ensemble, c'est trop (ciaren #12)

ensemble, c'est trop

Le silence est pesant. Cela fait plus d’une semaine que Shannen arpente les couloirs de l’appartement sans lui accorder la moindre attention. Si Ciaran comprend ses griefs, cela ne l’empêche pas de ressentir un manque conséquent élire domicile au cœur de sa poitrine. Cette sensation désagréable le noie dans une morosité profonde et il lui est difficile de masquer sa douleur derrière des faux sourires. Summer ne se laisse pas tromper et même si elle s’efforce de tout mettre en œuvre pour le faire rire, il demeure faible, presque cristallin. Il s’échappe dans la musique, la cigarette et l’alcool, car au moins cela lui permet de se changer les idées, mettre de côté la douleur qu’il subit au quotidien par l’ignorance de l’adolescente. Cela le rend dingue. L’affection qu’il lui porte est profonde, telle qu’il lui semble compliquer de l’omettre, la chasser de son esprit. Il désire ardemment rompre la barrière qu’elle a mise autour d’eux. Alors, il profite que Summer soit sous la douche pour se rapprocher de l’adolescente et la bloquer dans un coin de l’appartement. Son cœur bat la chamade, sa fébrilité est conséquente. Il tente de se préparer à essuyer de nouveau un rejet. « Shannen… Il faut qu’on parle. » Il déclare dans un ton faible tandis que ses prunelles se plongent dans celles de l’adolescence. « Laisse-moi au moins la possibilité de t’expliquer vraiment les choses. » Il essaye simplement, de façon humble et douce. Il déteste cette tension entre eux. Elle l’insupporte.

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Shannen n’a même pas pu s’exprimer au sujet de son altercation avec Ciaran, vivement reliée au couple indécent qu’ils forment. Elle aurait voulu exploser aux oreilles de Summer, sa meilleure amie, mais elle est incapable de révéler leur secret commun. Pourtant cette dernière lui a tendu des occasions, en insistant sur la morosité contenue par l’aîné, le manque de sourires qui crée une déchirure au fond d’elle. Shannen l’écoute déclarer qu’elle déteste le voir ainsi, sans préciser qu’elle non plus, mais qu’il l’a bien mérité. Son cœur se secoue chaque fois qu’elle croise ses yeux océan pleins de détresse. Elle n’a pas le droit de succomber, et néglige souvent sa présence, tentant de ne pas le remarquer, ni de le scruter – ne serait-ce qu’un instant qui pourrait être fatal pour son cœur. Elle le fuit comme la peste et le chasse du mieux qu’elle peut de son esprit, trop secouée et hargneuse à propos de la vérité déchirante qu’il lui a dissimulée durant de nombreux mois. Sa rancune est encore trop virulente pour lui donner la liberté de regagner sa vie, et à ce moment, elle n’est même pas certaine d’avoir envie de le fréquenter de nouveau. Après son long discours, Summer disparaît sous la douche et l’adolescente se guide jusqu’aux toilettes pour soulager une envie prenante. Alors elle se faufile dans le couloir avec discrétion, mais son blond lui tombe dessus et la bloque dans un coin. Il affirme qu’ils doivent parler et qu’elle devrait lui donner la possibilité de s’expliquer sur le mensonge commis. « Pourquoi, tu n’as pas eu assez de me prendre pour une conne une première fois ? » Elle rétorque froidement, un sourire dédaigneux incrusté sur ses lèvres. Elle n’est pas prête d’atténuer la colère qu’elle ressent à son égard, et elle ne fera que lui cracher à la figure de manière constante. « Je dois pisser… tu peux me laisser passer ? » Elle demande d’un ton sec, qui lui précise combien il l’emmerde, peu désireuse de l’affronter dans un échange tumultueux.

