Il était dix-neuf heures, Logan venait juste de se chausser de son tablier. Il avait commencé deux semaines plus tôt, son travail de livreur de pizzas. Ce travail lui permettait de pouvoir financer ses études. En effet avec quatres sœurs et deux parents, la famille avait parfois du mal à joindre les deux bouts. Pour autant, le jeune homme n’avait jamais manqué de rien. Seulement, récemment son père avait subi une réduction de son temps de travail dû aux manques de commandes. La famille avait donc du mal à suivre, Logan avait décidé de trouver une façon d’aider ses parents. Il avait trouvé un job de serveur mais cela ne correspondait pas avec ces cours. Finalement, deux jours plus tard le manager de la pizzeria l’avait appelé et lui avait proposé de venir travailler pour lui. En effet, quelques semaines plus tôt, Logan avait fabriqué une table basse pour la femme du restaurateur. Ce coup de chance lui permettait d’aider ses parents et ses sœurs. Il avait toujours eu ce besoin de les protéger, après tout il était le seul homme de la maison, excepté son père, qui lui n’était que rarement là. Il trouvait cependant que ces sœurs ne faisaient aucuns efforts de leurs côtés.
Logan s’affairait rapidement sur son beau scooter. Il aimait cette nouvelle activité, il avait une forte pression puisqu’il fallait aller vite mais cela lui permettait surtout de ne pas avoir son boss sur son dos. L’homme avait le sang chaud, pur produit italien, il faisait souvent rugir sa voix pour un oui ou pour un non.
Sa mère avait failli faire un infarctus lorsqu’elle avait appris que Logan allait être sur un scooter à délivrer des pizzas. Elle aurait sans doute préféré que celui-ci soit serveur dans un restaurant ou plongeur plutôt que livreur. Cependant Logan préférait de loin ce job, il aimait cette liberté que la route lui offrait.

Ce travail n’était que provisoire. Habituellement, il ne travaillait que le week-end mais ce jour était exceptionnel. La veille, un livreur avait glissé en scooter à cause de la pluie et se retrouvait avec une jambe dans le plâtre. Logan avait donc été appelé en dernière minute pour remplacer son collègue et faire face à l’afflux de commandes dû à un soir de match.
Il jeta un rapide coup d’œil à son portable, sa nouvelle petite amie venait de lui envoyer un sms. Bonne soirée mon chat, tu regardes le match ce soir ? <3. Logan était avec elle depuis cinq mois, il l’appréciait bien mais il savait que ce n’était sans doute pas la femme de sa vie. Il n’avait pas eu le temps de la prévenir qu’il avait dû travailler en dernière minute ce soir. Il allait lui répondre lorsque son chef arriva derrière lui en lui tapant sur l’épaule.
« Gibbins, on a une livraison express, deux pizzas. Elles sont prêtes, arrête de textoter et fonce ou elles seront froides »
Logan acquiesça et enfourna rapidement les pizzas dans son sac. Il se hâta au scooter et démarra précipitamment. Une fois l’adresse rentrée dans son GPS, il fila vers l’appartement où il devait livrer. Une fois le jeune homme arrivé, il regarda rapidement son téléphone. Sa copine ne l’avait pas relancé, c’était inhabituel. Il ne s’en inquiétait pas pour autant, elle devait le penser avec un copain devant un match. C’était son programme initial avant de devoir travailler. Il se jura de prendre une minute pour lui envoyer un message une fois les deux pizzas déposées.

La pluie cinglait la fenêtre avec vigueur. La nuit était déjà tombée depuis une grosse demie heure. La maison était déserte. Le feu dans la cheminée venait d’être alimenté. Le terrain idéal pour une soirée à deux, bien emmitouflés sous un plaid duveteux, devant une comédie romantique (pour elle), et deux pizzas sortant du four (surtout pour lui…). En parlant de pizza, Ezra venait à l’instant de raccrocher avec le standard de la pizzéria du coin. Une 4 saisons et une Régina. Des classiques. Le tout serait livré dans une quinzaine de minutes au maximum. Ezra avait toujours commandé local, n’appréciant guère les grandes chaines de restauration. Rien ne valait un bon artisan de bouche. Il fallait avouer que les pizzas de ce bon vieux Luigi (vous avez prononcé le mot cliché ?) étaient à se damner, c’était comme un bout d’Italie qui se déposait sur les papilles. Il n’en fallait pas moins que ça pour mettre en conditions sa charmante compagnie de la soirée…

Elle sortit de la salle de bain alors qu’Ezra posait son téléphone sur le rebord de la table basse. Elle, c’était Mégane, une jolie brune aux pommettes saillantes qui n’arrêtait jamais de replacer sa frange bien droite sur son front. Sa silhouette des plus généreuses et sa tendance à rire à chaque intervention du jeune homme, la plaçait en tête dans la liste des partenaires pour une soirée à la maison parentales lorsque tout le reste de la famille avait levé le camp ! Elle s’empressa de ranger son cellulaire dans la poche arrière de son jean pour rejoindre Ezra près du canapé. « Alors? Ta préférence va plutôt à 4 mariages et un enterrement ou plutôt Mary à tout prix ? »  s’enquit le jeune homme. Son nez en trompette se plissa tandis qu’elle pesait le pour et le contre de chacun des films. Elle trancha pour le premier, un classique qu’elle avait déjà vu trois fois. Une aubaine pour le lycéen qui pourrait se permettre d’accaparer l’attention de la demoiselle durant le visionnage sans compromettre sa compréhension du scénario…!

