I'm still not over you - Sam

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I'm still not over you

Sam & Logan

Cette journée avait définitivement mal commencée. Logan, la main sanglante était blême. Il venait tout juste de se blesser, la fatigue accumulée suite au travail continu sur le meuble avait eu raison de lui. La main semblait bien abimée. Il cria afin de prévenir les possibles proches mais il semblait que tout le monde soit de sortie. Dommage… Personne ne pouvait le conduire à l’hôpital. Il décida de fabriquer un bandage d’appoint et de sauter dans sa voiture. Logan réussit à conduire rapidement jusqu’à l’hôpital, le bandage ne retenait plus vraiment le sang. En somme, la scène n’était pas vraiment belle à voir. La voiture allait être dans un état désastreux. Il n’avait jamais été maniaque ou fou de voiture mais tenait à y prendre soin, cependant, les tâches allaient être persistantes. Le jeune homme se précipita à l’accueil des urgences où il dû expliquer le pourquoi du comment. Logan n’était pas un sensible, les blessures étaient quotidiennes avec lui, il lui arrivait souvent de se faire mal mais il avait rarement vu une blessure comme celle-ci. Le jeune homme était livide et se sentait frêle, les jambes légèrement tremblantes, il mettait cela sur la dose de sang perdu. Si Ezra avait été là, il se serait sans aucun doute moqué de son état. L’infirmière en charge de l’accueil et de la prise en charge lui indiqua un siège, en effet, une infirmière devrait venir le chercher pour prendre en charge la blessure. En attendant, il devait compresser la blessure. Logan s’assit calmement et s’appliqua à compresser pour éviter de perdre plus de sang. Les urgences étaient plutôt vides, quelques sièges étaient pris cependant ce n’était pas la foule. La fin de matinée ne devait pas être propice aux accidents, certains devaient encore dormir. Logan s’enfonça un peu plus dans son siège, impatient de repartir de cet endroit. Comme la plupart des gens, il n’était pas très fan des hôpitaux et de cette ambiance si particulière. Il préférait de loin repartir travailler sur son projet.
Ce n’était pas la première fois qu’il venait pour des blessures trop profondes. Il était devenu un habitué et plusieurs infirmières le connaissaient. A chaque fois qu’il venait, il était chouchouté par celles-ci. Ses mains témoignaient de ces accidents, de nombreuses cicatrices ou tâches permettait de retracer chaque accident malheureux. Le jeune homme attendait patiemment l’infirmière qui allait s’occuper de lui. Il espérait qu’il s’agissait de Nathalie, 55 ans et trois enfants. A chaque fois qu’il venait, elle lui donnait un café et un gâteau fait maison. Il se trouve qu’elle était très bonne cuisinière et qu’entre eux, une amitié s’était créée. Cependant, celle-ci apparut dans la pièce en annonçant le nom d’un autre patient. Cela signifiait qu’elle ne prendrait pas soin de lui cette fois. Le jeune homme se rembrunit. Il commençait à taper du pied d’impatience cependant l’attente allait être de courte durée pour lui.

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"I'm still not over you"

La soirée n’était heureusement pas la plus occupée que l’on ait connu. Il y avait quelques blessés qui étaient arrivés, mais aucun cas n’était critique. Sam aimait pourtant lorsque son travail déclenchait un rush d’adrénaline et la faisait sentir comme une héroïne d’une bande-dessinée. Elle aimait étrangement courir de gauche à droite et ne pas avoir le temps de s’arrêter un instant pour prendre une respiration. Elle aimait son travail; courir de gauche à droite comme une poule sans tête, c’était une vraie aspiration. Surtout lorsqu’il s’agissait d’aller recoudre Jean-Paul, 58 ans, ouvert à l’aine pour la troisième fois. La cause demeurait toujours mystérieuse. Bref, elle puisait dans le défi quotidien que constituait son emploi. Elle sentait également que le dévouement qu’elle avait envers son emploi rendait fort probablement sa mère fière. Elle aimait s’imaginer qu’elle l’observait grandir et construire sa vie. Cette pensée la réconfortait; elle lui donnait le sentiment que sa mère était près d’elle. Sam voulait tout faire pour bien bâtir sa vie. Au fond d’elle, elle se sentait encore responsable de la mort de sa mère et elle avait le sentiment que c’était la seule façon qu’elle pouvait se racheter; en demeurant sur le droit chemin.