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Il décide de briser la barrière qui s’est érigée entre eux, car cette tension lui retourne les tripes. Il ne peut l’accepter, car cette réalité lui est insupportable. Il a conscience que la demoiselle a énormément de griefs à son égard, mais le silence ne peut en aucun cas améliorer la situation. Ils doivent échanger, tenter de mettre au clair ce qu’il s’est passé pour espérer aller de l’avant. Il ne peut pas envisager que les sentiments de l’adolescente soient si versatiles. Il n’en est pas pour lui. Il sait au fond de lui, qu’indirectement, il doit tout mettre en œuvre pour apaiser la rage et la rancune de l’adolescente et il consent à mettre sa fierté de côté pour y parvenir. L’accueil qui lui est fait est glacial. Le sourire de l’adolescente le provoque avec dédain, comme s’il n’était qu’un importun dans son champ de vision. Cela le remue, il doit bien le reconnaitre, mais il ne perd en rien de sa détermination à crever l’abcès entre eux. Il inspire profondément. « Non, car je refuse que tu penses que je t’ai prise pour une conne. » Il déclare avec un ton ferme, mais néanmoins doux à son égard. Sa respiration est lourde, car toute cette situation est en train de le travailler. « Tu te fais tes propres films, Shannen. Tu ne veux même pas entendre mes raisons, alors donne-moi ta version. Explique-moi comment toi, tu interprètes les choses. Comme ça, je saurai à quoi m’en tenir, ce que tu penses de moi. » Il déclare afin d’obtenir ses confidences, que le silence soit brisé entre eux et qu’un semblant d’échange puisse se faire entre eux, car cela lui semble indispensable.

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Alors qu’elle s’apprêtait à traverser le couloir pour se rendre aux toilettes, Shannen se retrouve bloquée par ce mâle blond qui dévaste son cœur en ce moment. Il forme une véritable tempête en instaurant une telle proximité, à tel point que l’irritation fait rage et dégomme tout sur son passage. La frustration submerge ses entrailles, s’incruste pour laisser transparaître de la colère dans sa voix. Elle est incapable de la contrôler tant elle aimerait le frapper ou le faire taire à cet instant. L’émotion est si vive qu’elle l’éclate dans ses paroles. « Pourtant c’est le cas, Ciaran. Tu pues le mensonge et l’hypocrisie rien qu’en disant cette phrase. » Il tient pourtant à ce qu’elle lui brise le cœur puisqu’il réclame la vision qu’elle détient à son égard. Il a envie de connaître ses ressentiments, sa rancœur vivement activée par son manque de confidence. « Ce que je pense de toi ? Tu veux vraiment le savoir ? » Elle rit nerveusement en l’observant avec arrogance, l’avertissant de la douleur qu’elle pourrait lui causer. Elle lui précise que les mots seront acerbes, crus, par ce sous-entendu amusé. Il maintient sa requête en ne changeant pas son expression faciale, la crainte n’imprégnant même pas ses traits. « Tu es un putain de menteur, un lâche. Ah oui, tu as pu être amoureux, mais c’est moche l’amour quand on cache des trucs importants à son partenaire. Non, tu as juste omis de me dire que mon père était ton meilleur ami ! C’est une petite info de rien du tout voyons ! » Elle commence avec douceur avant d’entamer le vif du sujet, ce qui rend sa souffrance poignante, déchirante, et ce qu’elle ne parvient pas à tolérer de sa part. Elle hausse le ton pour le rendre hargneux, destructeur, car il mérite d’avoir le cœur fendu en deux comme le sien. Quoiqu’il n’est plus qu’une bouillie, des miettes perdues au fond de sa poitrine. « J’en sais rien de pourquoi tu as fait ça et je m’en fous. Ce que je sais juste, c’est que tu m’as fait l’amour, tu m’as regardé avec intensité et tes beaux sourires de séducteur, alors que tu savais pendant tout ce temps que tu me cachais quelque chose. » Elle ne cesse de pointer son regard froid dans le sien, pour l’éclairer sur le mépris qu’elle éprouve pour lui. « Tes raisons seront pas suffisantes pour expliquer cette trahison, ou plutôt, ce foutage de gueule ! Tu t’es juste moqué de moi sans scrupule. Je t’ai parlé de mon père, de ma frustration de pas savoir où il était. Et tu t’es juste tu. Tu as eu plusieurs occasions de me dévoiler la vérité, mais tu n’as juste rien dit. » Elle souffle sans jamais laisser la tristesse l’envahir, même si elle surmène son cœur depuis plusieurs jours, à tel point que son bonheur lui a été complètement arraché de son existence.

