Allongée contre le matelas de sa chambre, Shannen écoute attentivement les deux adultes discuter au sein du salon. Elle reconnaît la voix du type qui jase avec sa mère, mais elle ne saurait pas comprendre sur quoi retourne exactement leur échange. Sur elle, certainement. C'est la petite princesse de sa génitrice, sa petite chérie aux cheveux d'or. Elle n'a même pas envie d'écouter aux portes, elle sait pertinemment que sa mère aura réussi à taire le sujet de son père. Si elle voulait connaître précisément la nature de leur lien, il faudrait les surprendre. Elle parvient à détecter quelques bribes concernant ses résultats scolaires, et ses fréquentations qu'elle juge merveilleuses, dont celle de Summer, sa meilleure amie. Sa mère semble enthousiaste à son sujet, jusqu'à ce que le monsieur la prévienne de son départ. Elle joue à l'attristée, tente de le convaincre de rester pour le dîner. Il détourne l'invitation, elle insiste ; il prétend devoir rejoindre son conjoint, elle flanche. Shannen devine qu'elle lui accorde son joli sourire attristé et culpabilisateur, qui vous ferait presque craquer. Mais l'homme s'envole réellement et sa mère commence à ranger les assiettes et ustensiles utilisés durant leur petit goûter organisé. Sans un mot et bruit, bouffée par la curiosité, Shannen décide de le suivre secrètement. Elle s'applique dans une course effrénée à travers les escaliers lorsque les portes de l’ascenseur se referment sur elle. Il est déjà sur le parking, à la recherche de ses clés de voiture, enfouies dans ses poches, lorsque la blonde vient à son encontre. Elle tire au niveau de son bras pour le faire réagir. « Bordel, mais t'es qui toi ?! » Elle s'exclame à haute voix, l'air un peu dédaigneux. Elle en a marre de ne rien savoir. Elle veut connaître les secrets qu'on lui dissimule de manière volontaire, sans relâche, jusqu'à l'épuiser psychiquement. Finis les sourires polis, finis les "joyeuse année Shannen". Finis le mensonge et l'hypocrisie. Elle veut la vérité.

Comme pratiquement tous les ans, je faisais la 'visite annuelle' chez la famille Weaver. Juste pour voir si tout allait bien. Et surtout pour ramener des nouvelles du paternel, et vice versa. Bien sûr je n'acceptais pas les crimes qu'il avait commis, mais j'étais probablement un des seuls policiers à croire à la rédemption des gens, à croire aux secondes chance, parfois à tort. Mais là, je voulais croire qu'il y a un possible pour cette famille détruite par des erreurs pas si innocentes que ça. C'est souvent ta mère que je rencontrais Shannen, nous on échangeait pratiquement que des banalités, même si j'étais vraiment curieux de ton avenir, et que je veillais au grain. Mais aujourd'hui tu m'as à peine adressé la parole et tu t'es directement dirigé vers ta chambre. Les joies de l'adolescence probablement. De toute manière ce n'est pas comme si ta mère pouvait faire la conversation pour deux. De toute manière elle semble tellement fière de toi que ça pourrait se voir à des kilomètres. On discute pendant un long moment autour d'un goûter avant que l'heure de départ ne sonne. Comme toujours ta mère m'invite à manger, mais je ne peux que décliner cette fois-ci car cela est assez tendu avec James pour que je ne déborde sur notre peu de temps ensemble. Elle insiste, mais pour une fois je ne cède pas et je prends la direction de la sortie.

Je regagne rapidement l'endroit où est garé ma voiture tout en prenant soin d'avertir James que j'arriverais d'ici une petite heure le temps de faire deux trois courses. Mes clés tintent au creux de ma main, je suis tellement dans mes pensées que je ne t'entends même pas arrivé, alors je suis assez surpris quand tu déboules devant moi en m'attrapant le bras. " Bonjour déjà, mademoiselle, et s'il-te-plaît ça existe. " Je hausse un sourcil, je suis pas chiant, sauf sur la politesse où je peux me montrer intransigeant. Et, désolé, mais tu n'obtiendra rien de moi en m'agressant, malheureusement. Pourtant je n'ai pas dit ça méchamment.

