JAMESON

lorsque l'incompréhension créé des confidences, mais aussi des secrets

Assis sur son fauteuil, la cigarette entre ses doigts fins et virils, Judson boit tranquillement un verre de Whisky. C’est une vieille habitude qu’il a prise lors de ses jeunes années de concubinage avec son ex-femme et qu’il poursuit sans réellement y apporter de l’attention. Judson boit modérément, ne se considère pas dépendant de cette substance licite, qui rend les gens particulièrement accro. C’est son moyen de décompresser après une longue journée de travail et cela lui réussit plutôt bien, notamment quand la fatigue est trop conséquente pour qu’il aille s’aérer la tête en boite de nuit pour se décrotter un amant pour quelques heures. Les relations sérieuses ne l’intéressent pas. Du moins pour le moment, d’autant plus qu’il sait son cœur pris par l’amour aveuglant qu’il éprouve à l’égard de son meilleur ami, Matthias. Un homme qu’il a embrassé par mégarde, par agacement et impuissance. Il n’en peut plus de la crise que traverse le couple de son ami, notamment lorsque l’amant de celui-ci, également son ami, vient se confesser à lui. C’est particulièrement difficile pour lui de se tenir là, au milieu de tout ce chaos. Il considère ce baiser comme une erreur dont ils ne doivent pas parler. Parce qu’il est évident pour lui qu’il ne réitérera pas cette expérience, car il ne désire pas accroitre le merdier dans lequel est plongé le couple de son ami. A ce moment, il est loin d’envisager que ce baiser a troublé son ami, au point de créer un énième malaise, qui l’éloigne de son amant. Pourtant, il sait sa relation tendue avec Matthias. D’autant plus désormais que Matthias a identifié la distance qu’il instaure entre eux en refusant de boire un verre avec lui, après le service. Il sait que c’est le prix à payer, mais cela ne l’empêche pas d’éprouver de la profonde frustration envers ses sentiments qu’il désirerait expier de sa poitrine. Ses pensées s’attardent sur ces images de moments récents, passés en compagnie de cet homme tandis que son regard demeure aveugle à l’écran de télévision. La sonnerie de son appartement retentie et Judson se lève automatiquement sans se poser de question. Il a l’esprit ailleurs, ouvre la porte et tombe sur le visage d’un ami : James. James, le fiancé de son meilleur ami, celui qui occupe la couche de l’homme qu’il désire ardemment, cet homme qu’il affectionne et estime. « James ? » Il déclare interloqué, car il ne s’était pas préparé à sa venue. « Quelle surprise ! Qu’est-ce qu’il se passe ? » Il demande sans lui poser des questions qu’il juge dénouées de sens. Il sait que ce n’est pas la grande joie entre sa mère dans le coma et son couple qui se déchire. Il l’étreint rapidement avant de lui rendre sa liberté. « Tu veux boire quelque chose ? J’ai sorti la bouteille de Whisky. » Il déclare avec nonchalance en fermant derrière lui en venant se diriger vers la cuisine pour prendre un autre verre qu’il remplit de glaçons. Il attend patiemment que son ami vide son sac. Cela devient une habitude.  

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lorsque l'incompréhension créé des confidences, mais aussi des secrets

