callum & izzy

Hakuna Ma'vodka

Le vrombissement de mon Audi fit tourner les têtes lorsque je pénétrai le stationnement du Bar. J’immobilisai mon véhicule et soufflai un bon coup avant de couper le moteur. Exténué, stressé, découragé. L’ouverture de la nouvelle branche de la firme était tout sauf de tout repos. Les heures à travailler d’arrache-pied ne faisaient que se cumuler et je me demandais quand je pourrais enfin me reposer. Quand est-ce que je connaitrais enfin une bonne nuit de sommeil. Et pourtant, me voilà dans le stationnement d’un bar alors que j'aurais pu retourner à ma chambre d’hôtel et me coucher. J'aurais vraiment dû commencer à me soucier de mes habitudes de vie, surtout en ce qui concernait ma consommation d’alcool. Je balayai cette pensée de ma tête et sortis de ma luxueuse bagnole. Je sentis les regards de certaines personnes se poser sur moi. Je les ignorai et entrai dans le bar. Ce dernier était bondé de gens. Je me sentis légèrement désorienté et surtout, dévisagé. Était-ce mon imposante (et impressionnante) chevelure noire frisottée qui les interpelait? Ou était-ce le fait qu’ils n’avaient jamais vu un costard d’une telle valeur auparavant? Très certainement, je n'étais pas au bon endroit. Ce type de bar était tout sauf convenable pour un homme d’affaires (ou tout homme qui gagne plus que le salaire moyen). Je décidai néanmoins de rester. J’aurais peut-être dû faire mes devoirs avant d'aller là. Je ne connaissais ni la ville, ni ses bars. Et pourtant, je me trouvai dans le plus miteux qui était. Je me demandais si ce dernier était fréquenté par l’entièreté de la population « redneck » de Leeds. Je me mis à rire à cette pensée; on n'était quand même pas dans le Sud des États-Unis. Je m’assis au bar et levai mon bras pour faire signe à la barmaid que j'étais prêt à commander.
« Alors, je te sers quoi, mon beau? »
Je figeai et me mis à compter le nombre de dents qui n'étaient pas pourries dans sa bouche. Deux. Je confirme, elle en avait deux.
« Je vais vous prendre un verre de Dalmore »
Elle me dévisagea. Soit elle ne savait pas c’est quoi, soit elle pensait que je venais de gagner à la loterie. Je ris intérieurement et optai plus pour la première option. À presque 170 000livres la bouteille, je doutais fort bien que cette barmaid en avait déjà entendu parler. Elle s’excusa et me dit qu’ils n’avaient pas cet alcool ici.
« Je vais vous prendre du scotch. Le plus raffiné que vous avez », finis-je par lui demander plus sérieusement. Elle ne se fit pas prier et me donna mon verre. Je lui donnai un généreux pourboire en priant intérieurement pour qu’elle le mît dans ses économies pour son dentier.
Alors que je pris une première gorgée de mon scotch, qui s’avéra potable mais sans plus, j’entendis un rire près de moi. Je me retournai et vis une grande blonde discuter avec une magnifique rousse. Je la fixai. Mais que faisait-elle dans un bar aussi miteux? Décidément, elle et moi n'étions pas au bon endroit. Cela ne prit que quelques secondes pour que son regard rencontrât le mien. Oups, je n’aurais peut-être pas dû regarder aussi longtemps. Je me retournai brusquement et repris une gorgée de mon scotch en me la jouant « ni vu, ni connu ». Je semblais peut-être trop confiant aux premiers abords, mais la drague, ce n’était vraiment pas ma tasse de thé. Une chance que j’avais une belle binette, sinon j'aurais possiblement fini seul pour le reste de mes jours.

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He said how does it feel to be human. Do some of the best plans you make get ruined. Do people curse you and flowers ain't blooming. How does it feel ? He said how does it feel to be human. If I could for one day I just might do it. Dance till the sun comes up to my music. How does it feel ?

