Rien n'allait plus. Cette robe, ce mariage, cette décision. Pourtant, tout le monde s'évertue à dire que le couple Edwards et Barnes est tout ce qu'il y a de plus assorti. Le couple parfait selon certain. Les masques sont bien trop hauts, bien trop ancrés dans cette relation pour que les deux jeunes adultes puissent voir que le réel bonheur n'est que bien trop près. Et si, lors de cet essayage de robe catastrophique, Caitlin pouvait réaliser que tout ce dont elle a toujours rêvé a franchit il y a déjà des mois de ça, la porte de sa galerie?
rp original ici, nous vous présentons la version parallèle.

Il a trouvé les mots, comme d'habitude. Ezra me connait mieux que quiconque, il me dit ce que je devrais croire: mes peurs sont ridicules, mes doutes n'ont pas lieux d'être. Cette robe est celle qu'il me faut, que je suis magnifique dedans. Que l'homme devant m'attendre devant l'autel est Caleb. Il a raison, tout le monde s'évertue à me le dire, alors pourquoi est-ce que ça ne semble pas être ça qu'il me faut ? J'ai le coeur en miette, mes larmes ne cessent pas leur course sur mes joues, je n'arrive plus à voir clair tant ma vue est embrouillée. Si je prends les bonnes décisions, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me sentir conséquente ? Ce bonheur que tout le monde me promet, où est-il ? Je n'en peux plus d'attendre, je veux être aimée, choyée, je veux un fiancé qui sera heureux de me voir rentrer chaque soir, je veux quelqu'un qui me confiera ses secrets, quelqu'un avec qui je me sentirai entière. Je veux qu'il me donne envie d'avoir des enfants, une grande famille, je veux qu'il me fasse sentir femme, qu'il me fasse sentir belle, désirée. C'est ce que je veux d'un époux, c'est ce que je pense qu'un époux devrait donner à sa femme, où encore ici je me suis fait des films. Peut-être le grand amour, c'est regarder quelques émissions, partager une bouteille de vin devant un bon repas, n'échanger que quelques mots et se fuir le plus possible. Parce que si c'est ça le grand amour, Caleb est mon âme soeur, nul doute là-dessus. Je sais que je suis exigeante sur bien des aspects de ma vie, mais l'idée de devoir faire des compromis sur ma vie sentimentale me semble impossible à accepter. Et pourtant, ce mariage est toujours prévu.

Ezra me sert toujours dans ses bras alors qu'il tente de me rassurer. Sur les genoux, cette vision me donne envie de défaillir. Je me sens transportée dix ans en arrière, lorsqu'il m'a demandé de tout quitter pour l'accompagner. Il n'avait pas mis de genou par terre, mais sa demande était tout aussi grande: celle de partager notre vie, pour le meilleur et pour le pire. Et moi j'ai refusé, sachant qu'en partant avec lui, notre relation aurait forcément échouée. Nous étions bien trop jeunes, bien trop immatures pour apprendre à s'aimer comme il faut et braver les difficultés. Je ne regrette pas de lui avoir dit non, parce que je sais qu'aujourd'hui, nous ne nous serions pas retrouvés. Toute cette intimité que nous partageons depuis des mois, elle n'aurait jamais existé et oh, comme je la chéris. Je la chéris, je la chéris, je la chéris.

Lentement, mon coeur se calme, mes larmes aussi. Mon souffle semble reprendre un rythme plus régulier. Ezra est toujours près de moi et... J'ai envie de lui. Pas qu'il me touche ou quoique ce soit, mais j'ai besoin de lui. J'aimerais qu'il me fasse une offre aussi folle qu'il y a dix ans! Mon esprit s'enflamme, s'imaginant bien trop de scénarios impossibles. Il n'est que mon meilleur ami, mon meilleur allié, mon amant. Notre relation est déjà beaucoup trop intime comme elle l'est, il n'y a pas "d'étape suivante". Nous sommes à notre paroxysme et je veux y rester, même si je sais qu'une fois mariée il sera trop tard. « Ezra... » Ma voix est douce, suppliante. « Tu pense vraiment que... c'est le bon choix d'épouser Caleb? » Sans vraiment le vouloir, je lui ouvre la porte pour une proposition indécente, même si je sais qu'il fera dans le rationnel. J'ai besoin qu'il me rationalise, parce que même si je décidais de mettre fin à ma relation avec Caleb, ça ne serait pas pour partir au bras de mon artiste peintre. Depuis qu'il a mis un pied dans ma galerie, j'ai su que ses sentiments pour moi étaient morts et enterrés depuis bien longtemps.

