Le temps s'écoule au ralenti durant cette nuit affreuse que tu me fais subir. Je t'attends impatiemment, sous nos couettes, à me morfondre dans mon inquiétude. Je suis bouffé par les angoisses, à cette idée qu'il ait pu t'arriver quelque chose. Je ne sais pas comment agir, étant donné que je n'ai pas de réponse de ta part. Ton silence pesant m'a même incité à me diriger jusqu'au commissariat dans l'espoir de t'apercevoir. Mais il était pratiquement vide et j'ai seulement croisé un de tes collègues qui a spécifié que ton état de santé n'était pas dégradé lorsqu'il t'a regardé t'envoler. Il n'est pourtant pas parvenu à me rassurer puisque je ne trouve pas le sommeil durant ma nuit agitée. Je n'ai fait que traverser la maison de long en large et en travers, sans réussir à regagner un certain niveau de sérénité. J'envoie même un message à Judson, auquel je n'ai jamais reçu de réponse. Et lorsqu'il est l'heure d'aller bosser, je n'ai pas le cœur de manger, d'ailleurs l'idée d'un petit-déjeuner ne me vient même pas en tête. J'espère seulement que tu apparaîtras avant que je ne doive partir, car je me sens incapable de me concentrer alors que je sens cette nervosité envahir mes entrailles. J'ai seulement besoin d'un signe de vie qui me précise que tu n'es pas en danger, car différents événements auraient pu se dérouler durant ta soirée. Ce n'est pas habituel que tu ne me préviennes pas d'une de tes sorties, et je ne crois pas vraiment à l'hypothèse d'un manque de batterie de portable. Puis j'entends un bruit et je te vois, au bas de la porte, avec cette mine dépitée. Mon cœur rate un battement tellement je suis mélangé entre le soulagement, le bonheur et la surprise de sentir ta proximité. J'avais si peur que j'ai envie de fondre en larmes maintenant que je suis rassuré. Je m'empresse vers toi pour te faire face. « Bordel Matt !!!! Mais tu étais où ? » Mes traits débordent d'inquiétude, tandis que ma main se colle à ton visage. Je caresse, touche, chacune des parties de ta tête, dans un élan d'apaisement. « Tout va bien ? » Tu n'as pas l'air amoché, mais déchiré, anéanti. Je me demande ce qu'il se passe. « Je t'ai envoyé plein de messages... tu ne les as pas vus ? » Je t'interroge pour en savoir davantage sur ton manque d'avertissement, et ta manière de m'avoir négligé durant une soirée.

J’avais absolument merdé. Je n’en suis pas fier, pourtant je ne peux pas regretter cette nuit. Elle était ce que j’attendais inconsciemment depuis des mois. Mais j’avais refusé de me l’avouer jusqu’à hier soir, où j’ai succombé à la luxure d’un corps, autre que James. Ce corps n’était autre que celui de Judson. La tension entre nous avait fini par éclater, donnant lieu à une nuit de débauche. Me laissant encore plus perdu au lever du soleil. J’avais quitté Judson, quelque peu embarrassé, les conséquences de mes propres actes n’allaient pas tarder à pointer leur bout du nez. Il était hors de question que je cache cela à James, ce que je faisais pourtant depuis un certain moment mais la trahison était trop forte pour que je parvienne à la surmonter l’air de rien. Et je n’en avais plus le droit. C’est en sortant de chez Judson que je perçois les nombreux appels et messages de James. Mais je n’ai pas le courage de t’envoyer un message pour te rassurer. Je n’ai plus qu’à rentrer chez moi et à t’affronter. C’est la mort dans l’âme que je regagne notre maison. Je sais que, après ça j’aurais détruit une vie, voire même peut-être deux. Je ne peux pas dire trois, car la mienne ne peut pas compter, je n’ai pas le droit de me sentir détruit, car je ne suis que l’instigateur malheureux d’une telle situation. Ma vie n’est que poussière face à la dévastation qui va gagner James. Et je n’ose imaginer l’état de Judson, qui subit tout ça, enfin d’une certaine manière. Mais la seule personne à blâmer c’est moi. J’arrive devant la porte et je mets plusieurs minutes avant de rentrer, le cœur lourd. Je sursaute alors qu’en quelques secondes tu es en face de moi. Je soupire doucement n’affrontant pas ton regard. Le cœur perdu et lourd. Je ne réponds pas à ta question car j’ai du mal à formuler mes propres pensées, et je veux retarder ce moment où il n’y aura plus qu’un désert haineux entre nous. Je me fige et me recule pour échapper à ton contact. Je ne peux pas ressentir ta douceur, ni tes mains sur toi. Je ne veux pas rendre mes choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà. Je ne peux pas te faire face, c’est impossible. Alors je vais me poster face à la baie vitrée. « J’ai merdé. » je croise et frotte mes bras, sentant le froid m’entourer. Je ferme les yeux prenant une profonde inspiration. « J’étais avec Judson. » Je sais que tu feras rapidement le lien.

