James est tiraillé entre les angoisses et la rage lorsqu'il quitte le domicile de son ami Judson. Il est traversé par ce flot de doutes et de questionnements, et un seul homme peut répondre convenablement à ses attentes. Il lui est nécessaire de vider, exploser, les tourments que son cœur contient. Les révélations entreprises par Judson lui retournent l'estomac, et après quelques verres ingurgités, James retrouve le « cocon » conjugal pour obtenir une explication. Il lui est nécessaire d'entendre les confidences qu'il a pu déclarer à son ami, de quoi il en retourne exactement, puisque le blond s'est tu malgré son obstination à savoir. Il lui a seulement accordé un indice, deviné par lui-même, et il sait, à regret, que les angoisses qui taraudent son amant se concentrent sur le mariage. Il réalise que Matthias forme certainement une bulle illusoire autour d'eux, et qu'elle pourrait se percer à tout moment. Il est déjà rongé par la rancune à son égard, de ne lui avoir rien confié à ce propos, de l'avoir laissé penser qu'ils seraient, un jour, unis pour l'éternité. Alors il avance au sein des couloirs de leur villa pour rejoindre le salon et retrouver son homme dans le salon volumineux, sagement assis sur le canapé. Les yeux bouffés par les larmes, James l'observe avec cette colère palpable. « Matt... » Il souffle sans savoir débuter autrement. Il imagine qu'il serait préférable de lui préciser qu'il revient de chez Judson, qu'il a manqué de délicatesse en lui confiant un élément qui le rend craintif, affolé. Il a si peur de le perdre qu'il est contraint de formuler directement sa requête, toujours debout, de l'autre côté du salon. « Tu veux plus te marier avec moi, c'est ça ? » Sa voix est sèche, mais aussi mélangée à une profonde inquiétude. Les doutes compressent sa poitrine, à tel point que la froideur s'empreint de son ton. Seul Matthias serait capable d'y déceler une pointe de nervosité, de doute.

C'est mon jour de repos hebdomadaire, après plus de 48h de garde mouvementées. J'avais aspiré à une journée tranquille à la maison en compagnie de James. Tout se passait un peu mieux depuis la soirée ratée, même si ce n'était pas encore parfait. Mais tu étais parti je ne sais où, et j'avais donc pris un livre pour lire tranquillement. Si notre relation s'améliorait, il restait cependant de nombreux non-dits entre nous, surtout en ce qui concerne la question du mariage. J'avais bien du mal à en parler avec toi, parce que je voyais combien cela semblait te rendre heureux et je me détestais de briser ton rêve. Je tentais de me convaincre que ce serait une bonne idée. Mais tout avait volé en éclat avec ce baiser échangé avec mon meilleur ami. Toutes mes certitudes s'étaient effondrées comme un château de carte. Alors depuis j'évitais soigneusement d'aborder le sujet avec toi. J'avais même stoppé d'en parler avec Judson. Ce baiser, finalement, avait créé un état malaise tout autour de moi. Surtout que pour moi, j'étais déjà lié à James à vie, mais les papiers ne sont que dérisoires à mes yeux. Et le mariage n'avait probablement pas la même valeur à les yeux que le tien. J'entends la porte claquer signe que tu rentres. Mais je suis tellement plongé dans mon bouquin que je ne relèves pas la tête de suite. C'est en entendant ta voix s'élever que je parviens à délaisser mon livre pour remarquer ton visage crispé et colérique. Je pose mon livre sur la table avant de me tourner complètement vers toi. Je portais un de tes pulls extralarge, comme souvent quand je ne bougeais pas de la maison. J'adorais porter ton odeur quand tu n'étais pas vraiment là, je la trouvais envoûtante. Mais tu m'assommes avec la pire crainte : cette question sur ce mariage, sur ce que je voulais vraiment. " D'où tu tiens ça ? " J'essaie de noyer le poisson en tentant de trouvant la source d'information. Mais, en revanche je garde mon calme face à ta colère.

