Achille s'ouvre, il s'ouvre pour laisser Callum rentrait dans cette zone que personne ne connaît. Aujourd'hui, il n'y a que lui qui connaît le passé de ce gars bouleversé. De ce gars qui essaye de remonter la pente. Il fut un temps où il arrivait à oublier à l'aide de quelques verres alcoolisés et une baise en fin de soirée. Aujourd'hui, il oublie dans les bras de son amoureux. Achille ne se sent en sécurité que quand Callum est présent. C'est bizarre, parce qu'avant, ils étaient à des kilomètres de cette relation, et aujourd'hui, elle est tellement importante qu'il ne se voit plus se réveiller sans que Callum ne soit dans ses bras. Il a pris une trop grande place dans sa vie qu'il lui interdit d'en sortir. Il risque de ne pas y survivre. Il risque de se laisser aller dans les bras de Satan, au fond des ténèbres, pour l'éternité. Callum l'écoute attentivement, et ça le rassure de se confier à quelqu'un qui l'écoute réellement, qui ne cherche pas simplement à avoir des réponses parce qu'on est simplement trop curieux. Bien au contraire. Achille a besoin de se confier sur son passé, tout comme il a besoin de le confier à quelqu'un de très important. Call est cette personne, et il sait qu'il ne regrettera jamais de s'être livré. Il apprécie d'être serré de cette façon. De comprendre que maintenant, quoi qu'il arrive, il ne le lâchera plus. Qu'il sera toujours là, pour réussir à recoller les morceaux d'une âme brisée, d'une âme détruite par des hommes terribles. « J'ai une arme qui est cachée dans chaque pièce. Parce que c'est ma façon à moi de me protéger. Avant toi, j'étais pas en sécurité, quand t'es pas là, je me sens pas en sécurité. C'est la première fois que je l'utilise... Mais pour la première fois, mon rêve a changé et t'étais dedans. » Les larmes reviennent de plus belles quand les images défilent. C'est comme un film, une bande qui ne s'arrête jamais, c'est horrible. « Et t'étais mort bon sang. » Son corps est pris de tremblement, alors il secoue la tête pour chasser ses images, ses sons qui ne s'arrêtent pas. Il s'accroche à lui, comme une bouée de sauvetage. « Et j'ai pas envie de te perdre. T'as pris une trop grande place dans mon coeur, et j'ai pas envie que tu ... j'ai pas envie de me réveiller et voir la place vide à mes côtés. J'ai pas envie de voir que t'es plus là. » Les larmes coulent, il s'accroche juste à Callum, sans le regarder. Son coeur bat vite. Bat fort. Il est tellement vulnérable bon sang.

Callum est décidément en présence d'une autre personne. Quand leur relation n’était que du sexe, Achille se montrait toujours comme un homme qui ne laissait rien le pénétrer. Il se la jouait dur, il était fort, sûr de lui-même. Bref, il était à l’encontre de ce qu’il laissait transparaître maintenant. Et ce que Callum réalise, c’est que ce bouleversement est si profond que rien ne peut réellement l’affecter de la même façon que ce qu’il a vécu dans l’armée. Alors oui, Achille est fort. Il peut en prendre. Beaucoup même. Mais c’est parce qu’il a vu bien pire, a ressenti bien pire. Le jeune avocat n’aime pas le voir dans cet état, dans une telle précarité. Il est tombé amoureux du Achille au caractère fort, à l’esprit de combattant et à la tête dure. Il veut retrouver l’homme qu’il aime, quoique heureux. Parce qu’au fond, il n’a jamais été épanoui; du moins, pas quand ses yeux se ferment pour embrasser des images d'une atrocité poignante. Callum veut effacer ce mal qui le torture, il veut lui offrir un nouveau départ loin de ces songes qui tarissent ses nuits. Adossé contre la tête de lit, il lui caresse les cheveux, les yeux fixant le vide. L’entendre parler lui fait tant de mal et ce n’est pas parce qu’il ressent que de l’empathie. C’est plus profond que ça, plus intense. Ça le déchire d’une façon inhabituelle. Parce qu’au fond de lui, Achille n’est pas que le type pour qui il a des sentiments. C’est le gars qu’il aime, aussi surprenant que cela puisse être. Sa réalité a été déconstruite de toute part par son amant. Certes, le jeune homme a de la difficulté à vivre avec ce fait, mais il est néanmoins heureux. Parce que bordel qu’il ne se voit pas vivre sans lui. Et il veut le garder dans sa vie, quoi qu’il en coûte.
Lorsqu’Achille éclate en sanglots, Callum l’implore d’arrêter. Il n’en peut plus d’entendre ces pleurs qui déchirent le silence de la nuit, n’en peut plus d’entendre ces paroles qui poignardent cruellement son coeur. « Tout ça c’est pas réel, Achille. C’est du passé, c’est fini. Y’aura plus rien. T’es plus dans l’armée. Ça n’efface pas ce que tu as vécu, mais tu peux pas continuer à regarder en arrière. Sinon tu avanceras pas », lui explique-t-il en cherchant son regard. Il a besoin qu’il comprenne, il a besoin de le ramener dans le présent. « Faut que tu cesses de vivre dans la peur », poursuit-il. Doucement, il descend ses yeux vers ses lèvres et les embrasse tendrement. Sans même y penser, sans même le contrôler, il interrompt le baiser et souffle « Je t’aime, Achille ».