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Sans doute que son action parait masochiste, mais il lui semble nécessaire que le silence soit éclaté pour qu’il leur soit possible d’aller de l’avant. Il sait le cœur de l’adolescente rongé par la rancœur. Il l’envisage clairement, puisqu’il a pu éprouver par le passé, cette frustration et douleur d’avoir été impuissant face à une situation qui impactait son existence. Seulement, contrairement à ce qu’il a pu vivre, il veut être en mesure de recevoir ses griefs, d’y apporter une réponse. « Oui. » Il déclare lorsqu’elle lui demande dans un rire nerveux s’il désire vraiment le savoir. Oui, il veut entrevoir les idées qui se sont logées dans son esprit et la vérité éclate, douloureuse et dévastatrice. Il sent sa respiration s’endiabler, son cœur se comprimer dans sa poitrine, mais il ne bouge pas d’un cil. Il reçoit la hargne, les propos acerbes et violent de l’adolescente en tâchant d’accuser la douleur que ces propos provoquent au creux de sa poitrine. Il déglutit, le cœur lourd, la respiration difficile, car les vérités qu’elles énoncent avec tant de conviction lui semblent tellement dénouées de sens. Il n’a jamais vu les choses sous cet angle, n’a jamais eu l’intention de se moquer d’elle. Elle est complètement à côté de la vérité et cela est douloureux d’entrevoir qu’elle y croit dur comme du fer. « Et j'aurai dû faire quoi à ton avis, Shanen ! Dis-moi ! » Il murmure dans une voix chamboulée par l’état de fébrilité qui le traverse. « Je ne vois pas ça comme de la trahison. » Il persiste à le marteler pour qu’elle comprenne son point de vue. Il sait qu’il a merdé. Il ne veut pas le nier, mais il n’a jamais eu l’intention de la tromper ou de la manipuler. « Certes je savais que je devrai finir par t'en parler, mais pour moi ça n'avait rien à voir avec nous. » C’est ce qu’il pense sincèrement. Il ne considère pas que leur histoire doive être impactée par ce qu’il considère une tragédie familiale à laquelle il a été mêlé en le mettant dans une situation inconvenante. D’autant plus depuis qu’il est tombé amoureux de l’adolescente. « J'ai veillé sur toi car j'en ai fait la promesse à ton père. Seulement, mes sentiments sont sincères. Je ne t'ai jamais dupée et je refuse que tu remettes en doute mon honnêteté à ce sujet. » Il affirme avec fermeté pour qu’elle en prenne vraiment conscience et arrête de songer qu’il n’a fait que jouer avec ses sentiments, comme un être perfide. « J'ai merdé, je veux bien le reconnaître, mais ne m'en veux pas avoir gardé un secret sur une promesse faite à un ami, que je trahis en passant en étant amoureux de sa fille. » Et ça, c’est la pure vérité. Il n’est pas fier d’avoir du garder le secret, mais il était loin d’envisager que ses sentiments à l’égard de l’adolescente s’intensifierait tellement.

