I'm a goner

La voiture démarre et je fais la moue en la voyant partir. Putain de taxi qui coûte une fortune. La prochaine fois je prendrais un Uber. J'ai l'air d'un con avec cette béquille et cet atèle. Ça m'agace. Cet accident me rend chèvre. J'ai perdu ma voiture, des affaires et je me suis blessé comme une grosse andouille. Tous ça pour rien. Comme si j'allais le rejoindre dans la seconde. Pourquoi rouler comme un taré de Londres à ici ? Je suis vraiment un abruti. Et j'ai l'air de quoi maintenant ? Et puis l'hosto. La personne à prévenir en cas d'accident c'est toujours Lucas … Du coup personne n'est venu pour moi. Je suis sorti après une bonne semaine. Rien de grave. Juste un peu de repos sur ma jambe droite et tout ira bien. Alors j'ai pris une chambre à Leeds. Puis directement je suis venu ici. J'ai tant bien que mal retrouvé la maison de ses parents. N'osant jamais sonner. Je n'ai pas les couilles d'affronter sa famille sans lui. Alors je suis resté là. Assis contre un arbre avec la maison en vu. Pas un signe de Lucas. Durant de nombreuses heures, j'attends. Mon courage et mon espoir fuyant lamentablement. Puis la divine lune apparu. Avec elle deux silhouettes au bout de la rue. Et j'ai su. Je le reconnaîtrais dans une foule d'un millions de personnes, en un coup d’œil. Il marche avec un enfant. Je met un moment à comprendre qu'il s'agit de Logan. Il a tellement grandis. Je le reconnais à peine. Mon cœur se serre. J'aimerais courir vers eux et prendre mon âme sœur dans mes bras. Mais je me retiens. Je dois faire ça bien. Alors j'observe. Ils rentrent et sont accueillis par ses parents. J'hésite à m'approcher. Le temps coule vite et moi je suis pétrifié. Il ressort seul. Il est toujours à pied. Je peux le faire. Je dois le faire. Je décide de le suivre. Je tente de marcher à la même allure que lui, mais cette foutue jambe me ralentis. J'arrive à le suivre jusque dans une rue. Je le perd de vu. Mais il est obligatoirement rentrer dans une de ces maisons. Alors il ne me reste qu'un seul espoir :  Les boites aux lettres.

Cette boite aux lettres. Je suis maintenant devant, le plus beau possible. Petite barbe de deux jours. Cheveux rasés. Parfum qu'il aime. Chemise prêt du corps qui serre mes bras pour en souligner la grosseur des muscles. Un jeans choisi pour mettre en valeur mes fesses. Je sais qu'il aime mes bras, mes biceps. J'ai pris du muscle depuis un an. Quelques cicatrices aussi. Surtout celle sur ma main gauche qui est très visible. Mais je suis toujours l'homme qui le rendait fou de désirs. Je lui ai quand même acheter ses sucreries favorites. Je m'approche doucement de la porte. Mon souffle se saccade,  je commence à être nerveux. Avoir chaud, transpirer un peu. J'ai l'impression d'être le petit puceau qui viens chercher sa copine pour un premier rendez-vous. Je suis tétanisé devant cette sonnette. J'inspire. Aller ! Je suis un homme. J'expire lourdement en appuyant. Une fois. Rien. Deux fois. Rien. Dix fois. Le temps semble incroyablement long. Puis je suis happé par le mouvement de la porte.

Cette silhouette. Cette impression familière. L'ondulation de ses cheveux. Ce regard profond, donnant à la fois une impression de force et de vulnérabilité. Ces lèvres que je ne peux avoir qu'envie de dévorer. Ce cou où j'ai lassé tant de marque d'amour. Ces épaules où j'ai déposé tant de baisers. Ce torse que j'ai envie de sentir contre moi. Ce mains, ces jambes, ces fesses. Le moindre détail de lui est une puissante réalité qui vient me frapper tel une baffe magistrale. Il m'a tellement manqué. Comment ai-je pu vivre sans lui ? La surprise marque ses traits. Je ne peut que comprendre. Je remarque tout de suite qu'il a pleurer. Je le connais par cœur. J'ai envie de le prendre dans mes bras, de le rassurer comme je le faisais avant. « Qu'est-ce que tu fais ici putain ? Puis comment tu m'as retrouvé ? » Mon cœur se serre face à sa colère. Je n'ai pourtant pas le droit d'en redire quoi que ce soit. Il a le droit d'être en colère. Et puis, je suis pas naïf au point de croire qu'il allait me sauter dans les bras. « Lucas … » Mon visage se fait grave. Pas souriant comme je pensais l'être. J'ai pourtant fait des centaines de scénarios dans ma tête. Imaginer toutes les façon dont ce moment pourrait se passer. Anticiper toutes les réactions qu'il pourrait avoir. Préparer tout les réparties, toutes les argumentations, toutes les solutions. Et pourtant, là, face à sa détresse, sa colère et ce choc que j'ai reçu à le revoir là en face de moi. C'est le blanc. Je vais devoir improviser. Remettre un masque, un sourire de façade. « Je suis venu te chercher mon amour. J'ai fais une erreur, je peux pas vivre sans toi ! » Un quart de seconde suffit pour que le grand Dan face son retour. « Et puis pas besoin d'être une génie pour savoir que tu allais rejoindre tes parents. »

