Bref, la base de la soirée qui va mal se terminer. Lester le savait et pourtant, il avait rien fait. Il avait laissé Achille s'enfiler des verres et il avait rien dit. « Quel con » songe-t-il alors qu'il essaye tant bien que mal de soutenir son pote, lui, le petit gamin frêle qui pourrait même pas se soulever lui-même.
Achille est déchiré. Il est déchiré parce qu'il a bu. Il est déchiré intérieurement. Mais ça, Lester en connait pas la raison. Il sait juste qu'un type qui boit à s'en soûler, un type qui se noie pour tout oublier, c'est pas un type qui va bien. Parce que lui est bien placé pour le savoir. Très bien placé. Mais bref.
Pourtant, ce soir - cette nuit plutôt, il a rien proposé, rien pris, rien fumé. Il a juste accompagné son pote dans l'alcool mais il est pas allé aussi loin. « J'aurais peut-être dû ». Bref. C'est pas sympa ça, Lester. Ok, ça te fait clairement chier de ramener quelqu'un bourré chez lui mais c'est ton pote et comme t'en as environ 0, commence pas à chipoter. Sale tocard va.
— Sérieux, Achille, soupire Lester en rattrapant le jeune homme par le bras alors qu'il allait se ramasser par terre.
Il pense pas pitoyable ou d'autres adjectifs. Non. En fait, Lester s'inquiète parce qu'il sait pas pourquoi mais il le sent pas. Et puis, lui a aussi été dans des états pas croyables alors c'est clairement pas lui qui peut juger. Mais Achille, en cet instant, genre là maintenant. Achille fait tout petit, tout triste. Il a un visage fermé, il titube. Il a l'air paumé et ça désole Lester parce que Lester sait vraiment pas quoi faire.
Est-ce qu'il faut le dire ? La galère tout le long du trajet. La galère pour trouver la maison d'Achille. La galère pour trouver les clés d'Achille.
Lester a l'impression d'être un chaton qui tente de courir après un oiseau. Il veut vraiment réussir mais il a le sentiment que c'est impossible. Comment un type comme lui (c'est-à-dire totalement cassé de partout) peut réussir à aider un type comme Achille ? Aucun sens. Genre no way.
Pause.
Achille s'effondre sur le lit et Lester lâche un soupir.
— Mec, j'sais pas...
Lester s'arrête. Il hésite. Il va dire quoi ? « Mec, je me barre allez bonne nuit ». ll peut pas faire ça. Il a pas le droit. On fait pas ça à quelqu'un qui est mal. Parce qu'Achille est mal mais vraiment mal. C'est pas juste l'alcool. C'est autre chose.
Alors Lester regarde Achille. Avec un regard différent, un regard un peu alcoolisé, un regard un peu paumé. Achille est beau. Il a des cheveux châtain en bataille, des yeux au regard perçant. Achille est quelqu'un d'intéressant mais que Lester ne connait pas vraiment. Ne connait pas tout court. En fait, Lester réalise qu'il ne sait pas qui est Achille. Achille, au passé totalement inconnu, à la vie méconnue. Achille, sur ce lit, qui semble attendre quoi ?
Silence. Lester écoute l'absence de bruit. Et il les voit. Les yeux brillants, les yeux qui vont pleurer. Les yeux qui appellent à l'aide mais qu'aucun son n'accompagne, qu'aucun sanglot ne complète. Juste simplement ces yeux, qui fixent le néant.
— Je peux m'en griller une ? lance Lester et sans attendre la réponse, il ouvre la fenêtre de la pièce, il sort son briquet, il sort sa clope, il va fumer parce que vraiment, faut qu'il fume parce que le regard d'Achille, il sait ce que ça veut dire, il va falloir qu'il trouve les mots rassurants mais Lester sait pas faire alors -
Et puis merde. Merde. Il peut pas le laisser dans cet état.
Il range son briquet, rejoint en quelques pas Achille encore allongé sur le lit.
— Allez viens.
Il saisit son pote par le bras, passe son bras sous le sien pour le relever du lit, soupire parce qu'il a vraiment pas de force et que c'est pitoyable.
— J'vais te foutre sous la douche parce que tu pues l'alcool tocard.