Je suis mort d'inquiétude devant ton manque de nouvelles. J'ignore où tu te trouves, et donc où te chercher, alors je n'ai pas le choix de rester coincé dans notre maison à t'attendre. Je tente de rester calme et optimiste, mais tu crées une véritable tempête au creux de ma poitrine. J'ai des crampes à l'estomac à tel point que je m'inquiète. Alors lorsque je t'aperçois débarquer, je ne tarde pas à me précipiter vers toi pour m'assurer que ta santé n'est pas défaillante. Après quelques coups d’œil, je ne remarque aucune égratignure ni même une fragilité quelconque, si ce n'est psychique. Tu sembles dépité, profondément touché par un événement dramatique que je méconnais. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé durant ta nuit mouvementée mais tu en gardes les ravages sur ton visage. J'explose mon inquiétude en t'accordant ma tendresse habituelle, seulement tu te recules et tu échappes à mon contact. Ma main reste suspendue dans l'air avant que je ne la fasse retomber le long de ma cuisse. J'observe tes mouvements, et surtout ta fuite qui forme une distance entre nous. Je te regarde aussi te défiler et te positionner devant la baie vitrée, pour contempler faussement le jardin. Je te sens perdu dans tes pensées, et cette vision te donne certainement une dose de courage. « Merdé ? » Je t'interroge pour en savoir davantage, curieux de savoir la faute que tu as pu commettre. Tu m'informes que Judson était ton compagnon de connerie, mais cette information ne m'étonne absolument pas. Vous formez un duo atypique et tu es toujours prêt à le suivre dans ses bêtises, quitte à vous mettre en danger parfois. « Et donc ? Vous avez trop bu et tu as fini en cellule dans une autre ville ? » Je souris à cette idée, car si c'est ça, tu te tracasses vraiment pour rien. La vérité semble toutefois éloignée puisque je n'aperçois aucune réaction amusée chez toi, même si tu t'obstines à me faire dos. Je m'approche de toi et cherche de nouveau la proximité en caressant ton épaule. Je t'invite à te retourner pour me faire face, même si tu sembles bouffé par la honte. « Matt, regarde-moi. » Je continue de frôler le haut de ton corps, en déposant un baiser contre ta nuque. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Je veux juste que tu jettes ton regard vers moi, comprendre aussi, car déceler autant de morosité au fond de tes prunelles me crève le cœur.