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La douleur empoisonne le cœur de l'adolescente, tant elle est conséquente. Elle se renforce lorsqu'elle croise le regard bleu du blond, qui dévoile clairement la peine qu'il éprouve. Elle est certainement trop virulente dans ses propos, dans son arrogance, pourtant elle est incapable de passer au-dessus de ce semblant de mensonge, qu'elle considère à la hauteur d'une trahison déchirante. Elle est encore une fois à une position extrême de la sienne ; alors ils échangent, débattent sur l'objet de ses doutes de manières variées. Shannen juge que la confiance ne peut exister sans une base solide, et elle se retrouve avec ce goût amer en bouche qui la repousse dans ses retranchements. Elle campe sur ses positions, lui aussi, de toute façon ils sont tous les deux aussi têtus. « Désolée mais l'amour ne peut pas être entièrement sincère quand il camoufle un tel mensonge. » Elle rétorque avec dédain pour contrer sa défense, qui peut justifier son manque de franchise, mais qui n'est pas excusable selon elle. Elle entend ses raisons mais ne les comprend pas. Aucune ne peut camoufler sa souffrance et son sentiment d'avoir été prise pour une conne ; aucune ne peut effacer la déloyauté dont il a fait preuve. Rien ne semble pouvoir éteindre la rage qui reste coincée dans ses prunelles lorsqu'elle l'observe. Même le désespoir incrusté dans les siennes ne parvient pas à activer sa compassion ou sa clémence. « Ah ça, pour veiller sur moi, tu as bien appliqué la consigne ! Mon père doit être fier de toi ! » Elle commente de manière méprisante, pour appuyer sur les ébats qu'ils ont savouré tous les deux. En effet, il a manqué de loyauté envers elle, et aussi son père. Elle lui précise sans scrupule. Elle sait que la culpabilité va l'envahir davantage, qu'elle le ronge déjà. « Merde Ciaran ! Tu crois pas que j'aurais aimé savoir que tu connaissais mon père avant que tu me baises ? » Elle lâche avec hargne, les yeux sombres scrutant les siens. Il l'énerve autant qu'il déboussole son cœur d'un amour palpable.

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Les propos de l’adolescente le blessent tout autant que son manque de franchise lui a causé une peine profonde. Il ne peut tolérer qu’elle le considère comme un monstre qui s’est jouée d’elle. « Personne ne peut être entièrement sincère, car il existera toujours des parties que les autres ne connaitront pas de nous. Cela ne veut pas dire pour autant que ce que nous ressentons est faux. » Il se défend à son tour pour tenter de mettre les choses au clair, mais la demoiselle est déterminée à lui égratigner le cœur avec violence. Il désire calmer les choses, mais la demoiselle ne semble nullement disposée à lui concéder une quelconque opportunité. Au contraire, elle demeure emplie de hargne et le chamboule avec tant de force qu’il a du mal à contenir son émoi en demeurant calme. Les blessures qu’elle lui inflige par la teneur de ses propos sont réelles et profondes. « Je ne te baises pas pour commencer et tu le sais ! » Il se défend en veillant à ne pas hausser trop le temps. « Tu crois que j'avais envie, prémédité, d'avoir de l'attirance pour une adolescente, d'en tomber amoureux ? » Il questionne avec cette fébrilité dans la voix qui est due à la douleur qui étreigne sa poitrine. « Tu crois que j’avais prévu de devenir fou, car cette situation semble invraisemblable ? » Il ajoute dans un murmure. « Non désolé. Et je suis désolé si ta haine envers ton père te fait penser les pires atrocités à mon sujet. » Il déclare avec impuissance. « Fais toi plaisir. » Il abdique, car cette sensation lui retourne les tripes plus qu’il ne le voudrait. Il se sent faible sous ce regard sombre qui le sonde avec tant de froideur. « Seulement, j’étais lié par une promesse, parce qu'il a honte de ce qu'il est, qu'il a merdé en pensant t'assurer un avenir, parce qu'il était mieux que tu ne saches pas ce qu'il a fait, ce qu'il est devenu, et ce, bien que tu occupes toutes ses pensées. » Il aimerait juste qu’elle comprenne qu’il est un homme de parole, qu’il n’a jamais désiré lui faire le moindre mal. Pourquoi est-ce si difficile à comprendre.

