Short Night

Callum & Wyatt

"Short Night ft. Cyatt"

La vibration de mon portable me sortit de mon sommeil. À moitié endormi, je tapotai sur le matelas autour de moi à la recherche de mon appareil cellulaire. Lorsque je mis la main sur celui-ci, j’entrouvris un œil afin de voir de qui provenait ce message texte. Je ne m’attardai pas trop sur ce texto puisque mon regard se posa plutôt sur l'heure. Mon cœur manqua un battement; j’allais être en retard. Je n’étais jamais, jamais en retard! Sans plus attendre, je sautai rapidement hors de mon lit et m’empressai de prendre ma douche. Aussi rapide que l’éclair, je me savonnai, me rinçai puis enfilai rapidement des vêtements propres. Une paire de jeans, une chemise puis un pull. J’avais l’air décontracté et habillé à la fois. C’était un style que j’adorais. Je ne pris même pas le temps de m’occuper de mes cheveux; avec un peu de chance, ceux-ci allaient sécher de façon à ce que je n’ai pas trop l’air d’un clown. Je ne pris pas le temps de texter Wyatt pour l’aviser que je serais un peu juste, ne voulant pas perdre une seconde de plus. Je m’en voulais de m’être endormi sur le film que j’écoutais en ce premier après-midi de repos. Pour la première fois depuis des lustres, j’avais pris un peu de temps pour flemmarder devant ma télévision en mangeant des nachos avec de la sauce salsa. Rien de moins, rien de plus. Je n’avais toutefois pas prévu m’assoupir devant mon film pour me réveiller deux heures plus tard à devoir courir à gauche et droite pour me préparer. Ce soir, je revoyais un ami que je n’avais pas vu depuis des lustres. Wyatt et moi étions amis alors que j’étais jeune gamin. Évidemment, notre différence d’âge nous avait empêchés de développer une amitié solide, mais nous étions toutefois bien contents de nous avoir retrouvés. Cette rencontre était le fruit d'un pur hasard. Je rentrais tout juste à Dewsbury après une longue journée au travail lorsque j’aperçus un homme près d’un véhicule. Lorsque la lumière du lampadaire me permit de distinguer les traits de son visage, je reconnus immédiatement le jeune gamin avec qui j'avais autrefois passé de longues soirées à flâner dans les parcs. Il était maintenant un grand (voire énorme!) gamin. Je garai mon véhicule pour aller le saluer. Je venais de revenir en ville et il était hors de question que je manque une chance de renouer avec un vieil ami. Je m’étais donc approché de son imposante carrure. Nous avions échangé une courte discussion - notamment dû au fait que j’étais complètement épuisé - et nous nous étions entendus sur une sortie en ville question de rattraper le temps perdu. Cette soirée étant donc arrivée, j’étais hors de moi de constater que je n’avais pas pris la peine de me mettre une alarme afin d’être certain de ne pas arriver en retard au lieu de rendez-vous. Embêté, je le rejoignis au restaurant. Wyatt se tenait devant la balustrade du petit restau. Lorsque je fis près de lui, je le saluai et lui fis une accolade. Notre différence de grandeur était marquante; j’avais l’air d’être un goblin à côté d'un géant. La situation m’amusait tout de même, quoique je ne fusse pas particulièrement flatté par ma taille. « Je suis désolé du retard », commençai-je complètement mal à l’aise. « Ce n’est pas mon habitude d’être en retard, mais je me suis assoupi devant la télévision », lui avouai-je un peu embarassé. Peut-être n’était-ce pas si grave, mais pour moi, c’était un manque de respect. Je ne tolérais pas les retards de mes associés ou de toute personne avec qui j’avais une rencontre. J’avais été élevé dans l’esprit qu’on ne fait pas attendre les gens, qui qu’ils soient. « Je suis vraiment très content de te voir aussi! Et oui, je suis plus que prêt mon cher! » , lui répondis-je avec un enthousiasme contagieux.

Nous entrâmes dans le restaurant dont l’odeur éveilla systématiquement mon estomac. Je sentais que j’allais m’empiffrer de délicieuses pâtes italiennes. Je sentis mon estomac gargouiller. Les nachos étaient tout ce que j’avais mangées aujourd’hui. Nous nous assoyâmes à une table qui nous fut attitrée. Tous deux nous empressâmes d’ouvrir le menu. Je n’étais définitivement pas le seul à être affamé, quoique le dernier repas de Wyatt devait forcément remonter à plus longtemps que le mien. J’étais vraiment désolé pour lui, mais je savais que je ne devais montrer aucune pitié envers lui car c’était quelque chose qu’il avait toujours détesté. Comme moi, Wyatt était une personne très orgueilleuse. Je le comprenais, mais cela n’empêchait pas une petite voix altruiste de faire écho en moi. Pour l’instant, je devais plutôt songer à passer une soirée mémorable avec lui en faisant abstraction de ses conditions de vie. C’était hors de tout doute ce qu’il désirait aussi. « Putain, tout a l’air trop bon, je n’arrive pas à me décider », lui dis-je en parcourant toutes les pages du menu. Les odeurs se mélangeaient dans la salle et mes narines se nourrissaient de ces délicieux effluves. Sans plus attendre, je commandai une bonne bouteille de vin question de bien commencer cette soirée.