-- I’m not afraid of dying. I’m afraid I haven’t been alive enough -- 僕のいた時間
Ce soir, il boit un peu trop. D'habitude, il tient bien le coup. D'habitude, il est heureux, il sourit, il rigole, comme un con. Pas ce soir. Pourtant, il y a Lester, il est censé être bien, il est censé être heureux. Mais il y a un truc qui le bloque, il y a un truc qui le rend pas bien. Et ce soir, c'est difficile d'avancer. Il ne sait même plus parler correctement, il n'est plus capable de marcher. C'est une épave, au fond, il l'a toujours été. Il montre son vrai visage à ce garçon qui le bouleverse. Ce garçon qui a pris une place dans sa vie sans qu'il ne soit prêt. Il n'est jamais prêt, mais c'est vrai que Lester, il rend humain Achille. C'est nouveau, il ne connaît pas ça Achille. D'habitude, il baise sans faire attention à la personne qui se trouve à ses côtés. C'est un connard, égoïste, mais à côté de Lester, c'est un être humain qui fait tout pour voir le sourire de ce garçon. C'est vrai qu'il a de la chance, il est vivant, il a une maison, un toit sous la tête. Il a Lester. Et Lester, bon sang... Achille, il a l'habitude de passer des soirées pour trouver une conquête, parce que c'est ça qu'il aime. Ce soir, il se retrouve dans un bar, la bile qui menace de sortir de sa bouche. Mais ce soir, il est différent. Il ne se souvient pas d'avoir atterri sur son lit. Il est incapable de comprendre comment il a réussi à être là. Pourtant, il s'installe sur son lit, assit. Achille regarde le vide, il hoche la tête face à la question de Lester sans être incapable de répondre. Il se voit ... Il se voit là-bas. Il est figé Achille. Il se fait peur. Les yeux dans le vide, il sent les larmes. Pourtant, elles ne coulent pas. « D'accord. » C'est la seule chose qu'il est capable de dire. Il s'accroche à Lester, il s'accroche comme une bouée, il veut être sauvé. Il veut que Lester le sauve. Il veut trop de choses, des choses qu'il aura jamais. Il aide Lester, il l'aide à s'emmener dans la salle de bains. Achille, il veut quelque chose. Quand il se retrouve dans sa salle de bains, il regarde Lester. Il se fait pitié, il le voit son miroir derrière, il le voit son portrait. Il se fait de la peine. C'est qu'un déchet, c'est un tas de merde. Achille, il est personne, il ne l'a jamais été.
« Embrasse-moi. » Il le supplie. Il le supplie et les larmes coulent sans prévenir. Il le supplie, et ses lèvres se posent par automatisme sur les siennes. Mais pas longtemps, parce qu'il s'effondre sur le sol. Il tousse, et le reste n'est pas propre. Il vide son estomac. Son corps est en train de rejeter le taux d'alcool qu'il a vu dans la soirée. C'est dégueulasse. Et Achille, ça le fait encore plus pleurer. Il est à bout de nerfs, il craque, c'est nerveusement. Il est épuisé Achille. Épuisé de pas dormir, épuisé d'être lui. « J'en peux plus. » Il souffle, dans un murmure. Il parle dans son propre vomi, c'est tellement pathétique bon sang. « J'en peux plus. » Il se répète. Il se relève de son vomi et son corps se dirige automatiquement contre sa douche. Il n'est plus capable de se laver tout seul, il va laisser Lester faire. Il va laisser Lester ramasser sa merde, parce que lui, ce soir, il n'est plus capable de rien. Il retire sa chemise, doucement. Il se montre faible face à Lester. Il a honte de lui, il a honte d'être faible. Les coups de sa précédente bagarre sont encore présents. Mais ses cicatrices, elles aussi elles sont présentes, ça le fait souffrir. Ses doigts touchent son torse, il grimace. Il a envie de hurler. Une cicatrice, un coup. C'est comme faire un bond en arrière, parce qu'à chaque fois, il se revoit là-bas. Et c'est sanglot ne cessent pas, bien au contraire. Une cicatrice, un coup, un sanglot. Il s'enroule sur lui-même. Bon sang, il est vraiment pathétique. Ce soir, Achille est au bout du rouleau. Ce soir, Achille se livre d'une façon plus intime à Lester, il se dévoile sans vraiment avoir les idées clairs, il lui montre une partie de son passé alors qu'il voulait garder ça pour lui, il ne voulait pas que ce garçon soit au courant. Ce soir, les démons sont là, ce soir, Achille devient encore plus dingue qu'il ne l'est déjà.
◥◤Achille. Achille aux mille nuances de gris s'accroche à Lester le sans couleur. Désespérément. Désespérément fort.
Ils atteignent la salle de bain par miracle et Lester se sent vraiment inutile sur le moment parce qu'il n'a même pas été capable de soutenir correctement son pote, parce qu'il a pas de force. « Moins de force qu'un mec déchiré, au top Lester » pense-t-il mais il a pas le temps de penser plus parce qu'Achille le supplie de l'embrasser et -
Achille l'embrasse. C'est fugace. C'est comme un éclair dans le ciel, ça disparaît la seconde suivante. C'est comme une bulle de savon, ça éclate juste après.
Lester a pas le temps de réagir, il marmonne une phrase indistincte. Dans sa tête, c'est le bordel. Achille est si mal que ça ? Merde, ça sent vraiment pas bon là. Genre vraiment pas. Et il pense pas ça uniquement parce que le jeune homme vient de rendre une partie de toute l'alcool avalée les heures précédentes. Il reste sans bouger, regarde Achille retirer sa chemise.