Izzy passait souvent à Leeds pour rendre visite à ses parents et en passant voir quelques amies du lycée. Honnêtement, cette ville lui manquait, plus qu'elle ne le croyait. C'était plus petit que Dewsbury, mais elle y avait grandit, donc elle représentait beaucoup pour la Cartwright. Un jour, elle aimerait bien s'y installer, l'endroit parfait pour mourir vieille fille. Pour Halloween, Izzy aurait bien voulu aller faire du porte à porte, mais apparemment, ce n'était pas de son âge et aussi, elle n'avait pas d'enfant à kidnapper pour le faire avec elle. Elle avait donc été passer le weekend chez ses parents. Elle le faisait une fois de temps en temps, question de garder contact avec eux tout en gardant cet esprit enfantin. Retourner dans son ancienne chambre et rigoler aux souvenirs qui s'y trouvaient. Certains trouvaient cela étrange pour une femme de trente ans de faire des sleepover chez ses parents, mais elle ne voyait pas en quoi. La communication était la clé d'une famille et elle y tenait. Pendant ses deux jours à Leeds, une amie lui avait demandé de l'accompagner au bar avec quelques anciens élèves du lycée. Euh... yaaaas ! De plus, elle avait choisit leur bar favori. Bon, il n'avait pas changé, restait toujours aussi miteux qu'auparavant, mais à l'époque, c'était leur chill spot. C'est ici qu'elle s'est fait dragué pour la première fois - par un vieillard, mais ça compte quand même -, qu'elle s'est bourrée la gueule avec Caleb pour la première fois, qu'elle a vomit sur Alyssia. Ce bar était peut-être merdique, il était remplis de souvenirs.

« Alerte au beau gosse à trois heures. » lâcha Jessica la tête tournée vers l'entrée. Izzy tourna la tête et arqua les sourcils devant le bichon frisé à l'allure de riche qui venait de faire son entrée dans le bar. Était-il perdu ? C'est vrai qu'il était mignon, mais elle ne pouvait dire si c'était son visage ou tout simplement le fait que sa chevelure lui rappelait celui du chien de ses parents, Bigoudi. Elle le fixait de façon non subtile comme à son habitude, mais elle détourna le regard lorsqu'il vint prendre place au bar tout près d'elles. Jessica lâcha quelques autres commentaires à son sujet. Elle te faisait rire, elle n'avait pas du tout changer. Plus jeune, elles plaisantaient souvent sur le fait que la blondinette deviendrait une cougar et c'était quasiment ça. Pour elle, l'âge n'avait pas d'importance. Devant une de ses multiple blague salace, Izzy éclata de rire et le regard du frisé croisa le sien. Mais il le détourna dès qu'il réalisa leur contact visuel. Bah voyons ? « Kayla veut me parler, ça te dérange si je te laisse quelques minutes ? » « Mais non, vas-y. Je vais me commander un autre verre en attendant. » Izzy lui sourit avant de la voir partir vers la brune dans le coin. Ce soir, elle avait su se contrôler et ne pas abuser de l'alcool. C'est Ezra qui serait fier ! Par contre, là, elle avait soif ! Elle s'approcha du bar et se posa tout près du beau gosse de Jess. La barmaid étant occupée, elle attendit patiemment et finit par lancer un autre coup d'oeil à l'inconnu. En fait, elle se demandait ce qu'il pouvait bien faire ici. Disons qu'il ne semblait pas être du genre à trainer dans des endroits du genre. « Tu attends ta maitresse ? » Izzy et son tact. Pas de bonjour, elle accusait tout de suite. C'était un peu sa façon à elle de s'incruster. Briser la glace n'était pas un problème chez elle. Elle regardait trop de télévision, d'où se préjuger qu'il soit un mari infidèle. Beau gosse au allure riche, il ne devait pas être célibataire. Faut dire que les Kardashians n'était peut-être pas la meilleur source d'informations. La barmaid s'approche finalement d'elle pour sa commande. « Je vais prendre la même chose que lui. » Elle ne sait pas de quoi il s'agit, mais pourquoi pas ? C'était plus excitant que de commander son cocktail habituel. Le verre devant elle, elle prit une gorgée, mais ne s'attendit pas du tout à du scotch. Elle détestait le scotch. Une grimace s'afficha sur son visage, elle tira la langue. Tout à fait charmant. « Euurk ! Comment tu fais pour boire ça ? »