Short Night

Callum & Wyatt

"Short Night ft. Cyatt"

Nous venions à peine de nous attabler et tout ce que nous entendions, c’était la jeune pimbêche qui gloussait comme une dinde fraichement décapitée. Il me vint en tête la réflexion à savoir s’il y avait un tant soit peu de cellules qui orbitaient dans sa tête ou si celle-ci était plutôt constituée d’un néant absolu. C’est sans parler de ses manières ô combien maladroites et irritables. Elle me rappelait mon ex-copine. Toujours en train d’observer mes moindres gestes en public et prête à me réprimander pour mes moindres méconduites. J’étais comme un chien attaché avec une laisse invisible contrôlée par une mégalomane assoiffée de pouvoir. Et même si je suivais ses pas la queue entre les pattes, elle tirait la laisse et m’empêchait de respirer jusqu’à ce que j’étouffe. J’eus alors de la compassion pour l’homme qui accompagnait cette idiote. J’espérais qu’il ne vivait pas la même chose que j’avais vécue. C’avait été la pire période de ma vie et je ne souhaiterais en aucune circonstance que l’on vive la même expérience que moi. Être plongé dans une relation amoureuse houleuse, malsaine et violente attaque le plus profond de notre être et nous projette dans un gouffre de doute de soi maladif. Je m’en remettrais lentement mais sûrement. Ma tête n’était pas encore complètement sortie de l’eau.

Tout comme Wyatt, j’avais envie de tout manger. Je regardais les serveurs passer près de nous avec plusieurs assiettes dans les mains et la vue me donnait l’eau à la bouche. Mon estomac  gargouillait davantage, me rappelant que je devais le nourrir sur-le-champ. Je décidai de garder la première idée que j’avais en tête, c’est-à-dire de me commander un plat de pâtes. Après tout, on ne répétait pas que la première idée était toujours la meilleure pour rien! « Je prendrais de tout aussi! Tu crois qu’on peut se faufiler dans les cuisines et aller piquer dans les assiettes? », lançai-je à la blague. Je crois que, si nous avions été complètement saouls, Wyatt et moi aurions pu réellement faire une telle connerie. Quoique celle-ci n’aurait possiblement pas mené vers un dénouement positif: amende ou petite soirée en prison, entre autres. Lorsque le vin arriva enfin sur la table et que nos verres furent remplis, je regrettai automatiquement de ne pas avoir demandé à Wyatt ce qu’il aurait aimé à boire. Sot que j’étais, j’avais faussement assumé qu’il aurait aimé du bon vin rouge. Un type comme lui ne pouvait qu’aimer une bonne quille de bière! « Tu es sûr que tu ne veux pas de la bière? Tu sais, je peux facilement finir la bouteille à moi seul », lui proposai-je comme alternative tout en échappant un petit rire. Je savais bien que mon foi, ô combien bien entrainé, pouvait absorber de l’alcool sans défaillance. Une ou deux bouteilles de vin complètes n’étaient certainement pas à son épreuve! Je ne voulais toutefois pas qu’il croit que je désirais tout lui offrir, sachant très bien qu’il n’aimait pas qu’on le prenne par pitié. Mais quand il s’agissait d’alcool, j’avais l’habitude d’être très, très généreux. Le genre de type qui, une fois bourré, commande des scooters à qui le veut bien. Il m’était arrivé à plusieurs reprises de frôler la crise cardiaque en regardant mon relevé de banque le lendemain: des centaines de dollars envolés après une chaude soirée dont les souvenirs étaient flous. Il faut croire que c’était possiblement la raison pour laquelle les gens aimaient boire avec moi: ça ne leur coûtait jamais très cher d’alcool!

Lorsque Wyatt commanda sa pizza, j’eus un moment de doute. Voulais-je réellement des pâtes? Urgh!! Mon estomac et ma tête ne parvenait pas à communiquer de façon cohérente. Il fallait croire que, si j’avais eu le choix, j’aurais tout simplement commander un peu de tout et aurais mangé jusqu’à ce que la nourriture soit coincée dans mon oesophage, incapable de faire le chemin jusqu’à mon estomac déjà trop plein. Je décidai de cesser de réfléchir et de commander, sans quoi nous aurions passé la soirée à m’attendre. « Pour moi ce sera les pâtes pesto à la crème et poulet », dis-je à la serveur. Je fermai le menu et lui remis. À peine quelques instants plus tard, nous entendîmes encore le rire aigu et irritant de la pimbêche. « Bordel, elle est insupportable!!! », lançai-je à Wyatt, énervé à l’idée que nous devions passer la soirée attablés près de ce spécimen (heureusement) rare.