— Qu'est-ce que -
Et il les voit. Les cicatrices. Partout. Plein. Sur cette peau qu'il trouve si lisse, il y en a partout, qui entachent le tableau, qui déchirent la toile. Des cicatrices dont il ne connait rien. Son cœur se serre. Bordel, Lester, dis un truc. Là maintenant, dis un truc, n'importe quoi. Il déglutit, s'approche d'Achille. Dis - un - truc - Sharp.
Mais il dit rien. Il se contente de prendre Achille par le bras, de le relever pour plus qu'il soit en boule. Il ouvre le robinet de la douche et l'eau coule doucement du pommeau. C'est rassurant. Le bruit de l'eau. C'est rassurant alors qu'Achille sanglote, alors qu'il y a du vomi partout, alors que ça pue l'alcool et l'auto-destruction. Il lui retire pas son pantalon, de toute façon, tout est à laver mais pour le moment, il veut juste passer la tête du jeune homme sous l'eau, rapidement.
Comme pour faire un reset. Ou pour le réveiller. Parce qu'Achille semble plongé dans un cauchemar sans fin.
Lester passe l'eau sur les cheveux d'Achille. Lester s'occupe d'Achille. Ce sont des gestes lents, qu'il ne veut pas brusque. Des gestes qu'il veut rassurant. Pardon Achille, pardon que tu sois tombé sur Lester parce qu'il sait pas comment gérer ça. Il l'effleure, il passe rapidement sa main dans ces cheveux châtains, il nettoie les traces de chagrin.
Et puis, il coupe l'eau. Il est mouillé lui aussi. Il s'assoit à côté d'Achille.
— Achille, j'vais devoir retirer le reste.
Il essaye de pas le montrer mais on peut sentir dans sa voix que Lester est inquiet. Pourquoi Achille a toutes ces cicatrices ? Pourquoi Achille semble pourchassé par des démons ? Pourquoi Achille donne l'impression d'être fou ? Il se racle la gorge, son estomac se serre. Il est pas bien et il sait que c'est pas l'alcool. C'est quoi cette sensation alors ? C'est ça, la sensation d'échec ? Quand tu peux pas aider un pote ? Quand tu te sens stupidement et profondément inutile ?
Lester est bouleversé. Terriblement bouleversé. Il a envie de prendre Achille dans ses bras, de le serrer à en étouffer ses démons, à en faire fuir son cauchemar incessant. Mais il ne le fait pas car Lester est un lâche et qu'il n'osera pas. Pas maintenant. Alors il se contente de le regarder, de ses yeux chocolat aux milles nuances de tristesse.
Il se relève et commence à retirer le pantalon d'Achille. Doucement, délicatement. Son regard ne peut s'empêcher de glisser sur ses cicatrices. Il ne les touche pas, seulement du regard, comme pour demander « c'est à cause de vous tout ce merdier ? » mais il connaît déjà la réponse.
— Va pas t'imaginer des trucs, tocard, marmonne Lester alors qu'il finit de lui retirer son pantalon tant bien que mal. Il est légèrement rouge mais lui-même sait pas pourquoi, si c'est l'inquiétude, si c'est la gêne, si c'est l'incapacité à réfléchir correctement.
Après tout ça. C'est décidé. Il ira fumer.
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Il est mal, il est au bout du rouleau. Il comprend pas ce qu'il se passe dans sa tête il y a bien un truc, un déclid, qui fait qu'il est dans cet été là. Achille il a besoin d'aide, mais aide de quoi ? Psychologue ? Putain, pourquoi ? Pour qu'on lui donne des cachets à la con pour dormir ? Et puis quoi ? Il va prendre de la cocaïne après ? Non. franchement, non. Achille a besoin d'aide, Lester est là, et Achille se livre à lui sans vraiment s'en rendre compte. De base, il ne veut pas se livrer à lui, il ne veut pas lui faire peur. Parce qu'il va fuit, tout le monde fuit, tout le monde le laisse tomber. A croire qu'il n'y a définitivement plus rien de beau chez lui. Le soleil n'est plus visible dans son état d'esprit, ce n'est qu'orage, tempête, ouragan. Il est mal, il est définitivement mal. Alors Achille, ce soir, il craque. Il craque complètement, et il s'accroche à Lester parce qu'il ose espérer que quelqu'un peut le sauver. Il ose espérer que ce soit lui, ce gars aussi paumé que lui, ce gars... Ce gars, tout simplement. L'eau lui fait du bien, mais ne calme pas ses sanglots. Il a déjà oublier ses lèvres, il a déjà oublier qu'il l'a embrassé, pourtant, il a envie de le refaire, il a envie de recommencer cette expérience. Parce qu'elle lui a envoyé des papillons dans le ventre, et pour une fois, c'était tellement agréable. C'était un truc nouveau, c'était une lumière dans l'obscurité. Mais la douche, non, franchement ça le réussi pas. Il laisse Lester lui enlever son pantalon, mais il s'accroche définitivement trop