 

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Et nous voici l'un en face de l'autre. Tétanisés comme si nous pensions que ce moment n'arriverait jamais vraiment. Mais Lucas est là, juste devant moi. La surprise sur son visage laisse rapidement place à un autre sentiment : La peur. Il devient un animal apeuré, chassé. Une proie face à son prédateur? Moi. Alors je suis troublé, je sens que ça ne va pas être facile, que je le perd. Je le regarde, il se renferme physiquement. Recule d’un pas, détourne les yeux de mon regard. Ses doigts se referme sur la poignée de la porte, se crispent. C’est une réaction viscérale, inconsciente, automatique. Ce qui fait d’autant plus mal. Il a peur de moi et ne peut rien faire contre ça. Même s’il fait mine, je le sens, je le sais. « Je … » Ces mots s’envolent avec mon espoir. Il ne veut plus de moi. Il n’est pas passé à autre chose, sinon il n’aurait pas une telle réaction. Mais il créait un mur invisible entre lui et moi. Et je vais devoir y aller à la masse pour le faire tomber. Je serais prêt à tout.

Il tremble. Inconsciament mon corps l’imite. C’est vrai qu’il fait froid. Ou c’est juste une impression ? « Tu n’as rien à faire là. » Mon corps entier hurle le contraire. Si. Je suis là pour retrouver ma vie. Toi, notre couple, mon bonheur. Mais je n’en fais rien. Et lui, mot après mot, geste après geste, il continu de bâtir ce mur qui nous sépare. Est-ce qu’il ne m’aime plus ? Impossible. C’est justement à cause de cela qu’il se protège tellement. Et c’est cet amour qui sera ma clé d’entrée.

« Je ne suis pas ton amour. Je ne le suis plus. » Un réflexe me pousse vers lui, à rechercher son contact. Je l’attrape par le poignet, le serre juste à peine, pour qu’il ne m’échappe pas. Qu’il ne puisse pas me fuir. Juste qu’il se rappel la chaleur de ma peau, juste assez près pour que je puisse sentir son odeur. Juste quelques instants. « Lucas ... » Il est au bord des larmes. Je le connais assez pour le savoir. S’il pleure, il sera vulnérable. Je saurais lui rappeler ô combien j’ai passé de temps à le consoler. A sécher ses larmes. Je me demande s’il se laissera faire. Comme quand nous étions ensemble. Mon coeur manque un battement. Il est a la fois si proche et si loin de moi. J’ai peur de ne plus jamais pouvoir le faire.

« Mais Dan part ! Je veux pas te voir, et puis Logan est à la maison, tu as pas de le droit de le voir, t’es plus son père. » Là ! Une brèche dans le mur. J’aurais dû le savoir depuis le début. Logan. Il est ma clé. C’est celui qui nous a séparé, c’est lui qui nous réunira. Je ne peux me résoudre à le lâcher, même s’il tente de se soustraire. « Non, je ne veux pas, je ne peux pas Lucas. J’ai tout foiré, je sais, je peux pas revenir en arrière. Si toi tu peux pas me pardonner, laisse moi au moins faire partie de sa vie. C’est moi qui ai voulu qu’on ai un enfant, et tout les papiers du monde n’enlèverons jamais le fait que c’est mon fils. » J’en fais des caisses. Un peu trop même. Mais Lucas aime ça. Les grandes déclarations. Si je peux faire partie de la vie de Logan, je serais toujours un peu dans sa vie. C’est un moindre sacrifice, si je peux regagner le coeur de mon amour.

Puis l’idée me vient. Ajouter un peu d’intensité, le prendre de court, le faire paniquer, lui faire faire une erreur. Si Logan est là, il sera mon allié. Je lâche le poignet de Lucas et me rapproche du pas de la porte « LOGAN ! LOGAN VIENS ! C’EST PAPA ! » Lucas risque de se transformer. Je prends un risque. Je suis le prédateur, mais la proie qui défend sa progéniture n’a rien à perdre. Alors il risque de devenir agressif. Et là, j’aurais l’ascendant sur lui. Puis le temps joue pour moi. Ma présence le trouble. Comme la sienne me trouble. Mais j’ai l’avantage de l’élément de surprise. Je recule d’un pas. Me tiens bien droit, la tête haute. Il est légèrement plus grand que moi, mais je suis bien plus massif. Je donne cette impression de le dominer et en cet instant, ce n’est peut-être pas un avantage.