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“Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy.” (Frank Sinatra)

Je fis miroirter mon verre de scotch tout en fixant les différentes photos accrochées sur le babillard du bar. Sur ces dernières, qui semblaient avoir été prises ici-même, étaient exhibées plusieurs personnes toutes plus saoûles les unes que les autres. Mes yeux passèrent ensuite vers les étagères remplies de bouteilles d’alcool qui semblaient ne pas avoir été époussetées depuis des lustres. Cet endroit avait tout pour être le bar louche d’un petit village éloigné, si on enlevait une cinquantaine de personnes pour y rajouter quelques petits vieillards. Alors que je scrutais l’ensemble de la décoration et l’emplacement des mobiliers, la mignonne petite rousse prit place près de moi. Je ne la regardai pas. Non pas parce que je n’en avais pas envie, mais parce que je ne voulais pas entrer dans une conversation que je ne pourrais tenir. Ai-je déjà spécifié que mon assurance n’était qu’une illusion? Enfin, elle ne l’était pas dans mon travail; mais avec les femmes, si. Tout venait dans l’habillement et les chaussures hors de prix. Toutefois, la trotteuse n’eut même pas le temps de faire son tour complet; la jeune femme m’adressa la parole. Sa question causa un ricanement instantané de ma part. Moi, marié? Une image d’Anna et moi mariés me vint en tête. J’hésitais entre pleurer ou vomir. Une vie de misère m’aurait attendu si j’avais eu la stupidité de la demander en mariage. Il aurait fallu plusieurs séances d’hypnose et énormément d’alcool dans le sang pour en venir à cela. Enfin, c’était ce que je me disais.  Toutefois, quand j’étais avec elle, il n’y avait rien que je n’aurais pas fait pour elle. Et tout cela parce que sa manipulation mentale ne connaissait aucune faille; tout ce qu’elle voulait de moi, elle l’obtenait. Si elle avait voulu que l’on se marie, elle aurait tout fait pour me contraindre de lui faire la grande demande. Parce que c’était ce qu’elle faisait; elle manipulait les gens. Elle cherchait au fond de leur être et trouvait la moindre faiblesse qui la ferait avoir ce dont elle désirait. C’était une vipère, une vraie. Et c’est cette vipère qui a partagé voire mené ma vie pendant plus de deux ans. Rapidement, je me tirai de ma songerie cauchemardesque. Ah oui, il fallait que je lui réponde. Il était si facile de parler devant un juge ou un jury. Mais devant les femmes, ce n’était pas si évident. « Pour avoir une maîtresse, il faut commencer par être marié. Et pour être marié, il faut avoir quelqu’un dans sa vie. Donc nope. », lui répondis-je avant de prendre une autre gorgée de mon scotch. C’était bien ça, non? J’avais bien répondu? Voilà le genre de questionnement auquel j’avais le droit à chaque fois que j’ouvrais la bouche en compagnie de la gente féminine. C’était à peine si je pouvais me convaincre d’arrêter de trop m’en faire. Après tout, j’étais la même personne au travail et dans la vraie vie, non? Je rigolai intérieurement lorsque je l’entendis commander la même chose que moi. Rares sont les fanatiques de scotch! Sa réaction à la forte boisson ne me surprit point. J’éclatai de rire instantanément. Pauvre fille. Je suis persuadée qu’elle le sent encore brûler sa gorge. « Passer ses soirées dans un cabinet d’avocats à s’enfoncer le nez dans des dossiers », commençai-je avant de couper ma réplique par une gorgée. Je levai un peu mon verre et terminai le reste d’une traite. « Voilà comment je fais pour boire ça », finis-je par dire en redéposant l’old fashioned sur le comptoir. La barmaid aperçut mon verre vide et vint promptement me demander ce que je prendrais ensuite. Je lui demandai une simple bière et ajoutai : « Oh et apporte-lui un sex on the beach, on me. Je présume qu’elle va préférer ça ». Je lui fis un clin d’œil et agripai son verre pour le tirer vers moi. « Je présume que tu ne finiras pas ça ». Bon. Tout compte fait, l’alcool me donnait plus de confiance que je l’espérais.