La soirée au bar a été plutôt calme. Comme tous les soirs, il a servi ses nombreux clients en échangeant avec eux. Il a ri avec eux, s’est senti navré pour les galères qu’ils traversaient, sans réellement en être significativement impactés sentimentalement. Il se contente d’être une oreille attentive en fonction de leurs besoins pour savourer des moments en leur compagnie ou leur épargner une chute aux enfers trop douloureuse. Il est là sans être totalement impliqué dans leurs existences. Une cigarette posée aux coins de ses lèvres, il retrouve son domicile où l’attend sa fille endormie. Vu l’heure tardive, il s’attend à retrouver les lieux calmes. Il compte se rendre dans sa chambre, se poser dans les draps frais de son lit pour écouter de la musique, trouver dans les mélodies des sources d’inspiration pour les propres morceaux qu’il compose. Il pénètre dans son appartement en silence, dépose les clés de sa voiture sur la porte d’entrée qu’il referme sans faire de bruit. Il se dirige naturellement vers sa chambre, mais perçoit des sanglots étouffés. Cette réalité le déroute. Il s’avance dans la pénombre, entrevoit une silhouette recroquevillée sur elle-même. Il identifie rapidement l’identité de la jeune demoiselle en pleurs. Ce n’est pas une facette qu’il a l’habitude de voir de cette adolescente qui semble connaitre un moment de profonde tristesse. Cette réalité le trouble. Il ne peut rester de marbre, car il sait l’adolescente forte et fière. Elle n’a pas pour habitude de s’abattre sur son propre sort. Pourtant, la réalité qui l’accable semble lui comprimer la poitrine au point que ses larmes ne peuvent être contenues. En conséquence, sa cigarette entre ses lèvres, il se rapproche d’elle, dépose son mégot dans le cendrier alors que son bras se glisse autour de l’épaule de l’adolescente pour la blottir contre son torse. « Hé ! Qu’est-ce qu’il se passe, crevette ? » Il use de son surnom habituel pour lui soutirer un léger sourire, afin d’intégrer une image plus apaisante dans ses sombres pensées. Il ressent un pincement au sein de sa poitrine, car ses pleurs agitent son cœur d’une curieuse manière. Il ne dit mot, mais désire être présent pour lui apporter son écoute, des conseils si elle le désire.    

Shannen s'est amusée avec sa meilleure amie Summer, cette dernière l'ayant divertie au point qu'elle a chassé cette émotion négative qui lui détruisait le cœur avant d'arriver chez elle. Elle a enveloppé sa poitrine d'une délicieuse chaleur, de cette joie caractéristique des moments qu'elle savoure auprès d'elle. Son rire vaporeux a réchauffé son cœur, ses blagues à profusion ont provoqué le sien. Elle a mis de côté la morosité, pour se concentrer sur le plaisir de lui tenir compagnie. Jusqu'à ce qu'elles se couchent sous les draps chauds, jusqu'à ce que Summer s'endorme paisiblement et que Shannen soit livrée à elle-même. Et l'envie de pleurer lui prend les tripes ; un sanglot bruyant s'échappe même de ses lèvres, si bien qu'elle se faufile de la chambre de Summer pour retrouver le salon. Elle refuse de la réveiller, de l'angoisser avec des soucis qui restent ancrés dans son coeur, et qui deviennent certainement répétitifs à entendre. C'est seulement un besoin d'évacuer l'affliction qu'elle contient chaque jour, de respirer un bon coup et de s'épuiser un instant dans l'acte de pleurer. Elle renifle, tremble tant son corps est secoué par cette amertume. Alors qu'elle soulage sa peine en la délivrant par un torrent de larmes, Shannen entend des  bruits au sein du domicile. Elle tente de les sécher avec sa manche, gardant cette position recroquevillée, qui, elle l'espère, lui permettra de disparaître sous l'obscurité de la pièce. Pourtant Ciaran la remarque et se déplace jusqu'à