Je panique totalement lorsque je m'introduis dans notre habitation : j'ai les mains moites qui tremblent, la gorge nouée. Je suis angoissé à l'idée que tu ne veuilles plus de ce mariage, ce qui reviendrait à dire que tu ne veux plus lier ta vie à la mienne, ni même partager des moments idylliques à mes côtés. Je ne saisis pas pour quelles raisons exactes tu as pu glisser cette confidence de ta bouche, comment tu oses tisser un mensonge autour de nous au quotidien. Alors ma colère explose lorsque j'atterris devant toi, tandis que tu lis un bouquin. J'observe seulement ton regard ignorant, devenant rapidement inquiet. Je sens bien que tu ne te doutais pas un seul instant de me voir débarquer avec les traits tirés par la rage et l'angoisse. Alors je balance l'objet de mes doutes, de ma frayeur, et tu me rétorques rapidement, avec une simple requête. Tu fermes ton bouquin en me demandant d'où je tiens cette information. « Judson. » Je balance simplement, sans tourner autour du pot. « On discutait. Il m'a seulement confié que toi aussi tu te confiais à lui. Je lui ai demandé si c'était par rapport au mariage. Il n'a pas eu besoin de répondre. » Judson n'y peut rien, il ne sait pas mentir ni même vraiment garder un secret lorsqu'on le touche du bout des doigts. « Mais ce n'est pas le propos. Réponds. » Je t'oblige, je te fais affronter la réalité cette fois. Tu ne peux plus t'échapper. Je reste planté face à toi, l'air assombri et froid, tandis que mes yeux te toisent, te sondent, remarquant au passage que tu portes un de mes pulls en laine. L'idée ne me fait même pas sourire, il n'y a que ce sentiment d'avoir été pris pour un con qui domine.

J'aspirais à une journée tranquille. Peut-être même l'idée de sortir avec toi pointer le bout de son nez, comme un couple presque normal, qui ne se déchire pas. Malheureusement tout tombe à l'eau alors que tu rentres passablement en colère pour je ne sais quelle raison, en tout cas avant que tu ne prennes la parole. Finalement la trêve n'a pas été très longue, et je sens une pointe de regret au creux de mon ventre, parce que je me leurrais dans le fait que ça allait mieux entre nous, que peut-être on parviendrait à laisser nos soucis derrière nous. Pourtant je sais que cette idée est illusoire. Tant que je n'aurais pas mis la vérité à table, rien ne pourra se résoudre durablement, parce qu'au final, je suis le seul fautif de la déchéance de notre couple. Tu n'avais rien à te reprocher, et c'est probablement toi qui va souffrir le plus. Une légère amertume se dépose sur la langue, laissant un goût âcre de rancœur dans la bouche. Tu avais probablement voulu savoir ce que je parlais avec mon meilleur ami. Heureusement je sais que, piètre menteur il est, il ne dévoilera pourtant rien de vive voix. Je soupire profondément, j'appréciais moyennement que tu tentes de lui soudoyer mes confidences. " Mais ce qui est normal vu que c'est mon meilleur ami. " Je croise mes bras, j'ai si froid d'un seul coup. Probablement le stress qui grimpe en flèche chez moi. Tu me mettais au pied du mur, je sens que maintenant je n'ai plus vraiment le choix d'aborder ce choix. Malheureusement il n'y a pas une bonne manière d'aborder ce sujet sans te froisser. " James, tu sais très bien que je n'ai jamais mis le mariage sur un piédestal, ça ne veut pas dire que je ne comprends pas pourquoi tu le souhaites... " Je soupire, en vrai je ne sais pas vraiment quoi répondre. Et bon, y a pas de bonne manière de me justifier.

J’ai envie de te hurler à la figure et je ne manque pas d’obéir à cette envie. Je te fais part de ce qui me comprime la poitrine, des angoisses qui me taraudent l’esprit à cet instant. Je fais certainement preuve de plus de franchise et de brutalité dans mes paroles que d’habitude, mais les effluves de l’alcool m’étourdissent légèrement. J’ai bu pour oublier avant de m’introduire dans notre appartement ; j’ai bu pour échapper à cette nervosité qui m’accable. Je ne supporte pas ce poids que tu m’infliges, j’ai besoin de saisir pourquoi tu balances ces confidences désastreuses et pleines d’indécision à l’égard de notre mariage. « Je sais mais certaines choses ne devraient même pas être confiées. Je comprends pas que ça puisse être sujet de doutes. J’aimerais bien que tu m’expliques, à moi, parce que ça me concerne. » Je tente de reprendre une voix moins teintée de colère, plus empreinte de ce désir de compréhension, mais le reproche n’est absolument pas déguisé. Je sens pourtant que mon ton se mêle à la fragilité qui m’anime, et je me retrouve coincé parmi toutes ses frustrations sans trop savoir comment les aborder. « Tu te rends quand même compte que comprendre et vouloir, ce n’est pas exactement la même chose ? » Je t’interroge sans porter de jugement sur tes propos, je suis simplement en quête de la vérité, peu importe si elle est tranchante. Évidemment, je préférerais que tu me rassures, en me déclarant que ces confidences étaient reliées à un doute passager, absolument pas permanent, et que Judson est parvenu à le briser. Oui, j’aimerais que tu me rappelles combien la valeur du mariage ne s’est pas dissipée de la liste de tes désirs, et encore moins envolée de ta tête. « Je sais que tu as bien compris que c’est important pour moi. Je le sais, ça. Mais ton envie, la tienne, est-ce qu’elle est réciproque ? » Je pointe davantage tes souhaits pour que tu ne les rattaches pas aux miens, et que tu me transmettes ce que j’aimerais connaître et que tu détournes avec beaucoup d’aise.