Shannen est agacée d'entendre leurs voix résonner à l'intérieur de l'appartement. Elle n'a pas envie de les écouter, mais malgré elle, en percevant quelques bribes de leurs discours, elle n'a pas le choix de prêter une oreille attentive. Les paroles n'exploitent rien de vraiment intéressant, si ce n'est toutes les qualités que sa mère est capable d'accorder à Shannen. Elle aurait pu en sourire dans d'autres circonstances, mais la rage grandit en elle lorsque l'ignorance se fait si conséquente. Le silence de sa mère sur certaines réalités de son existence la rend hargneuse, curieuse aussi, c'est pourquoi elle préfère s'isoler dans sa chambre sans participer activement à leur échange de banalités. Elle n'en peut plus qu'elle s'entête à lui dissimuler des vérités, alors elle suit discrètement l'homme jusqu'à l'extérieur de l'appartement. Elle le rattrape alors qu'il perd son temps à chercher ses clés au fond de sa poche, puis le brusque avec son questionnement. Elle ne désirait pas être agressive avec lui, elle est simplement usée de sa méconnaissance. Sa voix s'est simplement éprise, même imprégnée, de la profonde colère qu'elle ressent au quotidien. Ce n'est pas tellement contre lui, c'est plus contre la vie et son aveuglement qu'elle hurlait. Alors lorsqu'il la reprend, la rembarre en soulignant un manque de courtoisie, Shannen s'étonne, puis aimerait lui rire au nez. Qui est-il pour se permettre de la remettre en place ? « Bonjour, monsieur. » Elle reprend pour respecter les conditions qu'il impose, mais avec cette voix quelque peu dédaigneuse, exagérément polie. Elle aimerait obtenir quelques réponses, et elle sent qu'il pourrait lui apporter si elle parvient à s'adoucir. Il ne faut pas trop lui en demander non plus ; elle est à l'âge de l'adolescence, de la rébellion. Elle n'a pas envie d'obéir aux règles, aux codes sociaux. Ce n'est pas pour autant qu'elle lui manque de respect. « Pourquoi placer de la politesse là-dedans ? Je vous demande juste votre identité. J'ai quand même le droit de savoir, vous venez chez nous une fois par an. » Elle l'interroge par curiosité, ayant repris son ton calme afin de ne pas le bousculer davantage. « Vous aidez ma mère, c'est ça ? Mais pour quoi ? » Elle tente une hypothèse, essaye de deviner l'origine de leur lien et l'identité de ce bonhomme qui pointe le bout de son nez en chaque début d'année.

