Aria & Mattie & Solal 
 le noir est ma seule vision et là je suis bien perdue ...  

L’hécatombe.  Je continuais de tomber de haut, la peur jonchant le parcours obscur que je côtoyais depuis quelques temps.  J’en devenais anxieuse, j’avais parfois envie de devenir invisible, ne pas sentir des regards sur ma personne. Des regards auxquels malheureusement je ne pouvais répondre. J’étais dans cette pénombre qui  m’avait  toujours été réconfortante la nuit quand je décidais de dormir oubliant le chagrin et autre démon pouvant hanter mes journées. Ces moments de clarté que je n’aurais sans doute plus jamais. Je ne voulais pas être pessimiste, mais il fallait mieux me bercer dans les bras d’un cauchemar qu’espérer que tout finirait par s’arranger. L’espérance chez moi n’avait jamais amené des choses sympathiques à ma porte, tout au contraire, l’espoir m’avait toujours fait tomber de haut. Je jouais avec ce petit lacet qui me permettait de passer mon poignet pour maintenir ma canne dans ma main. Pour le moment, je me retrouvais à la merci de ces infirmières tentant de me faire rester sur le bon chemin. J’étais tellement acharnée à vouloir me débrouiller par moi-même  que je ne voulais pas attendre cette personne qui était censée venir me chercher pour me ramener chez moi. Je pourrais dire que j’avais besoin de panser mes blessures psychologique seule, mais c’était tout autre chose. Cette peur dingue et ancrée en moi de ne pas pouvoir me dépatouiller avec cette grossesse, ces enfants qui allaient arriver dans quelques mois. J’étais enceinte et aveugle, malgré que la peur d’oublier les traits de visage, les petites mimiques de mes proches me laissait béante de douleur, j’avais bien plus peur de devoir éduquer des enfants. Comment, je le pourrais ? Ce n’était même pas une question de cécité pour moi, mais juste penser à cet homme si diabolique qui m’avait éduqué avec des idées. Et si je devenais comme lui ? Et si j’étais une minable maman ? Je ne pouvais pas être mère, je n’étais pas capable de me gérer moi-même, je n’étais encore qu’une enfant qui était toujours désireuse d’aventure, de vouloir visiter ce monde qui l’entourer. Tout cela, je ne le pouvais plus que ce soit avec ces enfants à venir et ce manque de visibilité du monde m’entourant à présent. J’étais dans le noir et je pouvais pourtant percevoir toutes ces personnes prêtes à me tendre une main pour me guider tout en me dictant ma vie, une vie qui était pourtant mienne. Ô diable, je ne pouvais absolument pas faire cela. La panique commençait à s’emparer de mon être, je commençais à suffoquer, ce n’était qu’une impression, car mes poumons continuaient de se remplir d’air et à l’éjecter dans le monde extérieur. J’amenais mes mains à mon visage, les sentant moites  et tremblante au contact de ce dernier. Une boule au ventre, je me sentais comme partir, j’aimerais retrouver ma vie, mais c’était comme se mettre à genou pour vouloir récupérer mon enfance qui avait été douce malgré les actes horribles de ce père facteur de dieu et tueur en série. J’étais arrivée par miracle à me faufiler jusqu’à l’ascenseur, laissant la voix de cet appareil me guider. Le rez-de-chaussée je me frayais un chemin aliénant quelques coups au passage de canne. J’avais pu entendre les petits mots  de douleur lâché par certaine personne. J’avais une excuse. Enfin, je suivais mon instinct tout en continuant cette distribution de télescopage au niveau des chevilles des personnes croissant mon chemin. J’arrivais à la sortie, je sentais l’air frais caresser mon visage, alors que j’en profitais pour prendre une grande bouchée d’air.  Seule, je marchais seule, je me faufilais avec  difficulté au beau milieu de la foule, une petite foule, évitant de m’approcher de la circulation des autos, me collant donc aux parois des boutiques, des traces de doigts ? J’allais sans doute ne laisser. Je commençais à fatiguer, loin de savoir le temps que j’avais à passer à penser à cette nouvelle comme quoi mes jumeaux étaient de deux sexes différents. De faux jumeaux et de me demander encore et encore comment j’allais faire, comment j’allais tenir le choc de tout cela. Ma canne venait de croiser le tibia, la hanche de quelqu’un, je cherchais un endroit pour prendre le bus ou avoir un taxi. Hésitante, je lâchais un mot d’excuse.   «  Désolée … » Que je laissais filtrer difficilement d’entre mes lèvres, la suite sera encore plus dure à faire.   «  Pouvez-vous m’aider à me rendre chez moi ! » Dans ta tête une image de toi enfant venait te happer, te faisant presque oublier l’âge que  j’avais actuellement. Je me sentais comme une enfant, perdue désireuse de retrouver ses parents.

