Elle claque la porte de son appartement et se dirige vers l’ascenseur, d’une démarche peu enthousiaste. Alors qu’elle l’attend, Daniela en profite pour déverrouiller son téléphone portable, qui grouille de mails non-ouverts en tout genre et de notifications ignorées. La pastille rouge indiquant des nouveaux messages vocaux lui fait de l’œil, mais elle détourne le regard, et finit par ranger l’objet au fond de son sac avant de constater que l’ascenseur n’est toujours pas arrivé devant elle. S’impatientant, elle s’acharne sur le bouton d’appel et lâche un léger soupire, sachant pertinemment qu’il n’arriverait pas plus vite de cette façon. Elle tourne alors les talons et empreinte les escaliers, qui auront été une alternative beaucoup plus rapide. Il est neuf-heures et demi lorsqu’elle met les pieds dehors ; elle accélère le pas, Daniela a beau être ce qu’elle est, son travail compte beaucoup pour elle et être en retard n’est pas quelque chose qu’elle peut se permettre de faire en ce moment. Elle début, doit faire ses preuves et en est consciente. Mais alors qu’elle s’apprête à prendre le chemin pour Leeds, elle pose une main sur ses yeux, puis deux doigts sur ses paupières fermées, dégoûtée. Elle se souvient avoir oublié de récupérer quelques affaires à elle chez sa mère, affaires qu’elle n’aurait pas le temps de récupérer plus tard, et surtout, qu’elle n’aurait pas envie de récupérer plus tard. Pour la simple et bonne raison que voir sa mère, ne serait-ce qu’en photo lui donnait la nausée, sans exagération aucune. Elle jette un nouveau coup d’œil à son téléphone afin de se renseigner sur l’heure, et en déduit que sa chère mère devrait être déjà partie pour l’école. Elle aurait pu envoyer un message à sa petite sœur afin d’en être certaine, mais la petite part non-égoïste de sa personne décide de ne pas l’impliquer plus que de raison dans cette histoire, pas pour des futilités dans le genre. En quelques secondes, elle se retrouve derrière le volant, à rouler comme une motarde et manquant de griller des feux rouges. Elle est sereine en arrivant devant la maison familiale, elle devrait être vide à cette-heure là. Possédant toujours une copie des clés, Daniela ouvre la porte du logement et se précipite à l’étage, au niveau de son ancienne chambre. Dans son rush, elle n’entend pas l’eau d’une des salles de bain couler, et pénètre dans la chambre dans laquelle elle a passé vingt-deux années de sa vie. Elle s’attelle et attrape le tailleur oublié, depuis la grande dispute. Il était posé sur le lit, nettoyé et probablement soigneusement repassé par sa mère, étonnement toujours au petit soin. Elle serre les dents, et alors qu’elle compte sortir de la chambre, une voix plus que familière l’interrompt dans son geste. « Dani, tu aurais dû me prévenir que tu passais, j'aurais préparé quelque chose... » Pensant être seule dans la demeure, sa première réaction est de sursauter. « Jesus Christ, don’t people knock  on doors  here anymore? » Puis elle se retourne lentement, pince les lèvres et hausse un sourcil, lui donnant un air plus que méprisant. Elle ne fait aucun effort. Quand elle la regarde, elle ne voit pas sa mère, mais une personne qui l’a trahie de la pire des façons, et ça l’enrage. « And if I had known you were here , I wouldn’t have come. I’m outta here. » Elle passe devant sa mère sans même un regard, et traverse le couloir qui mène à la rampe d’escaliers, décidée à quitter les lieux le plus vite possible.