Je ne supporte plus l'amertume qui se glisse vicieusement en moi, me submerge de plein fouet, chaque fois que j'observe les traits  de ma tendre mère tirés par l'inconscience. J'ai de la difficulté à accepter cette vision d'inconscience, d'inertie, ces tuyaux qui la maintiennent en vie. J'aimerais qu'elle revienne près de moi, m'apporte joie, compréhension, et ses conseils avisés pour les situations délicates que je traverse. Mais j'ai seulement le droit à son regard éteint, vide ; son souffle mécanique, dénué de vie, provoqué par ces machines expertes. Alors je tente de trouver un soutien dans ce mélange de tristesse et de rage, quelqu'un qui pourrait me soulever, m'épauler, pour pas que je ne m'écroule totalement à terre, l'espoir devenant moindre plus les jours passent. J'ai besoin d'une personne qui m'affirme que tout est possible, que demain elle se réveillera peut-être. Quelqu'un qui comprend ma peine et qui tente de l'apaiser avec des illusions, des rêves pleins la tête. Alors je m'adresse à toi, Judson, parce que tu es comme un frère à mes yeux et que tu me donnes ce qui est nécessaire pour garder la tête hors de l'eau. Je pourrais me remettre à mon homme, mais Matthias a l'esprit préoccupé, ailleurs, en ce moment, et je n'ose pas l'affronter dans un perpétuel échange plein de haine. Je sens une distance entre nous et je ne veux pas recoller les morceaux en usant de ma fragilité ordinaire. Alors je frappe à ta porte avec désespoir, désireux de trouver du réconfort chez toi. Tu me reçois avec surprise mais bienveillance, m'accorde même une étreinte que je savoure. J'ai besoin de tendresse, d'amour, et Matthias ne m'en offre plus. Alors je me tourne vers quelqu'un qui est apte à m'en offrir, sans pudeur. Tu ne tardes pas à t'étonner, m'interroger avec plusieurs questions. Je hausse les épaules pour préciser que le problème est devenu plutôt banal. Je m'adresse à toi pour une souffrance amère et continue. Je m'avachis sur le canapé en hochant la tête positivement pour la proposition d'un verre de whisky, ça me fera le plus grande bien. Je prends mes aises, je savoure cet instant de tranquillité durant lequel mes nerfs peuvent relâcher. « Tu attendais quelqu'un ? » Tu avais l'air d'être étonné par ma présence, comme si une autre personne aurait dû arriver. Tu reviens avec un verre en main, que j'attrape sans me faire prier pour le boire cul sec. « J'ai juste vu ma mère. Son état est critique. Aucune évolution. Et ça me tue. » Je tente de m'exprimer sans parvenir à m'ouvrir davantage. Les monosyllabes sont la bonne solution pour se délivrer de maux conséquents. « J'arrive toujours pas à en parler avec Mat. Faut dire qu'il semble être à trente kilomètres de moi. Quelque chose le perturbe, je le vois bien. Mais je ne sais pas quoi, et j'ai pas le cœur d'évoquer tout ça. Tu ne saurais pas ce qu'il se passe ? » Je souffre déjà trop pour l'entendre me dire qu'il ne veut plus de ce mariage, car je sens que son problème vient de là. Dans ces horizons, en tout cas. Alors je me tourne vers toi, car tu es son meilleur ami. Logiquement, tu sais tout. Je dirige mon regard vers le tien, l'illuminant d'un brin d'espoir. J'espère que tu pourras m'éclairer.

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Judson ne s’est pas préparé psychologiquement à la venue de James. En temps normal, le plus vieux lui envoie un SMS pour l’informer de sa venue. Aujourd’hui, il semble avoir omis de le faire. A moins qu’il n’ait été trop absorbé par ses pensées pour remarquer ce dit message. Ce qui est fort possible. Alors, il l’accueille dignement malgré la surprise, lui propose un verre en toute amitié en se dirigeant vers la cuisine. Il le laisse prendre ses aises, habitué à le voir débarquer chez lui depuis ces derniers mois. « Non, non. Je n’attendais personne. J’étais juste dans mes pensées. Je n’ai pas dû voir ton message. » Il déclare avec franchise en revenant avec un verre empli de whisky, que son ami boit cul sec. « T’as passé une mauvaise journée, toi. » Il déclare face à l’évidence, de manière assez maladroite, car son sarcasme naturel s’exprime. Il sait qu’il est difficile de faire autrement pour son ami, mais il faut croire que les soucis s’accumulent entre les trois membres du trio qu’ils forment entre Mathias, James et lui. Une relation amicale et malsaine à la fois, car chacun des membres cachent des vérités aux autres. Judson sait que cela risque de péter à tout instant, mais il s’efforce de ne pas être celui qui flanche, bien qu’il ait déjà failli également. Les nouvelles que son ami lui transmets sont mauvaises et par amitié, sa main vient solidement se poser sur l’épaule. « Je suis désolé de l’apprendre. » Il déclare dans un ton solennel, mais sincère. Seulement, la suite des propos de son ami le trouble. « Plus lointain qu’en accoutumé ? » Il questionne, car il n’a aucune idée de la manière dont agit Matthias avec son fiancé. Il sait que la question du mariage est problématique pour son meilleur ami, mais il souffre tout autant de la distance que James met entre eux au sujet de sa mère convalescente et dans le coma. Il suppose que le baiser échangé n’est pas étranger à cette réalité. « Cela doit être ma faute. » Il admet avec un semblant de franchise. « J’ai été plutôt distant ces derniers temps. Ce n’est pas toujours facile à gérer tous vos problèmes et je n’ai pas envie de trahir la confidence de l’autre. » Pourtant, il est mis au milieu et ses sentiments sont mis à rudes épreuves. Au point qu’il en fasse des conneries. « Tu devrais si tu veux mon avis, James. » Il déclare en venant serrer sa poigne autour de son épaule. « Cela vous rapprochera forcément. C’est ton fiancé, il t’aime, il fera tout ce qu’il faut pour être à tes côtés s’il sent que tu en as besoin. Ce qui est le cas. Ne nous voilons pas la face. » Il le pousse à détruire cette barrière entre eux. Une fois de plus il pousse l’autre dans les bras de l’autre pour se convaincre que ses sentiments sont perdus d’avance, qu’il se doit de tirer un trait dessus. C’est la plus sage des décisions. Il veut rester camper sur cette certitude et voudrait juste que ses amis lui prouvent qu’il n’a pas sa place parmi eux. Il en a besoin pour avancer de son côté.