je ne sais pas comment je vais t’annoncer ça, alors je prends tout mon temps pour retourner dans notre chez nous histoire de réfléchir à comment je peux t’annoncer cela, en sachant qu’il n’y a pas de bonnes manière de faire. Je sais que le mal sera tout aussi fort quelque soit l’annonce. Et même si je ne regrette pas cet événement, je ne m’en sens pas moins coupable. Je mériterais bien le blasphème sur la voie publique pour avoir osé ça. Pourtant je ne peux que m’en prendre à moi-même. Une fois chez nous, l’abattement me gagne. Je soupire et n’aspire qu’à une chose : me retrouver seul pour me morfondre sur moi-même. Te voir aussi attentionné est un véritable calvaire. Mais l’idée de te cacher une telle chose n’en est que plus aberrante. Je déglutis et laisse l’amertume se poser sur mon cœur. Mais je ne peux pas accepter ton contact. Je ne peux pas te laisser faire ça pour te détruire ensuite. J’ai besoin de m’éloigner de toi, sinon je sais que je ne parviendrais pas à t’avouer cette vérité cruelle. Ce qui me tue le plus, c’est que, malgré nos tensions, tu parviens encore à t’inquiéter avec une telle puissance que ça me broie le cœur. Je ferme les yeux un instant, bienheureux d’avoir échappé à ton regard, pourtant je sais que je dois terminer par te faire face. Je finis par affaissées mes épaules, couvertes de honte que j’affronte ton sourire. Je secoue négativement la tête. « Si seulement c’était ça. » Avec des si, je referais tout différemment pourtant on ne peut pas changer les choses. J’aurais effacé ce baiser qui n’a apporté que discorde dans notre couple, et je serais peut-être en train de réellement préparer ce mariage et ne pas fuir. Je sursaute à ton contact, et c’est encore pire quand je sens tes lèvres. « James. » c’est une supplique douloureuse. Je finis par me retourner, les larmes coincés dans le coin interne de l’œil. Je mordille ma lèvre inférieure avant de lâcher la bombe. « Je… J’ai couché avec lui. » Je me recule contre la baie vitrée. Les excuses n’ont pas leur place tellement elles seront insignifiantes.

Je suis chamboulé quand tu apparais à la porte. C'est un mélange d'inquiétude et de soulagement qui m'anime, mais la nervosité ne tarde pas à dominer lorsque je réalise que quelque chose cloche. Je sens ta fébrilité dans ta manière de me repousser et de t'isoler devant la baie vitrée. Je sens aussi la souffrance et un certain poids t'envahir alors que tu contemples le jardin, l'air peiné. J'ignore ce qui se trame mais je ressens ta douleur moi aussi. J'aimerais que tu t'en délivres en me confiant l'origine de ton trouble. Alors je me rapproche de toi en venant caresser ton épaule pour te soutenir indirectement. Tu ne tardes pas à repousser mon contact en murmurant mon prénom. Je réalise enfin que ce n'est pas la tristesse qui t'agite, mais la culpabilité. Elle te ronge le cœur, te fait fuir ma douceur. Tu me balances finalement la vérité, me torturant au passage. J'ai un mouvement de recul quand tu m'annonces que tu as couché avec ton meilleur ami, je lâche ton épaule en restant en arrière lorsque toi, tu avances davantage vers la baie vitrée. Tu es prêt à foncer dans le mur. Et moi la surprise me prend de cours. J'avale ma salive, l'air décontenancé, un sourcil relevé. En fait je ne prends pas encore conscience de la réalité déchirante que tu viens d'énoncer. « Avec Judson ? » Un rire nerveux se décroche même de mes lèvres, trop secoué par l'étonnement. « Enfin, c'est... C'est complètement irréaliste. » J'explique ma réaction, toujours encore sous le choc. Je cligne des yeux sous la surprise, les bras ballants, le regard vide. « Je comprends pas. » Je lâche pour t'inciter à dévoiler tout ce qui se rapporte à cette infidélité. J'aimerais comprendre comment s'est arrivé, si c'était un accident ou si l'envie se ressentait depuis quelque temps. Judson est ton ami depuis des années, il n'a jamais été question d'attirance entre vous, alors j'ai besoin de me prendre la réalité en pleine gueule pour mieux saisir. Je ressens déjà la morosité m'envahir les tripes, qui se serrent avec une telle vigueur que j'ai envie de vomir. Vous seriez de véritables connards si vous avez osé savourer la luxure dans mon dos, mais j'attends tes explications avant d'établir un jugement dans mon esprit. La réalité reste tranchante, et je me sens défaillir, c'est pourquoi je te délaisse pour m'asseoir sur le canapé. Je tente de reprendre mes esprits mais la douleur est vive, cruelle. Mon ventre est rongé par la douleur, et mon cœur, lui, se déchire peu à peu. Il suffit de quelques mots pour l'exploser en mille morceaux.