Je soupire doucement. Je n’ai pas envie de m’engueuler et pourtant tu me titilles les nerfs. À croire au final que l’on est masochiste pour repartir sur cette pente. Je croise les bras contre mon torse en une vaine tentative de défense. Tu es vif, haineux presque. Je n’en saisis pas bien le sens au départ mais tu éclaircis rapidement ma pensée. Et revoilà, toujours le même sujet qui revient sur le tapis. Le mariage encore et toujours. Je commence à me mordre les doigts d’avoir accepter ta demande. Trop naïf pour croire que mon indécision s’envolerait. Au contraire ton insistance m’effraie, me donne envie de refuser avec encore plus de vigueur, et pourtant je suis bien trop lâche pour l’évoquer avec toi. « Tu veux que j’en parles avec qui ? Toi ? Tu pourrais vraiment comprendre mon point de vue ? Tu serais assez objectif pour ne pas me pousser vers ce que TOI tu as envie ? » Je tente de rester calme, de ne pas hausser la voix. Tu me balances tes reproches en pleine face. Je le conçois, bien sûr, mais tu ne cherches même pas à comprendre mes motivations à te taire ça. Et en plus, les tensions qui se sont accumulées entre nous n’ont pas aidé à éclater cela. « Je n’ai pas dis que c’est la même chose. » Je n’en ajoute pas plus, je ne veux pas dire des choses que je sais que je vais regretter dès qu’elles vont sortir. Tu me bloques, te ne me laisses plus trop le choix de lâcher certaines vérités. Pourtant tu devrais te douter que le mariage et moi on n’est pas trop ami. Je ne suis pas anti mariage non plus, mais pour moi cela n’a pas la même valeur que celle que tu lui donnes. Et judson a renforcé ce fichu doute. Mais c’est une autre histoire. Tu finis quand même par t’adoucir, et moi, je réfléchis à comment t’avouer une vérité qui sera de toute manière douloureuse en soi, même si ce n’est pas un refus total ? Je soupire profondément avant de reprendre la parole. « Elle n’est pas aussi forte que la tienne. Et plus j’ai de pression moins j’ai envie, James. » Tu sais très bien que je suis quelqu’un de fébrile face à la pression, surtout quand je n’ai personne pour m’épauler face à cette pression.

Je te crache mes ressentiments en pleine figure, et même ma colère, mon amertume. Je te dissimule rien, mon discours limpide et véridique vivement contribué par mon alcoolisme soudain. Je n’ai pas envie de camoufler ce qui me prend les tripes, qui broie mon cœur en deux. J’ai besoin d’évacuer, d’exploser ces frustrations, dans l’espoir que tu les étouffes, les dissipes par quelques paroles tendres. Seulement notre discussion devient querelle, et l’imagination que j’avais établie de cette altercation est contrée par la réalité déchirante. Tu plonges dans cette douleur avec moi, je remarque bien dans tes yeux la détresse et l’ennui que je t’inflige péniblement. Je suis incapable de laisser mes doutes planer, me ronger la poitrine avec le temps ; je dois seulement trouver la vérité dans tes mots. Dans tes yeux aussi. Mais ils ne présagent rien de bon et je sais pertinemment que le mariage demeure un sujet délicat qui froisse nos esprits. « Difficilement, il est vrai. Il faut quand même prendre en compte que ça fait deux ans que tu m’as dit oui… Forcément que ça me ferait profondément chier si ton avis ne concordait pas avec le mien. Mais oui je serais assez objectif. Tu l’es bien toi, non ? Tu comprends bien mes sentiments à ce sujet, sans pourtant me dissuader de vouloir ce mariage. » Et pourtant, si j’ai bien suivi, tes idéaux diffèrent finalement des miens, alors que j’ai longtemps cru que la bague de fiançailles retenue à ton doigt était la preuve ultime que tu partageais mes valeurs, mes désirs. « Pas aussi forte… sois précis s’il te plaît. Elle est vraiment pas aussi forte, ou elle est juste inexistante ? » Je t’interroge et te demande confirmation, avec une voix qui s’est adoucie face à tes reproches. Et finalement, tu me dévoiles ce qui doit te bloquer dans tes décisions. Il semblerait que je te foute trop la pression, ce qui réduit à néant ton envie de mariage. « Je… Je te fous la pression… ? » Je répète, étonné, déboussolé, toujours debout face à toi, comme un con, tandis que mon abasourdissement se traduit dans mon regard scrutant le tien avec insistance. « Désolé… J’ai pas fait attention… J’en ai tellement envie que j’ai sans doute été trop ambitieux. C’est juste que ça fait déjà deux ans. » Je commente sans oser te regarder, les larmes restant coincées aux coins de mes yeux.