Ses doutes acérés, pareils à des lames de rasoir, lacèrent mon coeur, malgré les barrières érigées, la distance imposée et toute ces années écoulées. Je pensais être imperméable à ce genre d’angoisse, pourtant ses paroles me ramènent dix ans en arrière. Dix ans plus tôt où je l’avais imploré de me suivre, de croire en l’avenir, en un « nous » plus fort que le reste du monde. Et ce « pourquoi » a jamais resté en suspens. Pourquoi n’avait-elle pas accepté alors que nous étions heureux ? Pourquoi n’avait-elle pas eu confiance en moi pour lui offrir ce bonheur que nous touchions du doigt ? Elle n’avait pas même daigné donner une explication. Elle avait simplement mis fin à notre relation. Et là, elle est face à moi, radieuse comme un ange, dans la robe que je l’ai tant imaginé porter, et pourtant dans laquelle je n’aurais jamais cru pouvoir l’admirer. Comment peut-elle me demander conseil sur ce mariage qui, dix ans auparavant, représentait l’aboutissement ultime de ma vie à ses côtés. Chacune de ses larmes, de ses interrogations, de ses pensées pour cette homme, ce Caleb, que je ne suis pas, que je ne serais jamais, fendent mon âme. Pareil à du sel sur d’anciennes plaies qui n’ont jamais vraiment cicatrisé, sa voix me torture. Je la serre plus encore, mes bras entourant fermement son bassin, ma joue contre le bas de son ventre. Je lutte pour empêcher une larme de rouler sur ma joue. Mon amour propre, largement malmené depuis mon arrivée chez la couturière, a raison de mes forces. J’abdique l’espace d’une seconde et laisse ma peine dévaler le long de ma pommette. La vision brouillée de Caitlin me permets de reprendre mes esprits. Je laisse cette unique larme mourrir dans mon cou. Avec elle, je décide de joindre cet amour d’adolescence qu’il est temps de laisser aller. Décision que j’ai prise il y a fort longtemps mais que mes retrouvailles avec ma Princesse n’ont cessé de remettre en cause. Merde. Pourquoi je tiens tant à elle ? Cela n’était pas réciproque, et quand bien même. Cette femme était la cause de mes plus atroces souffrances. Je me remémorais avec une précision morbide toutes ces nuits d’insomnie à ne songer qu’à une chose : faire taire cette douleur atroce qui ne semblait jamais pouvoir s’arrêter. Cette absence, ce vide dans mon âme, et seule la lune comme compagnie. Un seul rêve : pouvoir partager une dernière nuit avec elle. Sentir son odeur, dormir contre son corps, savourer le sommeil avec elle. Et gouter un matin sans cette envie de crier, de pleurer, les deux en même temps, qui m’empoignait inlassablement. Bordel, je la ressentait encore cette douleur. Si vivement qu’elle me dissuadait de songer à nouveau qu’un « nous » aurait pu être possible. Nous avions eu notre moment. Il était temps d’aller de l’avant. Elle allait de l’avant. Avec Caleb. Moi aussi. Me persuadant de cette assertion, je devais admettre être profondément attaché à elle. Mais était-ce réellement de l’amour ? Ou un simple vestige de cette passion qui nous avait étreint tant d’années auparavant ?