Je n'avais jamais compris vraiment pourquoi je ne t'apercevait qu'en coups de vent, et que ta mère semblait te mettre délibérément de côté de sujets pourtant important pour toi. Malheureusement je n'étais vraiment en mesure de dire quoi que ce soit puisque je suis simplement censé prendre des nouvelles pour le transmettre à ton père et vice-versa. Alors si je ne suis pas d'accord avec ça, je peux juste tenter de le faire constater, et si elle n'en tient pas compte, et bien ce n'est plus de mon ressort. Mais, je me connais si jamais la jeune fille me confronte je serais bien incapable de lui mentir face-à-face. Dans le cadre de mon travail je sais parfaitement jouer sur les apparences. Parce que c'est mon travail. En dehors de ça j'ai plus de mal, surtout quand on me confronte directement. Sinon je suis plutôt du genre à esquiver le confrontation. Il est temps pour moi de regagner mon chez moi pour passer un peu de temps avec mon compagnon, malgré que l'ambiance ne soit pas au beau fixe, mais je n'ai pas vraiment envie d'envenimer le climat plus qu'il ne l'est déjà. Je suis en train de chercher quand tu m'interromps, plutôt franchement et énergiquement. Malgré tout je suis pointilleux sur la politesse, et cela me donne un peu plus de temps sur ce qui va finir par arriver. Ton ton est dédaigneux, digne d'une adolescente de ton âge. Il ne me choque pas plus que ça, c'est pas bien échant au fond. Et je comprends parfaitement que mes visites annuelles doivent bien te poser des questions. Je suis d'ailleurs surpris que tu ne m'aies pas confronter plus tôt. Je hausse un sourcil avec un mince sourire, sans moquerie ni jugement " Juste, j'ai tendance à ne pas répondre aux questions dans ce cas-là " Je m'adosse contre ma voiture tout en croisant mes jambes. Apparemment je n'étais pas parti puisque tu semblais vouloir m'accaparer pour des réponses. " Tu as déjà demandé à ta mère ? Elle aurait pu te fournir des réponses, déjà. " Ce n'est pas un reproche, juste une constatation. Elle semblait tellement fier de toi que j'ai du mal à concevoir qu'il y ait des problèmes de communications entre vous. Je sais qu'elle n'est pas spécialement emballée que tu sois au courant pour ton père, mais de là à cacher mon identité, c'est fort. " Je suis Matthias, mais tu dois déjà le savoir. Et je ne sais pas si on peut dire que j'aide vraiment ta mère. Enfin pas matériellement quoi. J'apporte plutôt des information ". Je ne vois pas ce qu'il y a à cacher dans ça, à moins que tu sois du genre à fouiner et que ta mère ne veut pas, mais je suis de l'avis qu'elle aurait déjà, depuis longtemps, t'avouer la raison de mes visites.

Shannen s'obstine à vouloir toucher la vérité du bout des doigts, alors elle court après sans cesse, sans relâche. C'est pourquoi elle suit aventureusement Matthias, l'ami de sa mère qui leur a (encore) rendu visite en début d'année. Elle réalise qu'il détient certainement une part de la réalité que sa génitrice s'obstine à lui dissimuler, alors elle se précipite vers lui pour s'accrocher aux révélations qu'il pourrait glisser de sa bouche. Seulement son ton hargneux s'échappe, sa rage s'éclate sans même qu'elle puisse les contrôler. La colère qui l'habite de plus en plus ne demande qu'à s'exprimer, et cette explosion d'émotions ne réclame que des réponses simples centrées sur l'honnêteté. Après un court échange, l'adolescente comprend que ce ne sera pas une mine affaire de lui tirer les vers du nez. Tout ça pour une histoire de politesse. Tout ça parce qu'elle a crié un peu fort, après avoir longuement contenu ses sentiments au plus profond d'elle. « Oh je vous en prie, ne faîtes pas votre indigné ! » Elle soupire d'agacement en tournant les yeux dans ses orbites, abusée de le sentir si peu réceptif à sa requête. Il glisse une cigarette au creux de ses lèvres, se collant à la voiture, ce qui le rétrécit légèrement. Shannen doit quand même relever la tête pour coincer son regard dans le sien. « Je peux en avoir une ? » Elle a l'audace de lui demander une clope comme elle le ferait avec Ciaran, avec ce regard plein d'innocence jeté sur lui. Elle a besoin d'aspirer cette merde pour décompresser quelque peu. Sa mère ne peut pas la voir en haut de l'immeuble, leur appartement est situé sur l'autre façade. « Oui bien sûr, et plusieurs fois. Elle me répond tout le temps que vous êtes un ami, et que vous lui rendez visite en chaque début d'année pour souhaiter de bons vœux. Mais je sens que quelque chose se trame là-dessous. » Sa manière de ne pas préciser son identité en profondeur, ou de ne pas s'étaler sur tous les échanges qui ont eu lieu entre eux, comme elle adore le faire avec tous ceux qu'elle croise. Ce silence pesant, ou cette impression d'un changement de sujet, lorsqu'elle rentre du lycée et tombe sur cet homme. Une tension palpable dans leurs voix, perceptible dans leurs yeux. Comme si quelque chose venait d'être évoqué et qu'ils espéraient volontiers qu'elle n'ait rien entendu. « Vous apportez des informations ? » Elle s'étonne, le scrute dans les yeux pour en savoir davantage. « Et quel genre d'informations, Monsieur ? » Elle exagère en employant une marque de politesse, le sourcil relevé, lui donnant un air dédaigneux, presque provocateur. Cap ou pas cap de tout balancer ?