L’angoisse m’étreint dès que je franchis la porte. L’idée de détruire une vie ne me plaisait pas du tout, mais je serais encore plus salaud de te laisser dans une ignorance en sachant que je ne pourrais jamais faire comme si rien ne s’était passé. L’idée de te mentir sur un telle sujet me donnerait presqu’envie de vomir, alors que je te mens depuis un bon moment. Je sais que je vais tout ravager et te faire souffrir, même si je déteste cela, mais je dois assumer cette responsabilité. Pourtant je ne peux plus supporter ton contact, je me déteste simplement que ta douceur m’effraie. Tu cherches sans cesse à me consoler alors que tu devrais me haïr. Je ne tarde pas à t’avouer ce qui me taraude, l’acte ignoble que j’ai commis. Je te donne les armes pour me détester, pour me haïr. Je ne broncherais pas parce que je l’ai amplement mérité. J’ai foutu seize ans de vie commune avec aucune ombre au tableau, à part celle des derniers mois, et ce entièrement de ma faute pour une histoire qui ne fonctionnera peut-être pas. Je te laisse encaisser le choc de la nouvelle, je reste debout comme un con. Je sais qu’une fois passé la surprise du choc tu prendras réellement conscience de ce que j’ai fait. Tu avais tellement d’innocence en toi que ça ne rend que plus horrible ce que j’ai fais. Je secoue vainement la tête, toutes les explications qui me viennent en tête sont risible. De toute manière rien ne pourra réellement te réconforter, et de toute manière je n’ai plus le droit de le faire désormais. J’hésite à m’installer sur le fauteuil, ce que je finis par faire en sentant mes jambes défaillir sous moi. De peur de m’écrouler je préfère m’asseoir. Je torture mes mains prenant une profonde inspiration. Je ne sais pas comment évoquer cette trahison sans te briser un peu plus. « Il n’y a rien à comprendre. C’est arrivé.. » Ma voix était éteinte, faible. « Judson m’a embrassé… Y a quelques mois.. Je pensais pas que ça signifiait quelque chose. » Je soupire, la honte coule, brûlante, dans mes veines. J’aurais aimé que ce baiser ne soit que du vent, malheureusement notre dernière confrontation avec Judson m’a prouvé tout le contraire, semant encore plus le doute dans ma tête. Je passe une main dans mes cheveux, posant mes coudes sur mes genoux et enfouissant ma tête dans mes mains. Ma gorge se serre sous la douleur. Le dilemme d’aimer deux hommes est terrible. C’est encore pire quand on en fait souffrir un à cause de l’amour que l’on porte à l’autre. Ca fait de moi le salaud, mais je ne peux pas te contredire. Je m’estime d’ailleurs bien pire qu’un salaud, un moins que rien. Tu as été parfait alors que moi je ne sème que souffrance.

Je n'imaginais pas que la raison de ton silence pesant me trancherait autant le cœur. Je ne pensais pas que tu dévasterais ma vie par de simples mots. Il n'y a même aucune animosité entre nous comparé à d'habitude, car toi la culpabilité te ronge et moi je suis abattu par la surprise. Je te sens fébrile, mais je ne m'en inquiète plus et je tente de comprendre la situation qui me dépasse. « Si c'est flou. Désolé mais Jud est ton meilleur ami, et il n'y a rien de cohérent là-dedans. » Je me défends alors que tu sembles peu envieux à m'en raconter davantage. Tu n'as certainement pas la force ou le courage d'aborder ce sujet, mais je te force à m'accorder les explications que tu me dois. Tu n'as pas le droit de me laisser planté là, assis sur le canapé, avec un cœur en bouilli. Tu n'as pas le droit non plus d'écarter mes interrogations, ou de m'envahir de peine et de doutes sans tenter de les effacer. J'essaye de reprendre contenance, mais mon cœur s'agite sous le poids de l'affliction. Je me morfonds dans la morosité, et elle ne tarde pas à être dominée par la rage lorsque tu évoques un baiser datant de quelques mois. « Il t'a embrassé ? Comme ça ? » Je t'en demande plus, l'air étonné et hargneux. Ma voix manifeste la déception que j'éprouve à l'égard de Judson, ce type qui a feint une amitié basée sur la confiance. « Quelle pourriture. » Je commente à voix