elle, éteint sa cigarette dans le cendrier et s'assoit à côté d'elle. Il lui demande ce qu'il se passe et ça lui suffit pour fondre en larmes, au creux de ses bras, puisqu'il en passe un autour de son épaule afin de la serrer contre lui. Ce contact est tellement apaisant et agréable qu'elle quitte la position de boule pour se blottir tout contre lui. Elle cherche de la douceur, du calme. « Désolée... je pensais... que tu rentrerais plus tard. » Elle lâche de manière coupée, les sanglots l'agitant ne lui permettant pas de communiquer convenablement. « C'est pas très grave... C'est à propos de mon père. Je me suis disputée avec ma mère. » D'autres tourments la guettent, la rongent sans répit, au sujet de son existence ; de son obstination à mentir, de son inexpérience dans la luxure. Encore qu'une môme. Ciaran ne peut soupçonner ses craintes, elle est experte en comédie, depuis toujours, et de toute façon elle n'éprouve pas l'envie d'être perçue comme une enfant inexpérimentée à ses yeux. Ce serait la dernière chose qu'elle voudrait, qu'il ne remarque qu'une gamine, une crevette, lorsque son regard se pose sur elle. Son lot de peines est atteint pour la soirée, elle est peu désireuse d'en ajouter une qui la ferait sombrer dans la souffrance.

La surprise est conséquente de trouver l’adolescente dans une telle position. Il n’est pas habitué à voir ses traits rongés par l’affliction. Il se doute qu’il lui arrive parfois de subir une peine profonde, mais c’est la première fois qu’elle semble être si forte qu’elle ne peut la contenir, au sein de leurs appartements. Cela le trouble, c’est une certitude et il lui apporte sa présence, son écoute en s’approchant d’elle. Il met de côté son plaisir personnel qui est de fumer sa cigarette, retarde le moment où il retrouvera ses draps pour se détendre après une journée intensive comme il les accumule sans pour autant trouver le sommeil totalement. Il glisse son bas autour de son épaule, frictionne doucement sa peau pour lui apporter un peu de chaleur et amoindrir ses sanglots qui expriment sa douleur. « Tu n’as pas à t’excuser. » Il déclare simplement dans un ton ferme, mais avenant. Elle n’a pas à être désolée de ressentir des choses. Au contraire, c’est ce qui la rend humaine et engendre son affection. « Je vois... » Il déclare en venant déposer un baiser contre sa chevelure dorée. « À quel sujet précisément ? Je t’écoute si tu veux en parler... » Sa douleur ne lui est pas étrangère. Il y est sensible, bien qu’il puisse l’éclairer sur de nombreux points à ce sujet. Il n’ose pas s’aventurer sur cette voie, car il sait que c’est une volonté des parents de l’adolescente de laisser les choses telles qu’elles sont. Du moins, du côté de la mère de l’adolescente, car elle est trop aveuglée par l’amour qu’elle porte à son ami, enfermé au sein d’une cellule pour des crimes qu’il a commis. Ils pensent la protéger en voulant garder le mystère, mais Ciaran pense qu’ils ne font que lui mentir, mais il ne prendra pas le risque de briser ce silence. Il peut juste s’efforcer de la guider sur le chemin de la vérité sans le faire totalement, chasser sa tristesse quand elle grignote sa poitrine. Sa fragilité sous ses airs rebelles l’a immédiatement attiré, car indirectement, il se reconnait en elle et il a envie d’être là pour elle, à sa manière pour lui permettre de s’envoler et devenir une femme épanouie. Il ne prend pas conscience qu’agir de cette manière, libère des émotions auxquelles il s’est fermé durant près de treize ans, dont il en oublie même la saveur bien qu’elles soient le thème de ses chansons. Il se fait emprisonner et s’attache petit à petit profondément de cette demoiselle qu’il surnomme tendrement par un qualificatif à la fois mignon et taquin.    