LUCKYRED

Aria , Mattie & Solal
 le noir est ma seule vision et là je suis bien perdue ...  

L’aventure. Elle m’avait happé, elle m’avait appelé jusqu’à me laissait une sensation d’être prisonnière de ma propre vie, une peur, l’angoisse de ne plus rien pouvoir faire par moi-même. Voilà cette peur qui ne cessait de me corrompre, me laissant toujours plus dans une sensation d’incompétence.  Décamper de cet hôpital sans attendre cette maudite personne censé me guider et me prendre par la main comme une enfant était un supplice, alors j’avais pris le large. Sentir l’air frais sur ma peau me fit une sensation de dingue, me laissant avec un sourire béant sur le visage, je le sentais, je pouvais même encaisser le petit picotement que m’infligeait le froid sur la commissure de mes lèvres. Tout était parfait jusqu’à entendre ce brouilla dû à la circulation des automobilistes, je pouvais l’entendre aussi que peu de monde se tenait sur le trottoir, je ne tapais plus autant de cheville qu’auparavant à l’hôpital. Je me sentais confiante, je le pensais du moins, peut-être étais-je en train de tenter de me donner un certain courage et que je voulais y croire coûte que coûte. Puis la panique arriva, comme une crise d’angoisse, impossible de respirer, impossible de réfléchir. J’avançais encore plus aveugle que de nature. Comme si tous mes autres sens venaient de se bloquer, me laissant tout bonnement sourde et aveugle. Les autres sens me seront que très peu utile pour retrouver ma maison.  J’entendais ces voix me disant que je n’étais pas capable de me débrouiller par moi-même, que cela n’était plus possible, que j’allais échouer et causer du mal à mes enfants. Tout était chamboulé dans mon esprit, ne plus respirer, avoir cette sensation était complétement dérisoire, ma canne toujours attaché à ma main ne cessait de bouger dans tous les sens jusqu’à  frapper une personne au tibia sans doute. Peu importe, entendre cette personne geindre, m’avait fait reprendre mes esprits. « Dewsburry Moor …»       Que je lâchais,  finissant presque par ressentir de la peine, de la tristesse d’être une pauvre gosse incapable d’avancer, d’être libre comme avant. Je n’étais plus moi, ma vie n’avait plus l’air d’être la mienne à tel point que je ne me reconnaissais pas vraiment.  Mon sac ? Je haïssais mon cousin ainsi que ma cousine à ce moment précis. Comment ne pas le faire ? Ces deux-là n’avait pas cessé de me dire de me méfier de tout le monde surtout maintenant. Je restais silencieuse, laissant le monde m’entourer continuer de vivre, que devais-je faire ? Depuis quand laisser porter mon sac était une chose qui devait me prendre dix ans de réflexion ? « Oui … oui, mais sinon dites-moi juste la direction …»       Je ne voulais pas être un poids et en plus cette voix m’était totalement inconnu, alors je n’avais pas du croiser cette personne avant ou même après ma cécité.

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 le noir est ma seule vision et là je suis bien perdue ...  