Une fois le film lancé, leurs verres allègrement remplis de Seven Up, Ezra passa le bras autour des épaules de son rencard. Il n’en fallu pas plus pour lancer le coup d’envoi des hostilités. Mégane s’empara des lèvres du jeune homme pour y déposer un léger baiser. Sans résistance de la part d’Ezra (étonnement…), celle ci n’hésita pas à approfondir le rapprochement. Ce n’était pas la première fois qu’ils se rencontraient, bien qu’ils n’entretenaient pas une relation à proprement parlé. Ils se voyaient de temps à autre. Ezra n’était pas vraiment le genre de mec à s’engager à dire vrai. Les histoires de couples, tout ça, très peu pour lui. Une vibration interrompit leur échange buccal. Le téléphone d’Ezra venait de recevoir un texto. Il attrapa l’objet du délit pour connaitre l’identité du destinataire : Caitlin Edward. Un sourire gagna ses lèvres. Elle était cool cette nana. Malgré cette fâcheuse tendance à mettre plusieurs heures pour lui répondre. Il lui avait envoyé envoyé en début d’après midi l’ébauche d’un tableau sur lequel il travaillait. Sa camarade ne répondait que maintenant. Mais son approbation suffisait à lui faire oublier l’espace d’une seconde la présence de Mégane.

La sonnette lui remit les idées au clair. Les pizza ! Les grognements émanant de son abdomen confirmèrent leur arrivée à point nommé. Ezra se releva rapidement pour gagner l’entrée qui donnait vue sur le salon. C’était bien le livreur, légèrement trempé. « Bonsoir! Je vous laisse entrer le temps de chercher du liquide, allez y je vous en prie ! »  Ezra s’écarta pour laisser la place au livreur qui devait avoir a peu de chose près le même âge que lui et s’en alla chercher de quoi le payer.

Logan attendait patiemment à la porte d’une belle demeure familiale. Les occupants ne devaient pas être dans le besoin, le quartier était d’autant plus agréable. Lorsqu’il venait livrer dans ces coins, il repartait souvent avec un pourboire, il espérait qu’aujourd’hui cela serait aussi le cas. Le temps ne jouait pas en sa faveur, il pleuvait. Il sentait l’eau claquer contre son impair et les boites de pizzas. Ce travail était agréable sauf lorsqu’il pleuvait, le scooter glissait facilement et les incidents n’étaient pas rares. De plus, c’était le meilleur moyen pour tomber malade. Il ne fallait pas qu’il tombe malade sinon sa mère lui reprocherait de ne pas faire attention, de ne pas faire d’efforts. Il la voyait déjà le sermonner sur la saison et ses tenues. Logan fut tiré de ses pensées par l’arrivée de l’occupant des lieux. Un jeune homme, visiblement le même âge que lui l’accueillit.
«  « Bonsoir! Je vous laisse entrer le temps de chercher du liquide, allez y je vous en prie ! »

Logan eut un léger sourire aimable, répondit rapidement à ses salutations et franchit la porte d’entrée. Il ne fit pas tout de suite attention à la deuxième occupante des lieux, il inspecta rapidement des yeux la décoration. Ce fut lorsqu’il entendit un petit cri de surprise que ses yeux se fixèrent sur celle-ci. A ce moment-là, Logan laissa tomber les pizzas. Devant lui se tenait sa copine. Elle était calmement assise dans le canapé devant un film. Elle n’avait sans doute pas dû faire attention à lui lors de son arrivée, sans doute accaparée par la scène. Logan ne comprenait pas, son esprit retournait cette situation dans tous les sens. Que pouvait-elle bien faire là ? Il devait y avoir une explication logique, il s’agissait peut-être d’un camarade de la classe de Mégane qui l’aidait à faire ses devoirs….
En inspectant son visage et son air coupable, celui-ci comprit rapidement qu’il n’en était rien. Ce n’était sans doute pas une soirée aide aux devoirs mais plutôt un cours pratique d’éducation sexuelle. Logan sentait la rage bouillir en lui.
«  Mais qu’est-ce que tu fous là ? Tu m’expliques ? »

Logan voyait Mégane tenter de se faire la plus petite possible. Il n’aurait jamais pu se douter qu’elle le trompait, certes ils ne se voyaient pas très souvent mais il pensait qu’elle tenait à lui. Elle se tordait dans tous les sens, souhaitant sans doute être partout sauf dans cette pièce avec lui. Il la regardait chercher ses mots et bégayer.
«  Euh, euh, rien, on regarde juste un film »