La souffrance submerge le coeur de l'adolescente, à tel point qu'elle se laisse animer par des sanglots puissants. Elle tente de les dégager de sa poitrine, de se livrer aux pleurs pour évacuer et amoindrir la douleur. Pourtant la vérité tranchante que lui épargne sa mère, les disputes incessantes qu'elle affronte au quotidien, lui reviennent en tête et pèsent son coeur. Il devient compliqué de faire face aux mensonges, de faire confiance à cette femme, autour de qui pourtant, se concentre son existence. Elle en a assez de ses éloges à tout bout de champ à l'égard de ce géniteur qu'elle méconnaît. Elle en a assez de ses phrases culpabilisatrices, de ses conseils avisés qu'elle aimerait lui recracher en pleine figure. Elle en a assez aussi de ne pas disposer d'une figure paternelle qui la mettrait dans le bon chemin, avec une bonne gifle ou des remarques glaçantes. Cette marque d'autorité lui manquant cruellement pour contrer la rébellion qui la dévore, elle l'espère, l'envie. Elle aimerait rencontrer son père, c'est un fait indéniable devenant plus imposant au fil des jours. Sa mère ne semble pas encore l'avoir compris. Et il y a également ces mensonges dont elle abuse pour ne pas être reniée par ses copines, pour les épater aussi. Car elle veut se faire une place, tant pis si le prix est de se conduire comme ces jeunes délurées qui se contentent du superficiel et qui négligent la valeur de leur première fois. Shannen, elle, préfère ne pas émettre la réalité de sa virginité, et attendre le bon, plutôt que chercher un homme prêt à la fourrer sans respect. Elle a plus de dignité qu'elles mais elle ne peut pas ignorer le fait que ça la pèse de devoir jouer sur son image pour le paraître, pour être acceptée au sein de leur bande. Ça l'épuise de ne pas demeurer naturelle, de devoir jouer la comédie pour sembler intriguante et ne pas être qu'une gamine. Alors elle relâche la pression, encore plus quand Ciaran la recouvre de douceur en la blottissant contre lui. « Elle ne comprend pas que je veuille m'informer sur lui. Savoir au moins où il est. Je voudrais juste savoir où il se trouve pendant que sa fille pleure sur ce canapé pourri. Pourquoi il n'est pas près de moi à me consoler ? A me prendre mon visage entre ses grandes mains à me dire que tout va bien aller ? Même à m'engueuler quand je fais des conneries ? » Elle exprime les interrogations qui agitent son cœur au quotidien. « Ma mère ne le saisit toujours pas. Elle balance encore des éloges répétitifs sur lui. Elle ne comprend pas que ce n'est pas ce que je veux entendre. Je voudrais savoir s'il est au moins mort, je ne sais pas lors d'un combat en tant que militaire. Si je dois me raccrocher à mes espoirs ou si je dois les éliminer. Elle ne veut rien me dire. » Elle lui explique plus en profondeur son mal-être, ce qui broie son cœur avec virulence. « Je le supporte de moins en moins. Alors je me suis énervée contre elle et elle m'a répondu avec son sourire niais que mon père n'aimait pas les gens en colère. Mais elle ne sait pas combien mon cœur est empli de rage à son égard ! Elle me considère encore comme une enfant qui préfère entendre des idées positives cachant des vérités tranchantes. Ça m'use. » Elle poursuit, la voix désormais teintée par la colère qui l'envahit plutôt que la souffrance.

