«Je vais encore être en retard...» J'enfilais rapidement mon manteau en cuir noir et saisissais mon petit sac à main Chanel accroché dans l’entrée, un petit coup d’œil au miroir pour vérifier que je suis aussi présentable que jolie, on ne va pas se cacher les choses, dans le monde de cette bourgeoisie auquel je vais dorénavant parti l'image qu'on reflète c'est un peu votre carte de visite, votre pass pour être accepté dans ce cercle fermé, oui j'entends bien souvent des bruits de couloir, de viles critiques sur moi, ma manière d'être et ce pour quoi je suis ici, uniquement grâce à mon mari ? Il n'y a que les ignorants et les faibles d'esprits qui se permettent d'étendre de tels commérages, ou bien encore j'ai failli oublier la catégorie des femmes aigries et jalouses, pour ne pas dire les pires, celles qui sont prêtes inventer et grossir n'importe quelle médisance pour descendre votre réputation, malheureusement pour elles je suis bien plus intelligente, pour ne pas sournoise et je ne me laisserais en aucun cas salir par des femmes qui se vantent elles-mêmes d'avoir le portefeuille doré grâce à leurs blasons ou celui de leurs époux, heureusement pour moi je pense que la chance est aussi de mon côté en réussissant à cacher d'une main de maître ses relations extra-conjugales que j'ai pris la mauvaise habitude entretenir, mon seul point faible qui fait aussi une certaine force. Bien sûr je ne mets pas toutes ses femmes dans le même panier, non il y a des exceptions, comme ma charmante Caitlin qui brille de prestance, elle est du genre irréprochable, bienveillante et discrète, un petit bijou qui n'a pas encore appris à briller à mes yeux, car à être trop exemplaire on passe aussi à côté de certaines choses de la vie, mais je suis sûr qu'un jour elle saura s'extirper de ses chaînes et goûter à la liberté, l'évasion.

C'est à Leeds que se trouve se Gala de Charité auquel j'ai étais invité, bien sûr je devais aussi compter sur mon mari, mais il c'est déchargé de cette requête ce matin, seulement je compte bien faire briller un peu plus notre nom se soir et démontrer notre altruisme. Tout cela n'est pas qu'un coup de publicité je vous rassure, ça me tient aussi à cœur d'aider les plus nécessiteux, moi qui suis connue les galères de la vie d'en bas, la vie du commun des mortels... Et je ne suis pas sure que beaucoup de monde dans cette assemblée se soir auront déjà vécue ainsi, ils n'imaginent pas cette chance de naître entre l'or et l'argent, ce qui fait une faiblesse et moi ma force, mais je me garde de parler de passé à tout le monde, je n'aime pas spécialement attirer l'attention sur ce genre de sujet, même si je sais bien que ça a déjà dû faire le tour du quartier quand on a débarqué à Drewsburry. Je prends un taxi afin de me rendre à destination, je fais confiance à son talent histoire de me faire gagner quelques minutes de plus. Vingt minutes de retard, c'est acceptable ? Peut-être pas, mais je me présente sans la moindre gêne à l'entrée de ce grand bâtiment qui accueille l'événement, présentant ce petit carton d'invitation. Et me voilà dans toute cette foule bourgeoise, par chance aucun discours n'a l'air d'être entamé, je jette un coup d’œil à toutes ses tables un peu plus loin devant cette grande estrade, j'avais presque oublié ce fichu placement, j'espère être à la table de ma noble blonde préférée, d'ailleurs ou est elle ? Je me dirige par instinct vers ce grand bar installé en retrait des tables et de la lumière, pour l'instant tout le monde fourmille ici, alors j'examine chaque chevelure et visages en attendant de tomber sur Caitlin, je ne compte pas rester seule plus longtemps !