Il savait bien que c’était faux. Mégane avait toujours un tic lorsqu’elle mentait, il l’avait remarqué lors de leur troisième rendez-vous. Logan lui avait parlé du fait qu’il adorait les livres de Stephen King. Elle avait balbutié quelques mots sur l’auteur et replacé ses cheveux derrière ses oreilles. Depuis, à chaque fois qu’elle lui mentait, elle avait ce toc. Là encore, elle replaçait ses cheveux et se tordait les mains fébrilement. C’était un signe de plus qu’elle ne lui disait pas la vérité et que la situation était ce qu’elle semblait être soit une tromperie.
Il entendit le jeune homme revenir. Les pizzas étaient renversées dans le sol de l’entrée, elles étaient encore dans leurs boites mais la chute ne devait pas leur avoir fait du bien. Logan avait avancé et se trouvait entre l’entrée et le salon tandis que Mégane semblait se terrer sur le canapé comme si elle était sur un radeau au milieu d’un océan de requins. Logan passait de l’un à l’autre sans savoir auquel il devait se prendre. Il sentait bien que Mégane ne lui donnerait pas la vérité.
«  Elle t’a dit qu’elle avait un copain ? Tu le sais qu’elle est prise ? »

Son ton acerbe suffirait sans doute pour que son interlocuteur l’identifie comme l’officiel de Mégane. Lorsqu’il prononça ses mots il remarqua que la jeune femme rougissait, il ne l’avait jamais vu aussi rouge. Il attendait de voir ce que le jeune homme allait lui répondre, si il aurait le culot de lui dire qu’il n’était pas au courant alors que toutes les photos Facebook de Mégane étaient avec lui.

Sans procéder à davantage de cérémonie, ou quelconque forme de politesse, Ezra abandonna le livreur dans l’entrée pour gagner la cuisine à la recherche de liquide. Ses parents laissaient toujours quelques billets de vingt dollar dans une fausse boite à biscuits pour ce genre de soirée. Si sa famille ne roulait pas sur l’or, Ezra n’avait jamais manqué de rien. Ses parents mettaient l’éducation au coeur de leur priorité, ainsi que le bien être de leurs quatre enfants. Ce petit luxe de pouvoir se commander une pizza ou deux suffisait à les rendre heureux, ils l’avaient bien compris. Alors qu’il farfouillait dans la boite métallique, Ezra cru entendre le livreur s’avancer dans le salon, il tendit l’oreille tout en calculant mentalement le prix des deux pizzas. Un bruit sourd. Comme quelque chose qui s’écrase sur le parquet. Cette fois il en était sur, il se passait quelque chose de louche dans la pièce d’à côté !

«  Mais qu’est-ce que tu fous là ? Tu m’expliques ? »  Oula. Le livreur connaissait certainement Mégane. Ezra, même à quelques mètres de là, percevait l’irritation dans la voix du jeune homme. De la colère même ! Qu’est-ce que Mégane avait bien pu faire, encore. «  Euh, euh, rien, on regarde juste un film » Ce ne sentait vraiment pas bon, ce coté interrogatoire face à l’inspecteur de police en uniforme rouge et jaune. Sans perdre une seconde de plus, Ezra fourra l’agent dans sa poche arrière de jean et se hâta de rejoindre le lieux de toutes les hostilités. Sa course fut freinée par un élément non identifié sur le sol de l’entrée. Enfin si, maintenant il était identifié. Il s’agissait des deux boites de pizza qui se trouvaient quelques minutes auparavant dans les mains du livreur. Ce même livreur qui n’était plus qu’à quelques centimètres de la conquête du soir du jeune Carter. Sans avoir eu le temps d’en placer une, bien qu’il ne comprenait pas vraiment l’ensemble des tenants et aboutissants de la situation, le livreur alpaga Ezra. «  Elle t’a dit qu’elle avait un copain ? Tu le sais qu’elle est prise ? » Et merde. Il aurait du s’en doute. Ca ne pouvait qu’arriver. Mais merde elle pouvait pas tenir ses jambes fermées de temps en temps celle là ?

Ezra se racla la gorge tout en passant sa main à l’arrière de sa tête. Il tentait de retrouver une contenance qui s’était, à l’évidence, échappée lorsqu’il avait compris que ce type, le livreur là, n’était autre que le petit ami officiel de Mégane. Le film romantique, le plaid, la cheminée, leur verres côté à côté et la place vacante sur le canapé. Autant d’élément qui semblaient hurler à la face de ce mec « C-O-C-U ». Dur pour lui… Ezra se décida enfin à ouvrir la bouche. «  « Euh,franchement mec je sais pas qui t’es!  » Pas certaine cette réponse lui convienne… «  Logan, écoutes, ça doit être un malentendu…  » Logan. Le cocu avait un prénom. Mégane, quant à elle, était fébrile. Elle semblait vouloir creuser un trou pour s’y cacher tout le weekend. Ses joues avaient pris une couleur écarlate et une file pédicule humide commençait à se former sur le haut de son front. Pour couronner le tout elle ne cessait de tripoter les petites peaux a l’extrémité de ses pouces. Sa culpabilité suintait par chacun de ses pores, s’en était navrant de constater à quel point on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert.