à lui. Il ne veut plus voir ses traces, ses cicatrices. Il a honte, mais c'est cette sensation de retourner dans le passé, de revivre ses coups. De revivre sa douleur, les coups, il murmure des mots incompréhensibles en arabe, les yeux clos. Achille essaye de se débattre, c'est pire qu'un cauchemar, parce qu'il est réveillé. Il commence à pousser Lester, pas trop loin, parce qu'il a quand même besoin de sa présence, il a quand même besoin de l'avoir proche de lui, d'avoir un espoir humain prêt de lui. Lester, c'est son espoir, c'est sa lumière. Il en a la certitude. Il hurle, il hurle qu'ils arrêtent, et ses yeux s'ouvrent par la suite. Va pas t'imaginer des trucs, tocard. Peut-être que c'est parce qu'il est en train de le déshabiller que ça lui procure tout ça. Il se revoie être violer. Il essaye de se calmer, mais ça ne marche pas. Il est perdu, dans un désert sans fin. Achille, c'est tellement une merde que tout ce qu'il essaye de faire, c'est de faire fuir son ami, et ça lui procure une crise de panique. « Ils sont là... » Il murmure. on, Ach, ils sont plus là, t'es juste seul, t'es juste une grosse merde, tu l'as toujours été putain. Ils sont loins, mais toi, t'es coincé, ils t'ont tués, ils t'ont détruit. Ce genre de crise, il arrive à se calmer seul, mais c'est difficile. Parce que l'eau le brûle, parce que l'eau ravive les cicatrices. Sans vraiment avoir l'esprit présent, il se livre à lui, à Lester. Il sait pas s'il est toujours là, il n'a plus vraiment de repère. Il sait qu'il est dans sa salle de bains, mais il sait plus rien après. « Fouet. » Un mot, mais il montre ses cicatrices sur le dos. « Arme. » Ses doigts désignent une cicatrice ronde, prêt de son pectoraux droit. « Couteau. » Il lui montre son bas ventre. Il lui montre son corps, et il commence vraiment à avoir peur. « J'suis... » T'es quoi ? Tu veux lui dire quoi ? Il a peur, il a pas les couilles, il a besoin d'un truc mais il sait pas de quoi. Il a besoin de Lester, tout simplement.
Achille se débat, Achille repousse Lester tout en murmurant des mots dans une langue inconnue et Lester reste sans voix. En silence, il déglutit, il ne bouge pas. Il ne sait pas comment être, comment faire, comment répondre à cette détresse. Et il comprend. Il réalise qu'à cet instant, Achille est en train de faire une crise de panique. Voix défaillante, sanglot étouffé, corps tremblant. Le cocktail détonnant, le poison de l'angoisse. Il ressent sa peur, les souvenirs qui remontent. Il voit que des images reviennent à l'esprit du jeune homme, des scènes dont il ne connaît rien mais qui se reflètent sur ce visage aux traits tirés et au regard terrifié.
Tu vois quoi, Achille ? Là, maintenant, tu vois quoi ?
Alors, Lester se rapproche. Lester écoute Achille mettre un mot sur chacune de ses cicatrices, comme si les nommer leur donnait une réalité mais peut-être, aussi, le ramenait à la réalité. Une réalité qui échappe encore à Lester. Il ne saisit pas tout, il ne comprend pas comment son pote ait pu avoir tout ça sur le corps. C'est pas normal mais ça vient d'où ?
Ça vient d'où toutes ces marques, Achille ? Qu'est-ce qui t'a détruit comme ça ?
Lester se lève pour saisir la serviette accrochée derrière la porte de la salle de bain et enroule Achille dedans. C'est un geste anodin, on dirait que c'est juste pour pas qu'il ait froid. Mais c'est pour cacher tout ça. Achille panique et regarder ce désastre sur sa peau ne l'aidera pas. Il a trouvé que ça mais le reste des vêtements est en boule, sur le côté, et sent accessoirement le vomi. Lester n'a toujours rien dit, pas un commentaire, pas un mot, sur ce qu'il vient de voir. Il sait que le sujet est délicat. Vraiment délicat.
Il hésite. Il hésite encore. Il s'humecte les lèvres. Et il saisit le visage d'Achille entre ses mains aux longs doigts fins. Ses mains froides et encore mouillées.
— Achille.
Un souffle. Comme une évidence.
— Tu es Achille.
Il ne veut plus qu'Achille regarde ses cicatrices. Il ne veut plus qu'Achille panique. Il veut qu'Achille se concentre sur lui, uniquement sur lui.
Lester n'a jamais lu dans un livre comment gérer une crise de panique. Jamais. Il ne sait absolument pas ce qu'il faut faire lorsque quelqu'un est en train de craquer car Achille se brise, Achille se brise comme un miroir rencontrant le sol, comme la vague de la mer sur un rocher. Il n'est que morceau, que cassure et Lester ne sait pas comment les recoller, comment leur redonner leur forme initiale.