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C'est pourtant pas faute de chercher son regard. Je tente tout pour qu'il le croise. Mais il esquive encore et encore. Je dois faire avec, il a simplement peur de moi. Et on ne regarde pas ses peurs en face. C'est humain. Moi, je n'ai peur que de ne plus le voir. Alors, tant qu'il sera là j'irais bien. Même s'il me déteste, tant que je fais partis de sa vie, il restera un espoir. Et l'espoir c'est tout ce qui me reste pour le moment. Je l'aime. De façon égoïste, j'en ai conscience. Mais je suis comme ça et je ne changerais pas. Pourquoi le faire ? J'ai été heureux pendant des années avec lui à mes cotés. Et rien que le fais de sentir sa peau contre la mienne me rend fou. Fou d'amour. Je suis nostalgique du temps où tout allait bien dans nos vies. Est-ce qu'on aurait survécu à Logan si j'avais garder mon boulot ? Peut-être. Est-ce que j'aurais survécu à ma perte de boulot sans Logan ? C'est plus crédible. C'est l'addition des deux qui à fait que je suis tomber dans cette dure phase descendante. Est-ce que je le regrette ? Oui. Mais je me dit que c'était aussi son rôle de voir que je n'allais pas bien. De continuer encore et encore à venir vers moi. Je le regrettais toujours à cette époque. Simplement parce qu'il donnait l'amour qui me revenait à ce fils qui était déjà de trop pour moi. J'aurais du avoir mon amour rien que pour moi.

Ma déclaration d'amour à cet homme couplée à celle pour mon fils le chamboule plus que tout. Je le sens. La rage est là, la peur est partie. Des larmes coulent le long de ses magnifiques joues. Je m'en veux mais je ne peux pas faire machine arrière. Plus maintenant. Je dois aller au bout. Lui montrer que je suis vrai. Même si c'est un demi-mensonge. Je veux faire partie de sa vie. « Parce que tu m'as demandé en mariage et tu m'as proposé l'adoption ça prouve que t'es quelqu'un de bien ? Mais t'étais où Dan hein ? Quand le petit faisait ses dents, quand il a dit son premier mot, quand il a marché pour la première fois ? T'étais où putain ? Parce que si je me souviens bien t'étais plus à la maison le soir, et tu passais même plus la nuit à la maison. Avec ton mari. PUTAIN TON MARI. » Ces mots sont durs. Je prends un coup puissant de poignard directement dans le cœur. Oui, je n'étais pas là. J'étais en train de boire, ou de me taper le premier mec venu. J'étais en train de me battre avec un alcoolique ou en cellule de dégrisement. Et toi tu étais seul chez nous, puis ici. Tu t'occupais de notre fils et je n'étais pas là. Mais tu ne vois ça que comme si c'était ma faute. Comme si tout les tords me revenait dans ce désastre qu'est devenu notre mariage. J'ai tous fait pour toi pendant des années et au moment où j'ai eu le plus besoin de toi tu étais en train de t'occuper d'un autre être.

Je ne dois pas lâcher le morceau. Je hurle, j’appelle mon fils. Là, je vois une puissante peur absorbée toute cette rage qui était dans le regard de mon homme. Je tremble à l'idée qu'il vient de lui traversé l'esprit. Je réalise soudain à quel point il aime ce petit être. Il vient d'avoir la peur de sa vie : Perdre son fils. La bataille entre lui et moi est perdue d'avance. Je me fige devant son sanglot. Il explose, s'effondre à moitié sur moi pour me repousser au loin de chez lui. Ses poings se refermant sur mon torse. « arrête je t'en pris. » Je tremble devant son regard. Je l'ai jamais vu comme ça. Depuis toutes ces années, je ne l'ai jamais vu dans un tel état. Il vendrait son âme pour lui. « Il est pas là, mon fils est pas là, arrête je t'en pris, il est pas là. Je suis seul aujourd'hui. Dan serieusement...» Je suis comme une statue. Je n'arrive pas à bouger. A faire quoi que ce soit. J'ai l'impression de revivre l'une des plus salle période de ma vie. La culpabilité me saute à la gueule plus virulente que jamais. Des larmes se forment dans le coin de mes yeux. Non. Tu ne dois pas pleurer Dan. Tu n'as jamais été faible devant lui. Ça ne doit pas commencer maintenant. Mes yeux restent vitreux, je suis au bord des larmes mais aucune ne coulera. « puis qu'est ce que tu vas faire hein ? »

