a en plus regagné l’homme qui fait battre son coeur.
Les deux amoureux demeurent collés l’un à l’autre, n’écoutant que l'apaisant silence qui domine la pièce. Lorsqu’Achille brise le mutisme qui les affligeait depuis un moment déjà, le jeune avocat ne peut s’empêcher de sourire. Il aime prendre soin de son amant, même si ses blessures lui rappellent le triste accident. Mais en soi, cet accident n’est pas si triste. Parce qu’il était un signe du destin; le signe que les deux hommes doivent être ensemble. Il ne se fait donc pas prier, appose un doux baiser sur le front d’Achille et se lève pour aller chercher des bandages propres et le nécessaire pour nettoyer ses plaies. Il s’installe ensuite près du lit pour s’affairer à sa tâche et ne peut s’empêcher de remarquer que certaines blessures guérissent bien, alors que d’autres semblent avoir empirées. Callum soupire légèrement, car il se tanne de le voir ainsi. Alors que sa jambe semble faire des progrès, il a l’impression que le système d’Achille ne s’hâte pas sur la guérison. “Faudrait peut-être que tu ailles consulter, non?”, lui dit-il tout en s’occupant de sa blessure à la cuisse.  

Achille se redresse, regardant son tendre amour aller chercher ce qu'il faut pour soigner ses plaies. Il retire donc son tee shirt, puis son homme revient, s'installe, inspecte. Et d'un seul coup, Achille a énormément honte, parce qu'il n'a pas vu l'état de ses blessures, mais à la tête de Callum, il s'est encore plus blessé. Il est clair que sa guérison va être retardée, et pourtant, à sa question, il refuse. Plus de médecins, plus de médicaments à la con. « Je... Non. J'en peux plus des médecins. » Il avoue avec toute l'honnêteté du monde. Il veut simplement que Callum le soigne, qu'il prenne soin de lui comme il sait le faire. Il se tait alors, il le laisse faire. Et bien-sûr, aujourd'hui c'est plus difficile, parce qu'il sait réellement fait mal et qu'il se retient de pleurer. C'est sa faute, tout ça, c'est lui qui s'est accordé un peu plus de douleur, un peu plus de supplices. « Merci. » Est le seul mot qui sort de sa bouche. « Merci d'avoir parlé à ton père, merci d'être revenu, merci d'être... Merci d'être là. » Il souffle, à u moment. Ses mots sortent quand Callum termine ses bandages. Ses doigts caressent ses cernes, et doucement, il attire une nouvelle fois son trésor dans ses bras. Pour une fois, c'est lui qui l'attire dans ses bras, c'est lui qui caresse ses cheveux, qui embrasse son front. Il lui est reconnaissant de beaucoup de choses, parce qu'il a l'impression que la vie lui accorde une seconde chance et il a peur de briser cette unique occasion de connaître des belles choses. Callum est devenu plus qu'un petit ami, c'est également devenu un confident, un meilleur ami, il a pris une place assez importante dans sa vie. C'est grave, parce qu'il s'accroche tellement à ce bonheur qu'il est presque certain que quand quelque chose va exploser, il ne va pas assumer énormément de choses. Alors, il lui montre qu'il aime, à sa façon, parce que ses trois mots n'auront plus de sens s'il se répète. Mais il l'aime, il l'aime comme jamais il n'aimera quelqu'un d'autre.

Il ne doit pas être surpris de la réaction d’Achille lorsqu’il mentionne le médecin. Il aurait dû anticiper la réponse de son amoureux, qu’il serait hors de question qu’il voit encore un praticien. Mais Callum s’inquiète pour sa santé, pour ses blessures qui guérissent à un rythme anormal. Il ne veut toutefois pas le forcer à consulter s’il le refuse catégoriquement. Il s’attarde donc calmement à sa tâche, prenant soin de bien nettoyer les plaies pour éviter qu’elles ne s’infectent. Il n’a pas de mal non plus à se laisser enlacer par les bras d’Achille qui le tirent contre lui. Il s’abandonne complètement à son étreinte dans laquelle il ne trouve que réconfort. C’est une sensation à la fois douce et amère que d’être avec lui. Une partie de lui ressent une certaine solitude vis-à-vis la récente rupture avec sa famille, alors qu’une autre se sent comblée d’un amour qu’il croyait improbable et qui, pourtant, l’enivre d’une joie sans précédent. Et doucement, il s’endort niché contre son amoureux. Sa chaleur ainsi que la tendresse de ses caresses n’ont pas de mal à le transporter dans les bras de Morphée.
Callum ne dort toutefois pas bien. Il revoit la scène avec son père, l’engueulade qui a suivi l’aveu, son père qui lui hurle de quitter son bureau en précisant ne plus vouloir le revoir. Toutes ces images tournent dans sa tête comme un film qui n’a rien d'enchantant. Il s’agite un peu, cherchant désespérément une issue de secours. La projection se modifie, se transforme en quelque chose de plus sinistre dont les images pernicieuses ne cessent de l’happer violemment. Il se réveille finalement; il est soulagé tant il avait l’impression qu’il était emprisonné dans ce monde de douleur et d'isolement. Il halète un peu et regarde Achille qui, à ses côtés, dort paisiblement. Doucement, il sort du lit. Il a besoin de respirer un peu, besoin de se changer les idées. Il prend donc le chemin de la question, question de se verser un verre d’eau qu’il ingurgite d’une traite. Ses yeux se posent sur son piano. Il n’a qu’une seule envie: poser ses doigts sur l’imposant clavier de l’instrument et jouer jusqu’au levé du soleil. Il prend donc place sur le tabouret et se laisse guider par les muses silencieuses qui l’accompagnent dans sa mélodie qui remplit avec grandeur l’appartement.

fausse manip, à refaire.