L’oreille contre son abdomen, j’entends son coeur ralentir le rythme. Elle se calme. Je pousse un profond soupir de soulagement. « Ezra... » Murmure-t-elle sans un souffle. Je redresse ma tête, ne décollant pas mon menton de son ventre, plongeant néanmoins mon regard dans le sien. Je la sens fébrile. « Tu pense vraiment que... c'est le bon choix d'épouser Caleb? » Mon coeur rate un battement. Vient-elle de tendre cette perche que j’ai t'en voulu saisir lors de ces derniers mois? Je relève immédiatement ma tête pour chercher un indice dans ses pupilles. Je ne trouve aucune réponse. Seul un torrent d’espoir qui emplis mon être, sans parler de cette frousse qui reprend de plus belle. Quitte ou double. La posséder enfin ou la perdre à jamais. Dois-je prendre ce risque ou me complaire dans l’état actuel de notre relation ? Mon pour s’accélère alors que ma gorge s’assèche. Je me lève en m’agrippant à la dentelle de son bustier. Je suis plus maladroit que je ne le devrais. Les mots se bousculent dans ma tête. J’ai peur de laisser aller ce flots de paroles, de tout gâcher. Ma bouche entrouverte laisse les secondes prendre possession de l’instant. « Je… Je ne sais pas.» Mes paupières se ferment tandis que ma bouche se décide à livrer le fond de mes pensées. « Je … Je crois que je ferais partie de ces mecs qui envieront ton fiancé… » Je lâche cette bombe et regrette instantanément de m’être autant rapproché de son visage. Je ne rouvre pas mes yeux, ayant trop peur de lire ce qui se trouve dans les siens. Ayant surtout peur de ne pas y lire la même chose que moi… Foutu pour foutu, je rajoute : « C’est pas je crois. C’est j’en suis sur.» Ma voix meurt dans souffle. Elle ne tressaille plus. Je rouvre les yeux.

Je ne me suis jamais réellement posée la question au cours de ma vie : qu’est-ce qui me rend heureuse ? La première chose qui me vient en tête est ma galerie. J’ai passé des années à la bâtir, à la voir grandir et à m'y investir. J’y ai mis tellement de temps, d’argent et aujourd’hui, j’en suis fière. Je n’ai jamais regretté mes nuits blanches à revoir les documents, les contrats, à prévoir plans, les évènements. Oui, ma galerie me rend heureuse, c'est une certitude. Je me sens vivante lors des réceptions, à voir tant de gens admirer mon travail et à faire valoir celui des autres, tellement que les artistes qui me remercient de les avoir mis en contact avec de nouveaux mécènes. Aussi, il y a eu Ezra qui est arrivé il n’y a pas longtemps quelques mois à peine, mais on dirait une éternité. Je ne peux nier l'impact qu'a eu son retour dans ma vie, bien que j'essaie de le minimiser en le reléguant sans cesse au titre d'amant, rien de plus. Pourtant, c'est tellement plus que ça. Ma vie semble avoir pris une nouvelle tournure avec lui; je ris, je m'abandonne, je travaille plus fort, je suis plus optimiste. Il n'y a pas de journée où je suis plus productive que celles où il fait de l'aquarelle à même le sol de mon bureau. Mis à part ma vie professionnelle qui va trop bien depuis ce partenariat, le reste ressemble à un château de cartes. J’ai peur des réponses que j’obtiendrais en me posant les vraies questions, mais je touche le fond. La vérité fait mal, mais elle est nécessaire. Me voilà vêtue d’une robe de mariée magnifique, sur le point de m’unir à l’homme qui partage ma vie depuis trois ans pourtant je suis en larmes, incontrôlable, inconsolable. Quelque chose cloche, forcément, je n'y vois pas d'autre solution. Tout le monde a beau dire le contraire, mais si je cesse de faire la sourde oreille et que je m’écoute, tout ce que j’entends c'est: tu n'es pas heureuse Caitlin.  Si j’étais heureuse, je ne me sentirais pas prise au piège dans ma propre vie. Si j’étais heureuse, je chercherais à passer plus de temps avec mon fiancé, au lieu de le fuir. Si j’étais heureuse, je ne chercherais pas toujours à obtenir plus, plus parfait, sur chaque point, chaque aspect de ma vie, que ce soit sur ma maison, mon apparence ou ma réputation. Je serais capable de me satisfaire et de me complaire dans la vie que je mène actuellement. Non, je ne suis pas heureuse. Pour tous ceux qui me connaissent, je suis Caitlin, la lionne qui ne s’arrête jamais et qui vise toujours plus haut, toujours mieux. Suis-je réellement cette femme ? Je me sens vide, brisée, je ne me sens pas aimée. C’est cette Caitlin qui pleure dans sa robe magnifique tandis que la vraie moi, elle se trouve derrière ce masque. Il n’y a qu’une personne avec qui je me sens moi-même, et c’est Ezra. C’est lui qui me fait rire, c’est lui qui me mets au défi, qui me fait rager pour me faire sourire tout de suite après. C’est à lui que je me suis adressée aujourd’hui alors que je suis au bout du rouleau, c’est lui qui est arrivé tout aussi rapidement. Je lâche un rire ironique à l’idée de me confier à Caleb ; il ne placerait pas un mot, ne faisant qu’acquiescer à tous mes propos. Il aurait probablement trouvé une excuse pour aller se coucher rapidement, me laissant seule avec mes inquiétudes. Non, ce n’est pas avec Caleb que je devrais tout partager, même si c’est le chemin sur lequel je me suis engagée, il n’est pas trop tard pour me réorienter. Je peux faire le prochain bout de chemin seule, il serait ridicule de penser que quelqu’un veuille d’une femme comme moi, maniaque sur les bords dont personne ne connaît réellement la gentillesse ni la douceur. Enfin, il y a Ezra, mais je sais que pour lui je ne suis qu’une catin, que la femme avec qui il passe du temps parce que je suis disponible. Je sais qu’il n’y aura jamais un nous avec Ezra, c’est ce que j’essaie de me convaincre. J'ai fermé le livre de notre histoire en passant le pas de sa porte, dix ans plus tôt.