Sa pause venait tout juste se terminer lorsqu’on l’assigna à un patient qui était arrivé avec la main ensanglantée, possiblement le résultat d’une douloureuse coupure. Sans plus attendre, elle quitta la salle des employés pour rejoindre la salle d’attente de l’urgence. Sa supérieure lui pointa son patient qui était assis au loin, dos à elle. Sam ne se fit pas attendre davantage; elle se dépêcha de rejoindre son patient pour aller soigner sa blessure ou du moins, cesser les saignements avant que le médecin ne vienne y jeter un coup d’oeil pour s’assurer qu’aucun nerf ou tissu n’était gravement endommagé. Heureusement que Sam avait réussi à combattre sa peur du sang; car avant elle ne pouvait supporter la vue d’un peu de sang! Dire qu’aujourd’hui, elle travaillait aux urgences d’un hôpital et qu’elle devait faire face quotidiennement à des plaies béantes les plus horribles les unes que les autres. Si on lui avait dit ça il y quinze ans plus tôt, elle aurait possiblement rigolé, soit parce qu’elle était, à l’époque, constamment sous l’effet de la drogue ou parce qu’elle savait très bien que le sang la répugnait. Il fallait vraiment croire qu’elle avait complètement tourné sa vie pour le mieux. Jusqu’à présent, tout lui souriait: un emploi qui la stimulait, un amoureux attentionné, quoique souvent absent, et un cercle d’amis qui tiennent à elle comme une huître à sa perle.

Rapidement, elle arriva tout près du patient et l’interpela. Ce dernier se tourna précipitamment. Lorsque Sam le reconnut, son coeur manqua un battement. Elle le connaissait, très bien même. Cet homme qui était jadis la partie la plus importante de sa vie, son ami, son confident pour qui elle avait développé de forts sentiments amoureux. Une vague de nostalgie la conquit; elle se sentit dérobée de ses moyens.

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Sam & Logan

Logan attendait patiemment que l’infirmière daigne arriver et le prendre en charge. L’attente ne fut pas si longue. Alors que le jeune homme compressait calmement sa plaie, il entendit une voix féminine l’interpeller. Logan se leva brusquement pour suivre la belle infirmière. Un vertige le saisit, il sentait chaque battement de son cœur, il sentait sa tension remontée en flèche. Son corps s’emballait. Cependant, la cause n’en était pas sa blessure. En l’espace d’une fraction de secondes il l’avait totalement oubliée. Il ne voyait plus qu’une chose. Sam. Il avait l’impression que tout le monde entendait son corps battre la chamade dans sa poitrine, comme si les battements transperçaient sa cage thoracique. Logan manqua de se rasseoir. Ses jambes se désolidarisaient et tremblaient. Une longue inspiration permit au jeune homme de se stabiliser.

Elle était là, devant ses yeux. Il avait si souvent repensé à elle, à de possibles scénarios où ils se recroiseraient. Dans aucun de ces scénarios, il tremblait et manquait de tomber à la renverse avec une main ensanglantée… C’était plutôt le contraire, lui sûr de lui, elle surprise et tombant dans ses bras. Bien qu’il en ait rêvé de nombreuses fois, cela ne changeait rien. Il avait si souvent pensé à ce qu’il lui dirait. Aujourd’hui aucun mot ne sortait, faire une phrase censée semblait être une épreuve. Ainsi il ne put que balbutier « Sam… Qu’est ce que tu fais là ? ». Détective Logan avait encore frappé… En blouse d’infirmière, sa présence ici semblait évidente. Sauf pour lui qui posait bêtement la question. Il dût se rendre rapidement compte de sa bêtise et se rattrapa : « Enfin, je sais ce que tu fais là mais, enfin, depuis quand quoi ? »

S’il avait pu se cacher, il aurait sans doute couru dans une cachette. Le jeune homme s’empêtrait dans les mots. Elle devait vraiment le prendre pour un demeuré. Pourtant, il s’agissait uniquement de la surprise et du choc qui troublaient ce jeune homme. A moins que … ? Des sentiments comme ceux qu’il avait ressentis avaient laissé des traces. Sam ne semblait pas vraiment plus à l’aise que lui. Logan avait totalement arrêté de compresser sa blessure. Le sang se rependait sur le carrelage blanc immaculé. Le jeune homme finit par s’en rendre compte et recommença à appuyer. Les sentiments remontaient à la surface. Logan les avaient enfouis sous une couche de détachement et de self control. Il semblait que cette couche n’avait pas tenu le choc. Face à elle, les souvenirs de leurs moments de complicité, des moments de bonheur mais aussi de tristesse remontaient. C’était comme si tout datait d’hier. Comme si, leurs moments étaient récents, les souvenirs étaient nets, le temps n’avait pas effacé les petits détails de la mémoire de Logan. Il la fixait, ses yeux transperçaient les siens, comme pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un énième rêve. Cependant la douleur lancinante de sa main le ramenait à la réalité. Il se sentait si démuni face à elle. Son visage avait vieillit mais elle était toujours aussi belle. Logan prenait plaisir à scruter chaque partie de celui-ci, remarquant un nouveau grain de beauté, des cheveux plus courts… C’était bien elle, sa meilleure amie, son pilier…