Je me prends en pleine face tes accusations, tes ressentiments. Je les mérite bien après tout. Mais tu ne m’avais jamais accusé aussi vivement, et je n’aurais pas compris si je n’avais pas senti les effluves d’alcool provenant de ta bouche. Mais ce n’est pas le moment de te le faire remarquer. De toute manière ma propre colère grimpe, et je parviens encore quelque peu à me contrôler, pour ne pas dire des choses blessantes que je regretterais. Tu me mettais dans une situation délicate. Parce que je sais que j’allais finir par te blesser et je ne le voulais pas. Je resserre mes bras autour de moi, dans l’idée de trouver une petite once de réconfort. Mais c’était peine perdue. Mon regard s’assombrit et je sens que je perds de plus en plus toute rationalité dans la conversation. En même temps tu contres balance mes arguments. Je soupire doucement, mon angoisse se calme partiellement. Je suis plus à même de te répondre plus posément. « Deux ans pendant lesquels notre quotidien a été pas mal tourmenté, on ne peut pas vraiment dire que l’on a pris le temps de vraiment se poser ensemble pour vraiment réfléchir à cette question. Je l’ai toujours été avec toi, en tout cas j’ai tenté d’être le plus compréhensif, effectivement. Et, parlons franchement, je ne pense pas que je serais capable de te dissuader de cette idée. » Tu semblais tellement motivé par cette idée que j’avais l’impression d’avoir un poids non négligeable sur les épaules. Je fais tourner ma bague de fiançailles autour de mon doigt, surtout que je remarque ton regard qui se porte dessus. « Tu sembles en faire une affaire de la plus haute importance. De mon côté… Ce n’est pas la même chose. Je n’ai pas besoin de ça pour me sentir lié à toi de la manière la plus forte qui soit. Je n’y mets pas la même représentation, pour moi ce n’est pas forcément nécessaire… » Mais je finis par demander à ce que tu me mettes un peu moins de pression. Cela m’a échappé. Je sens la culpabilité s’insinuer en moi alors que je vois ton visage se décomposer sous ma révélation. Je mordille ma lèvre inférieure. « Désolé. J’aurais vraiment aimé ne pas le ressentir comme ça, mais c’est le cas. Je sais que tu n’as pas voulu ça. » Tu finis par fuir mon regard. J’arrive à me rapprocher de toi. On a beau parfois se lancer des coups bas, il n’en reste pas moins que je ne supporte pas les larmes coincés dans tes yeux. « Non, c’est moi, c’est ma faute. » Je pose mes pouces sous tes yeux pour chasser ses larmes. Incapable de résister à ça.