Du pouce, il caresse la joue du jeune homme. Sans cicatrice, sans trace. Cette joue si lisse et si douce. Il n'a absolument aucune idée de ce qu'il veut excepté qu'Achille revienne à lui, qu'il cesse d'angoisser et de repenser au passé. Lester, il connaît. Il connaît la longue descente après avoir testé ses substances illicites. Il voit bien l'hallucination, le cauchemar, ce sentiment oppressant que rien n'est vivant, que tout est mort et effrayant. Il voit même très bien.
Regard chocolat croisant regard bleu. C'est intense. Ils tremblent tous les deux mais peut-être pas pour les mêmes raisons.
— J'suis là.
2 mots. C'est suffisant pour en dire beaucoup.
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Dingue. Cet adjectif le qualifie plutôt bien, parce que c'est ce qu'il est. C'est ce qu'il a toujours été, aujourd'hui, la carapace qu'il a construite est en train de s'effondrer. Mais, ça aussi, ça lui fait peur. Qu'est-ce qu'il va se passer, après ça ? Hein ? Il se le demande. Et Lester, il trouve les mots pour le rassurer, il l'aide, sans vraiment s'en rendre compte. Peut-être que la serviette, elle lui réussit bien, il a moins peur, il a l'impression d'être revenu chez lui. Il n'est plus là-bas, il n'est plus dans les bras de ces terroristes à la con. Il est dans les bras de Lester. Cette image, il aime, ça lui plaît énormément. C'est grâce à ça qu'il retrouve les pieds sur terre. Confidence jusqu'au bout, il décide de continuer dans sa confession. Il parle, il n'est pas serein, sa voix tremble. Il a peur du jugement, il ne veut pas que Lester parte, et pourtant, il ne se voit pas ne plus rien lui dire. Mais, il voulait rien lui dire, à sa façon, il voulait le protéger. « J'étais militaire. » Il commence doucement, mais sûrement. « En pleine mission, j'me suis fait... Kidnapper. » Les larmes reviennent, les sanglots bloquent sa gorge, il souffle un bon coup, il se donne une certaine confiance pour continuer son histoire, pour lui raconter son tragique passé. « J'ai été séquestré, violé, torturer jusqu'à ce qu'on me retrouve. » Il a mal au coeur, il doit fermer sa gueule, parce que ce n'est pas en lui racontent ça qu'il va réussir à ne plus se sentir prisonnier. « Et... » Il souffle dans le vide, parce qu'est-ce qu'il doit préciser qu'il est détruit à cause de ça ? Non. Lester le voit qu'il est mal. Il voit, il a compris qu'il n'était pas normal. Il est différent, c'est un garçon qui a vécu un triste passé et qui n'arrive pas à s'en remettre. Il essaye, il a essayé, mais l'alcool a commencé à entrer dans sa vie et c'est difficile. Maintenant, il passe ses nuits à baiser, à prendre l'alcool, un quotidien qui le dépasse, mais d'un certain côté, qu'il apprécie. Sauf que là, Lester lui ramène les pieds sur terre. Les yeux bleus d'Achille fixe les siens, et un frisson dévore son corps quand celui-ci caresse sa joue. Il est impossible de décrire l'intensité. Lester rend Achille vivant. Achille sent son coeur battre, il a l'impression d'être humain face à lui et c'est fort. C'est nouveau tout ça, c'est les sentiments qu'il avait avant d'être traumatisé, et c'est des choses qu'il apprend à redécouvrir juste à travers des yeux, et les siens. Il secoue la tête, les sanglots se sont calmés, mais des perles de larmes s'échappent encore. « Je suis personne. » Sa voix tremble, son corps tremble entièrement. Il est là. Il le souffle. Et c'est ça qui le pousse à faire ça, c'est ça qui le pousse à déposer ses lèvres sur les siennes. Et cette fois, il a les idées claires, cette fois, il a conscient de ce qu'il fait. Cette fois, il est confiant et ses bras s'entourent autour de sa nuque. Son torse se colle contre le sien. Il est là, il vient de lui souffler qu'il était là. Achille y met... Impossible vraiment de décrire les émotions qui traversent ce baiser. Pourtant, il y met fin, front contre le sien. « Montre-le-moi... » Ouais, Lester, montre lui que t'es là, montre lui par de l'amour, par un truc qui au fond, vous en avez besoin tous les deux. Montre-lui que t'es là, que tu vas pas lui lâcher la main, que tu vas pas le laisser s'écraser. Montre-lui, parce qu'Achille, il a besoin de ça. Lui. Lui, tout simplement. Il ne bouge plus, crispé, figé contre ses bras. Achille, il veut juste lui, décidément que lui.
◥◤Confidence. C'est un murmure dans la nuit. C'est un chuchotement dans le noir.