haute, parce que les événements derniers s'expliquent enfin. Je commence à réaliser pourquoi tu formais une distance entre nous et semblais si dépité et sur les nerfs. Je remarque enfin aussi l'infidélité dont vous avez fait preuve tous les deux à mon égard. J'ai tissé une telle confiance sur vous que je n'ai même pas aperçu l'imposture dans laquelle vous m'avez plongé. Judson me semble un bel hypocrite désormais, à m'avoir écouté, épaulé, conseillé alors qu'il ne pensait qu'à poser ses lèvres dégueulasses sur les tiennes. Et toi, tu as été assez con pour suivre ton ami dans sa déloyauté. « Et du coup tu as sacrifié nos belles années juste pour un bisou à la con ? » Je ne vous aurais jamais crus capables de commettre une telle trahison, et jamais je n'aurais émis un seul doute sur l'affection que vous me portiez. Alors je me retrouve avec cette frustration incrustée dans les entrailles et la sensation horrible d'avoir été pris pour un con. Je te vois t'installer devant moi sur le fauteuil, et je jette alors un regard glacial vers toi. « Vous êtes de belles enflures tous les deux. Au moins vous faîtes la paire. » J'ai la gorge qui se serre, les poumons qui se compriment. J'ai la tête qui tourne et cette envie de vomir qui me prend les tripes. Je peine à respirer, en plus de cette douleur qui se répand en moi. Elle envahit chaque partie de mon corps, se concentre notamment sur mon cœur, me donnant cette impression qu'on me l'arrache à chaque seconde.

Je n’avais pas le droit de m’effondrer. Pourtant dieu sait que j’en avais l’envie. Mais je devais subir tes foudres, ta souffrance en pleine face. Je ne méritais pas de flancher. Je ferme les yeux. M’exprimer clairement sur ce sujet allait s’avérer difficile. Je ne sais même pas quels sont les bons mots ni même s’il y en a. Je ferme les yeux pour arrêter les larmes qui menacent de couler. Que dire ? que c’est pas clair pour moi non plus ? pourtant le fait est là. J’ai couché avec mon meilleur ami. « Je n’ai pas dis que c’était censé… » Je soupire, je n’ai pas envie de te donner les détails pour te faire souffrir davantage. Pourtant je te les dois, je le sais, mais je suis quelque peu récalcitrant à l’idée que tu souffres en imaginant des choses qui seront de toute manière erronée par ton interprétation. Mais je ne peux pas te laisser dans l’ignorance, plus maintenant en tout cas. C’était un passage inévitable, je devais évoquer ce moment, t’éclairer sur ce qui allait indubitablement te faire souffrir. Je n’avais plus le choix. Si tu exigeais des détails qui étais-je pour te les refuser ? mais ne me demande pas de mettre de la bonne volonté. Je secoue la tête « On avait bu, lui plus que moi… Et voilà. » Je ne sais toujours pas vraiment ce qui lui ait passé par la tête ce soir-là. « Et depuis, tout s’est compliqué. » je soupire doucement avant de te faire face, prêt à assumer les conséquences. Je préfère que tu me blâmes plutôt que tu te sentes coupable de quoi que ce soit. Je ferme les yeux et ne tentent pas de défendre Judson, qui s’est laissé submergé par ses sentiments qu’ils ne pouvaient contenir. Je te laisse déverser ta hargne, ta colère. Je ne mérite que ça de toute manière. Pourtant je ne peux pas me considérer comme un martyr ou autre, juste pour le connard que je suis. Je soupire de nouveau, n’affrontant pas ton regard. « Je..c’est pas ça. C’est plus compliqué… » je passe une main dans ma nuque. Je soupire doucement de nouveau. La désillusion devait être cruelle pour toi, mais te laisser dans l’ignorance était probablement plus cruel. Je préférais te donner une occasion de me haïr de suite, plutôt que tu ne découvres cette trahison par tes propres moyens. Ça aurait été encore plus dégueulasse. Tu me balances une insulte bien sentie et surtout bien méritée. Je ne peux qu’encaisser sans broncher. « Tu as certainement raison. » Contrairement aux autres fois, je ne réponds pas et fais profil bas. Les excusent menacent de sortir pourtant je refuse de les formuler, parce qu’elles ne feront qu’accroître ta hargne et ta blessure.

