Time after time
   

La matinée avait été longue, épuisante et je n’avais qu’une hâte, pouvoir rentrer chez moi, me coucher sur le canapé en attendant le retour de Matheo. Mais je savais aussi que je ne ferais rien de tout cela, que j’allais m’occuper de la maison que mon ami et moi avions tous les deux à Dewsbury avant de préparer le repas. Mes étudiants avaient été studieux comme souvent. Après tout, les vacances n’étaient pas si anciennes et ils n’avaient donc pas d’énergie à revendre. De plus, j’essayais toujours de rendre mes cours attractifs même si le français pouvait paraître compliquer pour la plus part de mes élèves. Je m’amusais toujours autant devant leurs difficultés à différencier le féminin du masculin même si je n’en montrais rien en cours. Je pouvais comprendre que cela puisse ne pas être simple car la langue française est pleine de nuance et c’était ça qui, à mon sens, la rendait vraiment intéressante à étudier. Je n’avais pas cours de l’après-midi et je pus donc quitter l’université de Leeds assez rapidement pour pouvoir rentrer chez moi. En chemin, je planifiais mon après-midi pour ne pas perdre de temps et que tout soit prêt quand Matheo rentrerait. J’avais prévu un petit diner surprise en amoureux juste parce que j’en avais envie. Une façon à moi de le remercier pour tout ce qu’il a fait pour moi par le passé, quand mon ancien petit ami avait décidé de me quitter sans plus jamais donner de nouvelle. Parfois, quand la nostalgie me prenait, je me demandais ce qu’il était devenu mais j’évitais de trop y penser. Non pas que cela soit encore douloureux mais les évènements qui avaient suivis l’étaient, eux. Heureusement, j’avais pu compter sur le soutient de mon l’homme qui était désormais le mien et je m’en étais sortie.

Arrivée dons à la maison, je commençais par manger avant de m’allonger un petit peu sur le canapé, le temps d’une sieste. Je ne dormais que rarement, ce n’était pas dans mes habitudes alors après une dizaine de minutes à regarder fixement le plafond, Locki couché près de moi, je décidais qu’il était temps de me lancer dans les préparatifs de mon repas surprise. Je sortis faire des courses avant de revenir pour me mettre devant les fourneaux. Je n’avais pas la prétention d’être une aussi grande cuisinière que Matheo mais je me défendais sur des recettes que je connaissais. Et il n’y avait rien de bien compliqué dans ce que j’avais prévu ce soir. Un plat et un dessert, je ne me lançais pas dans un grand repas parce que j’avais parfois tendance à faire trop d’amuses bouches et on n’avait plus faim pour le plat et le dessert. J’avais prévu un gratin dauphinois avec un poulet farci pour le plat et mon éternel moelleux au chocolat pour le dessert. C’était ce que je réussissais le mieux. Je passais ainsi toute l’après-midi à cuisiner et à préparer la table. Rien de prétentieux avec juste de petites bougies. Je ne voulais pas que cela fasse trop classe parce qu’après tout, je le prenais par surprise et il ne savait pas ce que j’avais prévu. A l’heure habituelle de son retour tout était prêt et je n’avais plus qu’à attendre que la porte d’entrée s’ouvre.

   

Time after time
   

Tout en préparant le repas, je pensais à ce que j’avais traversé depuis le départ de Noah dans ma vie. Il m’arrivait parfois d’y repenser mais je ne m’étais pas attendu à ce que cela me prenne ce soir, alors que je préparais le repas de mon petit ami. Je n’aimais pas spécialement me souvenir de mon passé de fêtarde et de droguée mais parfois, une petite piqure de rappel ne pouvait pas faire de mal. Matheo avait été là pour moi quand Noah m’avait tourné le dos, m’aidant alors qu’il aurait tout à fait pu me laisser tomber comme une vieille chaussette. Je lui devais en quelque sorte la vie car je savais que je ne serais certainement plus là pour parler s’il le jeune homme n’avait pas été à mes côtés. Enfournant le gratin dauphinois, j’eus un sourire. Je ne regrettais qu’à moitié le départ de Noah, cela m’avait permis de trouver un homme avec lequel j’étais en phase et que j’aimais peut-être même plus que ce que j’avais aimé mon ex. La seule chose que je regrettais, c’était ce que j’étais devenue. Et ma stérilité bien entendu. Tout aurait été tellement plus simple si je n’avais pas fait cette fausse couche, j’aurais pu avoir facilement des enfants plutôt que de devoir faire des injections d’hormones tous les jours sans certitude sur le fait que je puisse tomber enceinte par la suite. Mais la vie n’avait jamais été très douce et ce n’en était qu’une démonstration de plus. En tout cas, j’espérais que ma petite surprise allait plaire à Matheo même si je n’avais que peu de doute là-dessus. Un petit diner romantique ne pouvait pas faire de mal et je savais que parfois, je n’étais pas la plus agréable des petites amies alors c’était en quelque sorte une façon pour moi de me faire pardonner. Tout était presque prêt, il ne manquait plus que le principal intéressé.