Il n’a aucune idée des tourments qui envahissent son cœur et le rendent si lourd. Il est loin d’imaginer leur profondeur, mais il s’efforce de lui apporter son soutien. Le bout de son pouce caresse tendrement son bras, ses phalanges frôlent sa peau délicate pour lui procurer un peu de bien-être comme ses instincts le poussent à lui prodiguer. Il désire la faire s’exprimer, mais lui donne le temps de le faire. Il pose quelques questions sans l’assaillir. Il se contente de creuser la surface pour que la demoiselle puisse décharger le poids qu’elle a au sein de sa poitrine. Cela le trouble de l’avoir si fragile sous ses doigts, le cœur grignoté par cette douleur latente qui l’oblige à déverser sa peine. Ce n’est as quelque chose d’agréable pour lui, car il préfère la demoiselle avec ses airs rebelles et enfantins, car son innocence et extravagance lui procure une certaine sérénité qu’il apprécie profondément. Son visage contre sa chevelure, il s’enivre de son parfum fruité et délicat. Ses paupières se ferment pour savourer cette douce sensation l’envahir. Shannen finit par lâcher le morceau tandis que ses actions se font plus tendres. Il ne réfléchit pas à ses actions, se laisse porter par l’affection qu’il a à son égard. Il embrasse tendrement sa tempe, se sent tiraillé par l’évocation de ses tourments. Une part de son être comprend les griefs de l’adolescente. Elle a toute légitimité à l’être à son sens. Il ne dit mot, l’écoute déverser ce flot de ressenti face à la situation qu’elle endure au quotidien. Il sait qu’il ne peut lui donner de réponses franches, car il a fait la promesse de demeurer secret à ce sujet. Il la sent agitée, animée par la colère. « Calme-toi… » Il murmure avec douceur en venant embrasser son épaule. Ses doigts poursuivent leurs caresses sur son bras dénudé. « Je comprends. » Il ajoute avec la même teinte dans sa voix. « Il est parfaitement légitime que tu ressentes cette frustration et rage grandir en toi. » Il déclare en venant plonger son regard dans le sien. « Durant dix ans, on a caché la vérité, menti à Summer à mon sujet. Encore aujourd’hui, je ne sais pas si c’était la meilleure approche à avoir. » Il admet avec douceur. Du bout de ses doigts, il caresse la chair de sa mâchoire, ses iris clairs plongés dans les siens. « Je ne peux malheureusement pas te donner de réponses précises. Je n’ai pas les clés en main, mais ton père peut-être aimerait profondément être à tes côtés. » Sa voix est très faible. Il s’agit indirectement d’un aveu qu’il lui fait, sans le faire véritablement. « En tout cas, j’aurais voulu être aux côtés de Summer si j’avais su son existence. Et je me suis fait la promesse de tout faire pour chasser ses peines. » Il ajoute avec la même tendresse. « Je ne sais pas si ça peut alléger ta tristesse, mais parfois les adultes n’ont pas la meilleure approche quand il s’agit d’aborder certaines choses. Ta colère est légitime et tu as le droit de l’exprimer. Ne te sens pas coupable de ressentir tout ça. J’espère que ta mère finira par te dire la vérité, te donner les réponses dont tu as besoin. J’espère juste que quand tu sauras tout, tu sauras lui donner sa chance, lorsqu’il reviendra vers toi, comme Summer l’a fait avec moi. » Il vient doucement poser son front contre le sien, caresse tendrement les traits de sa mâchoire dans l’espoir de chasser la douleur ancrée dans sa poitrine. Du moins, il désire l’atténuer un petit peu et ses caresses sont empreintes d’une affection profonde qui saura atteindre la demoiselle. Du moins, c’est ce qu’il espère, bien qu’il n’en prenne pas conscience.

