La surprise m'a d'abord secoué lorsque tu as prononcé quelques mots pour décoincer ta culpabilité. J'avais besoin de plus d'explications pour comprendre la situation qui me dépassait, et plus on plongeait dans cette réalité blessante, plus la colère me dominait. J'ai cette hargne qui me reste collée au fond de la poitrine et qui menace d'exploser à chacune de tes paroles déchirantes. Je manifeste parfois la haine que j'éprouve à votre égard pour la déloyauté dont vous avez fait preuve, puis je regagne un peu d'énergie sans te témoigner cette rage virulente. Je n'ai pas suffisamment de force en ma possession pour te crier dessus à longueur de temps, et encore moins pour saccager ta vie comme tu t'appliques à le faire avec la mienne. Tu bousilles toute la solidité de notre relation, même si elle était instable en ce moment, surtout avec notre dispute récente se portant (encore) sur le mariage. Tu fous tout à la poubelle comme si ma valeur s'était soudainement dissipée. Tu ne m'accordes plus le respect que tu me dois en ayant commis une trahison à la hauteur de tes multiples mensonges. Alors mon cœur se serre, est tourmenté face à la vérité tranchante que tu me dévoiles. Tu l'inondes de cette douleur lancinante qui me donne l'impression qu'on m'enfonce un poignard et qu'on le retire sans cesse. « Je crois que je peux répondre pour toi. » Je commente parce que j'ai cette sensation de trop te connaître, et que tes réactions sont parfois évidentes. Je pensais tout savoir de toi, mais j'ai été terrassé par l'étonnement face à ton infidélité, car c'est un péché auquel je ne t'aurais jamais rattaché. Je croyais qu'on était trop respectueux pour chercher cette passion sulfureuse dans un autre homme. « Tu n'aurais jamais commis une telle trahison pour quelqu'un d'insignifiant. Pour qui tu n'éprouves pas d'amour. » Tu ne te donnerais pas à n'importe qui, ça je le sais. Mais Judson et toi, ça semble encore tant improbable dans mon esprit. J'ai envie de vous bouffer pour la morosité que vous m'infligez. Surtout Judson et ses airs compatissants, qui m'écoutait gentiment, alors qu'il avait juste envie de te sauter. Un sacré enculé de première. Ça se dit ami et ça baise mon homme. C'est une vermine que je ne fréquenterai plus jamais de mon existence, et tu devrais en faire de même, pour le peu de loyauté qu'il t'accorde à toi aussi. Il aurait dû te repousser, t'aiguiller vers moi, plutôt que profiter de ton état de fébrilité. Je lui en veux terriblement, même si la responsabilité te revient en partie. « Ou alors tu serais un salaud jusqu'au bout. » Je reprends avec cette rage qui continue de dévorer mes tripes. « Arrête d'être lâche, tout le temps. C'est fatiguant. » Assume tes sentiments une bonne fois pour toutes, assume d'être un enfoiré. Assume surtout que tu as pas les couilles de m'affronter réellement, encore une fois. Quitte à me briser, à déchiqueter mon existence, fais-le jusqu'au bout. Ne fais pas que frôler la vérité, éclate-la complètement et assume ce trouble persistant à son égard. Admets ce que tu ressens pour lui, j'ai besoin de l'entendre. « Qu'est-ce que tu comptes faire au juste ? » Je lance enfin un regard vers toi pour croiser le tien, aussi exténué et rongé par la tristesse que le mien.

le cœur est lourd. Et pourtant ma gorge est sèche et à court de mot. Je suis assis comme un con dans ce salon. Il n’y a pas de bonnes manière de faire, on doit juste apprendre à assumer comme on peut cette situation. Passer pour le salaud c’est inévitable, mais si je peux éviter de te blesser davantage, je le ferais avec grand plaisir. Je sais que c’est le calme avec la tempête. Tu restes incroyablement calme alors que je préfèrerais la tempête, que tu me cries ta douleur au visage. Je le mériterais amplement de toute manière. J’avais continué de provoquer le saccage de notre relation qui avait bien été entamé avec nos disputes incessantes. J’avais porté le coup de grâce. Je ne pouvais pas faire mieux, ou pire. La trahison, je ne l’avais jamais envisagé dans notre couple. c’était même fortement improbable. Et pourtant on n’était pas si à l’abri que ça. Mais je n’étais plus vraiment la personne que tu connaissais depuis quelques mois, je me surprenais parfois à me dégoûter de moi-même. Le changement avait commencé à s’installer depuis quelques temps, et ce malgré le fait que j’ai refusé de le voir. Maintenant je me le prends en pleine face, et j’allais devoir faire avec. Je redresse mon visage alors que tu prends la parole pour dire que tu peux répondre à ma place. Comme toujours. Tu es cette personne qui me connaît le mieux, mais à qui je n’ai rien trouvé mieux que de détruire sa vie. « Tu as raison, ce n’était pas un geste en l’air » Je soupire, je n’avais jamais été du genre à coucher juste pour le plaisir de la chair. Mais je ne sais pas si je suis vraiment amoureux de Judson, ou si ce n’est qu’un mélange de sentiments étranges qui s’installent au creux de mon ventre. Mais, depuis le baiser volé, force est de constater que je ressens certains choses pour Judson que je ne ressentais pas auparavant. Mais je ne parviens pas à l’expliquer maintenant, c’est trop tôt, trop embrouillé dans ma tête pour que je te donne une explication claire et censée. Je devais déjà éclaircir certaines choses avant de savoir ce que je voudrais faire réellement. Prendre du recul pour tenter de comprendre certaines choses, et me poser les bonnes questions. Malheureusement je devais déjà t’en parler. Tu m’accuses de ne pas être assez franc, t’as pas forcément tort, mais je ne le suis déjà pas avec moi-même alors il m’est compliqué de l’être avec les autres. « Je ne sais pas ce que je ressens James, quels sont mes vrais sentiments. » Je sais que les nôtres sont là, sinon je ne serais pas remplis de remords et de culpabilité à l’idée de ce que tu es en train de subir. Mais je porterais ce poids de la culpabilité, c’est ma croix. « Partir, loin de tout pendant quelques jours, histoire de faire le point. De savoir ce que je veux vraiment » Je ne vois pas ce que je pourrais faire. C’est à moi de partir, pas à toi. Et avoir un environnement inconnu allait probablement m’être bénéfique pour réfléchir.