Agacé par la situation qui ne présageait qu’une soirée pleine d’emmerde, Ezra tenta d’accabler d’avantage Mégane, qu’ils en finissent une bonne fois pour toute. L’hypothèse d’un happy ending à l’horizontal n’était même plus envisageable, alors à quoi bon prendre des gants… «  « Putain Meg’ tu fais chier, à ce tarif là tu peux te barrer franchement… » Romantisme quand tu nous tient….! A l’évidence, elle ne l’avait pas volé. Malheureusement, Ezra doutait fortement que cette intervention allait lui attirer la sympathie de son deuxième interlocuteur. Il n’allait pas tarder à le découvrir.

Le jeune homme se grattait la tête, il semblait décontenancé par cette situation inédite. Normal, il ne devait pas s’attendre à ce que le livreur de pizzas soit le copain officiel de la jeune femme. Au vu de son air, Logan eu le sentiment que celui-ci n’avait jamais du entendre parler de son existence. Il ne devait même pas savoir qu’il était l’amant de la jeune fille. Etait-ce une nuit ou une relation parallèle ? Il n’arrivait pas à savoir mais en voyant le jeune homme, sans animosité, cela ne devait être qu’une nuit sans sentiments et comptes à rendre. Mégane avait sans-doute oublié de mentionner qu’elle n’était pas seule…
«  Euh,franchement mec je sais pas qui t’es!  »
Il en était à présent persuadé, Mégane avait joué la fille célibataire. Les questions se succédaient dans la tête de Logan. Etait-ce la première fois ? Avait-elle déjà joué à ce jeu ? Les autres étaient-ils au courant ? Il se sentait trahi. Lui qui avait fait énormément d’efforts pour elle. Il esperait que ce n’était qu’une erreur, qu’elle s’était égarée pour une soirée. Si il était cocu depuis un moment, son groupe de copines devaient le savoir, il passait alors pour le dindon de la farce et cette perspective ne l’attendrissait pas. Il s’apprétait à répondre au jeune homme lorsque Mégane l’interrompit : «  Logan, écoutes, ça doit être un malentendu…  »

Logan tourna la tête vers elle, il n’était plus triste et désabusé, la colère l’étreignait soudainement. Il ne pensait même plus à répondre à son copain le gigolo, il ne voyait plus qu’elle et sa trahison. Comment ça un malentendu ? Elle s’était retrouvé avec ce mec autour d’un film romantique par hasard ? Il avait le sentiment qu’elle le prenait pour un idiot ce qui ne manquait pas de l’énerver. Il la voyait se tordre dans tous les sens. Elle était sincèrement mal, mais sans doute pas pour lui, sans doute seulement de s’être faite prendre en flagrant délit. Il la regardait l’air furieux. IL ne se mettait que très rarement en colère, essayant toujours de rester maitre de lui-même. Mais là, c’en était trop. La voir lui mentir en pleine tête alors qu’il venait de la surprendre. Elle avait vraiment du culot. Comment avait-il pu se laisser berner et croire toutes ses paroles. Il ne pouvait s’empêcher de repasser chaque moment se demandant à quel moment les mensonges avaient commencés. Logan s’apprétait à lui balancer des mots acerbes mais il entendit l’autre parler avant lui.
«  « Putain Meg’ tu fais chier, à ce tarif là tu peux te barrer franchement… »

Tiens, il est encore là lui ? Il n’est pas gêné, pensait Logan. Logan regarda Mégane se lever. Elle semblait courroucée par l’attitude de son coup du soir mais aussi véritablement soulagée de pouvoir filer en douce. Il hésita un instant à s’interposer mais il se ravisa rapidement. La jeune femme était murée dans son silence et il n’en tirerait rien aujourd’hui. Le garçon semblait plus à même de lui répondre. Il regarda Mégane ramasser frénétiquement ses affaires. Elle fourrait tout dans son sac, releva la tête. En croisant son regard, elle rebaissa les yeux et fila droit devant vers la porte. Et pouf, la porte était fermée et les deux se retrouvaient ensemble. Logan tenta de retrouver toute la contenance qu’il avait perdu en apercevant la jeune femme sur ce canapé.

« Alors, t’es content de toi j’espère ? »
Il avait presque craché ces mots au visage de son interlocuteur. L’amertume et la colère avaient pris la place de la douleur et de la tristesse d’une trahison. Il était désormais seul avec ce jeune qui aurait tout aussi bien pu être un ami. Ils avaient vraisemblablement le même âge, dans d’autres circonstances, cela aurait pu être une soirée entre potes, autour d’une pizza et du match de foot. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Son regard perforait son interlocuteur, si il avait pu lancer des éclairs et le foudroyer sur place, nul doute qu’il ne l’aurait fait.