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Sam n’était pas la seule qui était complètement déstabilisée par cette rencontre inopportune. Peut-être aurait-elle dû savoir qu’en revenant à Dewsbury, elle ferait des rencontres qui raviveraient des souvenirs de son passé, tristes comme heureux. Elle ne s’attendait toutefois pas à le voir. Et encore moins à son espace de travail où elle devait demeurer concentrée, en total focus avec ses tâches. Mais cette rencontre ne fit que la perdre dans l’immense univers que consistaient ses pensées. Lorsque la voix de Logan transperça enfin le lourd silence qui pesait entre les deux, son coeur put reprendre un battement. Il semblait complètement surpris de sa présence, ce que la jeune blonde pouvait parfaitement comprendre. Elle venait d’arriver à Dewsbury à peine quelques semaines plus tôt. De surcroît, elle et Logan ne s’étaient pas parlé depuis sa détention en centre jeunesse qui remontaient à ses seize ans, c’est-à-dire à il y avait quatorze ans. Il semblait que ni l’un, ni l’autre ne s’était complètement effacé de leur mémoire. Sam avait été incapable de le biffer de sa mémoire même si elle avait grandement essayé, tant la douleur de le perdre était vive. Et pourtant, elle avait coupé les ponts avec lui pour éviter qu’une telle douleur ne vienne empirer la souffrance que lui infligerait la perte de sa mère. Les efforts étaient vains; son esprit voulait se souvenir de lui et tous les moments qu’ils avaient passé ensemble.

S’échappant des souvenirs qui se manifestaient des décombres de sa mémoire, Sam put reprendre un semblant de lucidité. Elle ne pouvait se permettre d’être aussi déconcertée, surtout lorsque que le pauvre Logan se vidait de son sang. Avant de répondre à sa question, elle l’invita à le suivre vers une salle où elle pourrait jeter un oeil à sa vilaine blessure qui continuait de saigner. Elle n’allait tout de même pas lui piquer une jasette en plein salle d’attente avec une blessure qui requerrait une attention immédiate. En route vers la salle, Sam lui répondit enfin, tentant tant bien que de mal de cacher la vague d’émotions qui envahissaient son corps. « Je suis de retour à Dewsbury depuis deux mois environ. », lui dit-elle tout d’abord. « Mon père a pris sa retraite alors j’ai décidé de prendre un poste ici pour me rapprocher de lui », continua-t-elle. Les deux arrivèrent rapidement dans la salle et Sam l’invita à s’asseoir sur un petit lit pour qu’elle puisse jeter un coup d’oeil à sa main. Elle retira d’abord la compresse et vit immédiatement qu’il aurait besoin de points. « Tu ne t’es pas manqué! Tu t’es coupé avec quoi? », lui demanda-t-elle afin de savoir si la cause de cette blessure pouvait rendre nécessaire des injections préventives. Sam pouvait bien tenter d’être professionnelle et concentrée, mais de sentir sa peau contre la sienne la faisait perdre le contrôle d’elle-même.

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Sam & Logan

Logan regardait fébrile la jeune femme, essayant de connecter tout ce qu’il savait pour en faire une suite logique, seulement tout s’enfilait sans réelle compréhension. Logan se sentait démuni face à la jeune femme. Elle qui quelques années plus tôt avait coupé tout contact. Cette période avait été une longue période de doutes et d’incertitudes pour le jeune homme. Finalement, il avait voyagé et le visage de Sam s’était progressivement effacé de ses rêves, ne venant le retrouver qu’en de rares occasions. La jeune femme lui demanda de la suivre. Logan s’exécuta et emboita ses pas en silence. Hébété, il ne savait comment agir face à ce fantôme d’un passé encore bien trop présent. « Je suis de retour à Dewsbury depuis deux mois environ. » Logan sentit une douleur lancinante le transpercer. Ce n’était pas la blessure à la main. Le fait de savoir que depuis deux mois ils étaient à nouveau réunis. Cependant, elle ne lui avait rien dit, elle n’avait pas appelé ou n’avait pas tenté de le retrouver. Logan se sentait trahi, mais surtout, triste. « Mon père a pris sa retraite alors j’ai décidé de prendre un poste ici pour me rapprocher de lui »