Sa présence la réconforte mais ses angoisses ne cessent pas pour autant de l'assaillir, l'affaiblir aussi. Elle sombre dans la souffrance en pataugeant avec difficulté pour remonter à la surface. Ciaran parvient à l'extirper quelque peu de cette affliction dans laquelle elle se noie péniblement, sans réussir à se rattacher à quelque chose qui la ferait respirer convenablement. Par le surnom qu'il use à son égard, « crevette » et la douceur qu'il déverse en elle, Ciaran lui assure un apaisement satisfaisant. Son cœur relâche la pression contenue et ses paroles libèrent son amertume. Elle se confie à lui au sujet de ses tourments, de ce qui grignote ses entrailles dans son quotidien morne, où le déséquilibre formé par l'absence de son géniteur est pesant. L'aîné lui prête toute son attention en la pressant contre lui, sans jamais la couper dans son élan, dans la frénésie qu'elle emploie pour communiquer ses craintes et sources d'agacement. Bien qu'elle dépense son énergie à s'exprimer avec virulence, la jeune n'est pas assez perdue dans ce tourbillon d'émotions destructrices pour ne pas sentir les baisers tendres de Ciaran, déposés contre sa tempe et son épaule. Elle sent ses lèvres frôler sa peau enflammée par la rage, ses caresses le long de son bras, de son dos, de ses doigts qui lui prodiguent une affection que nul autre ne pourrait lui procurer. Ce genre de tendresse qui submerge le cœur de doux picotements, et qui renverse le ventre à coup sûr. Oui, à chaque geste réparateur et réconfortant du blond, Shannen sent tout son corps s'agiter, mais surtout toutes ces réactions caractéristiques éprouvées au seul contact de cet homme. Le cœur qui tambourine fortement contre sa poitrine, les papillons dans le ventre, l'envie de se blottir au creux de ses bras, de l'embrasser, de le toucher, de passer ses mains sous son t-shirt blanc qui le rend si sexy. De dormir contre lui, de l'aimer. Mais pas le temps de songer à ce sentiment qui le rattache à lui, pas le temps de se laisser emporter par cette émotion particulière. Elle se perd juste dans ses yeux un instant, alors qu'il poursuit ses effleurements contre sa chair frissonnante et élimine ses frustrations par des paroles sincères. Elle le regarde, comme ça, innocemment, en relevant la tête vers la sienne. Elle aperçoit cette étincelle dans son regard, pétillant et franche, qui vient la troubler davantage. Son front collé au sien, Ciaran caresse sa mâchoire avec douceur, pour délivrer tout le mal qu'elle contient et attiser le calme au sein de sa poitrine. « Tu as toujours les mots hein ? Une solution à tout. » Elle lâche simplement en guise de remerciement, continuant de le scruter et de se blottir plus amplement contre lui, les mains situées contre son torse et les jambes recouvrant ses cuisses. « S'il en avait envie, il serait présent à mes côtés. Non ? » Elle l'interroge car c'est ce qu'elle pense, mais elle veut obtenir son avis : peut-être qu'une autre possibilité lui échappe. « Ça c'est sûr, les adultes sont parfois pas très doués. Pire que des gamins. » Elle approuve cette idée, sans même s'apercevoir que ses larmes se sont atténuées, même freinées totalement. Il ne reste que des yeux rouges et des traces subtiles de sa morosité, coincées sur le visage. « J'aimerais bien lui donner sa chance, mais encore faut-il qu'il pointe le bout de son nez. Parce que pour le moment je ne dispose que d'espoirs prêts à être flambés. » Elle commente doucement sans lui donner la liberté de s'envoler, parce qu'elle a bien l'intention de rester au creux de ses bras encore quelques minutes...