L’ambiance était particulièrement tendue. Ce détail n’échappa pas à Mégane, en très grande partie responsable de ce changement d’atmosphère. Elle dansait, mal l’aise, d’un pied à l’autre. Son regard jonglant entre Logan, ce livreur là, et moi. La soirée que j’avais prévue semblait tomber à l’eau. Un doux euphémisme si l’on prenait le temps d’analyser la situation. Merci Sherlock ! Le prix nobel de la déduction est attribué à Ezra Carter. On applaudit bien fort. Le prix du pigeon de la soirée aussi ? Quoiqu’au coude à coude avec un certain Logan… Logan Cocu, ouais on va l’appeler comme ça. A défaut de mieux. A défaut d’une meilleure vérité surtout !! Je l’aurais presque plains. C’était pas vraiment mon genre. Et ce n’était clairement pas ma faute. Bon ok, je n’avais pas été particulièrement regardant sur les relations qu’entretenait Mégane avec le reste du monde. A dire vrai, je m’en contre foutais. Purement et sincèrement. A voir le regard que Logan lui lançait, il ne partageait pas mon avis. Bon je le comprenais un peu. Mais de là à compatir, on était pas à Lourdes, en plein pèlerinage ou sur le chemin de je ne sais quel repentir. Il pouvait bien se tirer maintenant non ? Putain, et je parie que les deux pizzas j’allais devoir les payer. Fais chier ! Tout pour ma pomme. L’addition, et le faux plan de la soirée !! Et la mauvaise humeur de livreur à en croire les éclairs dans ses yeux qui semblaient m’être également destinés. Fais chier…!

Mégane rassembla tout son bordel en une minute qui me paru durer une éternité. A elle aussi, a voir ses prunelles semblables à celles d’une biche devant les phares d’une voiture. Pauvre chérie. Allez, du nerfs ! Je n’étais pas tendre. Mais la tendresse n’était pas vraiment la base de notre relation. Si l’on pouvait parler de relation. Relation, c’était cependant certainement ce qui unissait ces deux là, prostrés dans leur silence en plein milieu du salon de mes parents. Pas un mot ne sortait de leurs bouches. Ménage n’osait même plus relever la tête pour tenter d’adoucir le jugement de Logan. Elle allait passer un sale quart d’heure la prochaine fois qu’ils se verraient. Là encore, cela m’importait peu. Elle n’aurait que ce qu’elle mérite. Ses affaires empaquetées, l’adolescence se rue sur la porte de sortie sans un regard pour l’un d’entre nous, honteuse.

Logan semble enfin se ré-intéresser à moi. « Alors, t’es content de toi j’espère ? » L’amabilité n’écorche pas sa bouche, c’est le moins qu’on puisse dire. Je lève les yeux au ciel, peu sensible à sa hargne. Je hausse les épaules avant de m’appuyer contre le cadre en bois de l’arche permettant de passer de l’entrée au salon, là ou se trouve Logan. «  « Pas vraiment non. Je pensais manger une pizza et tirer mon coup, à la place je vais revoir réchauffer de la bouillie et trouver une boite de mouchoir. » C’était sorti comme ça avait traversé ma tête. Nature. Sans filtre. Mais pas décaféiné. J’avais livré le fond de ma pensée sans réfléchir à ce que mes paroles pourraient provoquer chez mon interlocuteur. Je passe une main dans mes cheveux ne sachant plus quoi dire, moi non plus. Dans un ultime espoir d’apaiser les tensions après ce que je viens de dire je lui lance : «  « Sinon t’es pour quel équipe ? » En référence bien entendu au match qui avait lieu le soir même. match que j’aurais certainement regardé si je n’avais pas eu la visite (éclair) de Mégane au domicile familial. Je n’étais pas sur que mon approche était la meilleure pour engager une trêve. J’essayais quelque chose au moins…

Logan ne pouvait s’empêcher de vouloir en savoir plus, il savait qu’en apprendre plus signifiait aussi souffrir. Cependant sa curiosité était piquée au vif. Il aurait aimé que Mégane craque et lui raconte tout en un éclair, comme l’ultime confession. Cependant, elle avait réussi à s’éclipser. Il savait qu’il aurait un mal fou à la prendre entre quatre yeux. Elle allait sans aucun le doute le fuir afin de ne pas être mise face à ses mensonges.
Il aurait vraiment dû refuser de travailler et rester avec sa bande à boire des bières devant le match. Au moins il n’aurait pas eu à savoir qu’elle se fichait de lui-même si on l’avait prévenu. Ses amis avaient entendus des rumeurs sur son côté volage mais il n’avait rien voulu entendre. Il pensait simplement que les autres étaient jaloux de leur relation et que ses amis croyaient tout ce qu’ils entendaient. Il se promit de donner un peu plus de crédit à ces rumeurs la prochaine fois.
Logan remarqua les yeux levés lorsqu’il l’apostropha. Il ne manquait pas de culot celui-là. Il allait bien avec Mégane tiens ! Deux égoïstes ensemble. En plus, qu’est-ce qu’elle lui trouvait ? De ce que Logan remarquait, ce mec était le stéréotype de l’ado lambda. Pas de quoi casser trois pattes à un canard… Peut-être que lui n’avait pas à livrer des pizzas mais il ne semblait pas plein aux as non plus. Son comportement ne jouait pas en sa faveur. Non, définitivement, Logan ne voyait pas ce qui avait pu l’attirer chez ce mec.
En plus de tout ce qu’il venait de faire, le voilà qui s’affalait contre l’arche en bois et le toisait. Il commençait sérieusement à lui taper sur le système. « Pas vraiment non. Je pensais manger une pizza et tirer mon coup, à la place je vais revoir réchauffer de la bouillie et trouver une boite de mouchoir. »