Ils arrivaient au niveau de la salle d’oscultation. Logan tenta tant bien que mal de ne pas laisser transparaitre sa déception. « Et ça te plait ? ». Il ne releva pas le fait que cela faisait déjà deux mois. Logan ne l’admettrait pas devant elle, cependant, il était vexé. Elle avait donc voulu revenir, pour son père. Cela lui ressemblait, elle ne devait pas être si différente que sa Sam, la Sam qu’il avait connu et avec qui il avait fait les 400 coups. Logan prit position sur le lit sans un mot et sans un regard vers la belle blonde. Il devait rester distant, la tête froide. Elle avait toujours eu une emprise particulière sur lui. La jeune femme retira délicatement la compresse. Ce contact suffit à envoyer une décharge dans tout son corps. Leur peau collée avait un goût d’interdit, de nostalgie et d’envie. « Tu ne t’es pas manqué! Tu t’es coupé avec quoi? »

Logan ne put s’empêcher de se sentir honteux. Cela pourrait lui donner l’impression qu’il n’était pas foutu de manier ses outils de bricolage. Bon, ce n’était pas foncièrement faux mais pas totalement vrai non plus. « Hum, ma scie. » Logan admirait le sérieux et self control de son ancienne amie. Elle qui par le passé était une boule d’énergie et d’impulsivité semblait avoir bien évolué. Il semblait que ce n’était pas seulement leurs chemins qui s’étaient séparés, leur évolution avait été différente. Malgré cette évidente évolution, Logan aimait à croire que leur complicité ne s’était pas effacée. Du moins il l’espérait de tout son être. Maintenant qu'il avait retrouvé son ancienne amie, il ne tenait pas à la laisser repartir.

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Mille et unes pensées se bousculaient dans la tête de la petite blondinette qui était complètement désemparée par cette situation inopportune qu’elle n’était pas en mesure de contrôler. Elle réalisait qu’elle aurait probablement dû lui écrire une fois arrivée en ville, question qu’ils rattrapent le temps perdu autour d’un bon café chaud. Elle n’espérait pas qu’il lui pardonne d’avoir coupé les ponts aussi brusquement, mais elle aurait espérer que le temps aurait estompé l’amertume et la rancune. Elle savait au fond d’elle que le sortir de sa vie était l’unique façon de protéger son coeur d’une éventuelle peine. Des sentiments amoureux qu’elle ne pensait possiblement pas réciproques et une amitié trop précieuse qu’une déclaration d’amour unilatérale ferait éclater en mille morceaux. Elle n’était pas prête à prendre un tel risque, et son petit coeur déjà fragilisé par la perte imminente de sa mère n’était qu’une petite statuette de crystal craquelée, prêt à se briser en miettes à tout moment. Sa peur avait remporté contre le courage et elle avait cessé de communiquer avec lui, se concentrant plutôt sur l’amélioration de son comportement pour écourter son séjour en centre. Sortir pour s’occuper de sa mère, passer ses derniers instants avec elle était la seule chose sur laquelle elle désirait se concentrer. Elle savait que les prochains mois seraient durs, qu’elle allait être dérobée d’une partie d’elle, mais elle voulait remplir ces mois de souvenirs précieux qu’elle chérirait pour le restant de ses jours. Elle ne pouvait faire place à des regrets et à de perpétuels « j’aurais dû ».

Alors, elle l’avait complètement écarté de sa vie. Malgré la peine que cela lui avait causée, elle savait qu’elle avait évité l’éclatement d’un volcan dont le magma serait une déchirure émotionnelle infernale qui, combiné avec la perte de sa mère, ne ferait qu’aggraver son état d’esprit. Elle s’en voulait de ne pas lui avoir réécrit après que le temps ait guéri la douleur vive qu’avait laissée la mort de sa mère, mais elle n’était pas prête à assumer la tempête de reproches qui se serait abattu sur elle. Encore une fois, la peur avait remporté sur le courage. Elle aurait toutefois dû lui réécrire en rentrant à Dewsbury. Car même si des années avaient passé, elle savait que le temps n’avait pas effacé les merveilleux souvenirs qui avaient marqué leur enfance. Sam ne pouvait se le cacher; il lui manquait encore. Et il se passait rarement des jours où elle ne se remémorait pas des moments passés avec lui. Cette époque lui manquait, et ce, même si elle savait qu’elle vivait une vie malsaine et empruntait des chemins sinueux. Il était là pour la ramener sur terre, pour lui permettre de voir un peu plus clair même si sa vision était brouillée par de mauvaises influences et une révolte quelque peu démesurée. Il était sa lumière dans la noirceur et pour cela, elle ne pourrait jamais assez le remercier.

