Je ne pensais vraiment pas que je terminerais ici aujourd’hui. Si ce n’était pas pour Eddie et ses idées tordues, je ne me serais jamais porté volontaire. Il faut dire que passer la soirée dans un gymnase mal aéré avec des gens que je ne connais pas ne me botte pas des masses. Le pire dans tout ça, c’est qu’Eddie ne s’est même pas pointé. Il m’a lâchement abandonné pour emmener Pamplemousse chez le vétérinaire en urgence. Je ne vais pas lui en vouloir de s’inquiéter pour son chien, mais bon sang, le clébard a juste éternué… ce n’est pas comme si c’était la fin du monde. Je soupire alors que je suis mon groupe dans les vestiaires. Bon d’accord, j’avoue tout, je n’ai pas été très honnête un peu plus haut. Je connais bien quelques personnes présentes dans ce gymnase, mais disons que c’est compliqué. Moins compliqué qu’avant, mais compliqué quand même. Je l’observe du coin de l’œil entrer dans la cuisine avec son groupe. Pourquoi est-ce qu’il a fallu que je sois assigné aux vestiaires ? Je ne vais pas cacher que ça m’angoisse. Une pièce comme ça, pendant une coupure d’électricité, sans aucune fenêtre pour apporter un peu de clarté - pas qu’il fasse encore vraiment jour dehors cela dit. Le leader du groupe, armé d’une lampe torche, ouvre le pas et nous répète une nouvelle fois ce qu’on cherche - comme si on avait oublié en passant de la grande salle aux vestiaires. Ce type prend un peu trop les choses au sérieux. Ce qu’on cherche ? Tout ce qui peut être utile basiquement, mais principalement de quoi soigner des blessés au cas où. J’inspire un grand coup imaginant que l’air dans mes poumons est comme une bouffée de motivation… Ça ne marche pas des masses, mais je m’active quand même avec les autres. Je fouille un peu partout et c’est quand je suis le nez dans un vieux sac oublié que je remarque quelques gouttes de sang sur le sol, non loin de mon pied. Je relève la tête. L’homme qui se tient à côté de moi (Judson) saigne de la main. Pointant sa blessure du doigt, je lui demande bêtement : « est-ce que ça va ? » avant d’ajouter : « vous saignez. » Captain Obvious, bonjour. J’arque un sourcil, curieux de savoir comment il a fait pour se blesser alors que ça ne doit pas faire plus d’une heure qu’on est là. Quoi qu’après tout, je suis plutôt bien placé pour savoir qu’il suffit simplement d’une seconde d’inattention pour qu’il arrive quelque chose.

Si ce n’est pas franchement ce à quoi Zoélie s’attendait en se proposant, il ne faut pas croire qu’elle soit mécontente. Avec tout ce qu’il se passe à la maison avec son père et son Alzheimer et la cohabitation avec ses trois sœurs, changer de son trin trin habituel ne peut pas lui faire du mal. C’est pourtant une activité assez sérieuse, on sait jamais de quoi l’avenir sera fait mais bon, elle prend cela comme une activité ludique et elle aime bien jouer avec le feu. Enfin, rester coincé sans des vestiaires, ce n’est pas vraiment l’adrénaline qu’elle attendait, à moins qu’un des types de son groupe vienne lui chercher des noises auquel cas elle va riposter à coup sûr. Enfin pour le moment elle s’efforce de ne pas parler pour raconter sa vie, ce qu’elle fait en général quand elle n’est pas totalement rassurée, car sinon elle va vite casser les pieds de tout le monde. Autant éviter cela dès le depart, ça commencerait mal. De toute façon s’ils doivent rester là pendant des heures, elle a tout le temps de parler en angoissant. Non, il faut qu’elle garde la tête froide, ou du moins l’idée en tête qu’elle doit le faire. Ca occupe ses pensées, c’est déjà ça on va dire, tandis qu’elle avance dans le vestiaire. Sans doute un vestiaire d’homme car ça sent le fauve ici, génial il ne manquait plus que ça ! Qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir trouver par ici ? Ce n’est pas avec des chaussettes malencontreusement oublié qu’ils vont pouvoir faire la moindre trousse de pharmacie. Zoélie serait bien tentée pour ouvrir par crocheter des casiers mais elle n’est pas sûre que ça fasse partie du jeu, si on peut considérer que cette soirée en soit un car ce n’est pas si amusant que ça. Regardant à droite puis à gauche, ce n’est pas avec ce manque de lumière que ça va aider quoi que ce soit. Son attention est attirée par certains dires. « C’est une blague pour qu’on joue vraiment le jeu ? » Demande-t-elle, pratiquement persuadée par ses propres dires avant de regarder le sang par terre. Merde, panique pas. « Comment vous vous êtes fait ça ? » elle ne connait pas l’homme qui saigne, elle y demande franchement, ça l’évite de paniquer si elle garde tout dans sa tête. Ca ne devait pas être une soirée pour être prêt au cas où ? Elle n’a pas signé pour se retrouver avec un homme ayant besoin de vrais soins.

En tant qu’agent de police de la ville, il est évident que Judson a été l’un des premiers à être au courant de cette journée préparée par la ville. La curiosité l’a poussé à s’inscrire, car Judson fait partie de ses personnes, qui aiment repousser ses limites. En conséquence, il a retrouvé le gymnase comme on lui a demandé. Il y a plus de monde qu’il ne l’imaginait et s’il se trouvait plutôt proche de Matthias jusqu’à que l’exercice commence, il doit admettre que la pénombre apportée par le manque d’électricité dans la salle, lui a fait perdre de vue son amant. Il se retrouve au milieu de ces personnes qu’il a l’habitude de protéger au quotidien, sans pourtant tous les connaitre. Il essaye de se déplacer au milieu d’eux, mais perd l’équilibre en tentant d’éviter de tomber sur une personne. Il sent une douleur se faire connaitre, sans doute une égratignure qu’il juge bénigne. Il continue de s’avancer dans cette foule, mais finit par rejoindre un petit groupe. Il attend une personne leur donner des consignes qu’il considère lui être attribuer également. Il reste en retrait, prend conscience de la demande qui leur est formulée. C’est à cet instant qu’une voix masculine se fait connaitre à ses côtés. Il semble s’adresser à lui. « Très bien et vous ? » Il questionne intrigué, sans prendre conscience que la douleur persiste au niveau de sa main. Il semble entrevoir une blessure au niveau de sa main. Une jeune femme semble également lui accorder son attention. On lui demande des explications et Judson se sent pris au dépourvu par la situation. « Ce n’est rien, sans doute une égratignure. » Il déclare pour tenter d’amoindrir leur inquiétude. C’est à cet instant, qu’il décide de regarder sa main et découvre une plaie plus béante qu’il ne l’envisageait. Du sang s’en écoule, a salit son jean et un peu le sol. « J’ai dû m’érafler contre quelque chose de métal en essayant de ne pas tomber tout à l’heure. » Il déclare pour répondre finalement à leurs interrogations avant d’ajouter. « Un bandage suffira je pense si on désinfecte la plaie. Où peut-on trouver le nécessaire à votre avis ? » Il questionne, car il n’est pas certain d’avoir entendu l’ensemble des directives. Il se sent un peu perdu.