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L'âme bousculée par la morosité, je me tourne vers toi pour que tu m'apportes du réconfort et tes conseils avisés. Je me sens incapable de supporter le silence pesant de mon appartement, encore moins les regards fuyants de mon fiancé. Alors je m'introduis dans ton habitation en sachant pertinemment que tu m'accorderas du temps et de l'attention, ce dont je manque cruellement avec Matthias, qui a l'esprit dissipé. J'ai besoin d'évoquer l'inconscience de ma tendre mère, ce secret que je camoufle sans cesse aux yeux de mon amant pour lui épargner un lot de souffrances qui rendrait sa peine que plus imposante. Je ne tiens pas à créer des dégâts supplémentaires, ou à rendre son quotidien plus étouffant. Alors j'aborde mes problèmes pour délivrer mon âme de ces maux qui se multiplient plus les jours s'écoulent. « Je n'en ai pas envoyé, désolé. Ma voiture m'a guidé là. » J'esquisse un fin sourire pour tenter de jouer la carte de l'amusement, même si mon cœur fond en larmes, pauvre solitaire en peine. « En effet. » Je commente simplement à ta conviction, car les mots sont exacts : j'ai passé une mauvaise journée. Bien que je n'en connaisse pas vraiment de magique ou de notable en ce moment, enchaînant les frustrations et les crispations au ventre. J'ai la gorge nouée et le corps tendu en permanence, et je crois que l'amertume pourra être chassée seulement lorsque je croiserai les prunelles de ma mère. Je bois le verre de whisky en vidant de nouveau mon cœur auprès de toi, prêt à me décharger de tout ce qui m'étouffe au quotidien. Juste pour un instant. « Oui, beaucoup plus. Il est à l'ouest, m'écoute à peine. Je le sens. Je ne dis rien car je crains la dispute mais je sais qu'il est complètement ailleurs. Sauf que je ne sais pas où, alors c'est dur de le faire revenir. » Je t'explique pour te faire comprendre le sentiment de malaise qui s'imprègne de moi chaque fois que j'échange avec mon homme. C'est une sensation qui s'immisce vicieusement en moi pour propager tous les doutes au creux de ma tête. Je voudrais seulement trouver une solution, sans le brusquer, sans interagir dans un besoin de solitude - ou toutefois ce que j'imagine être. « Ta faute ? » Je reprends tes propos car ils m'étonnent, je ne vois pas pourquoi tu porterais la responsabilité de sa distance, et je t'écoute attentivement lorsque tu évoques les raisons. « Alors cesse de l'être. Il a besoin de toi près de lui, c'est une certitude. Essaie de lui faire parler d'autre chose, de l'amuser. » C'est à mon tour d'être prévenant, à l'écoute, et de te donner des conseils. Je sais que son amitié avec toi est importante, rythme autant sa vie que notre amour. Alors je ne peux pas concevoir que tu restes éloigné de lui, à cause de nos disputes ou du malheur qu'on s'inflige au quotidien. C'est une sphère intime qui ne t'appartient pas, dans laquelle tu ne fais pas partie, alors j'aimerais que tu le sortes de là de temps à autre, pour qu'il se sente plus vivant. Tu sais le divertir, votre complicité est une distraction en elle-même. « Je ne suis plus certain qu'il m'aime pour tout t'avouer. » Je te déclare quand tu essayes de me rassurer avec un raisonnement logique, mais de moins en moins convaincant. J'ai l'impression que Matthias m'échappe, me glisse entre les doigts, rêvant de mieux. « Qu'est-ce qu'il t'a raconté... Tu as parlé de confidence à l'instant ? J'ai besoin de savoir. S'il te plaît. » Je t'incite à me partager ses confidences, reprenant une gorgée de l'alcool et te scrutant de mon regard larmoyant, au bord du supplice.