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Shannen a beau l'écouter, sa hargne demeure intacte. Elle reste coincée au creux de son coeur sans qu'elle ne parvienne à s'en dépêtrer. Il insiste dans sa défense qu'il estime justifiable pour les torts commis, seulement l'adolescente dévoile davantage sa rage. Sans répit. « Oui, surtout quand tes proches t'épargnent une partie de toi-même. » Elle crache son poison, le glisse de sa bouche pour évacuer la colère, le mépris qu'elle contient à son égard. Elle ne peut pas accepter ses discours pleins de politesse, de bon sens, car sa vieillesse, ses airs soi-disant matures ne lui accordent pas nécessairement l'esprit vif et avisé. Alors elle rétorque avec cette même fougue, le scrutant avec ce dédain qualifiant son regard noir. Car son père, c'est une partie intégrante de son être qu'elle ne connaît pourtant pas ; c'est un bout d'elle qu'on lui a dissimulé, camouflé, éloigné. On lui a privé de cette part manquante de sa personne et elle pointe simplement ce fait qu'il semble négliger à chaque parole. « Comment veux-tu que je haïsse mon père alors que je connais rien de lui ? RIEN ! Et toi tu m'as pas épargné cette méconnaissance, tu l'as juste renforcée en me cachant une vérité importante ! » Aucun de ses mots n'apaise l'étincelle brûlante qui crépite au creux de ses entrailles et qui menace de tout faire exploser. Au contraire il la renforce, avec cette obstination à se trouver des excuses. La douceur et semblant de sincérité qui empreint ses mots ne parvient même pas à briser sa haine. Elle a plutôt envie de l'étouffer avec sa tendresse hypocrite, déchirante. « Je m'en contrefous de ta promesse, ça ne t'excuse pas d'être un con ! Fallait faire un choix : soit tu me sautes et tu gâches la promesse envers mon père jusqu'au bout en me disant la vérité ; soit tu te comportes comme un bel ami et tu rentres pas dans ma vie ! ce que tu aurais dû faire d'ailleurs ! » Elle lâche un peu plus calmement, avant de reprendre avec virulence, lorsqu'il se retrouve encore des raisons. Elle expose les siennes pour justifier la colère qui dégouline en elle. « J'ai pleuré dans tes bras en te parlant de lui, tu peux juste comprendre ça ? TU PEUX LE COMPRENDRE A QUEL POINT C'EST DÉGUEULASSE D'OUVRIR TES BRAS AVEC TON AIR COMPATISSANT MAIS HYPOCRITE, ALORS QUE TU SAVAIS, PUTAIN TU SAVAIS ? » Elle hurle tout en murmurant, mais le ton monte, et heureusement que Summer devient sourde sous les jets d'eau de la douche. « D'ailleurs j'ai pas besoin de mon père pour voir que tu es qu'un con ! Je me suis donnée à toi, je t'ai juste accordé une confiance conséquente. Et toi... toi... tu as juste profité au nom de l'Amour, mais bordel qu'est-ce que ça te coûtait de me dévoiler cette réalité... » Elle lâche avec cette émotion dans la voix, son corps devenant lourd. Elle est exténuée rien que d'aborder cette trahison.