Malgré toutes ces réflexions qui engorgeaient son esprit, elle tentait d’entretenir la discussion avec lui, bien que celle-ci ne soit pas extrêmement animée, étant donné le malaise qui subsistait entre les deux. « Oui, ça me plait. Les horaires sont bien et il fait bon d’être de retour à la maison. Dewsbury m’avait manqué », lui répondit-elle après une courte réflexion. « Et toi, que fais-tu maintenant? », lui demanda-t-elle tout bonnement, cachant très bien la curiosité qui la rongeait au fond d’elle. « Il faudra te vacciner contre le tétanos, si tu ne l’as pas déjà eu au court des dix dernières années », l’informa-t-elle. La présence de rouille sur la scie était une possibilité et les chances ne pouvaient être prises. « Le saignement a arrêté, il nous faudra attendre le médecin pour qu’il puisse te recoudre pour éviter que ça ne recommence. », l’informa-t-il. Elle savait très bien qu’il devait déjà connaitre toutes ces informations, mais elle avait envie de lui parler. Elle aurait aimé que le temps s’arrête et qu’ils soient transportés ailleurs, là où les circonstances leur permettraient de renouer et de faire les gamins comme lorsqu’ils avaient quinze ans. Si seulement, se disait-elle.

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Sam & Logan

Logan sentait que le choc s’était répercuté dans son corps. Il se sentait fébrile, démuni face au regard de celle qui avait fait battre son cœur tant d’années. Cette rupture amicale avait laissé des cicatrices dans le cœur de Logan. Il ne s’attendait pas à ce que les retrouvailles lui fassent revivre ces moments de doute et de douleur. Pour Logan, ce moment était encore plus dur que le jour où elle avait coupé les ponts. En effet, à cette époque il n’avait pas le loisir de regarder et détailler la demoiselle. Il était perdu, il retrouvait des détails qu’il connaissait mais certaines choses le troublaient. Certains détails avaient changés, certains détails n’étaient pas ceux de la Sam qu’il connaissait. Le jeune homme ne savait pas comment agir. Il aurait aimé filer loin de cet hôpital et d’elle. La revoir ne lui faisait pas du bien, cela le rendait triste, amer. Logan aurait aimé tout oublier, oublier ce qui pesait sur son cœur. Tous ses souvenirs, ses ressentiments, ses émotions n’aidaient pas à refaire surface. « Oui, ça me plait. Les horaires sont bien et il fait bon d’être de retour à la maison. Dewsbury m’avait manqué »

La conversation était laborieuse, le temps ne jouait sans doute pas en leur faveur mais il s’agissait surtout de leur attitude. Aucun des deux ne semblait à l’aise face à l’autre. Eux qui avaient toujours eu une conversation fluide, facile d’accès… Aujourd’hui, leur conversation était l’opposé de celles qu’ils avaient par le passé. « Tu étais passée où avant ? » Il avait opté pour un ton détaché, afin de ne pas lui démontrer sa curiosité et Logan avait tenté d’avoir de ses nouvelles, de la localiser après avoir perdu tout contact. Cependant, rapidement, il n’avait plus eu aucune possibilité de suivre son évolution. Le jeune homme s’était résigné, c’était sans doute mieux ainsi. Il avait pu passer au-dessus de cette frustration et continuer sans trop penser à la belle blonde. « Et toi, que fais-tu maintenant? »