On se décharge chacun notre tour à propos des frustrations qui rongent nos âmes et sont à l’origine de cette altercation. Je te confie mes doutes, ce à quoi tu rétorques en me partageant tes sources d’angoisse. Le mariage semble devenir l’objet de tes tourments quotidiens, en ce moment, et je comprends mieux ton comportement distant. « Tu appelles ça tourmenté ? On a juste eu quelques froids, comme tout couple ordinaire Matt. Tu as eu un moment difficile, et tu n’étais peut-être pas en état de penser à ce mariage, mais je ne crois pas que ça a été une période pire qu’une autre pour notre couple. Enfin je ne le vois pas comme ça en tout cas. » Je t’explique ma vision de notre vie, sans te froisser je l’espère. Mon ton n’est pas froid, plutôt compréhensif et sec parce que je crois simplement à ce que je raconte. La nervosité m’envahit, mais simplement en songeant aux incertitudes qui t’assaillent, car je suis sincèrement convaincu que tu es l’homme de ma vie. Quand je pense à mon avenir, que je le dessine dans mon esprit, je ne vois que toi. C’est une réalité devenue si véridique que l’idée de lier ma vie à la tienne m’enchante. « Tu ne parviendras pas à me dissuader de ce mariage de toute façon. C’est important dans notre famille ; ça renforce les liens, unit les vies pour l’éternité. » Je t’explique mes raisons pour donner à ces vœux sincères une valeur particulière. J’aimerais que tu comprennes mes principes et buts, tout en espérant qu’ils sauront te convaincre, même si j’essaye d’apprivoiser ton avis sur la question. « D’accord. Me faudra du temps pour le concevoir. Je rêvais vraiment de ça. Ça me fait chier. » Même si tu fais preuve de délicatesse et de patience pour décrire ce que tu ressens précisément à ce sujet, même si l’amour que je te porte, la déception et la souffrance n’en sont pas moins imposantes au creux de mon cœur. Je ne peux pas non plus empêcher les larmes d’humidifier mes yeux, même si elles ne s’écoulent pas. Trop d’émotions s’agitent, trop d’amertume s’écoule en moi. C’est une véritable désillusion que tu m’infliges : j’ai tellement cru que tu le désirais, toi aussi. Je ne tente même pas de te convaincre avec mes idées, d’appuyer ma demande, je décide de ne plus être insistant et d’accepter ton point de vue, pourtant difficile à endurer. Je te sens t’approcher de moi, soulever ma tête pour essuyer de ton pouce les larmes coincées dans mes yeux. « Non je pensais que tu étais aussi réceptif et envieux que moi. » Je n’ai vraiment pas voulu te contraindre à accepter ma demande, ni te foutre la pression. Je te regarde, caresse ta main, dévoilant combien je suis désolé et à quel point je suis navré que nos envies ne coïncident pas. Puis je te lâche et disparais dans la cuisine pour me préparer un autre verre de whisky. Sauver le restant de mon bonheur naufragé dans l’alcool, voilà la solution.

On se balance notre vérité au visage. On met à plat des choses qui auraient dû l’être depuis longtemps. Et pourtant on en souffre encore plus. La culpabilité n’en est que plus forte chez moi, parce que je sais que je suis à l’origine de tout ça, même si tu t’empresserais de me contredire. Mais c’est ma croix à porter, pour toutes les erreurs dans lesquelles j’ai plongé. Et surtout pour l’ignoble personne que je suis. « Je ne dis pas que c’est pire. Mais ce n’était pas dans mes priorités et le bon moment… Et après les tensions sont apparues… On ne peut pas dire que ça avait été une période évidente pour moi » Je sais que ça n’excuse rien, ni même que c’est une raison valable. Pourtant je conçois parfaitement ta vision des choses, je la comprends, et je tente même de la rejoindre. Ce mariage en devient presqu’une affaire d’état et ça commence réellement à m’angoisser. Je n’avais pas besoin d’un contrat pour me sentir lié à toi à vie. Je le suis déjà. Alors ça n’aurait dû être qu’une formalité. Pourtant j’y vais à reculons, encore plus franchement depuis que ça a dérapé avec Judson, ce qui a donc déclencher un marasme intérieur. Je ne me sentais pas digne de tout ce que tu projettes sur moi, et je suis bien incapable d’avouer mes méfaits en plus. « Et ce n’était pas mon intention. Je comprends que c’est important pour toi. Je ne sais juste pas si je suis vraiment digne de cette importance. Le mariage semble être un engagement important. Je.. J’ai.. Je sais pas comment expliquer, mais… j’ai peur de ne pas avoir les épaules pour ça. » Je ne suis pas un pessimiste de nature, mais tu es véritablement le seul engagement que j’ai fait dans la vie, à part mon métier. Généralement je me laisse porter par les choses. Je te confie une de mes peurs les plus profondes. Tu méritais tellement mieux que moi. Pourtant je sais que je te blesse, et que cette blessure ne se refermera pas facilement. « Je suis désolé » Elles sont tellement bidons que je baisse le regard. La culpabilité me ronge un peu plus fort, d’autant plus que l’indécision grignote un peu plus de terrain. Je suis entre deux eaux, ce qui est loin d’être confortable. J’essuie tes larmes, je ne supporte pas de les voir. Mais tu m’échappes dans la cuisine, je reste donc comme un con dans le salon avant de t’y rejoindre. Tu te ressers un verre. J’ouvre le placard et me prend un verre avant de te prendre ensuite le whisky pour m’en servir une bonne portion.