Assis sur le canapé, j'écoute les explications que se glissent de ta bouche au fur et à mesure. La situation qui me dépassait devient plus claire lorsque tu balances les vérités tranchantes. Votre trahison est plus précise et évidente, et ma surprise se transforme en une rage douloureuse. J'étouffe dans ce flot d'émotions destructrices qui me saccagent le cœur avec virulence. J'ai la gorge qui continue de se serrer, à tel point que mes propres mots peinent à être prononcés. Je manque d'énergie pour répondre au reste de tes paroles, qui engendrent une véritable tempête au creux de ma poitrine. Je ne supporte pas cette sensation d'avoir été pris pour un con par les deux hommes qui comptaient le plus pour moi. Je vous faisais tellement confiance putain, ce que je peux être naïf bordel. Je me laisse emporter par la colère, elle me dévore les entrailles, mais je la garde enfouie sans l'exploser de nouveau. Je n'ai pas la force de déverser ma rancune, cette déception amère et continue qui me dévaste le cœur. Je n'ai même plus la force de t'observer, alors que tu t'assois en face de moi. Je t'ai jeté un regard hargneux puis j'ai baissé la tête, défait de toute énergie. Je suis las, peiné, et je me renferme dans ma souffrance sans la mettre en évidence par des mots. Elle est perceptible dans mon regard vide qui se balade sur le sol ; dans cette expression éteinte qui s'incruste sur mon visage, et sur ce désir non dissimulé de pleurer. Ma vie part en couilles, et même notre relation se voit balayée. Je n'ai plus rien à quoi me raccrocher, puisque notre lien indéfectible était ce qui me tenait ambitieux. Je n'ai plus rien pour me relever, pas même un ami, étant donné la déloyauté de ce dernier. J'aimerais vous égorger sur le champ pour toute l'affliction que vous me causez. « Mais... Tu... Tu ressens quelque chose pour lui ? » Je t'interroge simplement, sans animosité dans ma voix. Seulement un doute qui plane et que j'aimerais élucider. J'ai surtout envie de savoir si l'amour à mon égard s'est anéanti et si ton désir d'être avec moi s'est envolé, mais les questions sont sous-entendus. Je n'ai plus la force de communiquer correctement, de manifester ma rage, alors je me contente de souffrir en silence le reste du temps.

Le moment est horrible, lourd de conséquence. Brisé la vie de quelqu’un qu’on aime parce que l’on a commis un acte ignoble est plus que douloureux. Pourtant je ne parviens pas à regretter totalement ce que j’ai fais. J’ai manqué de franchise envers toi, la bienséance aurait voulu que je te quitte avant. Mais je ne contrôlais vraiment plus rien dans ma vie. Et nos disputes incessantes n’arrangeaient rien. Je n’avais pas réfléchi à la portée de mon acte avant de sortir de chez Judson. J’étais comme dans un monde alternatif, irréel. Mais la descente est rude. Maintenant il était temps d’assumer pleinement mes actes, et cela commençait par t’avouer cette faute irréparable commise. Je voyais les couleurs quitter ton visage et celui-ci se fermer au fur et à mesure de mes révélations. La lourdeur de l’atmosphère rendait la pièce pratiquement irrespirable, une chaleur étouffante nous entourait. Mais je devais aller jusqu’au bout. Je devais affronter ta colère. J’avais commis une trahison épouvantable pour me défiler encore une fois. Je te devais la vérité, même si c’était trop tard. Le silence est parfois plus parlant que les mots eux-mêmes. Il est source de révélations tragiques et indique de sombres vérités. Je le laisse s’installer alors que je suis à court de mots. Je ne peux pas vraiment expliquer comment ça s’est passé. Si ce n’est que, depuis un moment, tout est chamboulé. Il y a même des vérités qui sont compliquées à formuler car j’ai encore du mal à les accepter. Et la question que tu me poses, qui est pourtant d’une simplicité déconcertante est une des plus compliquées à avouer et à formuler à vois haute. « Je ne sais pas c’est si compliqué dans ma tête. » J’ai l’impression de m’embrouiller dans mes sentiments. Je me sens complètement perdu, entre mes sentiments pour toi, et ce que je ressens depuis peu pour Jud, qui est tout nouveau. Mais je sais que je devrais faire un choix et je ne sais absolument pas lequel est le bon et lequel je veux vraiment.