Le sentiment d'être quelqu'un de briser est présent. C'est normal. Il se force à oublier tout ça, mais ça lui prend d'un coup, les pensées reviennent d'un coup, les cicatrices sont présentes. Alors... Alors la réalité de son passé refait surface. Il en a honte. Il n'est pas fier de lui, parce que cette expérience a totalement traumatisé l'ancien militaire. Il n'arrive pas à être heureux d'en être ressorti indemne, d'être vivant, de respirer, alors que d'autres ont perdu la vie dans des conséquences aussi tragique que ce qu'il a vécu. Il doit vivre pour les autres, il doit se montrer fort, quoi qu'il arrive. Dans les bras de ce garçon, de cet homme, il a vraiment la sensation de remonter à la surface. C'est pas totalement ça, mais il commence à voir la lumière du tunnel. Callum lui apporte beaucoup de choses dans sa vie sans qu'il ne le réalise vraiment. Il se permet d'être heureux. Puis, il a arrêté ses conneries, il a arrêté de faire les choses dans le mauvais sens, d'être quelqu'un de mauvais. Il a arrêté d'avoir une consommation trop forte, il a arrêté beaucoup de choses. Et ce n'est pas que l'accident de voiture qui rend Achille comme ça, c'est Callum. « J'essaye d'avancer. » Il se montre confiant, parce que c'est le cas. Mais Callum n'a pas tort, il a gardé ça trop longtemps en lui, et ça a fait un blocage. Puis, il y a ses lèvres sur les siennes, puis il y a ses trois mois. Achille arrête de respirer, pendant quelques secondes. Ses pupilles se mettent à pétiller, et ses lèvres se plaquent sur les siennes avec tellement d'amour. C'est beau, c'est tellement beau et c'est tellement fort. Callum vient de lui prouver un amour fort, genre vraiment fort. « Je t'aime aussi. » Et putain, son regard lui lance de nombreux remerciements. Il le remercie d'être là, de ne pas l'abandonner, de se montrer aussi parfait pour lui. Il le remercie d'être lui, et puis il scelle ses lèvres aux siennes, de nouveau. Une promesse silencieuse, celle du je t'aime et je crois que c'est pour toujours. Achille fait basculé Callum sur lui, doucement, parce qu'il y a, malgré tout, les blessures. « J'ai envie de toi... » Il murmure contre ses lèvres. « Fais-moi l'amour Call. » Il le supplie de ne pas dire non. Parce qu'ils s'en foutent des blessures, il a besoin qu'ils aillent plus loin. Et pour une fois, ils ne seront pas bruts, ils ne vont pas baiser. Ils vont s'unir parce qu'ils s'aiment. Parce que son couple est plus important que le reste.

Ces paroles, quoique très sincères, sont sorties seules. Callum se surprend lui-même à extérioriser d’une telle façon ses sentiments, lui qui a normalement tant de misère à exprimer ses états d’âme. Mais il est si bien avec Achille, il se sent enfin vivre une vie qui lui appartient. C’est tellement étrange et pourtant, il n’échangerait ce qu’il a avec Achille pour rien au monde. Mais il sait qu’ils ont encore du chemin à faire. Du moins, Callum en a. Beaucoup même. Même s’il aime Achille, il ne s’affirme pas à cent pour cent. Il se voit mal se balader dans les rues avec son amoureux, main dans la main, ni même l’embrasser lorsqu’ils ne sont pas chez l’un ou chez l’autre. Leur amour, ils le vivent pour l’instant en secret. Que ses amis proches commencent à réaliser ce qui se passe réellement entre les deux hommes. Et sa famille ne se doute de rien… et le jeune homme préfère les choses ainsi.
L’entendre dire qu’il l’aime aussi, ça le fait frémir. Ça réveille les papillons en lui, le comble d’un amour qu’il n’a jamais ressenti auparavant. Ils échangent un regard complice qui témoigne de leur amour; à travers celui-ci, ils se disent mille fois qu’ils s’aiment. Et pour Callum, cet amour réciproque vaut tout l’or du monde.
La voix d’Achille brise le court moment de silence en manifestant son envie, l’envie d’être plus proche avec son amant. L’envie qu’ils se témoignent leur amour de la façon la plus intime, et ce, pour la toute première fois. Parce qu’avant, c’était du sexe. Rien de plus. Il le regarde ainsi un instant, ne sachant pas quoi répondre. Oui, le jeune avocat a envie de lui. Mais ils sont handicapés, après tout. Et il craint que d’entreprendre des ébats amoureux puissent raviver de la douleur qui a réussi à s’estomper depuis l’accident. Toutefois, l’envie est forte. Elle est tout ce qui guide les pensées du jeune homme. Alors il penche son corps vers son amoureux et lui arrache un baiser fougueux. Puis leurs boxers disparaissent, les regards tendres s’échangent, la passion est au rendez-vous. Ce n’est peut-être pas la relation sexuelle la plus endiablée qui soit, mais ils s’aiment et c’est l’important. Alors Callum lui fait attention, lui offre la plus belle tendresse qui soit. Parce qu’il l’aime et il veut qu’il le sache, il veut qu’il le ressente.