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Il s’accroche désespérément à l’idée que se confronter à la demoiselle va leur permettre d’avancer. Il encaisse sa rage, cherche à se défendre, à lui fournir des explications qui ont eu tant de sens pour lui au cours de ces derniers mois. Seulement, il se heurte à un mur et les propos de l’adolescente se font plus destructeur encore. Ils égratignent son cœur comme les lames aiguisées d’un rasseoir. Il garde contenance, mais sa fébrilité est conséquente. Elle inonde son être d’un dangereux venin, qui le paralyse et le blesse profondément. Ses prunelles tremblent sous la teneur des paroles qu’elle profère à son encontre. S’il avait jusque-là une posture encline à vouloir arranger les choses, à prendre le problème à bras le corps, ses illusions s’effritent comme neige au soleil. Son cœur se comprime dans sa poitrine, son regard devient blême tandis que le bout de ses doigts tremble légèrement. Le venin de la douleur envahit son être avec tant de violence, qu’il est pris au piège par les sentiments qu’il a à son égard. Il lui est impossible d’adopter une posture désinvolte face à ce qu’elle pense de lui. Au contraire, elle saigne son être avec autant de virulence que cette réalité a pu l’atteindre. Il inspire profondément, le cœur lourd, le regard bas, coupable. Il admet sa défaite, son impuissance et cette sensation désagréable dévaste tout sur son passage. « Arrête, s’il te plait. » Il murmure dans une voix faible, à peine audible. « Je peux comprendre que tu ne comprennes pas… que tu ne veux plus me croire. » Il fait une pause en inspirant profondément pour puiser les dernières forces en lui. « Mais, je ne t’ai jamais menti, j’ai juste omis d’aborder ce sujet. J’ai fait de mon mieux pour être là pour toi, de te soutenir, de te rassurer quand tu en avais le plus besoin. » Il ajoute en venant détourner son regard du sien. « Plusieurs fois, j’ai eu envie de cracher le morceau. Seulement, j’avais peur. Peur de ça, de cette situation, de ces insultes. Et je ne suis pas parfait. J’admets mon erreur. J’aurai dû t’en parler et je ne vais pas le nier, mais si tu ne me crois plus, si tu penses vraiment tout ce que tu viens de dire, autant que je te laisse en paix. » Il abdique en venant s’éloigner d’elle dans une expression déchirée pour attraper sa veste et quitter l’appartement. Il a besoin de prendre l’air, s’enfiler quelques verres de whisky pour noyer ce mal être qui le dévore avec rage. Il est trop chamboulé pour être capable de faire autre chose.

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La rage envahit tellement le cœur de l'adolescente qu'elle est contrainte de tout exploser. Elle aperçoit la tristesse au fond de ses prunelles, elle sait qu'elle est en train de lui briser le cœur en deux, mais sa hargne est si imposante au creux de ses entrailles qu'elle ne parvient pas à s'arrêter. Les remarques acerbes ne se font que plus nombreuses et elle trouve dans le langage abrupt le moyen de se défaire de sa rancune. La vengeance s'annonce dans chaque réplique et elle demeure enragée face à ses yeux océan teintés par la souffrance. Elle a mal aux tripes, elle déteste le voir ainsi, mais la douleur imposée à son cœur est plus vive encore. « Je sais que tu es pas parfait, je suis pas conne à ce point ! Tu as des défauts mais bordel l'honnêteté c'est ta principale qualité, et là je sais plus à quoi me rattacher. » Ça remet tout en cause. Il a déclenché une véritable tempête dans son esprit et elle ne sait plus où donner de la tête, tant les émotions virulentes explosent en elle. De toute façon il décide de s'éloigner, de la laisser tranquille et il arrange bien ses affaires même si la conversation est coupée court, sans qu'ils n'aient eu le temps de s'expliquer plus franchement. « Oui c'est ça, casse toi ! » Elle s'écrie alors qu'il traverse le salon. « De toute façon je dois pisser. » Elle commente en le voyant disparaître de l'appartement. Son coeur se serre à cette pensée qu'il fuie même sa propre habitation, il doit vraiment être en état de peine. « J'ai entendu mon père crier, il s'est passé quoi ? » Summer apparaît dans le couloir, la dévisageant, tandis qu'elle marche vers les toilettes. « Je crois qu'il était au téléphone. » Elle l'informe simplement d'une voix ordinaire avant de se faufiler dans le cabinet. Elle s'assoit et plonge dans le désespoir en fondant en larmes. Les sanglots agitent son corps, la souffrance l'accable. Elle jouait la forte devant Ciaran, pour ne pas se soumettre à son regard trop bleu, pour ne pas céder trop vite. Pourtant Shannen, c'est une sensible au coeur fragile ; une empathique qui se prend toutes les émotions dans la gueule ; une fougueuse, une impulsive, et quand elle se laisse guider par ses sentiments, l'énergie dont elle use est si conséquente qu'elle se retrouve épuisée, à bout de souffle, le coeur déchiré. Et le regard éreinté, blessé et meurtri que le blond lui a lancé avant de s'envole active immanquablement cet élan de sensibilité qu'elle mettra plusieurs minutes à dissoudre.

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