Lester voit bien qu'Achille hésite à tout déballer, il sent la peur, la peur de quoi, il sait pas. Il comprend que le jeune homme ne veut pas forcément en parler, lui-même n'est pas l'exemple du gars qui se confit mais il a l'étrange sentiment que si Achille ne se confit pas maintenant, pendant cette nuit où l'alcool a coulé comme les larmes sur les joues de son pote, alors Achille ne se confiera jamais.
Les premiers mots sont dits doucement. Mais sûrement. C'est comme énoncer des faits, raconter une histoire qui n'est pas forcément la sienne. Ça fait presque étranger au départ et il fronce les sourcils. Il cligne plusieurs fois des yeux. Et puis, viennent les sanglots, l'émotion, les scènes qu'on revit, encore et encore et dont on voudrait plus jamais entendre parler. Lester ne dit rien, il se contente d'écouter, de réaliser avec horreur le passé d'Achille. Son cœur se serre, il a presque envie de vomir. Merde. Merde, il a vécu tout ça.
Comment tu fais pour tenir, Achille ? Comment tu fais pour être encore vivant ?
Pas besoin de préciser qu'il est détruit. Lester le voit. C'est comme une tâche d'encre sur une page blanche, comme une déchirure sur une robe ivoire. C'est évident. C'est presque angoissant.
« Je suis personne »
Lester hurle intérieurement. « Si, t'es quelqu'un putain », voilà ce qu'il voudrait lui dire mais Achille l'en empêche parce qu'Achille l'embrasse. Mais c'est pas comme tout à l'heure, c'est pas un baiser plaqué sans saveur. Au contraire, c'est flippant tellement c'est grand. Et c'est tellement flippant que Lester peut pas s'empêcher de serrer le bras d'Achille, de s'accrocher à quelque chose pour se rappeler que c'est réel. Il tremble, ses doigts laissent probablement des marques sur la peau blanche d'Achille et la seconde suivante, le baiser est fini.
Vide. Non, continue. T'arrêtes pas.
Il y a 348 questions qui lui traversent l'esprit et pour lesquelles il a environ 0 réponse mais il y en a une qui l'interpelle. Une seule.
C'est qui Achille pour toi, Lester ? C'EST QUI ?
— Je sais pas putain.
Il a soufflé à voix haute, il a balancé ça dans un murmure. Il s'en fout du comment Achille va l'interpréter. Là, tout de suite, il a pas la réponse à cette question.
Il sait juste qu'il a besoin d'Achille. Il oublie cette fille qu'il essaye de choper depuis 3 semaines. Il oublie tout. Il a qu'Achille en tête.
Lester se lève, attrape la main d'Achille dans un geste bien moins doux et bien plus brusque qu'avant et le tire pour qu'il le suive. Réfléchis pas, Lester, réfléchis pas. Si tu réfléchis, t'es foutu. Il sait pas du tout ce qu'il va faire. Il avance, sans regarder derrière. Il sent qu'Achille vacille mais il faut qu'il le suive parce que s'il tombe, s'il tombe -
Achille ne tombe pas. Lester le pousse sur le lit, le force à s'allonger. Il est au-dessus de lui, il encadre son visage de ses mains qui tremblent. Et maintenant ?
Il sait pas pourquoi il fait ça, il sait même pas ce qu'il veut. Il veut pas perdre, Achille. Il veut pas. Et il ressent tellement de peine, tellement d'émotion parce que ce qu'il a vécu, c'est horrible et lui, il se sent minable, avec ses problèmes à deux balles. Bordel, il a rien vécu comparé à Achille. Il voit pas comment il pourra l'aider, il voit rien.
Ses mains serrent le drap, ses doigts emprisonnent le tissu. Et ses yeux brillent. Il ne va pas pleurer. Putain, non Lester. T'es qu'un con.
Il se mord la lèvre inférieure. Respiration saccadée. Funambule suspendu au-dessus du vide.