Tu est totalement dans l'âge non seulement de la rébellion, mais là où on part également en quête de vérité. Un âge pas évident pour tout adulte qui s'y retrouve confronté, mais pourtant tellement nécessaire. Tu viens donc me confronter directement hors du cocon familial, tu ne voulais probablement pas que ta mère le sache, or c'est à elle que tu devrais demander ces informations, pas à moi. Car là tu me mets dans une position délicate. Je ne peux pas tout te révéler, car ce n'est pas à moi de le faire, de plus que j'en ai fait la promesse à ta mère. Pourtant je ne suis pas totalement d'accord avec sa démarche. Et je déteste mentir, alors j'allais devoir tenter de faire diversion, de contourner un peu la vérité sans pour autant te mentir. Mais je détestais être bousculé, adolescente ou non, c'était le meilleur moyen de me braquer. Et ton comportement menait tout droit à ce chemin. Je ne relève pas alors que tu lèves les yeux au ciel. Tu aurais même tendance à aggraver ton cas alors que je sens que tu as vraiment envie et besoin d'avoir les réponses que tu sembles vouloir me réclamer. Je prends donc une cigarette de mon paquet et tu en quémandes une. Je secoue négativement la tête. " Je ne pense pas jeune demoiselle." En tout cas pas de cette manière. Et c'est un vice dont j'aimerais bien me passer, James aussi d'ailleurs, qui râle à chaque fois qu'il me voit fumer. Alors je ne vais pas pas te pousser dans cette voie non plus. tu finis par dévoiler ce qu'elle dit de moi. Je prends une taffe de ma cigarette avant de hocher la tête. " Ce qui est effectivement le cas. Après c'est elle qui choisit de dévoiler ou non le contenu de nos conversations." Si tu ne me poses pas de question directes, je ne dirais rien. Autant jouer à l'autruche pour être certain que je n'en dévoile pas trop, en tout pas plus que nécessaire. Je lâche néanmoins quelques bribes, rien de bien méchant, même si je sais que ça ne fera qu'attiser ta propre curiosité. " Des genres d'informations que tu devrais directement demander à ta mère, mademoiselle. Je suis parfaitement d'accord sur le fait que tu devrais savoir, mais ce n'est pas à moi de le faire." Je termine rapidement ma cigarette, je commence à me sentir acculé contre un mur, et que je n'aurais plus d'autre choix que d'avouer que cela concerne ton père. Ce qui risque de créer un sacré cataclysme. Je suis dans une sacrée merde.