Le jeune homme la détaillait silencieusement. Elle ne semblait pas particulièrement curieuse de savoir ce qu’il était devenu. Comme si il s’agissait d’une simple formalité administrative dont elle s’acquittait par politesse. « Je suis expert-comptable, j’ai un appart à raventhorpe avec deux colocs » Il espérait secrètement que lorsque Sam apprendrait qu’un des colocs était une, cela lui ferait un petit pincement au cœur. « Il faudra te vacciner contre le tétanos, si tu ne l’as pas déjà eu au court des dix dernières années » La jeune femme était très professionnelle. Logan était plutôt surpris, auparavant Sam était plutôt impulsive et bien loin de ces préoccupations. Elle avait définitivement beaucoup changé. Logan écoutait sans vraiment porter attention. Sa santé était clairement reléguée au second plan à cet instant. Il la regardait œuvré silencieusement pour rattraper sa bêtise. Elle agissait avec professionnalisme, ses gestes étaient assurés. « Le saignement a arrêté, il nous faudra attendre le médecin pour qu’il puisse te recoudre pour éviter que ça ne recommence. »

Logan acquiesça doucement de la tête. Il ne voulait pas qu’elle aille s’occuper d’un autre patient. Il venait à peine de la retrouver. Il voulait qu’elle reste à prendre soin de sa main. Son parfum enivrant remplissait la pièce, leurs peaux collées lui donnait des décharges, ses yeux transperçant lui donnait envie de plonger son regard dans le sien pendant des heures. « Tu l’attends avec moi au cas où je me blesse à nouveau ? » Il espérait que quoi qu’il arrive elle resterait. Sinon il serait bien capable de refaire saigner la plaie pour l’obliger à rester. Il ne voulait pas qu’elle puisse prendre la fuite aussi facilement que par le passé. « Et tu vis où en ce moment ? » Le seul but de cette question était de glaner des informations à propos de son statut, était-elle célibataire ? Elle devait surement vivre avec son copain, se poser dans une relation stable où les prochaines étapes seraient le mariage et la procréation. En effet, les deux avaient déjà la trentaine, son souhait devait donc être plus proche d’une relation saine et longue que de passion et coups d’un soir.

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La situation était plus qu’inconfortable, mais tous deux ne semblaient pas vouloir s’en tirer. Comme si une force magnétique les attirait l’un contre l’autre sans possibilité de s’en échapper. Sam était à la fois heureuse et anxieuse de revoir Logan après tant d’années. Son coeur battait la chamade, mais sa tête tentait de la ramener sur Terre, de lui expliquer que les souvenirs qui réapparaissent subitement dans sa tête ne sont que des fantômes du passé. Sa place était ici, maintenant, aux côtés d’Ethan lorsque ce dernier rentrait de ses missions à l’étranger. Elle se sentait mal d’avoir ces étranges sentiments en présence de Logan, mais ces derniers étaient tellement réconfortants. Elle était comme une petite fille qui retrouve son doudou après l’avoir perdu pendant des semaines. Les images du passé qui défilaient dans sa tête étaient si belles, bien que les circonstances qui les entouraient n’étaient pas les plus joyeuses. C’était toutefois signe que Logan lui permettait de s’égarer momentanément des mauvais choix qu’elle était en train de faire. Sam ne se doutait pas que ces derniers laisseraient place à d’immenses regrets, et ce, malgré que Logan le lui répétait incessamment. Elle refusait de l’entendre; elle voulait continuer à faire la folle, à fumer, à sécher les cours et à se tenir avec des gens plus vieux pour qui l’avenir ne serait pas généreux. C’est toutefois le cancer de sa mère qui fut le rappel à la réalité, l’adrénaline qui fit rebattre son coeur. Les remords qu’elle ressentait étaient tel qu’elle n’en dormait plus. Elle savait très bien que la cause du cancer de sa mère était l’accumulation de stress que son comportement avait créée. Sans son incontrôlable aliénation, sa mère n’aurait jamais développé un cancer. Ce dernière refusait de lui avouer, mais Sam le savait très bien. Et cela, elle ne pourrait jamais se le pardonner.

