Sous le choc, tu regardes le dos de ton petit ami passer la porte de derrière. Tu le regardes disparaitre de ta vie comme ça en un instant. Qu’est-ce que t’as fait ? Pourquoi t’as pas réagi quand il t’en a laissé la chance ? Ses mots tournent en boucle dans ton esprit. « Si tu ne veux plus de moi, dis-le clairement au lieu de m'éviter pendant des jours ! » Pourquoi tu n’as pu rien dire pour le contredire, pour lui dire que tu ne voulais pas le quitter, que tu voudrais qu’il vive avec toi pour le restant de vos jours ? Pourquoi a-t-il fallut que tu restes planté comme un con devant lui à espérer qu’il reste alors que tu savais très bien qu’il ne le ferait pas ? Tu l’as perdu. Enfin, ce n'est pas vraiment le cas. Si tu avais écouté ses paroles au lieu de rester focalisé sur son départ, tu aurais compris que tout ce qu'il cherchait à faire c'était te secouer un peu. Au lieu de ça, tu as complètement occulté ses dernières paroles de ton esprit et tu penses qu'il t'a largué. C’est fini, tu le sens. Il ne fera pas marche arrière pour te prendre dans ses bras, te demander pardon et te dire à quel point il t’aime. Vous êtes pas dans un putain de film romantique. Ce genre de chose n’arrive que dans les fictions et vous vous vivez dans la réalité. C’est juste que tu t’es tellement laissé emporter par tes sentiments que tu n’as pas réalisé qu’un jour ou l’autre, ce serait lui qui te quitterait. Parce que ce n’est clairement pas toi qui l’aurait quitté. Toi tu subis tout cette situation, vivre cachés à cause de son père, ce foutu mariage avec le cœur en miettes, mais tu sais que dès l’instant où tu le verras, ton visage s’illuminera, tu seras plus heureux. Mais aujourd’hui, ça n’a pas été le cas. Aujourd’hui, tu n’avais qu’une envie le foutre à la porte et ne plus jamais le revoir. C’est ce qui va d’ailleurs arriver puisque Cory a quitté ta maison sans plus de cérémonie. Tu aurais pensé qu’il se retournerait une dernière fois, mais non ce n’est pas le cas. Il s’en va comme ça, comme s’il n’avait jamais existé dans ta vie. La chute n’en est que plus douloureuse que tu te rends compte qu’il est à peine parti qu’il te manque déjà atrocement. Tu tombes alors à genoux et tu laisses les larmes couler sur ton visage en fixant comme un abruti cette porte qui se referme petit à petit sur l’homme de ta vie. T’es vraiment qu’un con fini. Au lieu de lui courir après, de le rassurer en lui disant que tu ne veux pas le quitter, comme tu ne veux pas qu’il te quitte, tu t’apitoies sur ton sort. T’es pathétique, tu le sais mais tu ne peux rien y faire. Tu pleures dans cette position pendant quelques minutes qui te paraissent être des heures avant d’être capable d’aligner deux mots. Tu prends alors ton téléphone et appelle la première personne qui sera te réconforter après cet épisode tragique. Trois sonneries et elle décroche. « Tal, j’ai merdé. » sanglotes-tu. Tu l’entends te parler mais tu n’arrives pas à comprendre le sens des mots. Tu supposes qu’elle te demande ce que tu as fait pour être dans cet état. Tu pourrais lui raconter tout ce qui s’est passé. Votre dispute, la façon dont tu lui as parlé, ses derniers mots. Mais tu n’as pas envie de le faire au téléphone. Tu veux simplement qu’elle vienne te réconforter. Tu as besoin d’un câlin et elle est la mieux placée pour ça. Tu renifles fortement et de manière peu élégante avant de reprendre la parole. « Cory m’a quitté… » C’est tout ce que tu arrives à dire avant que les larmes et les sanglots bloquent tes mots dans ta gorge. T’as l’impression d’être un enfant qui a un chagrin d’amour. C’est exactement ce que c’est un chagrin d’amour. C’est la première fois que tu expérimentes un sentiment si fort et si dévastateur. Ça te fait mal, ça t’opprime le cœur, te le déchire pour ensuite l’envoyer dans les airs en de milliers de pièces. Tu as le cœur brisé et ça ne te plait pas. Tu ne veux plus jamais ressentir quelque chose comme ça. C’est trop fort, trop puissant. Tu sais que tu ne survivras pas une nouvelle fois à ce genre de chose. Tu voudrais ouvrir ta cage thoracique et en extraire ton cœur pour devenir comme les gens que tu vois autour de toi et dont on dit qu’ils ont un cœur de pierre. Au moins eux, tu sais qu’ils ne souffrent pas d’avoir perdu l’être qu’ils aiment. « Tallulah, qu’est-ce que je vais faire ? » Le téléphone est toujours vissé sur ton oreille et tu fixes toujours la porte qui maintenant s’est complètement refermée. Tu n’as pas le force de faire grand-chose. Ta vie est maintenant finie. Sans Cory elle n’a plus le même goût. Tu te sens vide, comme si le voir partir t’a drainé de toute ton énergie. Tout ce que tu voudrais, c’est remonté le temps et faire en sorte de ne jamais tombé amoureux de lui. Ça fait trop mal et tu veux tout oublier.