Peut-être que ce Matthias est son père ? Après tout, toutes les alternatives sont imaginables au niveau où elle se trouve. Et pourquoi pas, après tout ? Sa mère la tanne chaque fois pour qu'elle vienne lui dire bonjour. Comme si créer le contact avec cet homme était d'une importance capitale. Pourtant elle n'entretient aucun lien avec lui. Il passe seulement une fois par an environ, pour s'assurer que la famille Weaver se porte bien. Et puis s'en va. Et puis revient. Une pratique devenue ordinaire à laquelle Shannen a été forcée de s'habituer, sans même connaître l'identité de cet inconnu. De ce fantôme, comme elle aime bien l'appeler. Alors l'hypothèse n'est pas réfutable, mais elle ne trouverait pas de raisons justifiables de lui avoir dissimulé. Après tout, Matthias a l'air d'être un homme tout à fait respectable. Certainement trop puisqu'il lui refuse la cigarette qu'elle désire. « S'il vous plaît ? Il faut dire le mot magique pour obtenir votre générosité ? » Elle insiste avec son sourire doux, la voix polie mais légèrement dédaigneuse avec les paroles qu'elle recouvre. Elle continue de l'interroger à l'égard des conversations entretenues avec sa génitrice, de leur lien aussi. Elle aimerait seulement connaître son identité, mais il détourne, repousse le moment de vérité. « Vous n'êtes pas décidé à m'aider, hein ? » Elle demande avec franchise, assez lucide pour repérer son manque de participation. Il se fiche qu'une gamine ne parvient pas à se construire totalement parce qu'elle ne détient pas ce bout de vérité qui manque à son existence. « Je vous l'accorde, ce n'est normalement pas à vous de le faire. Mais quand la responsable a décidé de se taire, les autres peuvent faire un tout petit effort... Qu'est-ce que je peux faire ou donner en échange de ces informations ? J'insiste, je veux savoir. Je vous en prie ! Ma mère ne veut vraiment rien dire. Et vous pensez bien que je l'ai déjà harcelée. Je n'en peux plus de le faire et de n'avoir aucun retour. » Elle explose sa frustration devant lui pour essayer de le convaincre, s'indigne même du comportement de sa génitrice, qu'elle trouve de plus en plus injuste, enfantin et détestable. Alors elle se tourne vers cet individu qu'elle méconnaît, désireuse de connaître la vérité cruelle que tout le monde lui camoufle.

Je suis vraiment dans une situation délicate. Je n’aimais pas vraiment être ris entre deux feus, mais c’est le cas, et maintenant il n’y a que moi qui eut me dépêtrer de micmac. La situation n’était pas compliquée avant. Je devais rester discret sur ce que je venais faire et dire cher vous en ta présence. J’avais été obligé d’accéder à la demande à ta mère, car elle ne voulait rien entendre de mon raisonnement. Même si elle sait que ça finira par se retourner contre elle. Je soupire parce qu’en fait c’est plutôt moi qui me retrouve dans la pire situation. Et que je sais que je vais finir par lâcher quelque chose qui ne faut pas. Mais ce n’est-il pas le but, finalement ? je soupire, et j’ai bien besoin de nicotine pour tranquilliser mes nerfs, déjà mis à rude épreuve par mon quotidien compliqué. Je refuse de t’en donner et je ne démordrais pas de ça, tu es bien trop jeune de toute manière. Et si d’autres acceptent, c’est leur problème. « Même avec cela, ça ne fonctionnera pas avec moi, vous êtes bien trop jeune mademoiselle. » j’avais adoucit le ton de ma voix pour ne pas rentrer dans ton jeu. Je te regarde, j’étais terriblement tenté de lâcher un peu la bride, de te donner des informations. Je laisse apparaître un faible sourire avant de secouer la tête. « Ce que je souhaite et décide ici n’a pas vraiment d’importance… » Je hausse un sourcil en soupirant. Je réfléchis pour voir jusqu’à où je peux aller dans mes révélations. Tu fais une plaidoirie en ta faveur, plutôt convaincante je dois bien l’admettre. Je t’écoute attentivement en tout cas. « Je l’aurais déjà fais depuis bien longtemps si ta mère ne m‘avait pas obliger à taire les raisons de ma venue chez vous. Et vous n’avez pas à donner quelque chose. » Je soupire tu m’as vraiment mis au pied du mur. Je me crispe, je n’aimais pas vraiment cacher des choses ou dévoiler des choses que l’on m’a confié mais ça te semblait vital. « Si je viens chaque année, c’est que ta mère a en quelque sorte besoin de mes informations, on a une personne en commun. Je peux dire que je sers de relais entre eux. » Mais ne m’en demande pas trop je ne pourrais pas t’en dire plus qu’il n’en faut