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La venue de James devient une routine. Cela fait bien des mois que Judson est devenu le confident attitré du couple composé par ces deux amis. Une situation complexe qu’il a du mal à gérer au fil que les semaines qui défilent et qui provoque une profonde frustration au sein de sa poitrine. Il ne sait plus quel discours adopté pour les pousser à détruire la barrière qui semble s’être érigée au sein de leur couple. D’autant plus que ses nerfs sont mis à rude épreuves et sa fébrilité la pousse parfois à adopter un comportement qu’il regrette par la suite et qui vient d’autant plus complexifier la situation telle qu’elle est présentement. « Tente de le détendre, de lui proposer de sortir ou de partir un week-end ? Essayez de vous retrouver et de mettre de côté toute cette tension ? » Il propose comme solution pour tenter d’amoindrir ce silence qui semble envahir le quotidien du couple de son ami. Pourtant, il est loin d’être le plus disposé à donner des conseils. Il est loin d’imaginer qu’il en est en partie responsable. « Quitte à éviter certains sujets épineux ? » Il continue avec sérieux avant d’admettre que la distance qu’il impose à Matthias peut être également une raison du mal-être qui l’habite. « Je vais faire de mon mieux. » Il déclare par rapport aux propos de son ami. Il opte pour une posture assez ferme, mais encline à respecter son conseil. Il n’est pas certain d’y parvenir, mais compte bien essayer, si cela est possible. Il tente de le pousser de nouveau à aborder ses soucis avec son homme, tente de le rassurer sur la nature des sentiments de Matthias à son égard, mais James semble peu réceptif. Au contraire, il pense qu’il ne l’aime plus et cela l’interpelle, car cette idée le chamboule plus qu’elle ne le devrait. « Ne dis pas de bêtises. S’il ne t’aimait plus, cela ne le rendrait pas aussi mal et ton silence ne lui pèserait pas autant. Bien sûr qu’il tient à toi et t’aime ! » C’est la certitude qu’il a. Le contraire lui semble impossible, tant il perçoit clairement l’affection qui lie les deux hommes. James lui demande des révélations au sujet des confidences de son ami. « Je ne peux pas t’en parler, tu te doutes bien. » Il commente en venant inspirer profondément. « J’aimerai, mais ça serait le trahir. Je ne peux pas. Comprends-le. Parlez-vous bon sang ! Cela me rend dingue de vous voir dans un tel état de repli sur vous-même. » Il ajoute avec un ton plus ferme que précédemment. Il aimerait juste qu’ils redeviennent le couple du passé, qu’ils lui donnent toute raison d’abandonner et avancer de son côté, car là, il se sent pris au piège.

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Je me sens torturé avec tous ces soucis qui m'accablent et tourmentent mon coeur. J'ai la sensation que ma vie ne m'accorde aucun moment de répit et que ma douleur devient plus lancinante encore. En plus de l'inconscience de ma mère à gérer, je dois affronter le silence pesant de Matthias, et mon obsession sur le fait qu'il me dissimule une vérité plus déchirante encore. Les mots manquent dans notre situation, on ne parvient pas à s'exprimer face à l'autre. C'est toi qui nous permets d'exploser, de nous livrer aux confidences pour se décharger de poids trop lourds à supporter. J'ai de la difficulté à évoquer mes craintes avec mon amant, parce qu'elles se portent sur lui et qu'il n'est jamais simple de lancer les reproches en pleine figure. Je n'ai jamais été un adorateur des conflits, mais ils s'imposent entre lui et moi, de manière plus fréquente et inquiétante. « J'essaye mais c'est difficile. On est tous les deux tendus et ça se sent. » Les solutions manquent aussi et on atteint un point angoissant, où aucun de nous deux ne sait comment agir. On se retrouve coincés dans une situation oppressante qui explose nos cœurs et menace nos poumons de manquer d'air. « Je ne suis pas sûr que ce soit notre période de froid qui le pèse, ni même mon silence. Y'a autre chose, je le sens. A moins qu'il t'en ait parlé ? » Je me tourne vers toi pour en connaître davantage sur les sentiments qui rongent Matthias. « Dis-moi au moins le sujet, s'il te plaît. Est-ce que ça se rapporte au mariage ? » Je te supplie de mon regard abattu pour que tu me dévoiles une part de vérité. Je veux seulement savoir ce qui le bloque au quotidien, le pèse.  