D’ailleurs, il ne tarda pas à arriver une fois que tout fut presque prêt. La porte ne tarda pas à s’ouvrir avant que la voix de l’homme que j’aimais ne retentisse dans la demeure, se demandant si j’étais là. « Je suis dans la cuisine Matheo. » J’étais occupé à surveiller mon moelleux au chocolat comme le lait sur le feu. Il ne fallait pas qu’il soit trop cuit sinon, il n’était plus moelleux mais il ne fallait pas non plus qu’il ne le soit pas assez. Une fois le gâteau sortit du four, je pus me rendre dans le salon où le jeune homme se posait plein de questions, me faisant gentiment sourire. Ce n’était pas une date particulière et donc non, il n’avait rien oublié. Je me glissais entre ses bras pour déposer un léger baiser sur ses lèvres avant de secouer doucement la tête. « Nous ne fêtons rien de particulier à part le fait que je t’aime. J’ai eu envie de te faire une petite surprise comme ça. Désolé, je ne voulais pas te stresser. » On pouvait sentir que Matheo était stressé à la perspective d’avoir oublié quelque chose et je m’en voulais un peu de ne pas avoir pensé à cela avant de préparer ma petite surprise. J’aurais pourtant dû y penser mais j’avais tendance à être têtue pour quand j’avais une idée dans la tête. Je ne savais plus où me mettre, me disant que ce n’était peut-être pas une si bonne idée que cela. Je m’écartais doucement de Matheo, me tordant les mains légèrement. « J’ai cuisiné ma spécialité: gratin dauphinois, poulet farci et même mon célèbre moelleux au chocolat… » J’espérais que ça allait aller parce que même si c’était des plats que je maitrisais, j’avais toujours le chic pour faire brûler les choses quand c’était pour des occasions importantes.

   

Time after time
   

J’aimerais tellement avoir un enfant avec Matheo. Parce que je l’aime cet homme, plus encore que ce que j’avais aimé Noah. Et c’était pour lui que je me faisais piquer tous les matins par une infirmière. Pour que mes hormones me permettent enfin d’avoir un enfant. C’était quelque chose d’assez difficile à supporter parce qu’il y avait eu quelques effets secondaires au début et pas évident à supporter. Mais maintenant, cela semblait aller un peu. Mais toujours pas de bambin à l’horizon. Tout en terminant mes préparatifs, je soupirais légèrement, légèrement défaitiste. Mais il fallait que je reste optimiste, pour Matheo. Parce que je savais qu’à toujours voir le mauvais côté des choses, je risquais de replonger et clairement, je ne voulais pas. Parce que je ne savais pas si mon aimé aurait la force de me sortir du trou une deuxième fois. Et je ne voulais pas le perdre, je crois que je ne le supporterais pas. J’entends d’ailleurs rapidement la voiture de Matheo se garer devant la maison, pile au moment où tout est prêt.

