Florent  & Mattie 
  Life is a joke ... or not.

Besoin de souffler. De respirer, d’être libre. Mon esprit l’était certainement, m’amenant parfois à de merveilleuses découvertes. Des peurs venaient se heurter à ces moments-là.  Je me retrouvais à me demander comment était réellement les paysages que je tentais de me remémorer. C’était facile de me dire que mon cerveau ne me jouait pas de petits tours histoire de me rassurer. Mais je n’en savais rien, je n’avais plus la possibilité d’observer la beauté ou encore la cruauté du monde m’entourant. Les couleurs chaleureuses et apaisantes m’ayant bercé durant mon enfance ou mon adolescence, tout cela me manquait, me laissant peinée sur ce banc. Le cœur lourd, je tentais de me concentrer, d’apprendre, de laisser mon cerveau me guider dans mes souvenirs tout en lisant ce petit livre. Un livre écrit en braille. Un conte pour enfant que je ne connaissais par cœur depuis ma tendre enfance comme bien d’autre personne.  J’avais bien du mal à rester concentrer sur ces gravures. Mon esprit étant happé par bien des souvenirs, des rêves de couleurs, de visage souriant de mes proches. Tout cela se mourrait dans ma tête, laissant parfois mon esprit tenter de retrouver cette petite mimique de ma cousine. C’était tuant, cela me tuait de ne pas avoir la possibilité de garder parfaitement à l’abri dans ma tête ces petites choses qui rendaient mes proches uniques.  Je tentais d’oublier cela, d’oublier que j’allais justement gommer chaque petite chose précieuse de mon esprit. Ça y sera toujours, mais sans doute pas de la même façon, le jaune perdra de sa brillance, tout comme les autres couleurs dans mon esprit. C’était un fait que je ne pourrais sans doute pas combattre, n’ayant pas le pouvoir en un claquement de doigt de récupérer ma vue, ce pouvoir qui nous est si cher.  Faisant une petite pause dans cette lecture de ce conte de blanche neige, essayant de découvrir un à un les mots, certains étaient d’ores et déjà bien ancrée dans mon esprit, mais d’autres étaient encore assez compliqué à bien comprendre, mais je croyais en moi. Caressant mon ventre arrondis, je laissais un sourire se peindre sur mes lèvres, la panique en pensant que j’attendais deux petits êtres. Deux petits bébés. Comment allais-je gérer cela ? Aucune idée, les réponses à ce genre d’équation étaient encore introuvables, malgré que mon esprit tente de résoudre ces dernières en trouvant des solutions. J’allais devoir me débrouiller tout en me tapant un Judd dans les jambes. L’horreur. Je ne connaissais pas ce type que mon cousin Mason, m’avait foutu dans les jambes. Après tout, il lui faisait confiance, car il était flic, j’en étais sûre. Il voulait m’aider, je pouvais e comprendre, mais peut-être pas le concevoir. Cela restait mon choix. Mais, je devais vivre avec lui, malheureusement. Supporter une autre personne dans mon monde, un monde d’ores et déjà assez compliqué, je ne pouvais pas me dérober, sauf si je me la jouais petite peste ? Je savais que faire cela serait aussi le risque de blesser mon cousin, qui tentait tout bonnement de ne pas me laisser seule. Mais, je l’étais, je pouvais l’être, malgré cette cécité qui me ballotait dans un monde qui m’était inconnu. Jamais l’obscurité de mes paupières, ne m’avait effrayé, alors que ce noir m’entourant désormais était digne des pires films d’horreur ou encore des scènes de combat ayant vécu en Irak. Non, je n’arrivais pas à me dire que j’allais rester ainsi éternellement, je restais optimiste, chose qui n’était pas forcément une bonne chose à faire.  Toute seule, je ne pouvais forcément pas tout faire, cela ne faisait que quelques mois après tout que j’étais aveugle, que je jonglais avec les paramètres de cette nouvelle vie étant la mienne.  Alors ma cousine, m’avait aidé à me rendre ici, dans ce square que j’avais tant fréquenté quand j’étais arrivée après l’horreur vécu avec mon père, cet endroit était magique avant, l’était-il encore ? Il me fallait me concentrer pour tenter d le découvrir. Je pinçais mes lèvres alors que je sentais cette douce brise caresser mon visage, je humais l’odeur passant dans les parages, une odeur de bretzel, c’était appréciable, tout en laissant mon ouïe se faire chatouiller par les rires des enfants. Si je m’écoutais, je serais sans doute capable de m’effondre en pleurant, mais j’étais plus forte que cela, du moins je tentais surtout de le faire croire. Laissant le bout de mes doigts flirter à nouveau avec les pages de ce livre traduit en braille, je me replongeais dans ma lecture avec attention, laissant parfois des rictus se frayer un chemin sur mon visage. J’étais concentrée, quand cette voix vint à me sortir de mes pensées. Ma tête se leva, aucune idée si j’avais réellement visé la bonne direction. Ayant une bonne ouïe sans doute que c’était le cas. Florent. Je m’en souvenais bien de cet homme, enfin surtout de ce qui s’était passé entre nous peu de temps après que je sois rentrée de mission. L’écoutant attentivement, sans parler, je me laissais aller à avoir un millier de question, l’horreur quand les réponses ne venaient pas avec. Mordant délicatement l’intérieur de ma joue, je laissais un sourire s’esquisser sur mon visage. «  Salut Florent …  » Que je lui lançais, tout en espérant toujours déposer mon visage vers la bonne direction. «  Tu passais par-là, alors ?  » Que devais-je dire ? Interagir avec les autres était-il si compliqué sans pouvoir les voir ?  «  Tu vas bien ?  » Que je finissais par laisser filer d’entre mes lèvres, tout en refermant l’ouvrage dont j’essayais de déchiffrer encore quelques petits mots pour enfin finir le chapitre un.

LUCKYRED