C'est une soirée tranquille au restaurant, pas trop de monde. Enfin, ça semble tranquille pour tout le monde sauf toi, parce que comme l'autre serveuse préfère flirter avec le cuisinier, tu couvres pour elle, comme d'habitude. Les plats s'enchainent, tu sais pas trop comment tu réussis à tout gérer, mais tu y arrives, avec le sourire en plus. « Thalia, tu peux prendre la neuf ? » te demande ton gérant en plein milieu de la soirée, sans lever les yeux de son portable. Tu aurais bien envie de lui dire que ton nom c'est Tallulah, pas Thalia, mais tu fais avec. De toute façon, ce n'est pas comme si tu aimais vraiment ton travail. Vous ne formez pas une grande famille, vous n'êtes pas amis, vous êtes collègues, rien de plus. Tu viens, tu travailles et tu t'en vas, alors pour les erreurs de prénoms, va t'en falloir plus pour que ça te pose problème. Tant bien que mal, tu couvres la table supplémentaire, roulant les yeux et soufflant quand tu vois l'autre serveuse qui se la coule douce en arrière, riant niaisement à une blague sûrement puérile du cuisinier. T'es pas là pour juger, alors tu laisses couler, ça aussi, c'est pas toi qui va les interrompre. La soirée finit par se calmer, alors tu vas en arrière après avoir aviser la personne en charge, juste pour prendre un peu d'air. Personne ne remarque que tu pars, c'est limite comme si t'existais pas. Soufflant une fois dehors, tu sors ton portable pour y voir un appel entrant de Zeke, comme si le hasard faisait bien les choses. Au son de sa voix, tu comprends tout de suite que c'est pas la joie, qu'il se passe vraiment quelque chose de grave. « Tal, j'ai merdé. » Quoi ? Sans vraiment que tu t'en rende compte, tes pieds te mènent à l'intérieur où tu attrapes ta veste et ton sac. « Quoi ? Comment ça merder, qu'est-ce qui se passe, tu vas bien ? » Ton ton est assez calme, tu réagis assez bien en situation de stress, alors tu ne sautes pas tout de suite aux conclusions même si tous tes sens s'affolent et que tout ce que tu veux en ce moment, c'est d'être au près de ton meilleur ami. Il renifle au bout du fil, il te parle, mais tu n'as pas l'impression qu'il t'écoute. « Cory m’a quitté… » QUOI ?? Brusquement, tu t'arrêtes, plaçant une main devant ta bouche. Tu n'arrives pas à le croire, pourquoi il aurait fait ça le bouclé ? T'as envie de serrer les poings, tu te sens impuissante face à la détresse de ton meilleur ami et tu détestes ça. Pour Zeke, tu déplacerais des montagnes, tu ferais tout pour qu'il soit heureux, mais si Cory vient réellement de le larguer, tu vas devoir regarder ton meilleur ami sombrer, sans rien pouvoir y changer. Au moins tu seras là pour lui, tu seras toujours là pour lui, quoi qu'il arrive. Réalisant que tu n'avances plus, tu te remets à marcher plus vite pour allez chez lui. Tant pis pour ton travail, tant pis si ton patron te fout à la porte parce que tu es partie sans rien dire. Entre ton meilleur ami qui a le coeur en miette et cet emploi, le choix se fait facilement. « Tallulah, qu’est-ce que je vais faire ? » Tes pensées s'entrechoquent, tu veux pas dire un truc que tu vas regretter. « Tout va bien aller, tu verras. » Ta voix est tendre, très douce, cachant facilement tout le feu qui fait rage en ton être au même moment. Putain, Cory, comment tu peux quitter le seul qui t'aimera plus que sa propre vie ? « Tu es chez toi ? J'arrive dans une dizaine de minutes, je... Qu'est-ce qui c'est passé ? » tu demandes pour tenter de mieux comprendre sans pour autant lui mettre la pression pour qu'il se confie. Il y a un truc qui ne tourne pas rond dans cette histoire, avec tous les risques que tu as acceptés de prendre pour que ce couple puisse vivre heureux, Cory ne peut simplement pas partir comme ça, sans explications. Ça ne fait pas de sens, mais tu cogiteras pus tard. Pour le moment, tu veux surtout prendre soin de ton meilleur ami, parce que le reste du monde n'existe pas et n'a pas d'importance lorsqu'il a besoin de toi.