Shannen n'a pas l'intention de lâcher cet homme avant d'avoir reçu un bout de vérité. Elle veut seulement obtenir quelques informations car elle sait qu'il les détient du bout de ses doigts, et s'obstine à les faire glisser de sa bouche. Il n'a pas l'air d'humeur clémente, ni de prêter d'attention à son cas, mais elle fait preuve d'obstination pour tenter d'obtenir ce qu'elle désire. La démarche semble vouée à l'échec puisque même une cigarette, il la refuse en prétendant qu'elle est trop jeune. Est-ce qu'elle n'est pas assez vieille non plus pour connaître la réalité qu'on lui dissimule ? C'est certainement l'excuse que se donne sa mère pour l'exclure de sa propre existence. « Et vous, bien trop vieux, Monsieur. » Elle rétorque pour pointer son esprit étriqué devant l'adolescence. Certainement qu'il croit que ça va l'arrêter, mais elle saura avoir sa dose de nicotine de la journée. Elle est nécessaire pour souffler avec ce taux de frustration élevé. Elle tente de rester polie et poursuit ses suppliques pour le faire céder, craquer devant ses airs accablés. Il résiste sans cesse, sans lui donner d'indices ou ne serait-ce qu'une piste qui pourrait la diriger. Jusqu'à ce qu'il dévoile l'origine de leur discussion, qui se porte sur une connaissance commune. « Une personne en commun ? » Shannen s'étonne, cherchant à en savoir davantage. Elle a évidemment envie de connaître son identité, ce qui les pousse à échanger sur cet individu. « Comment ça, de relais ? Ma mère ne peut pas voir cette personne ? » Elle l'interroge alors, avec cette curiosité empreinte dans sa voix et ses paroles. Elle ne peut pas la retenir, elle s'est activée et ne sera satisfaite qu'en obtenant un semblant de vérité.

Tu semblais particulièrement déterminée à me tirer la vérité. Je suis, familièrement, le cul entre deux chaises. J’avais fais une promesse à ta mère, quelque peu à contrecœur, de ne pas t’en parler, et malgré le fait que je ne sois pas d’accord avec cette idée. Tu étais en âge de comprendre la situation. Je comprenais donc ton besoin de comprendre ce que l’on te cachait, mais ce n’est pas pour autant que je peux t’en dire plus. Je suis, malheureusement pour ce cas, un homme de parole et donc ce n’est pas moi qui te dévoilerais cette triste vérité. Mais je note dans un coin de ma tête qu’il allait falloir que j’en touche un mot à ta mère, une nouvelle fois. J’allais tenter de lui faire entendre raison, la prochaine fois. « C’est possible, mademoiselle. » Je hausse un sourcil, impassible à ce genre de reproche. Tu peux penser ce que tu veux de moi. Parce que tu ne me connais que pendant nos rares entrevues alors je ne peux pas t’en vouloir. Et sérieusement quel jeune aurait envie de connaître un vieux tel que moi ? Je ne suis pas bien intéressant. Je finis cependant par lâcher la bride, pas énormément pourtant, mais assez pour attiser ta curiosité, je le remarque à ton regard qui pétille un peu plus. L’intérêt est ravivé. « Un ami, en quelque sorte » Je ne peux que te donner de la matière pour confronter ta mère. « Si, ils peuvent se voir, mais on va dire que c’est assez compliqué, et que je vois plus régulièrement cette personne » Le plus compliqué reste cependant de ne pas avouer qu’il s’agit de ton père. « Et je ne peux vous en dire plus, le reste est à découvrir par vous-mêmes et votre persévérance. » Ce que je ne doute pas un seul instant.