La rage m'inonde mais ce n'est rien comparé à la douleur qui me transperce le cœur. J'ai toujours cette sensation qu'on me l'arrache dans une poigne ferme et persistante, sans me laisser un moment de répit. J'étouffe dans ce flot de souffrance qui me décime la poitrine et rend ma respiration saccadée, fragile. L'air peine à envahir mes poumons, à tel point que ma tête commence à tourner devant les vérités qui se succèdent. Je te pousse à me confier la vérité mais tu as de la difficulté à me présenter les faits tels qu'ils sont. Je pointe alors ta lâcheté pour tenter de te faire agir, et aussi car tu as manqué de franchise durant des semaines. Je me prends la réalité de notre relation, et de tes sentiments, en pleine figure. Il était temps. Seulement ça n'en demeure pas moins pesant et douloureux. Tu m'écorches le cœur par ton silence, ta manière de contourner le sujet de tes sentiments. Je t'incite à me dévoiler ce que tu éprouves concrètement pour Judson, en t'aiguillant, et tu deviens finalement réceptif. 'Ce n'est pas un geste en l'air', tu confirmes, admettant ton attirance profonde pour Judson. Tu n'as pas couché avec lui par accident, et mes doutes s'envolent pour laisser place à des crampes violentes aux creux de mes entrailles. Tu écorches mon cœur avec cette vérité déchirante, mais j'avais besoin de connaître le taux de votre désir durant cette nuit torride. Vous vouliez que vos corps se frôlent avec sensualité, de cette étreinte lascive échangée. Vous vouliez indirectement ces nausées qui m'envahissent ; cette gorge qui se serre sous l'émotion forte. Votre déloyauté en tout cas me brise le cœur au fil des minutes. La confiance que j'ai misée sur vous deux était telle que je suis encore sous le choc, à m'affirmer que c'est improbable. Parce que pour l'un comme pour l'autre, j'aurais pu donner ma vie toute entière. J'aurais pu me crever à votre place. Et derrière mon dos, vous avez manqué de fidélité et de respect à mon égard. Je suis dévoré par la honte d'avoir été si naïf et stupide ; et par cette souffrance continue qui m'étouffe. « D'accord. Tu iras où ? » Je te demande par curiosité pour ne pas me faire de soucis pour rien. Juste pour me rassurer légèrement car je sais que je vais flipper, malgré tout, si j'ignore où tu te trouves. Comme durant cette nuit de merde que tu m'as fait subir. « Reviens quand tu en sauras plus. On en parlera. » Je commente sans cette animosité qui n'avait pas quitté ma voix jusqu'à lors. Je n'ai plus la force de me laisser bouffer par la hargne, ni même de bouger de ce canapé. Alors je reste là, l'affliction profonde me rongeant les nerfs et le cœur.

Je ne suis pas fier de ce moment, loin de là. Te voir souffrir est pire que tout, surtout quand j’en suis le seul instigateur. Mais tu ne parviens même pas à m’envoyer ta haine à mon visage. Pourtant cette situation ne me soulage pas. Tu gardes tout en toi, encore une fois. Tu n’as probablement plus la force de te mettre en rogne, de m’éclater ta douleur au visage, comme on parvenait si bien à le faire avant. Le fossé était devenu un océan. Peut-être que l’on ne pourra plus jamais le traverser. Je ne devais la dérive de notre couple qu’à moi-même. Je t’entraine dans un abyme de souffrances par ma seule erreur. Je suis réticent à t’envoyer en pleine face mon trouble concernant mon meilleur ami. Mais il faut que je le fasse, et tu me pousses également à le faire. Je ne pouvais plus manquer de franchise avec toi, je l’avais déjà fait, et maintenant j’en paie les conséquences. Mais, si je t’en avais parlé avant cela n’aurait peut-être rien changé. L’issue aurait peut-être été la même. Je ne cherche pas à ce que tu comprennes, je ne te demanderais pas une telle chose, vu que je ne l’explique déjà pas à moi. On se retranche chacun de notre côté, le silence s’installe entre nous. Tu me demandes ce que je vais faire, et je me contente de hausser les épaules. Je ne sais pas trop si e n’est que je pense qu’il est mieux que je m’éloigne pendant quelques temps, histoire de faire le point sur ma vie. « À l’hôtel, je pense, peut-être à Leeds. Je n’en sais rien, je verrais bien. » Je t’indique cela, en espérant que tu ne cherches pas à me contacter. Même si je ne le pense pas. « D’accord. Fais attention à toi. » Tu confirmes mes doutes et je ne peux m’empêcher d’espérer que tu ne fasses pas de conneries. Surtout que je ne peux vraiment demander à personne de veiller sur toi pour que tu ne fasses rien de regrettable, je ne me pardonne pas mon geste, mais ce sera pire. Je me lève, et je prends ma veste. Je te lance un dernier regard, lourd de douleur. Et la vision que tu m’offres me fait me détester davantage. Pardonne-moi.