Cory parti, tu ne sais plus quoi faire. Tes jambes ne te tiennent plus et tu t’effondres au sol alors que les larmes coulent une fois de plus sur tes joues. Tu ne comptes plus le nombre de fois où tu as pleuré à cause de lui. Cette relation est en train de te tuer à petit feu. C’est pas censé être comme ça l’amour pas vrai ? Toi-même t’en es plus sûr alors que tu regardes ton avenir s’effriter sous tes yeux. Tu sais pas combien de temps tu restes sans rien faire, à te lamenter sur ton sort avant de prendre ton téléphone pour appeler la première personne qui a toujours été là pour toi, celle qui t’a toujours soutenu. Même si elle est devenue la fiancée de Cory, elle reste ta meilleure amie, la seule femme que t’as jamais aimé en dehors des filles de ta famille. Tu l’appelles mais t’es pas sûr de ce que tu vas lui dire, parce qu’il y a tellement de choses que tu voudrais dire mais que tu ne peux pas. Cependant, quand elle décroche, tu ne peux pas t’empêcher de lui dire que t’as merdé. C’est pas loin de la vérité. A cause de ton indécision, il est parti. Même si dans l’histoire t’as pas vraiment grand-chose à te reprocher, tu peux pas t’empêcher de t’en vouloir. Si t’étais plus fort vous auriez pas eu cette conversation. Si tu n’avais pas craqué mentalement à cause de tout ce qui se passe dans ta vie et ton couple, Cory ne serait jamais parti. Alors oui tu culpabilises pour tout ce qui vient de se passer même si ce n’est pas vraiment de ta faute. Tallulah te demande ce que tu as fait pour merdé et tu reprends ton souffle entre deux sanglots. T’essaies de ne pas dire ces mots, parce que ça voudrait dire accepté la réalité, mais tu ne peux pas la laisser sans savoir. Alors, tu lui dis que la vérité. Tu t’attends pas vraiment à une réaction de sa part, parce qu’elle doit être trop choquée par la nouvelle. Peut-être est-elle-même un peu heureuse de votre séparation ? Après tout, sans votre couple, elle n’a aucune raison de se marier et encore moins avec Morgan. Mais, même si tu penses comme ça, t’es sûr que Tal ne pense pas de cette façon. Tu lui demandes alors ce que tu vas faire… Parce que clairement, tu ne peux pas vivre sans lui. Même si tu sais que c’est la meilleure des choses à faire, tu ne peux pas vivre sans Cory. Il t’est vital comme l’est l’oxygène pour les êtres humains. Tallulah reprend la parole et ses mots semblent vides de sens. Comment ça pourrait aller, alors que tu viens de te faire larguer comme une pauvre merde ? Cependant, tu ne trouves pas le courage de lui dire, parce qu’elle essaie de tout son cœur de te soutenir et te réconforter. La voix de Tal te parvient à nouveau et tu ravales tes sanglots encore un peu plus longtemps. « Oui je suis chez moi… » dis-tu avec difficulté en laissant les larmes continuer d’inonder ton visage. Tu ajoutes ensuite en murmurant à travers le téléphone. « Je t’attends. » Tu ne peux rien dire de plus parce qu’à la pensée de lui expliquer ce qui s’est passé, tu ne peux pas t’empêcher de fondre encore en larmes. T’as vraiment l’air pathétique à genoux au milieu de ta cuisine. Heureusement, tu es seul. Aucun membre de ta famille ne te verra dans cet état. Tu remercies le ciel pour ça. « Il… » commences-tu pensant être calmé, mais c’était sans compter sur ce sanglot rebelle qui te prend à la gorge et te coupe la respiration. Tu ne peux que renifler sans grande élégance et tousser pour cacher ta gêne. Tu continues de reprendre ton souffle bruyamment alors que tu arrives finalement à te calmer. Tu prends une grande inspiration avant de parler. « Je sais pas vraiment… Il est venu pour discuter, on s’est un peu pris la tête… Puis il est parti sans se retourner… » Ces mots sont durs à dire alors que t’essaies encore de ne pas pleurer. Ça te fait vraiment mal de le dire. t’as l’impression qu’on t’arrache le cœur par petit bout. « Qu’est-ce que je vais faire sans lui Tal ? » redemandes-tu complètement perdu. Cory c’est ta vie, ton passé, ton présent et ton futur. Tu ne peux pas visualiser ta vie sans lui. Et pourtant c’est sûrement ce qui va arriver.
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