Sa tête sur mon abdomen, je passe doucement une main dans ses cheveux, m’imaginant ce que ça doit être de le faire au grand jour ou encore le petit matin, au réveil. Je lui demande si ce mariage est encore une bonne idée, m’attendant à ce qu’il approuve, comme tous ceux que je connais. Son hésitation me surprend, j’ai besoin qu’il me rassure, qu’il me dise que je vais prendre la bonne décision, même si je doute encore. Cependant, il hésite et pendant sa confession, je reste interdite. Mes oreilles bourdonnent, les mains deviennent moites, mes jambes semblent faites de coton. Pourquoi serait-il jaloux de Caleb ? La réponse m'apparait évidente, mais je me la refuse. Sûrement quelque chose en rapport au sexe, ou tout autre explication, je ne vois que ça. Le reste n'est pas possible... Debout devant moi, il ouvre les yeux, guettant ma réaction dans mon regard. Je ne sais que faire, si j'ai réellement bien compris, alors je passe une main sur sa joue, caressant ce visage ce visage que j'aime tant. Que j'aime. « Je... pourquoi serais-tu jaloux de Caleb ? » Je ne peux m'empêcher de m'hisser un peu plus sur la pointe des pieds alors que je l'interroge. Ezra est là pourtant, tout près, mais je le sens qui me fuit, qui me glisse entre les doigts comme tout le reste. Non, je ne veux pas qu'il parte, je choisis de penser à moi, de m'écouter. Ma main disponible se saisit à nouveau de sa chemise que je ne suis pas prête à lâcher.

On en avait fait du chemin, tous les deux. Des années et des années à suivre nos routes, qui se croisent, se séparent, se re-croisent. Existait-il une fin à ce périple ? Ou n’était-ce qu’une bretelle d’autoroute en commun, une escale pour à nouveau se dire adieu ? Adieu pour de bon. Un mois demi, et pas un jour de plus. C’était le temps qui nous était imparti. J’aurais pu m’en contenter. Je devrais m’en contenter. Et pourtant… Je n’y arrivai pas. A mesure que les jours s’envolaient je ne pouvais me résoudre à considérer les instants que je vivais avec Caitlin comme étant les derniers. J’en voulais plus. Toujours plus. Je voulais plus de ses rires, plus de ses colères. Je désirais plus de ses baisers, plus de ses caresses, plus de ses soupirs. Je n’étais pas rassasié de son corps. Le serais-je un jour ? Je ne pouvais pas me résoudre à ne plus la voir tous les jours ou presque. Sa présence, telle une bouteille d’oxygène, était la seule chose qui me permettait de respirer, de ne pas me laisser submerger. De ne pas me noyer. Déjà mes sentiments me dépassaient et je peinais à contrôler ce flot d’émotions. Pourtant, les mots qui venaient de franchir le seuil de mes lèvres allaient peut-être sceller le destin de notre relation, la prolongeant significativement, ou en entrainant la fin immédiate. J’avais peur. Une trouille bleue. Une frousse comme jamais je n’en avais éprouvé. Ma lèvre inférieure tremble, extériorisant le lourd poids de ma confession. Je m’empresse de la mordre, contrôlant partiellement ses mouvements. Je suis en apnée, en attente d’un signe, d’une main tendue de sa part.

