« No Good in Goodbye  »

Eddie & Sirius

Les yeux rivés sur ces livres, ton regard s'attarde sur un, puis un autre. Enlevant tes lunettes pour frotter tes yeux. Il est tard, tu devrais dans les bras de Morphée à l'heure qu'il est, mais tu n'as pas sommeil. Tu ne fais que songer, encore et toujours. Ce n'est pas n'importe quel jour. Comment l'oublier ? Impossible. Aujourd'hui tu n'as fait qu'errer, que ça soit dans cette maison, comme dans les rues. Tu t'es fait porter pâle, ce qui t'as valu un sms de la part de Ron. Il sait que ce n'est pas dans tes habitudes de rater un jour de travail. Ton métier, c'est ce qui t'a toujours maintenu la tête hors de l'eau. Ça a toujours été ton bouclier, en plus de tes enfants, tu t'y plonges corps et âme, oubliant tout le reste. Ce reste, cette vie, cette absence. Tu es guéri, mais pas totalement, guérit-on vraiment de ce genre d'amour ? Un amour qui vous transporte, qui vous anime, qui vous fait sentir vivant. Un amour, unique et sincère. Vrai et beau. Cet amour, tu le ressens encore en toi. Tu as appris à vivre sans elle, pour eux, pour toi et pour elle. Elle n'aurait pas voulu que tu t’apitoies ainsi sur ton sort. Alors tu as relevé la tête, tu as tenu le coup, pour eux, car ils avaient tout autant besoin de toi, que toi d'eux. Vous, vous êtes soutenus et vous avez traversé cette épreuve, mais dans le fond s'en remet-on vraiment ? T'aimerais savoir, même si la réponse, tu la connais. Non. On ne peut pas oublier plus de trente de vie commune d'un coup, encore moins quand cette personne était votre âme sœur, votre bouée. On peut apprendre à vivre sans, mais on ne peut pas oublier cette souffrance, ce manque. Tous les matins, tu le ressens, lorsque tu ouvres tes yeux et que son sourire n'est pas là pour t'éblouir. Ou bien le soir quand tu te couches dans ses draps, bien trop froid à ton goût. Certes la douleur est moins fréquente qu'au début, mais elle reste toujours là. Il y a des matins ou tu peines à te lever, que tu cherches une source de lumière. Ta source de lumière et puis tu sors de sous ses draps chauds, reprends le cours de tes habitudes. Camouflant du mieux que tu peux ta peine, parce que tu n'as pas le choix. Elle ne reviendra pas, tu l'as accepté. Tu as encaissé cet abandon, pas vraiment voulu et encore moins désiré. Tu as fait ton deuil, mais ça n'empêche pas qu'elle te manque. Parce que l'avenir t'effraie, mais que tu ne le diras pas, tu n'as pas envie de les effrayer. Tu sais qu'ils songes bien trop à toi, qu'ils s’inquiètent pour toi. Ce n'est pas leur rôle, mais le tien, alors tu essaies de ne pas flancher, du moins pas devant eux. Il y a bien ces soirs, ou tu t'attardes dans ton bureau, regardes à nouveau cette vidéo. Que tu laisses échapper quelques larmes, de tristesse, mais aussi de joie. C'est avant tout ce que tu te rappelles en la voyant : la joie. Lily, c'était ta lumière, ton rayon de soleil. Une énergie quotidienne, que tu as la chance de retrouver das tes trois têtes brunes. Un soupire s'échappe de tes lèvres en y songeant. Tu vois le sourire de Lily à travers Ron, son air malicieux dans le regard d'Albie et ses réflexions grâce à Eddie. Ils t'apportent tous les trois un peu d'elle au quotidien et ça te fait du bien. Tu as l'impression de l'avoir un peu avec toi, un peu plus chaque jours, même si ce n'est pas vraiment elle, qu'il n'y a pas ce contact, que c'est différent … Elle reste présente en chacun de ces trois têtes. Une chance et un moteur pour ta vie de tous les jours. Massant ton front, tu te reposes dans ton bon vieux fauteuil en cuir. S'il pouvait parler, il en dirait des choses celui-là, tellement il a vécu d'aventures et de déménagement. Un cadeau de ton père que tu n'as jamais voulu abandonner. Tu peux voir sur le devant les traces des garçons, ils avaient voulu laisser leurs initiales sur ton fauteuil. Ton trône comme ils le disent si bien. Tu reposes ce livre, dont la couverture s’effrite un brin, son livre préféré. Une histoire banale, mais elle aimait la relire encore et encore, surtout en hiver, près du feu. Toi, tu aimais la regarder la lire, se perdre dans cette histoire, son visage qui s'illuminait au fur et à mesure que l'intrigue avance. Elle avait beau connaître l'histoire par cœur, elle restait toujours naïve face aux enjeux. C'est ce qui te plaisait, te fascinait.

Un bruit de fond te fait sortir de tes pensées, ce bruit n'est autre que monsieur Pamplemousse, qui vient se poser à tes pieds. Il a pris soin d'ouvrir la porte, ce chien a bien pris ses aises dans cette maison. Il rentre partout où monsieur a envie. « Bah alors, qu'est-ce que tu fais là ? Ton papa n'est pas rentré ? » dis-tu en lui grattouillant le ventre. Toi qui ne voulait pas d'animaux, tu avoues t'être attaché à ce truc poilu, qui ronfle et qui pète à l'occasion. Et puis, tu l'aimes bien, il te tient compagnie les jours où tu es seul dans cette grande maison. Bon tu sais qu'un jour, il finira par repartir avec son père, l'idée ne te plaît guère, mais tu ne vas pas les empêcher de vivre leur vie ? Ils n'ont plus dix ans, ils sont en âge de prendre leurs propres décisions. Tu as toujours fait en sorte qu'ils fassent leur propre choix, alors pourquoi changer à présent ? La peur de te retrouver seul face à ce vide, ce manque. Soupirant et fermant le livre une bonne fois pour toute. Ce n'est pas ce soir, que tu le finiras. Toute façon, tu n'en as guère envie. Tu es bien trop absorbé par tes pensées, par elle. Sa présence autour de toi, sa manie qu'elle avait de ranger ton bureau les jours d'orages. Pourquoi spécialement à ce moment là ? Tu t'es toujours posé la question, mais bon ça t'amusais plus qu'autre chose. Ce qui t'agaçais en revanche, c'est quand tu ne retrouvais plus tes affaires, ce qui arrivait bien souvent. Lily et ses manies. Oui tu es nostalgie, mais c'est normal. Oui, tu souffres, mais ce n'est pas n'importe quel jour. Parce qu'aujourd'hui, ça aurait fait quarante ans … Quarante années à ses côtés. Il y a quarante ans, tu as posé tes yeux pour la première fois sur elle et depuis tu n'as plus jamais regardé ailleurs … Cette nostalgie qui t'anime te fait oublier le monde extérieur… Tu n'entends pas la porte d'entrée s'ouvrir et tu n'es pas le seul, vu qu'il ronfle à tes pieds. Tu te perds dans ce point que tu fixes. Ses souvenirs qui refont surface, cette vie que tu as eu la chance d'avoir grâce à elle.