C’en fut trop, sans même en prendre conscience, Logan envoya son poing dans le visage de son interlocuteur. Il ne l’avait pas manqué. La violence ne résout rien mais cela avait soulagé Logan. Il se sentait plus calme et libre. Malgré tout il se sentit bête de s’être laissé emporter et d’avoir cédé à ses bas instincts. Après tout, le mec, bien qu’insupportable, n’y était pour rien. Le pauvre ne l’avait pas vu venir, il était en train de passer sa main dans ses cheveux lorsque Logan avait frappé. «   Sinon t’es pour quelle équipe ? »
Ce commentaire surprit Logan, finalement il ne devait pas être si idiot. Logan réfléchissait, sa soirée était foutu et son patron ne l’autoriserait sans doute pas à continuer sa soirée de travail dans cet état. Il allait donc rentrer chez lui et déprimer. Il avait encore cette possibilité de prolonger la soirée chez son interlocuteur devant le match. Foutu pour foutu….

« Manchester va les écraser c’est sûr, et toi ? »
A tous les coups il serait pour l’équipe adverse. De toute façon, il n’était plus à ça près. Au moins il aimait le foot, c’était déjà un bon point. Logan n’était pas un dingue de foot mais il appréciait les soirées de match entre amis. Son interlocuteur avait encore le choix de le foutre dehors sans ménagement. Mais après tout, ils avaient approximativement le même âge, leur soirée était foutue. De plus, ils avaient peut-être d’autres points communs que Mégane.
Dans un ultime effort, Logan s’approcha à nouveau de son interlocuteur, cette fois il avait la main tendue.
« Bon je crois qu’on est quittes ? »
Il se retint de rajouter qu’entre un poing et une copine, ce n’était pas vraiment le fond de sa pensée.  Cependant, il pourrait peut-être ressortir quelque chose de positif de cette soirée…  Logan devait faire un effort pour améliorer la situation.

Je me comportais vraiment comme un connard. J’en avais conscience, c’était certainement ce qui était le plus chiant. Bien sur que ce pauvre mec, ce Logan, il avait rien fait pour mériter mes foudres. Moi non plus cela étant dis. Mais je ne savais pas pourquoi, j’avais les nerfs, je voulais les passer sur lui. Bon en réalité, je savais pertinemment pourquoi. Ma soirée avait changé du tout au au tout avec son arrivée, puis son intervention. Quelle merde ! J’aurais mieux fait de préparer ma monnaie, ma mère me rabattait toujours les oreilles avec ça en plus… « Ezra prépare les sous avant que le livreur n’arrive, tu ne lui feras pas perdre son temps ! Et puis n’oublie pas le pourboire, on vit pas dans le luxe, mais on est pas des rats ! ». Pourquoi, même quand je tentais de tirer mon coup, ma mère avait raison ? Merde alors ! Les mamans ça vous suivait partout, ça avait toujours raison ! Je me retrouvais dans mon salon, seul pour la soirée, ma conquête claquant la porte, et son petit copain, pardon ex-petit copain (je l’espérais pour lui!!), me fixant, toute chaleur humaine ayant déserté ses yeux. La soirée s’annonçait vraiment exceptionnellement bonne… Je levais les yeux au ciel comme pour me supplier mentalement d’arrêter de déblatérer toutes ces conneries dans ma tête. A la place, j’avais préféré en rajouter une couche, tout haut cette fois… « Pas vraiment non. Je pensais manger une pizza et tirer mon coup, à la place je vais revoir réchauffer de la bouillie et trouver une boite de mouchoir. »