J’aurais bien été le saluer dignement mais j’avais encore quelque chose à surveiller dans le four et je ne voulais pas brûler mon dessert. D’autant que je savais qu’il s’agissait du péché mignon de mon petit ami et je ne voulais pas qu’il m’en veuille d’avoir osé faire brûler un gâteau au chocolat. Enfin, m’en vouloir était un bien grand mot quand même, il en fallait plus, heureusement. Je ne peux m’empêcher de rire quand il ajouta qu’il risque de grossir ce soir. C’était impossible, il faisait bien trop de sport pour ça. Parce que son métier l’imposait. Arrivant donc jusqu’à lui pour me glisser entre ses bras, je le rassurais sur le fait que non, il n’avait rien oublié comme date spéciale, que c’était juste une de mes lubies de la journée. Je m’en voulais un peu d’avoir fait stressé le jeune homme, ce n’était pas ma volonté mais je fus rassuré quand il me répondit que c’était une bonne idée. Je ne pus m’empêcher de sourire à ce qu’il ajouta concernant la baffe, comme si c’était mon genre. Je fis la moue quand il ajouta que j’avais l’intention de lui faire faire deux fois plus de sport. Ce n’était nullement mon intention même si j’avais toujours aimé en faire avec le jeune homme. « Zut, je suis démasqué… Tu as trouvé mon excuse pour te faire faire du sport de chambre… » Je serrais un peu plus le jeune homme contre moi alors qu’il me parlait de son appétit. Je souris alors en désignant la table. « Et bien installe toi, tout est prêt pour être mangé. » Le laissant donc seul, je retournais à la cuisine pour me laver les mains et je revins ensuite avec les plats que j’avais préparé, laissant le gâteau dans le four éteint pour éviter qu’il ne se refroidisse de trop. Après avoir servi Matheo, j’en fis de même avec mon assiette et on put passer à table. « Alors, dis-moi, ta journée c’est bien passée? » J’espérais juste qu’il n’allait pas me parler de sa partenaire, Grace. Je ne l’appréciais guère cette jeune femme, je trouvais qu’elle tournait trop autour de Matheo et cela ne me plaisait pas beaucoup. Cela m’aurait tellement arrangé qu’il travaille avec un homme plutôt qu’avec une femme. Parce que j’avais tellement peu de confiance en moi que je voyais déjà Matheo partir avec elle au moindre de mes faux pas.

   

Time after time
   

Je fus contente quand Matheo rentra. Même si j’aimais bien mes petits moments seule à la maison, je préférais de loin quand mon petit ami était à mes côtés. Cela m’évitait de trop ressassé mes soucis du moment. En fait, c’était surtout le fait de devoir faire ces injections qui me minaient un peu plus chaque matin. J’aurais tellement aimé ne pas en avoir besoin pour tomber enceinte sans soucis. Mais à croire que la vie ne voulait pas me lâcher, me laisser enfin vivre la vie que je voulais. Alors quand le jeune homme passe la porte, je ne peux m’empêcher de me glisser dans ses bras. Le câlin du soir était rapidement devenu notre petit rituel et je ne comptais m’en passer. Je ne pus retenir un petit rire face à ce qu’il venait de dire concernant nos petits moments à nous, dans l’intimité de notre chambre à coucher. Je finis par m’éloigner du jeune homme pour lui laisser la possibilité de se mettre à table pendant que je vais chercher le plat que j’ai préparé. Je lui souris quand il ajouta que cela sentait bon. Je n’étais peut-être pas un cordon bleu comme lui mais je savais me défendre derrière des fourneaux. Et encore plus quand c’était des plats que je maitrisais. Il allait falloir que je songe à prendre des cours de cuisine quand même si je voulais recommencer ma petite surprise sans avoir forcément le même menu à proposer. Parce que bon, je ne maitrisais pas tout l’art culinaire alors il allait falloir que je fasse des efforts pour éviter que Matheo ne se lasse de ma cuisine. Après tout, manger toujours la même chose n’est pas forcément agréable alors si je pouvais élargir mon champ des possibilités.

Une fois tous deux servis, je demandais à mon petit ami comment c’était passé sa journée. J’étais toujours curieuse de savoir ce qu’il avait fait, comment cela c’était passé. Parce qu’il était policier et que c’était un métier à risque. Je ne voulais pas qu’il arrive malheur au jeune homme, je ne le supporterais pas. Il m’expliqua alors qu’il avait été envoyé sur une affaire de vol et qu’il avait alors vécu une situation assez dingue. Je fus étonnée de ce qu’il ajouta. « Ah oui? C’est dingue en effet. Je ne vois pas un juge faire du vol à l’étalage. Enfin, je ne connais pas ton affaire mais ça me paraît complètement grotesque. » Après tout, juge ça payait bien. En même temps, avec le niveau d’étude que cela demandait, heureusement d’ailleurs. « En tout cas, tu en vois des choses dans ton métier… » Ce n’était pas moi qui allait dire le contraire. Mes journées à l’université était plutôt calme sauf quand mes étudiants sentaient que les vacances arrivaient. Et dans ces moments, ils étaient intenables et épuisants pour les nerfs. Mais je ne me plaignais pas, j’arrivais souvent à les canaliser en proposant autre chose que mes cours magistraux habituels la veille des vacances. Il allait d’ailleurs falloir que je me penche sur notre dernier vendredi parce que les vacances avançaient à grand pas. Buvant un peu d’eau, je reportais mon regard sur Matheo. « C’est bientôt les vacances pour moi, les étudiants commencent à être énervés. » Une semaine, il me restait une semaine à tenir avant d’avoir enfin ma longue semaine de vacances pour me reposer. Je ne savais pas encore ce que j’allais faire mais très certainement prévoir des sorties en ville tout en essayant de me reposer un peu. Parce qu’on avait beau dire que les professeurs étaient des fainéants, c’était loin d’être le cas. J’eus rapidement terminé mon assiette et je tournais la tête vers la cuisine. « Tu veux que je ramène le gâteau? » Je ne voyais pas pourquoi il dirait non étant donné qu’il devait certainement l’attendre avec impatience. Mais on ne savait jamais, dès fois qu’il n’ait tout simplement plus faim.