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La révélation de James ne le surprend pas. Il le voit bien que ces deux amis traversent une période très complexe. « C’est difficile de passer à côté. » Il admet simplement aux propos de son ami. « J’espère juste que ça va aller mieux entre vous deux. » A cet instant, il est sincère dans ses propos. Il désire vraiment que ses amis se réconcilient et que leur histoire se poursuivent, bien que cela signifie qu’il lui faudra trouver une solution définitive à l’inclinaison qu’il a pour son meilleur ami et qu’il cache du mieux qu’il peut. De toute façon, il sait qu’il ne sera pas en mesure de satisfaire les besoins de son ami. Alors pourquoi prendre le risque de le mettre et de se placer dans une situation complexe. « Non, aucune idée. » Une part de mensonge se glisse entre ses lèvres à la remarque de son ami. Elle le questionne, mais la raison qui s’immisce dans son esprit ne lui semble pas tolérable. Il sait qu’il y a un léger malaise entre eux depuis cette soirée où il l’a embrassé, mais il n’a pas la sensation que cet évènement ait chamboulé plus Matthias que le malaise qu’il y a avec son compagnon. Son ami persiste dans son interrogatoire et il lui semble impossible de rester plus muet. « Indirectement oui. » Il lui concède dans un murmure en inspirant profondément face au regard suppliant de son ami. L’affection qu’il a pour ces deux hommes risquent de le perdre. Il les adore et aimerait pouvoir leur permettre d’aller de l’avant, ensemble, comme toujours, mais il semble atteindre ses propres limites. Il ne peut pas avoir la même ardeur que par le passé, car ces sentiments bouleversent parfois ses sens. « C’est Matthias. Tu sais comme il peut être lorsqu’il doit affronter certaines choses. Il a juste besoin d’être rassuré. Je pense. » Il essaye d’amoindrir l’inquiétude qui le ronge et à laquelle il fait face. « Désolé, je n’en dirai pas plus. J’en ai déjà trop dis James. » Il conclut en venant boire une gorgée de son whisky, moins serein qu’auparavant. Son regard retrouve le sien et James ne peut y voir que sa fermeté à ce sujet. Il ne trahira pas les confidences de son ami. C’est impossible.

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Tu m'écoutes comme à ton habitude, et ton oreille attentive me permet d'exploser toutes les rancunes que je retiens en moi. J'évoque d'abord l'inconscience de ma mère puis la distance que Matthias impose entre nous. Tu es compréhensif et tu ne souhaites que du bonheur, et je te crois sincère dans tes paroles franches. Je sais que tu voudrais que ça fonctionne entre lui et moi, qu'on reprenne notre vie sans querelle, au moins tu retrouverais ton meilleur ami. Votre relation aussi semble en avoir pris un coup, mais je t'invite à le croiser plus souvent pour lui mettre du baume au cœur. Tu es le seul en ce moment qui pourrait parvenir à le divertir ou à lui transmettre de la gaieté au creux de la poitrine. Mais la conversation dérape à regret pour toi, et les mots que tu échappes me dévoilent une vérité que j'aurais préféré m'épargner. Je réalise que Matthias me dissimule quelque chose et je ne tarde pas à t'interroger pour connaître le sujet qui le tourmente. Le mariage... « Rassuré ? Après 16 ans de couple, dont 2 de fiançailles, je ne sais pas comment on peut flipper à l'idée de se marier. Ce n'est pas comme si ça pouvait s'écrouler le lendemain... » Je commente avec froideur et franchise car j'aimerais qu'on m'explique pour quelle raison c'est autant source de frustration à ses yeux. Je ne saisis pas et j'ai le cœur lourd sous le poids de l'incompréhension. « Merci. Je vais aller le voir. Je te laisse. » J'ai la hargne qui explose en moi, l'envie de comprendre qui se soulève. Alors je me redresse du canapé, entoure ta taille pour une courte étreinte chaleureuse avant de disparaître chez moi, là où la colère pourra se déverser sur le coupable.