Le regard de mon partenaire de soirée changea du tout au tout. Je comprenais immédiatement que fermer ma grande gueule et lui proposer une bière aurait été une bien meilleure option. Il se rua sur moi, m’assenant un coup de poing dans la face. Déjà je sentais un liquide chaud s’échapper de ma narine droite. En quelques secondes je comprenais au gout métallique qui emplissait ma bouche que j’avais le pif en sang. De mieux en mieux. Je m’étais retenu à la commode derrière moi. Je relevais le cadre où mes parents posaient fièrement sur cette dernière, l’ayant malencontreusement renversé alors que je me faisais casser la gueule. Sans prêter attention au sang qui poursuivait sa course lentement jusqu’à mon menton, je tentait de reprendre une certaine contenance, simulant ne pas avoir été affecté pour un sou par son geste. «  Sinon t’es pour quelle équipe ? » Quel culot. Je me serais bien frappé une deuxième fois, pour tenter prétendre que mon nez ne me faisait pas atrocement mal. Cependant, j’étais nettement plus sympa que la dernière fois que je m’étais adresser à lui. Ca du le surprendre. Il haussa les sourcils, comme si je lui demandais un truc hallucinant, genre se confectionner des bracelets d’amitié devant une comédie romantique. Bordel, je m’imaginais la scène. Je me retenais de rire, ne tenant pas a me faire éclater la cloison nasale une seconde fois.

« Manchester va les écraser c’est sûr, et toi ? » Mes épaules s’affaissèrent de soulagement. Une trêve semblait envisageable ? Sans parler de cet argument de taille qui se profilait à nombre de notre réconciliation : nous soutenions la mme équipe. Il existait une justice ! Logan s’approcha de moi en tendant sa main. Drapeau blanc à l’horizon !! « Bon je crois qu’on est quittes ? » Je lui aurais bien collé mon poing dans la figure afin de sceller cette trêve, pas sur qu’il aurait approuvé. J’avais trop faim pour me battre. Je levais le yeux au ciel, ignorant ostensiblement cette main devant moi. « Y’a des bières au  frigo, rapporte en trois, ptet qu’on sera quittes ! » Une bière pour Logan, une pour moi, et une pour mon putain de nez qui gonflait à vue d’oeil ! C’était ça ou les petits pois surgelés format familial. Un peu de dignité ne ferait pas de mal tout de même. Vu ma tronche, et l’état dans lequel je me trouvais, cela ne me ferait aucun mal ! Mum si question fierté, Logan me battait certainement à plate couture, considérant que notre rencontre s’était basée sur un fait pour le moins humiliant : sa cocufication en direct !

Logan regardait son interlocuteur. Celui-ci semblait se contenir de se jeter sur lui. Un filet de sang s’échappait de son nez. Le jeune homme n’était habituellement pas violent mais lors des provocations répétées, il n’avait pu se contenir, il avait senti son cœur s’emballer, sa veine palpitait. Ce coup avait sans doute libéré toute sa frustration. Il n’en était pas fier mais l’autre l’avait bien mérité. Ce ton arrogant et ses provocations avaient eu le don de le mettre hors de lui. A la place du jeune homme, Logan aurait fait profil bas et se serait rapidement effacé afin d’éviter d’enfoncer l’autre. Au contraire, ce pauvre mec avait réagi à l’exact opposé. Il devait s’agir du style de garçon qui croit que tout lui est dû et qu’il est supérieur à ses congénères. Le stéréotype du pauvre type, l’exact opposé du bon gars comme Logan.
Lorsque Logan se décida enfin à être plus intelligent que l’interlocuteur qu’il avait en face de lui et proposer une trêve par une simple phrase : « Bon je crois qu’on est quittes ? ». Le jeune homme le regarda et ignora ostensiblement cette main tendue. Décidément, ce mec n’était vraiment qu’un idiot, un pauvre garçon qui n’avait sensiblement aucune éducation. Celui-ci n’améliora rien lorsqu’il lui lanca :
« Y’a des bières au  frigo, rapporte en trois, ptet qu’on sera quittes ! »

Logan commençait à se dire que finalement, ce poing était la meilleure chose de cette soirée. Il hésita à tourner les talons et retrouver ses amis, il n’était peut-être pas trop tard… Malgré tout, il ne pouvait s’empêcher d’avoir pitié de ce pauvre g arçon qui avait un nez en moins par sa faute mais surtout qui semblait très amer. C’était typiquement le style de mec qui en voulait à la terre entière et blâmait les autres plutôt que se remettre en question. Non définitivement, il ne serait jamais des amis. Logan ne souhaitait cependant pas partir sur une haine incommensurable. Il fuyait depuis toujours les conflits et les relations négatives. Il décida donc de rester avec le jeune homme afin de détendre l’atmosphère. Ce qui était sût c’est  que jamais ils ne deviendraient proches. Les deux étant bien trop éloignés l’un de l’autre.
Il tourna les talons et se dirigea vers la cuisine d’où était sorti le jeune homme quelques minutes avant. Il attrapa rapidement les bières et revint vers l’autre garçon. En lui tendant les bières, il réalisa qu’il ne connaissait pas son nom. « Tiens, sinon t’as un nom ou comment ça se passe ? » En soit, il pouvait lui trouver un nom ou même plusieurs : ducon, troufion, l’idiot, le pauvre mec… Il y avait de quoi faire dans son vocabulaire afin de qualifier l’énergumène. Tiens en voilà encore un autre…