   

Time after time
   

J’étais contente que la journée de Matheo se soit bien passée et j’espérais que la soirée serait encore mieux. J’étais néanmoins assez étonnée d’apprendre qu’il avait dû se rendre dans un petit supermarché pour une juge qui aurait soit disant volé. Mais je ne connaissais que de nom la jeune femme dont il me parlait et je ne la connaissais donc pas. Je ne pouvais évidemment pas juger ainsi la personne incriminée, d’autant que je n’avais pas tous les détails de l’affaire, sachant que mon homme ne me les donnerait pas. Secret professionnel oblige. Mais je me satisfaisais de ce qu’il pouvait me dire. Pour en savoir plus, il aurait fallu que je sois flic et ce n’était nullement ma prétention. J’étais prof et ça m’allait très bien. Je relevais la tête en direction de Matheo quand il ajouta qu’il devait y avoir un gros poisson là-dessous mais je n’en dis pas plus. Je ne voulais pas qu’il me dévoile par mégarde des éléments de l’enquête et qu’il se retrouve ensuite en difficulté dans son travail. Même si, après tout, je ne voyais pas à qui j’irais parler de cette histoire. Tout en parlant, je continuais à manger, contente de pouvoir partager un tel moment avec le jeune homme. Je me rendais bien compte que j’avais de la chance de l’avoir et lui préparer un repas était bien la moindre des choses que je pouvais faire pour lui comparer à ce que lui avait fait pour moi. Je ne pus retenir un petit rire quand il ajouta que c’était calme à Dewsbury mais qu’il y avait quand même des choses surprenantes. « Cela doit quand même te changer de Santa Monica. » Il fallait dire que la grande ville américaine n’avait rien à voir avec la petite ville anglaise où nous habitions désormais. Mais ce n’était parfois pas plus mal d’être venu habiter ici, il y avait tellement de mauvais souvenirs aux Etats-Unis. Tout en terminant mon assiette, je parlais des vacances qui allaient bientôt arriver et je ne pus que relever vivement la tête, un grand sourire aux lèvres. « Han, j’adorerais. Une semaine en France, ce serait vraiment super. Je te ferais visiter là où j’ai grandi, tu rencontreras mon père et mon frère… » Mon pays natal me manquait parfois mais c’était surtout ma famille en fait. J’avais beau avoir souvent parlé de mon père et de mon frère à Matheo, il ne les avait jamais vus autrement que via photo ou via Skype. Mais là, il pourrait les voir enfin en chair et en os. J’étais toute excité à cette idée et j’espérais sincèrement que ça allait pouvoir se faire. Je finis par me lever pour débarrasser les assiettes à présents vides et ramener des assiettes à dessert avant de revenir avec le gâteau au chocolat. Je n’avais spécialement plus très faim et je m’en servis donc une petite part. Mais je savais que ce gâteau était le péché mignon de mon homme alors je lui en servis une plus grosse, sachant que de toute façon, il ferait du sport dès le lendemain matin. Et qui sait, peut-être même dès ce soir. Retournant à ma place, je me mis à manger mon gâteau. Comme souvent, il était pile à la bonne cuisson. C’était certainement la pâtisserie que je réussissais le mieux avec la charlotte au chocolat. Oui, encore du chocolat. Mais avec Matheo, le chocolat était obligatoire. « Tu auras suffisamment de jour pour qu’on aille en France? » Parce qu’il était hors de question que je me retrouve quelques jours sans mon homme. C’était soit on y allait ensemble soit on y allait pas, ce n’était pas possible autrement. Et j’espérais qu’on allait pouvoir passer un long moment en Bretagne parce que clairement, il y en avait des choses à voir.