"Boissons, paroles, et confidences"

“Il faut à l'amitié la simplicité des gestes autant que la spontanéité des confidences.”

Je crois que ma situation doit être risible, même pour un inconnu. Se retrouver au milieu d’un triangle amoureux sans même le vouloir. Du coup j’ai l’impression qu’en ce moment ma vie ressemble plutôt à une mare de boue où on s’enlise sans trop savoir comment s’en sortir. À part attendre qu’on vous tende la main pour sortir de là. D’habitude j’évitais de parler de mes soucis avec mes amis, je ne voulais pas les accabler avec les problèmes de ma vie, ce ne serait pas juste. Ils avaient déjà probablement assez de problèmes comme cela pour s’encombrer des miens. Je souris doucement, je ne peux qu’être d’accord avec toi. « Malheureusement, parfois l’amour est le pire des fléaux. Il peut faire plus de mal que de bien. » et on n’y plonge toujours en pensant le contraire, même si on a déjà eu des expériences similaires, je ne le vois que trop dans mon travail. L’exemple le plus parlant est probablement celui des femmes battues qui retrouvent, presque un autre homme violent, comme si elles n’arrivaient pas à sortir de ce cercle vicieux. Et j’ai l’impression de tomber dans un cercle vicieux, à être tiraillé entre deux personnes sans savoir quoi faire. Je hausse les épaules, je suis bien d’accord avec toi, mais il y a des manières d’amener la vérité et c’est franchement là que ça pêche pour moi. « Je suis bien d’accord, mais, le fait est que, de quelque manière que ce soit, je vais faire souffrir une personne à qui je tiens, et je pense que c’est ce qui me rechigne à sortir de cette fichue situation ». Mais je ne vais bientôt plus avoir le choix, James est loin d’être idiot, et s’il ne se doute de rien ça ne saurait tarder. Et je sais que de toute manière, je lui parlerais avant qu’il ne découvre quoique ce soit. L’attachement qui nous lie avec James est indéfectible, malgré les difficultés que l’on traverse actuellement, et même si on venait à se séparer, il partage ma vie depuis pratiquement vingt ans, alors ça ne s’efface pas en quelques mois. « Surtout quand on est sûr de rien. Je ne veux pas gâcher vingt ans de ma vie pour quelque chose d’éphémère. Ou même râter quelque chose. Ce n’est pas évident d’y voir clair. » Je soupire doucement avant de hocher la tête. « Merci, mais quand même tu dois avoir tes problèmes et franchement, les miens doivent être totalement risible. » Je laisse passer un sourire, parce que quand je m’écoute, je me sens totalement idiot. « Pas très bien c’est assez tendu entre nous, mais c’est totalement compréhensible. Je réfléchis à changer d’unité avant que ça ne déteint sur notre travail. »

"Boissons, paroles, et confidences"

“Il faut à l'amitié la simplicité des gestes autant que la spontanéité des confidences.”

« Je suis totalement d’accord ». Surtout que j’ai un peu cette impression, finalement. De me lancer sur un terrain glissant où je ne sais pas où est l’issue. C’est un peu comme rouler alors que le brouillard est épais : on ne voit le danger qu’au dernier moment, c’est un peu comme ça que je vois mes relations avec James et Jud’. Je suis à une intersection, je dois choisir la direction en sachant que peu importe laquelle je prend il y aura toujours de la souffrance de l’autre côté. C’est un cruel dilemme. Et même si je suis d’accord avec ce que tu dis, je ne peux pas m’empêcher d’y aller à reculons. Mais je sais que je vais devoir y faire face très bientôt. « Je sais, et je sais que je dois le faire, mais je crois que je crains encore plus de le perdre. Parce que malgré toutes les difficultés que l’on a, l’amour est toujours là, quelque part. » je prends une profonde inspiration. Je n’avance pas beaucoup et tu n’y es pour rien. Je ne suis pas sûr que quelqu’un peut vraiment m’aider avec ça, à part me faire sentir un peu plus léger en verbalisant ce que je ressens intérieurement. Car je suis de nature plutôt discrète en ce qui concerne mes sentiments. « Peut-être, mais quand même je ne veux pas te plomber avec tout ça. » Je hausse les épaules, je me rends même compte que, comme un égoiste, je ne t’ai pas demandé comment tu allais. « Et toi, comment ça va ? » Je hausse un sourcil, soucieux de laisser de côté mes problèmes, mais tu reviens à Judson, l’autre face du problème. « Quelque soit le choix que je vais prendre, il est certain que travailler ensemble va devenir compliqué, et pourtant je ne me vois pas travailler avec quelqu’un d’autre, ça va être aussi un choix cornélien. À croire que je suis un adepte des choix cornéliens. »

"Boissons, paroles, et confidences"

“Il faut à l'amitié la simplicité des gestes autant que la spontanéité des confidences.”

"Le problème, c'est que je connais James et qu'il ne va pas accepter cela, il le prendra comme une trahison, même si Judson m'a pris au dépourvu. Mais comme tu dis, c'est le gros bordel dans ma tête, et tant que je n'aurais pas éclairci ce que je ressentais en moi-même. Mais à savoir si j'y arriverais vraiment un jour " Je commence même à croire qu'il est possible d'aimer deux hommes en même temps. Mais je sais que James, mon compagnon ne l'accepterait jamais. Qui pourrait vraiment accepter ce genre de situation ? Je ne sais même pas si j'en serais moi-même capable. Alors je me sens encore plus perdu entre James et Judson, et ce choix cornélien que je me refuse encore de faire. Et surtout de céder à cette tentation qui se fait plus grande chaque jour. Mais, malgré mes problèmes, je refuse d'être égoiste, que l'on ne parle que de ma vie, de mes problèmes. M'évader un peu et penser à autre chose. Je hausse les épaules " Y a bien des problèmes plus graves que les miens, j'en vois tous les jours. " Parfois je me dis que j'exagère un peu en disant que c'est le merdier dans ma vie, il y en a qui n'ont plus d'espoir en quelques secondes, car la vie leur a fauché leurs proches. Moi j'ai de la chance de les avoir encore près de moi. Je t'écoute avant de hausser les épaules " Je suis en train de me dire que c'est peut-être toi qui a raison d'être un électron libre. Ca serait bien moins compliqué. " Je souris doucement, de toute manière c'est ce qui finira par arriver, que je me retrouve seul, au final. Ne serait-ce pas la solution pour ne blesser irrémédiablement personne ? J'avale mon verre, enfin ce qui en reste, d'une traître. " Tu as raison, de toute manière je n'ai pas le choix, je vais devoir prendre une décision et pas dans des années. " Je hoche la tête tout en reposant mon verre sur le bar. " Pas de soucis, il va falloir que je rentre chez moi de toute manière. " J'enfile ma veste avant de te lancer un signe de tête pour te saluer avant de sortir du bar, un peu plus éclairé quand même.