Il est loin d’imaginer que ses actions troublent l’adolescente d’une curieuse manière. A cet instant, il désire simplement amoindrir ses angoisses et sa douleur. Il souhaite chasser sa morosité pour retrouver cette fille rebelle et à la fois fragile qu’il affectionne plus qu’il ne l’admette. La tendresse développée à l’égard de l’adolescente s’exprime naturellement par ses gestes attentionnés. Il s’efforce d’expier cette douleur accablante qui s’est sournoisement immiscer dans la poitrine de Shannen. Il lui offre ses conseils avisés et sincères. S’il ne peut pas lui révéler la vérité dont il a connaissance, il peut au moins essayer de la soutenir et lui donner un semblant de réponse raisonnée, afin qu’elle ait des clés de lecture sur la situation qu’elle vit. Il sourit doucement à sa réponse. « Il faut toujours être optimiste, prendre du recul. Ma vie chaotique m’a permis d’acquérir cette logique. » Il admet dans une désinvolture qui lui est propre. Pourtant, ses propos demeurent francs et doux. Elle se loge plus intimement dans ses bras et il ne lui refuse pas cette étreinte. Au contraire, il la colle plus fermement contre lui par une pression douce autour de sa taille. « Pas forcément. Par devoir ou par obligation, il arrive parfois que certaines personnes soient dans l’incapacité d’être présent auprès de ceux qu’ils aiment. Ce n’est pas toujours simple. Du moins, je suppose. » Il déclare afin d’apporter une réponse assez claire à l’interrogation de l’adolescente. Son ton demeure bienveillant tandis que sa caresse sur la peau de son bras continue ses bienfaits. « Je comprends. » Il murmure contre sa chevelure dorée en venant déposer un baiser sur sa tempe. « Essaye de garder encore un peu patience. Peut-être que ta mère finira par entendre raison et te dévoilera tout ce qu’il y a à savoir sur ton père, sans détour. » Il déclare simplement avec douceur. « Je l’espère en tout cas. » Il ajoute simplement, car il juge également qu’il est légitime pour Shannen de connaitre son père en dépit de la réalité, des crimes qu’il a pu commettre lors d’une époque révolue de sa vie. Il ne rajoute rien, se contente simplement de lui prodiguer sa douceur par des cajoleries voluptueuses et légères, afin de chasser définitivement toutes ses sombres pensées. Du moins, c’est ce qu’il désire.  

Les bras de Ciaran sont un véritable réconfort indéniable pour la blondinette. Sa présence et la tendresse qu'il lui accorde ; dans ses caresses le long de ses bras, dans ses baisers contre sa peau, dans les regards qu'il lui jette et dans ses paroles apaisantes ; lui administrent une douce chaleur au creux du cœur. Le blond possède une capacité surprenante, celle de rendre son cœur moins agité, mais aussi de lui insuffler un peu de joie au creux de la poitrine. Elle prend tout ce qu'il a à lui offrir : sa tendresse et ses conseils toujours avisés. « J'essaye de l'être, optimiste, mais c'est parfois plus compliqué qu'il n'en paraît. Certains soirs c'est même impossible. Alors je craque et le lendemain, je reprends sur moi et je me rebooste. Tu ne faillis jamais toi ? Il n'y a jamais un moment où tu sombres plus qu'un autre jour ? » Elle s'intéresse à son cas, car il est le plus représentatif pour croire au fait qu'il soit possible de retrouver le bonheur après de nombreuses épreuves destructrices. Son ancienne femme lui en a fait baver, il a été traîné dans la boue, dans cette cage misérable à cause d'elle ; et puis, un petit ange l'attendait à sa sortie. Summer lui apporte la joie qu'il a manquée de nombreuses années, est comme un nouveau souffle dans son existence. « Et quel devoir ou obligation est plus important que sa propre famille ? Moi je ne vois pas du tout. Je pense que ce sont plutôt des excuses pour pas entreprendre de sacrifices. C'est le choix de la lâcheté. » Elle s'exprime sans savoir le fond de cette histoire, que son père est bloqué derrière les barreaux. Loin de se douter de la vérité, Shannen se délivre de ses interrogations et frustrations. « Si tu pouvais lui faire intégrer cette idée en tête, ce serait cool. » Elle sourit contre ses bras, le regard angélique fixé au sien. Ciaran est définitivement une belle créature. Tu travailles tôt demain ? Tu devrais peut-être filer. Devrait-elle certainement l'avertir, pourtant l'idée de l'inciter à s'écarter d'elle ne frôle pas ses lèvres. Elle est trop bien collée contre lui, elle ne veut pas qu'il bouge, retrouve le cocon de sa chambre. Reste encore un peu, aurait-elle plutôt envie de lui dire. Juste cinq minutes.

