La fatigue commençait à m'importer un peu plus à chaque seconde qui passait, j'étais appuyé contre le comptoir depuis une vingtaine de minutes maintenant, toujours personne. Sérieusement, c'est la saint-valentin dans quelques jours et je trouve encore moyen de m'endormir debout, faut croire que tout le monde était venu ce matin. J'aurais peut-être préféré me retrouver entre les disputes familiales plutôt qu'ici, ça en dit beaucoup sur mon ennui. Pour passer le temps, je changeais la position des fleurs qui étaient sur le comptoir, encore et encore, c'était le seul truc un minimum amusant que je pouvais trouver sur le moment. Il faudrait créer des médicaments contre l'ennuie parce que je peux vous promettre que c'est une maladie qui me touche plus souvent que je ne l'aimerais. J'avais finalement cessé de jouer au piquet et je partis un peu plus loin, regardant ce qui se passait dans les alentours. Rien, oh comme c'est bizarre, je priais secrètement pour qu'une bataille de rats se cachent en dessous d'une table, mais ce n'était pas le cas, encore et toujours du vide. J'appuyais contre le mur, balayant la boutique de regard. Si j'avais su, j'aurais continué à dormir à la place, ça aurait été plus passionnant que cette histoire. Liste de course, autant penser à des trucs utiles du moment qu'on y est. Faudrait que j'achète du pain, j'en ai plus depuis une semaine et ça commence à devenir assez ennuyant, des pâtes, parce que pour être honnête, c'est peut-être la seule chose que je passe mes journées à manger, c'est rapide et c'est bon, que demande le peuple ? Du lait. Pas pour boire, non, mais pour faire tomber sur la tête des imbéciles qui m'ont empêché de dormir hier soir en racontant leur vie en dessous de ma fenêtre à quatre-heures du matin. Alors que j'étais tranquillement entrain de faire ma liste de course mentalement, un boucans infernal me fit sortir de mes pensées. Des fleurs partout et oh, un enfant. Étant un être humain civilisé, je me déplaçais quand même jusqu'à l'enfant pour l'aider à se redresser et à m'assurer qu'il allait bien. Quelques secondes plus tard, un homme rentra dans la boutique, vu la tête qu'il fessait, c'était probablement son père et si ce n'était pas le cas, j'allais probablement me faire passer pour la dernière des imbéciles. « Il va bien. » Je m'étais redressé tout en regardant les deux. J'aurais peut-être pu faire une blague en disant qu'il était sûr le point de mourir, mais ce n'était pas vraiment le genre de blague qui pouvait sortir de mon esprit.

La dernière chose que je m'attendais à voir aujourd'hui, c'était un gamin étalé toutes les fleurs par terre. Après tout, je me plaignais du manque de travail quelques secondes auparavant, il faut croire que le karma avait décidé de me punir, désolé mon ami, je continuerais de me plaindre toute la journée, même si ça ne te plaît pas. Peut-être que le rangement était loin d'être mon activité favorite, mais au moins, ça ferra passer le temps un peu plus vite. La suite de ma journée était déjà tout écrite, je n'avais plus qu'à attendre que cette foutue horloge indique la bonne heure. J'aurais peut-être pu essayer de la modifier légèrement, mais... C'était tentant, je n'allais pas dire le contraire, ça m'aurait bien plus, heureusement, l'envie de garder mon travail passait au-dessus de l'envie de finir plus tôt. Je n'étais pas certaine que ma mère aurait été heureuse de me voir débarqué chez elle à nouveau, car je n'avais plus les moyens de payer mon appartement, la blague pourrait se tenter, juste pour voir sa réaction et lui offrir une minie crise cardiaque. Je profitais de la discussion entre les deux pour attacher mes cheveux à nouveau, détournant le regard. Je n'avais pas vraiment envie de me mêler à des disputes familiales, j'avais plutôt l'envie de me débarrasser de mes disputes familial, tous ces conflits stupides qui auraient pu être évités si j'avais décidé de sortir avec quelqu'un de mon âge. Je balayai rapidement cette pensée, j'étais heureuse de cette façon et ma mère était celle qui devait changer et non l'inverse, je n'allais pas lui laisser la chance de me faire un lavage de cerveau, ce n'est pas ma faute si ses relations n'avait jamais duré, enfin si, c'était peut-être un peu ma faute... Quoiqu'il en soit, je tournais la tête quand il s'adressait de nouveau à moi. « Il n'y a pas de problème, j'avais aucun travail de toute façon. » Raconter sa vie à un inconnu, c'était du Esther tout craché, voir même du Bennet tout craché lorsqu'on y pense, bien que ma mère aurait plus été du style à lui défoncer le crâne à l'aide d'un bouquet, ne me demandez pas comment elle aurait fait, je n'en avais aucune idée, j'étais cependant persuadée qu'elle en trouverait le moyen, elle trouve toujours moyen. Malgré les années qui passaient, c'était toujours étrange de voir des enfants avec leur père et une nouvelle fois, je chassais cette pensée de mon esprit. Ce n'était pas vraiment le meilleur moment pour penser à tout ça. « Vous en faite pas, je vais m'en occuper. » Avais-je fini par déclarer en pointant les fleurs, bien que c'était tentant d'être payé pour un travail que d'autre pouvait faire pour toi.