       

Une soirée mondaine, ou comme je le dis dans mon vocabulaire: le meilleur genre de soirée qui soit. Oh, pour certains je sais que l'idée de passer des heures en compagnie de gens que vous ne connaissez pas simplement parce qu'ils ont un portefeuille bien garni ou un haut statut social peut être synonyme d'enfer, mais pour moi, tout ceci m'amuse. Il ne suffit souvent que de quelques discussions pour trouver les gens avec qui vous entretenez quelques points communs, voir des affinités. Les autres, je leur fais la conversation seulement si j'ai quelque chose à obtenir, je me mets toujours à mon avantage. Par exemple, ce vieil avocat, propriétaire d'un des cabinets les plus réputés de Leeds avec des branches à l'international, même s'il n'a que des sujets de conversations osés et empreints de sous-entendus, je ne dis mots et je l'écoute. On ne cherche pas une lionne comme moi si elle est dans la bonne grâce d'un des hommes les plus influents de la région, pour ne pas dire parmi les plus influents du pays. Certaine fois, oui, je tombe sur des perles avec qui je passe réellement une bonne soirée, mais je dois avouer que lorsque Caleb est à mon bras, je me sens toujours un peu retenue. Je ne peux pas aller m'adresser à tous ceux avec qui souhaite discuter, papillonnant d'un homme à l'autre avec mon fiancé au bras. Certes, il est bien vu d'être accompagné, mais Caleb est un homme si timide et qui clairement, préfère investir son temps ailleurs que dans ce genre d'évènement. Il est le futur pdg de Barnes Entreprise, sa réputation n'est plus à faire. Je n'exige sa présence que pour support moral lors de réceptions à la galerie, parce que s'il n'est pas là, j'ai ce vide dans mon coeur qui ne me mets pas en confiance. Il est mon roc, sans lui je m'effondre.

Enfin, il n'est pas le seul qui a une importance capitale dans ma vie. Il y a Ezra, qui est... Je ne saurais dire ce que je pense réellement de lui. Je sens qu'aucun mot ne ferait honneur ou justice à la nature des sentiments que je lui porte. Il n'est pas que mon partenaire, ni même mon associé. Non, et même le reléguer au titre d'amant sonne dégradant quand on y apporte de la réflexion. Si Caleb est mon roc, Ezra lui, est ma source. Sans Caleb, je dérive, mais sans Ezra, je n'existe même plus. Mes pensées sont interrompues par le charmant barman qui vient prendre ma commande alors que je suis assise au bar. « Madame, que souhaite-vous boire ? »« Un verre de votre meilleur vin blanc, je vous pris. » Boisson douce, délicate, souvent fruitée sur les bords ne laissant pas d'amertume en bouche. C'est ma boisson signature, rare sont les fois où l'on me voit consommer autre chose. Un petit mouvement de tête, l'employé s'exécute. Mon carton d'invitation est posé à ma droite, juste sous mon petit sac brodé de pierres qui attire assez l'attention des gens qui défilent. Un couple passe près de moi, l'homme me détaille d'un oeil songeur en me voyant seule, et sa conjointe a tôt fait de le ramener à l'ordre en lui serrant le bras. Peut-être aurait-il mieux fait de venir seul lui aussi, au lieu de trainer une mégère. Une fois mon verre en main, je me lève, me disant qu'il serait peut-être temps pour moi de parcourir la place pour commencer à socialiser, parce que je ne serai jamais le genre de femme qui reste seule au bar. Plutôt mourir que de devenir de type de désespérée, celles qui étalent leur malheur et leur solitude à la vue de tous. Heureusement pour moi, je sens que ma chance tourne, puisque je pense voir arriver Berlioz. Il n'est pas rare que nous nous retrouvions dans les mêmes évènements, puisque son mari et elle sont toujours invités aux galas et soirées mondaines. Par contre, je chéris ces soirées où nous sommes sans nos hommes, puisqu'elle sont ô combien plus amusantes. Elle est définitivement une perle dans ce monde d'apparence, une qui comprend et s'amuse souvent comme moi de toutes ces conventions, peut-être trop, mais je l'adore pour ça. Elle me mets hors de ma zone de confort sans me jeter dans la gueule du loup et malgré son statut, elle ne semble pas s'oublier ou faire passer son plaisir après ses obligations. « Berlioz ! » je l'interpelle, lorsque je suis assez près d'elle pour qu'elle m'entende sans que je n'aie à hausser la voix.