La jeune infirmière ferma les yeux un instant, implorant sa tête de cesser de divaguer vers ces pensées aussi sombres. Elle voulait se concentrer sur le moment présent, sur le fait qu’elle était là, avec celui qui fut jadis son meilleur ami, le garçon qui faisait battre son coeur. Elle restait avec lui pour lui faire passer quelques tests généraux, comme la prise de sa pression. « J’étais à Glasgow. J’y ai fait mes études et y suis restée quelques années pour y travailler », lui répondit-elle. Elle adorait Glasgow. Sa mère y était native et ses grands-parents l’avaient convaincu d’y déménager pour y faire ses études. De surcroît, Sam avait besoin de s’évader loin de Dewsbury qui lui rappelait des souvenirs beaucoup trop durs à supporter. Logan lui révéla alors être expert-comptable. Cela ne surprit pas la jeune blonde; son ami avait toujours été très intelligent et avait en lui un potentiel qui ne connaissait aucune limite. « C’était en effet le genre de métier que je te voyais faire. », lui dit-elle sans même y penser. Elle arrêta un instant, mettant en doute la pertinence de ce qu’elle venait de dire. C’était trop amical comme remarque. Et pourtant, elle se sentait tellement prise à la gorge dans cette situation ô combien lourde. Elle espérait que cette petite remarque passerait inaperçue. Sam accepta de rester avec lui en attendant le médecin. La soirée n’était pas trop chargée et l’hôpital avait appelée trop d’infirmières pour le nombre de patients. « Je vais serrer tous les objets coupants alors. », lui dit-elle à la blague en fermant sa trousse. Logan lui demanda ensuite où elle vivait. Cette question la prit un peu au dépourvu; elle ignorait si elle devait révéler qu’elle était en couple depuis trois ans. Elle savait très bien qu’il devait possiblement s’y attendre. Elle s’attendait également à ce qu’il soit en couple, peut-être même père d’un ou deux enfants. Après tous, ils étaient tous deux âgés dans la trentaine. Elle décida toutefois de ne pas en discuter. L’évitement semblât une meilleure option. « Je vis dans Thornhill avec une collègue. Je m’y plais bien. », lui dit-elle assez rapidement alors que le médecin entra dans la pièce pour s’occuper de Logan, ce qui coupa leur conversation.

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Après tant d’années, ces retrouvailles étaient plus que surprenantes. Il n’aurait sans doute jamais imaginé des retrouvailles de cette façon. Le jeune homme se sentait démuni face à son regard électrisant. Il n’arrivait plus à remettre en place ses idées, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de se remémorer les souvenirs qui étaient les leurs. Il n’avait jamais pu vraiment oublier tous ces bons moments. Il lui arrivait souvent d’y repenser, d’essayer de se souvenir de chaque détail de ces instants. Ces souvenirs remontaient à la surface sans prévenir, il suffisait de si peu, une intonation semblable, une odeur, un ressenti… Avec le temps, les souvenirs revenaient plus rarement, certains détails devenaient flous ou s’effaçaient. Cependant, il n’avait jamais cessé de se remémorer la jeune femme, ses yeux, son sourire. Il aurait pu décrire précisément chaque détail de son visage, puis les détails étaient devenus flous, il avait oublié le son de sa voix et il ne lui restait plus que des fragments de moments gravés dans sa mémoire. « J’étais à Glasgow. J’y ai fait mes études et y suis restée quelques années pour y travailler »

Le monde sembla s’écrouler sous les pieds du jeune homme. Il l’avait toujours imaginé très loin, à l’autre bout du monde. Elle qui était si impulsive et qui avait coupé tous les ponts, il s’était persuadé qu’elle était partie loin de ces mauvais souvenirs et moments. Finalement elle était si proche de lui, elle était toujours sur le même continent. Lui qui avait étudié à Londres, il avait été si proche d’elle mais il ne l’avait jamais plus vu depuis aujourd’hui. Logan tenta un hochement de tête et un sourire afin de répondre à la jeune femme. Il ne se sentait pas capable de répondre, de plus cette phrase n’appelait aucunement une surenchère. « C’était en effet le genre de métier que je te voyais faire. »

Logan ne dénota pas l’aspect amical. Il fut même surpris. Il avait toujours eu des capacités intellectuelles mais il n’avait fait ce métier que pour satisfaire sa famille. Le hasard l’avait mené à ce métier mais Sam connaissait les rêves du jeune homme. Il avait toujours rêvé de fonder sa propre entreprise de création et rénovation de mobilier. Cependant, elle le connaissait bien et devait se douter qu’il suivrait l’avis de sa famille et s’exécuterait. Il n’avait entamé des études de comptabilité uniquement puisqu’il avait des facilités et que cela lui permettait de travailler pour un salaire confortable. Une fois de plus, il resta muet, se remémorant ces dernières années. Son rêve n’avait pas changé, il regrettait de ne pas avoir sur prendre de décision au bon moment. Il n’aimait pas son métier, cela n’était un secret pour personne. Tous ses proches savaient que le jeune homme ne rêvait que d’une chose : d’entreprendre. « Je vais serrer tous les objets coupants, alors. » Le jeune homme rit volontiers à la boutade de la jeune femme. « Oui il vaudrait mieux sinon tu vas encore devoir m’ausculter » Cette perspective ne lui déplaisait pas du tout. Cependant, il savait qu’il devait rester calme et ne pas démontrer trop de sentiments positifs envers cette ancienne amie qui du jour au lendemain l’avait abandonnée.