Logan ne lui demanda pas s’ils étaient quittes, en fait, il s’en fichait. Ils ne le seraient sans doute jamais. Le principal étant que si ils se recroisaient, ils n’en viennent pas aux mains, à s’échanger des noms d’oiseaux. Logan allait s’asseoir sur le canapé mais il se stoppa. Il y avait encore les restes de la soirée précédentes, les verres posés, le soda, le film qui continuait en arrière-plan. Malgré tout, il ressentit un pincement au cœur. Après quelques secondes d’hésitation et d’amertume, il décida finalement de s’asseoir malgré tout. Mégane avait laissé pour seule trace son parfum.
« Bon sinon tu fais quoi dans la vie à part te taper les copines des autres ? »
Il n’avait pu s’empêcher de vouloir en savoir plus, jauger si Mégane avait trouvé un meilleur parti ou si elle avait perdu au change. En soit, même si l’autre avait été Rothschild, au vu de sa façon d’agir, Mégane avait perdu au change. Logan n’était pas riche, pas plus doué que les autres, cependant lui au moins il parlait respectueusement à ses amis ou ses connaissances.

L’état de mon nez, ça doit vraiment pas être beau à voir, parce que ce mec, Logan, il moufte pas quand je lui dis d’aller chercher des bières. Ou alors il a pas compris qu’il y en a une pour mon pif, et il se dis que je suis un alcoolique notoire. Ou, dernière option promis, il est lui même alcoolique et ne rate jamais une occasion de boire tranquilou une petite blonde ? J’ai l’impression de le prendre un peu pour un idiot. Mais franchement, faut être sacrément con pour vouloir se poser dans une relation sérieuse avec l’autre là, Mégane. Elle est pas méchante, ça non, mais son attitude elle a pas pour première caractéristique de crier « fidélité ». Le contenu de ses conversations quant à lui… Il se passait de commentaire. Pour le coup, son air incrédule à l’autre, il hurle « dé-bile ». Mais bon, ptet je le juge un peu vite. Je la connais pas tant que ça, elle. Lui non plus, d’ailleurs. Encore moins en fait. Et puis il est parti chercher les bières. Ouais, bon point ça, non ? Pas sur que ça pèse lourd dans la balance devant le juge des réconciliations.

Il revient rapidement et me tend les trois bouteilles. Ok, en fait il fait juste ce que je lui dis. « Tiens, sinon t’as un nom ou comment ça se passe ? » Il veut se débarrasser de moi, mais sans trop culpabiliser de m’avoir défoncer le nez. j’vois le genre. Je pose les trois bières sur le buffet qui a évité ma chute au sol, et la ruine totale de mon égo par la même occasion. Je sors un briquet de ma poche et j’en décapsule deux. Je fume pas, mais j’ai jamais trouvé quelque chose de plus cool en soirée que ces types qui décapsulaient les bouteilles avec leur feu. Je me contente de peu. Je lui en tend une, portant l’autre à mes lèvres afin d’en boire une gorgée. J’attrape la petite dernière et la pose délicatement sur mon nez. Ca m’arrache une grimace de douleur que j’essaie de masquer. « Santé, Logan c’est ça ? » Je bois une nouvelle gorgée, l’invitant à m’imiter. « C’est Ezra. Et Manchester écrase tout le monde, c’est ça qui est sur. » Bon, je répondais en décalé, mais on pouvait mettre ça sur le dos du traumatisme crânien dont je souffrais pas vrai ? J’anticipais déjà un mal de tête monstrueux au réveil, demain matin. Pour une fois j’aurais le prénom d’un garçon sur les lèvres à peine éveillé. Foutu Logan !

« Bon sinon tu fais quoi dans la vie à part te taper les copines des autres ? » Plus il me provoque, plus je l’apprécie. Je suis pas maso, mais j’aime bien son répondant. Je repose mes deux bières, le contourne et va ramasser les deux pauvres pizzas qu’on atterris au sol grâce à lui. « Parfois je m’en tape des libres! Enfin… A ma connaissance. » Je ris dans ma barbe, il va pas m’en coller une autre, non ? Je rapporte les pizza et les dépose sur la table basse. « Sinon je regarde les matchs le vendredi soir. » J’attrape mes deux bières et me cale dans le canapé là où était assise Mégane quelques minutes auparavant. « Allez mec, ça fait une demie heure que t’es debout, t’auras qu’à dire que t’es tombé sur client fou furieux qui t’en a décollé une, t’es rentré chez toi te soigner ! » J’ouvre le carton des pizzas. Elles sont plus ultra chaudes, tièdes je dirais. Ca fera l’affaire. « J’espère que t’as les mêmes gouts que moi en matière de pizza!. » Ca serait pas étonnant, on partageait déjà les mêmes gouts en matière de nanas. Je l’aurais bien dis tout haut, mais j’avais plus envie de tester ses limites, mon nez de Bozo le clown me suffisait pour la soirée !