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Il est perdu, il est au bord du gouffre, il est mal en point. Physiquement, mentalement, il est brisé. Pourtant, il ose croire que ce garçon peut l'aider. Ouais, parce que même s'il 'arrête de rêver, avoir un peu d'espoir, ça ne fait pas de mal. Son coeur bat vite, ses lèvres sur les siennes font réveiller quelque chose qu'il ne connaissait plus. Achille laisse Lester le diriger, et sa violence le surprend. Il n'est pas tendre, ça lui fait peur. Un très court moment, mais il lui a fait peur putain. Il ne comprend plus ce qu'il se passe, il sait qu'il n'est plus vraiment sous l'emprise de l'alcool. L'eau froide a réveillé ses sens, il est présent, il est conscient. Son dos rencontre son lit, ses yeux sont figés dans les siens. Et il voit sa peur, il voit ses pupilles. Elles brillent, elles brillent comme lui, elles brillent tellement. Des étoiles dans le ciel. C'est étrange, cette soirée est définitivement trop intense. Achille se redresse, écarte un peu Lester de lui. Il ne sait pas quoi faire, pourtant, il sent qu'il doit faire quelque chose. Lester, il le lâche pas, mais il lui tend la main alors Achille l'attrape. « Lester... » Il murmure. Doucement. Il a peur de le déranger dans ses pensées. Il ne sait pas comment cette soirée va se terminer, mais la boule dans son ventre ne l'aide pas à se calmer. Il répète le prénom de son ami. Sa main se pose doucement sur son menton, pour l'empêcher de baisser le regard. Ses doigts caressent tendrement sa peau, une délicatesse que lui seul à le mérite d'avoir. Cette tendresse, elle est nouvelle, elle est pas normale. Il ne sait pas vraiment comment réagir, pour tout dire. Alors... Alors Achille attire son ami dans ses bras. Il le serre, un peu fort. Il le serre, parce qu'il sait pas ce qu'il a et qu'il a envie d'être présent pour lui. Sa main se pose dans ses cheveux qu'il caresse doucement, une délicatesse qui lui donne envie de gerber parce que c'est nouveau. Parce qu'il connaît pas ça. Son pouce se pose sur sa lèvre, il caresse cette lippe inférieure qu'il a tantôt embrassée, tantôt dévorer. Et il a envie, de recommencer. Il en a foutrement envie. Mais il ose pas, il sait pas quoi faire, hormis le serrer dans les bras. « Parle-moi, ne t'enfonce pas dans le silence. » Faut pas qu'il fasse la même connerie que lui, lui, faut qu'il s'en sorte, lui, faut pas qu'il se noie. Il le pousse à lui parler, à réagir, à faire quelque chose. Il veut frapper ? Achille est costaud, il peut encaisser quelques coups. Il veut pleurer ? Achille, il le lâche pas, il le sert fort, fort, fort. Il veut parler ? Achille il l'écoute. Il peut même lui donner des conseils s'il le veut, même s'il n'est pas très bien placé. Mais faut que son ami réagisse, faut qu'il lui fasse quelque chose, parce que sinon il sait pas comment faire. Il n'a pas le mode d'emploi, il n'est pas une bonne personne. Alors, quand il essaye, pour des personnes comme lui, il aimerait ne pas se tromper, il aimerait le voir sourire. Mais il se tait, ça commence à le bouffer, ça commence à l'anéantir. « Lester... Fait un truc, je t'en supplie. » Embrasse-le, frappe le, couche avec lui, montre des signes, bon sang, Achille le supplie. Il veut être là, mais c'est pas une bonne personne et dans le fond, il arrive même pas à comprendre pourquoi Lester est toujours là. Pourquoi il est pas parti en courant.
◥◤Pause. Tout s'arrête. Espace d'un monde parallèle. Reprise.
Lester a jamais embrassé de garçon. Il a embrassé un paquet de fille, dont il se rappelle même plus les prénoms, mais de garçon jamais. Même pété, même déchiré, même dans ses états les plus défoncés : jamais. Et pourtant, cette nuit, Lester a embrassé Achille. Il l'a embrassé et il veut encore l'embrasser. Il imagine encore plus alors que l'instant d'avant, il imaginait rien. Il se trouve égoïste, il se dégoûte. C'est Achille qui va mal, c'est Achille qu'il faut aider et Lester a pas vraiment l'impression d'arranger la situation. Il arrange pas la situation. Il arrange rien.
Bordel, Lester. Tu sers à rien.
La main d'Achille sur son menton, ses doigts caressant sa peau. Il cesse de penser à tout ça, il cesse de réfléchir car il réfléchit trop et qu'il a tendance à pas en faire ressortir du positif de ses réflexions. Il laisse Achille le serrer contre lui, il respire son odeur, ce mélange de parfum vaguement persistant et d'alcool fort, de fumée de cigarette et plus encore. Il aime ce contact, cette proximité. Ces caresses, cette main dans ses cheveux désordonnés. C'est trop intense, c'est trop violent émotionnellement parlant. C'est flou et en même temps évident. Il veut plus le quitter, il veut -
Parle. Sharp, p a r l e. Maintenant.
Il s’éclaircit la gorge, pour se préparer. Il se colle au jeune homme. Comme pour trouver la force de s'exprimer.
— Parle-moi de toi.
C'est sans détour, c'est dit dans un murmure. En même temps, c'est dit assez fort, d'une voix qui a légèrement déraillé, comme un raté au début de la puberté. C'est une demande, presque un supplice. Parle-moi de toi parce que je veux en savoir plus sur toi. Parle-moi de toi parce que je veux t'aider. Lester ne comprend pas pourquoi son cœur bat à 1000 à l'heure, pourquoi ses mains sont moites alors qu'elles étaient froides 10 minutes plus tôt, pourquoi sa respiration est forte et pourquoi son visage est plus si pâle qu'avant.
Il comprend pas tout ça alors il essaye de s'accrocher. A Achille. Dans l'espoir qu'Achille, lui, sache ce qu'il se passe.