Je me baladais dans la rue, un de ces rares jours où j'étais de repos pour deux jours consécutifs. J'en profitais donc pour faire des courses et sortir un peu de mon appartement, pour plus longtemps qu'un café. C'était quand même appréciable de se mêler un peu plus aux gens tout à fait normaux, de se dire que l'on n'est pas enfermé dans le tourbillon du rythme effréné de l'hôpital. Bien sûr je pouvais être appelé à n'importe quel moment, mais j'espérais que ce ne serait pas le cas. J'avais besoin de temps pour moi. Me retrouver seul afin d'éclaircir mes sentiments sur ce que je ressentais au plus profond de moi vis-à-vis de Lucas. Car il est évident que plus je le voyais et plus j'étais troublé par sa personne et ce qu'il en dégageait. Pourtant j'avais toujours ces mêmes réticences. Je sais bien que je devrais passer à autre chose, essayer de surmonter tout ce traumatisme, mais je ne l'ai jamais envisagé, j'ai préféré me consacrer à mes études puis mon travail. Mais Lucas avait tout chamboulé en apparaissant dans ma vie. Je ne sais pas si j'étais prêt pour tout cela. Je flânais tranquillement dans la rue, regardant un peu partout tout autour de moi. J'étais un peu dans mes pensées quand j'aperçois une scène des plus étranges, enfin de mon point de vue. Une jeune femme s'était approché d'une autre, et l'avait agrippée par le bras, semblant bien déterminée à l'emmener à un endroit dont elle avait seule connaissance. de plus j'étais assez proche pour entendre qu'elle n'était pas anglaise de nature. Je fronce les sourcils, je n'aime pas les préjugés et voilà que je viens d'en faire un, et un grand. De plus, je ne suis naturellement pas quelqu'un qui se mêle des affaires des autres, mais cela me paraissait vraiment étrange. De plus je déteste chercher les embrouilles. Monsieur trop gentil bonjour, mais je ne peux pas laisser cette jeune femme si elle est en danger, du moins pas tant que je ne suis pas convaincu du contraire. Je me dirige vers les deux jeunes femme, bien décidé à savoir la vérité avant d'interpeller celle au cheveux couleur jais. "Excusez-moi" J'essaye de garder un ton poli, autant ne pas paraître antipathique d'entrée.

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Aria , Mattie & Solal
 le noir est ma seule vision et là je suis bien perdue ...  

Finalement, la grande aventurière que j’aurais voulu être avait fini par être essoufflée par la complexité de se rendre chez moi. La crise d’angoisse, le manque de repère avait eu raison de ma personne. Tombant sur une personne à qui j’avais sans doute coûté un hématome. La jeune femme, du moins je pouvais lui donner un âge approximatif avec ce brin de voix qu’elle avait. « Oh merci … » Je me sentais contente et à la fois triste. Oui, effectivement triste de ne pas pouvoir me débrouiller par moi-même sans avoir un chien de garde ou un truc du style. Se sentir en sécurité avec une personne que je ne connaissais pas était clairement compliqué, mais je ne pouvais pas choisir une personne, je resterais sans doute au beau milieu de la rue à attendre des heures à trouver la bonne personne, la jeune femme avait l’air plutôt sympathique. Portant mon sac et me détenant par le bras pour m’aider à marche en me guidant. Je n’avais pas à me plaindre pas vrai ? « Enchantée Aria. » Que je répondais à sa présentation tout ne laissant un sourire se poser sur mes lèvres. « Moi c’est Mattie ! » Marchant, je n’avais pas la sensation de marcher bien vite, mais j’avançais, ne sachant même pas si j’empruntais de petite ruelle, mais j’avais l’impression de croiser du monde et que la foule se dégager face au petit duo que je composais avec la jeune Aria. La question qui venait de suivre me laissa un petit sourire amer et amusée à la fois. En parler était compliqué, mais je devais vivre avec et autant dire que c’était plaisant dans le fond d’avoir une personne osant poser des questions. « Depuis trois mois exactement … « Que je disais, plus les jours ne s’écoulaient et plus ma cécité s’imposait dans ma vie .Des choix devaient se faire par rapport à ça ainsi qu’avec ma grossesse. De nombreux changement se composaient pour moi sans que j’aie réellement mon petit mot à dire. « Aria ? Dis-moi tu aides souvent les inconnus dans le besoin comme ça ? » Questionnais-je la jeune femme avec un large sourire, la tutoyer était comme une chose assez simple à faire, après tout, je pouvais sans doute me tromper au niveau de son âge à cause de sa voix, mais je n’y croyais pas. J’avais fini par lâcher le bras de la jeune femme en sursautant manquant presque de glisser sur je ne sais quoi. Une crotte en fait, mais je ne l’avais pas vue : l’ironie bonjour. Quelqu’un m’avait fait sursauter, une voix que je pensais avoir entendu auparavant, mais en fait, je ne pouvais le confirmer. « C’est quoi cette odeur ? » Que je demandais me préoccupant pas de l’homme ayant parlé, j’allais laisser gérer la jeune femme. Après tout, j’avais déjà ma personne à gérer … c’était déjà suffisant à mon goût.

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