« Je vis dans Thornhill avec une collègue. Je m’y plais bien. » Il fut déçu de voir que la jeune femme ne lui donnait aucun détail sur sa vie privée. Elle ne vivait qu’avec une collègue selon ses dires. Logan ne put étouffer l’espoir qui naissait en lui. Logan avait l’impression que la vie les réunissait et qu’ils pouvaient prendre un nouveau départ. Le médecin entra en trombe. Il n’eut pas le temps de continuer la conversation. La jeune femme s’éloigna, leurs peaux se décollèrent pour laisser la place au vieux grisonnant. Bien moins agréable comme ambiance. Logan n’avait pas eu le temps de lui demander son numéro. Il n’osait pas le faire en présence du médecin. Il décida donc de demander plus tard à un ou une collègue de la jeune femme. Le jeune homme mourrait d'envie de la revoir dans un cadre informel et une fois le choc des retrouvailles passé.

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"I'm still not over you"

Le médecin prit rapidement la relève. Sam recula pour laisser l’espace nécessaire à son collègue pour qu’il effectuât son travail efficacement. Elle ne parvenait pas encore à filtrer l’information: elle ne réalisait pas qu’ils s’étaient retrouvés après toutes ces années. Leurs retrouvailles s’étaient terminées aussi rapidement qu’elles avaient commencé. Elle aurait voulu arrêter le temps; rester avec lui plus longtemps. Elle ne pouvait s’empêcher d’avoir des remords, de s’en vouloir de ne pas avoir repris contact après la mort de sa mère, après qu’elle ait décidé de reprendre sa vie en main. On dit qu’on ne réalise pas la valeur d’une personne avant qu’on l’ait perdue; elle réalisait que ce dicton était réellement vrai. Elle le fixait assis près d’elle. Elle aurait aimé pouvoir le serrer dans ses bras, lui dire mille fois qu’elle était désolée et qu’elle se languissait de l’avoir dans sa vie. Elle n’avait toutefois pas la force de l’exprimer. Non seulement était-elle persuadée qu’il avait passé à autre chose, qu’elle n’était qu’une poussière de son passé, mais elle jugeait également que la situation - surtout la présence du médecin - n’était pas propice à une telle déclaration. Cole mit ses petites lunettes pour ausculter la blessure et tourna sa tête vers Sam. « Tu peux quitter, je vais me charger du reste. Merci Sam », lui dit-il alors. Sam sortit de sa rêverie et lui fit un signe de tête, lui démontrant qu’elle avait bien compris et qu’elle disposerait. « Bonne chance, Logan », lui dit-elle un peu incertaine. Elle ne savait pas trop quoi lui dire. Au revoir? C’était trop formel. Elle quitta la salle et roula les yeux en soupirant. Bonne chance? Sérieusement. Peut-être que le au revoir aurait été plus approprié. Elle ne pouvait s’empêcher de se trouver sotte. Peut-être aurait-elle pu prendre le temps de lui dire au revoir convenablement. Peut-être aurait-elle pu lui sous-entendre qu’elle aimerait le revoir. N’était-ce pas ce que des gens normaux feraient? Elle devait toutefois admettre que la présence du médecin l’avait déconcertée; elle ne savait plus quoi faire, ni quoi dire.

Sam se rendit vers la salle d’urgence où elle fut appelée pour s’occuper d’un autre patient. Ses pensées convergeaient encore vers la rencontre fortuite avec Logan. Elle ne pouvait pas croire qu’elle l’avait revu. Lui qui avait été une personne si importante dans sa vie. Une personne sans qui elle n’aurait pas pu passé à travers son adolescence. Un personne qu’elle n’aurait jamais dû délaisser. Les regrets ne cessaient de la ronger, de la consumer. Elle sentait un poids dans sa poitrine; elle ne pouvait pourtant pas se laisser distraire au travail. Elle tenta tant bien que de mal d’enterrer ses émotions ô combien envahissantes. Lorsqu’elle ferma enfin les yeux, après une soirée de travail qui l’avait complètement exténuée, elle le vit encore. Son sourire, sa barbe naissante, son sourire chaleureux. Il n’était pas revenu dans sa vie pour repartir. Ça, elle ne pouvait pas le permettre.

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