— Toute la nuit, ajoute-t-il en se laissant lentement glisser sur le côté, à droite du jeune homme.
Il pose sa main sur la joue d'Achille - ce contact qu'il apprécie sans vraiment en avoir conscience - et l'oblige doucement à tourner la tête vers lui. Ils se regardent, en silence. Il y a un silence. Comme si le temps était de nouveau suspendu. Ils sont seuls dans cette chambre cette nuit. Une nuit sans étoile, sans lune puisque c'est eux qui brillent pour la terre entière, ce soir.
— Je veux t'écouter toute la nuit.
Il a peur qu'Achille lui demande de partir. Il flippe. Il flippe à mort alors qu'à la base, il se rappelle encore avoir hésité à partir. Pathétique. A présent, le voilà sur ce lit, priant pour que le jeune homme lui demande de rester. Pourquoi il voudrait que tu restes franchement ? T'apportes rien. Il a vraiment le sentiment que c'est lui qui vient demander de l'aide, qu'il apporte que dalle alors que c'est Achille qui a besoin qu'on le sauve.
Son coeur bat tellement fort qu'il a l'impression que Lester peut l'entendre. Ils sont proches, et pourtant, il se trouve si loin de lui. Cette sensation est bizarre. Il veut l'embrasser, bon sang, il lui crie silencieusement de faire quelque chose pour réduire cette distance. Mais en même temps, il veut l'aider, et là, Lester, il le prend par surprise. Parler. Mais parler de quoi ? Il sait pas quoi lui dire, il a peur de dire des bêtises, il a peur de beaucoup de choses et ce soir, sa carapace a officiellement disparu. Il s'ouvre, sans vraiment s'en apercevoir, il s'ouvre, alors qu'il a toujours voulu ne rien faire de tel. Et pas qu'il se sente obliger de le faire, c'est même le contraire. Ouais, ça vient naturellement. Achille se met sur le côté, naturellement, il laisse ses jambes s’emmêler dans les siennes. Il n'arrive pas vraiment à savoir si c'est normal, cette soudaine proximité, et pourtant, il l'aime. Parce que ça réveille des parties de son corps, autre fois éteinte, autre fois vivante. Il décide de lui dire la première chose qu'il lui passe par la tête. « J'ai peur... J'ai peur de l'inconnu. J'ai peur de rechuter, qu'ils me retrouvent, qu'ils me kidnappent encore. » Il a encore envie de chialer, putain, mais on dirait un gamin. Il souffle un bon coup, et s'enchaîne de reprendre son monologue. « Je sais que je suis fou, je fais des cauchemars toutes les nuits et ... » Il n'ose plus le regarder, pas avec ce qu'il va lui dire, parce qu'il va fuir, c'est obligé. « Et j'ai tellement peur que je dors avec une arme, qui est planquée sous mon oreiller. » Elles coulent, encore, putain, mais sérieusement, il faut qu'il s'arrête, faut qu'il commence à se calmer sérieusement parce que demain, c'est pas la gueule de bois qui va provoquer sa migraine. Mais, c'est ses pleurs. Et pourtant, il le veut pour la nuit, il veut qu'il lui parle pour la nuit donc... Donc Achille est certain que Lester ne va pas l'abandonner, pas aujourd'hui en tout cas. Peut-être une autre fois, parce qu'il va le faire un jour. Un jour, il en aura marre de ses conneries, de le ramasser à la petite cuillère, de nettoyer son vomi et d'assumer les insultes. Parce qu'il y en aura, un jour, Achille le repoussera et il ira très loin, quitte à le vexer, juste pour qu'il puisse avoir la paix. Il veut le protéger, et c'est pas avec Achille qu'il va être en sécurité. « Lester... » Il murmure. Il a peur de la suite, et pourtant, il est confiant. « Fais-moi l'amour... » Les mots sortent seuls, et il le regarde avec énormément d'intensité. Peut-être que ce soir, il veut pas parler, il veut juste oublier. Il sait pas comment faire, il oublie avec le sexe habituellement, et là... Il en a besoin, et il a besoin que ce soit Lester. Il a besoin de cet homme, il a juste besoin de lui. Ses doigts se posent sur sa joue, il le caresse doucement, du bout des doigts. Il apprécie cette peau douce, il apprécie son contact parce qu'il a l'impression que ses doigts sont terriblement chauds quand ils rencontrent sa peau à lui. Ce soir, il n'y a que lui dans ses pensées. « Je t'en supplie... » Ce soir, il supplie, demain, il ne trouvera plus sa force. Il est épuisé, il a besoin d'un échappatoire, ouais, il a besoin d'oublier sa vie sans que l'alcool ne joue dans cette oublie. Remarque, l'alcool, il l'a bu, mais il a vite décuvé. Dans ses pensées, ce n'est que Lester, il n'y a que lui, et il ose croire que ce prénom va réparer un truc. Un truc brisé, un truc plus réparable.
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