Sa main sur ma joue. Contact salvateur. Ses doigts longeant l’ossature de ma mâchoire, caressant ma barbe naissante. Cette main… Cette main je la rêve mienne, je l’espère parcourir mon corps sans jamais s’en lasser, je l’imagine entrelacée dans la mienne pour des années et des années, je la prie vierge de tout anneau si ce n’est celui que je pourrai lui proposer. Du bout de ses doigts, Caitlin apaise mes peurs sans pour autant les anéantir. Il lui suffirait de prononcer quelques mots pour réduire à néant toutes ses peurs qui m’assaillent de part et d’autre. Mes prunelles implorent mon sauvetage, elles hurlent ce mélange de crainte et d’espoir qui boue en moi. « Je... pourquoi serais-tu jaloux de Caleb ? » Mes épaules s’affaissent. Ce n’était pas la réponse que j’attendais. Si cette dernière ne balaye pas mes peurs d’un revers de manche, elle attise néanmoins mes fantasmes d’un éventuel « nous ». N’avais-je pas été assez clair. J’étais jaloux de ce mec, Caleb. Comment devait-elle le prendre autrement que : Je tiens à toi, bordel. Je veux être celui qui te passe ce foutu anneau au doigt. Je veux être celui qui passe chaque minute de sa vie en te sachant sienne. Bordel. Comment être plus clair ? Je lâche un profond soupir. J’en ai le souffle coupé alors qu’elle m’attrape par le col de la chemise. Elle tente de se hisser à ma hauteur, m’obligeant à affronter son regard chargé d’émotions. Je suis trop perturbé par la tempête qui a lieu en mon sein pour en décrypter la teneur. Tout ce que je retiens, c’est qu’elle ne me lâche pas. Je ne veux pas qu’elle me lâche. Jamais. Mais pour cela, pour prolonger ce contact, je dois répondre à sa question. « Parce que…» Magnifique amorce de réponse. Plus bateau tu meurs. C’était pourtant ce qui m’arrivait. Je mourrais à petit feu sous les pupilles émeraudes et ardentes, de ma partenaire. « Parce qu’il peut faire ça… » Délicatement, je porte ma main à son visage, longeant son front du bout des doigts, suivant la courbe de son crâne. Je replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Ce simple contact m’électrise. Comment arrivait-elle à me faire un pareil effet. Je perdais haleine dès que son ombre passait ma porte, je suffoquais à peine elle s’éloignait. Pouvais-je vivre sans elle ? Mes yeux, toujours plongés dans les siens, je reprends mon exposé. « Et… ça aussi. » J’attrape ses deux mains, celle sur mon col, l’autre sur ma joue. Je les joins derrière mon cou. Je place ensuite les miennes en bas de son dos, collant mon front contre le sien. Je savoure le contact de sa poitrine contre mon torse. De ses doigts sur ma nuque. De mes mains autour de sa taille. Je transfère mon poids d’un pied à l’autre, commentant lentement à danser sur cette mélodie silencieuse qui se joue en moi. Si cela devait être la dernière fois qu’elle se trouve dans mes bras, alors cela devait être parfait. Je laisse les minutes s’envoler, profitant de ce moment privilégié. Sa robe balaye le sol au rythme de nos pas. Je conclue : « Parce qu’il peut faire ça. » J’attrape avec une infinie délicatesse son menton que je relève pour l’attirer vers moi. Mes lèvres viennent déposer sur les siennes un baiser aussi doux qu’un nuage. Pour quelques secondes encore, elle est mienne. Totalement mienne. Le sort des secondes qui suivront lui appartient. Mon coeur se sert tandis que je l’extraie mentalement de ma poitrine, autorisant Caitlin à le détruire. Une seconde fois. Une dernière fois.