Il s’efforce d’éloigner la morosité de son cœur. Il lui prodigue des conseils sincères et avisés pour qu’elle puisse retrouver une certaine sérénité. Il n’apprécie pas de la voir si ébranlée par les sombres pensées qui l’assaillent et il met en œuvre tout y parvenir. « Je ne suis pas infaillible. » Il admet simplement. « On n’est pas des rocs, sinon on serait insensible. Il faut juste trouver un moyen propre à nous pour se défaire de cette pression et la surpasser. Chacun à sa manière. Je me défoule énormément dans la boxe pour ma part. » Il indique sans perdre en douceur dans sa voix. « En tout cas, si t’as besoin de parler, tu sais où me trouver. » C’est une invitation pour devenir son confident si elle en ressent le baiser. Il la soumet une fois, n’y reviendra sans doute pas, sauf s’il se retrouve dans la même situation qu’aujourd’hui. Il essaye de relativiser les raisons qui entourent l’absence du père de l’adolescente. S’il connait la vérité, il lui est impossible de l’évoquer ouvertement. Il tâche juste d’amoindrir sa rancœur légitime envers son géniteur, qui se trouve être son meilleur ami. Elle l’ignore totalement. Elle ne se laisse pas amadouer par ses propos. « Sans doute. Je ne sais pas. » Il répond simplement en continuant ses caresses contre la chair de son bras. « Je peux essayer de lui en parler, mais je ne la connais pas énormément. » Il déclare simplement en écho aux paroles de l’adolescente. Il lui offre un sourire bienveillant. Il sent dans la lueur de son regard qu’il l’a apaisé en discutant avec elle ouvertement. Il perçoit également qu’elle se sent bien contre lui. Il ne ressent pas le besoin de la laisser seule, alors c’est tout naturellement qu’il lui propose. « Tu veux dormir dans mon lit ? » Il questionne simplement pour avoir son point de vue sur la possibilité évoquée. Il n’y a rien d’ambigu dans sa proposition. Il veut juste qu’elle retrouve la tranquillité d’esprit et puisse s’endormir le cœur plus léger. Son regard est plongé dans celui de l’adolescente pour percevoir sa réponse. Il est disposé à dormir à ses côtés. Le désire-t-elle ?

Les paroles douces de Ciaran réchauffent immanquablement son cœur. Il a une manière de communiquer qui apaise les nerfs, une manière de la caresser qui agite son cœur tout en le rendant moins contracté. Il efface ses tourments pour dégager la tristesse de son regard, tout en lui administrant du trouble au creux de sa poitrine. Il y a quelque chose de subtile qui traîne autour d'eux, de dérangeant aussi et de captivant. Une chaleur qui l'enveloppe et qui la pousse à se blottir davantage contre lui, à se noyer dans cet océan bleu lui servant de yeux. Shannen n'est pas insensible à son charme, ni même à ses effleurements contre sa peau frissonnante. Pourquoi la perturbe-t-il tant ? « Oui je comprends, moi c'est dans la gymnastique - danse, je peux exprimer toute ma rage par des gestes. » Elle répond seulement pour démontrer qu'heureusement, elle peut se plonger elle aussi dans une passion qui lui apporte du souffle au cœur. Sans ce sport, elle serait vite perdue et bouffée par la rancune et la morosité. Elle peut les étouffer en exécutant des gestes frénétiques, mais c'est encore mieux quand elle chasse les pensées sombres au creux de ses bras. « Non ne t'inquiète pas, elle ne te connaît pas en plus. Un jour peut-être qu'elle gagnera en raison. » Elle esquisse un sourire optimiste avant de se serrer contre lui un peu plus et respirer secrètement son odeur. Il lui propose de partager sa couette et un bout de son matelas, une offre qui provoque indéniablement son sourire intérieurement. Elle n'affiche pas clairement sa joie sur son visage, mais il faut savoir qu'elle est rongée par le bonheur à cet instant. Elle relève la tête dans sa direction pour l'apercevoir et esquisser un léger sourire de remerciement. « Je ne peux pas refuser ça... » Elle prononce toutefois, avant de se redresser et retrouver le contact du sol. Elle file dans sa chambre, vite suivie par cet homme particulier qui commence à s'imposer au creux de son cœur... Et elle s'endort contre lui, paisiblement, enveloppée par sa chaleur et tendresse réconfortantes.