Il est là. Contre moi. A vouloir me rejeter. Je déglutis. Puis je le prends dans les bras. L'entour comme j'avais l'habitude de le faire quand il était triste. Je ne sais pas si il voudra ou si ce sera suffisant pour le soulager vu son état. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Mes bras serrent le haut de son corps qu'il puisse poser sa tête dans le creux de ma nuque. J'aimerais juste l'embrasser à cet instant. Mais je n'ai pas le droit. Pas tout de suite. Je dois l'épargné. « Pardons. Je suis désolé Lucas. J'aurais pas du. » J'espère que ces paroles l'apaiseront un peu. Qu'il pourra juste cesser de lutter quelques instants avec lui. Avant qu'il n'ai plus de forces. « Je veux … j'aimerais ...si je pouvais ... » Je tremble. C'est un aveux de faiblesse en quelques sortes. Et j'ai du mal à sortir ce genre de phrases. Alors je bafouille je gagne du temps malgré moi. « Juste revenir en arrière. » Je me tais alors. Tremblant très largement. Il doit le ressentir aussi. J'ai terriblement froid d'un coup. Je veux juste qu'on baisse les armes quelques instants. Que l'on se retrouve comme deux vieux compagnons de voyage, que l'on panse nos blessures à l'un et l'autre. Je veux juste quelques instants avec l'homme que j'aime loin de l'incertitude de l'instant d'après.

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Cette simple pression de son corps contre le mien. Il s'effondre. Et mon monde s'effondre avec lui. J'ai l'impression d'être un vrai monstre. Lui faire ça. Je me dégoûte. Il n'y a que lui qui peut me faire passer d'un sentiment à l'autre comme ça. C'est la preuve que mon amour envers lui est sincère. Ce malaise profond qui m’étreint durant ce moment. Cette impression de creuser la tombe de l'être qui compte le plus pour moi. Je cherche a redevenir l'homme qui le faisait sourire et tout ce que je fais c'est de le détruire un peu plus. Une tristesse et un sentiment de culpabilité intense me gagne. Si je le prends dans mes bras, c'est seulement parce que je n'ai pas d'autres armes. J'ai l'impression de ne pouvoir rien faire d'autre. Il est si vulnérable. Je suis tellement un con. Alors cette emprise sur lui, je veux qu'elle soit la plus bienveillante possible. J'aimerais être l'espace d'un instant sans arrière pensée. J'aimerais pouvoir simplement être vrai avec lui. Lui parler à cœur ouvert. Mais comment dire à un homme au fond du saut qu'il s'est lui même mit là ? Non. Tu prononces les mots les plus rassurant possible. Je m'excuse et ça me fait mal. Pourtant, il n'y a rien de plus sincère que mes mots. C'est juste viscérale chez moi. Je ravale mes sentiments, ma fierté et mon esprit égoïste. Pour une fois, je pense à lui. Parce qu'il a besoin de quelqu'un a ce moment précis. Même s'il termine par me foutre dehors dans quelques minutes. Je m'en ficherais. Parce que j'aurais été là au moment où il avait besoin de moi. Même si j'étais celui qui avait causé ce trouble.

Cette sensation si familière me transporte. Lui contre moi. Un goût de déjà vu qui me laisse nostalgique. Pourquoi je ne l'ai pas retenu ? Je n'étais pas en état, mais j'aurais du savoir me battre juste encore un peu contre le coup du sort. Ironie cruelle qui provoque mon malheur alors que je fais tout pour atteindre un bonheur simple. Et étrangement je me suis jamais sentis aussi heureux que pendant ce quart de seconde où je sens qu'il cesse de me combattre. Où il accepte que je lui vienne en aide. On s’enivre de cet instant suspendu dans le temps. Loin de nos préoccupations. Juste ouvert là, l'un à l'autre dans un moment de tendresse pure. Ma main se pose sur sa nuque, mes doigts lui caresse le bas de la tête, joue avec ses petits cheveux. Mes poils se dressent à sentir son souffle, subir son odeur. J'ai l'impression de voyage dans le passé. Quand tout était encore quelque chose. Avant cette année qui n'aurait jamais dû être. Ses sanglots qui continu malgré les efforts impossibles qu'invoque mon amour. Mon cœur saigne. Je sais que mes mots sont peu de chose face à sa détresse. Mais l'espoir qu'ils soient un jour entendu me fond prendre le souffle suivant.

Alors que je pensais être perdu dans un pli du temps, je le sens se calmer. Il s'écarte légèrement de moi, redresse la tête et là, je sens qu'il reprend l'esprit. C'est résolu que je me prépare à quitter cet endroit. Mais quelque chose brillait dans ses yeux. Quelque chose qui vînt directement nourrir mon espoir comme une bête insatiable. Cette bête que je garde en cage depuis mon douloureux réveil. Depuis qui ma famille m'a abandonné, depuis qui j'ai réalisé que j'avais renoncé à la seule chose qui comptait pour moi. Oui, je n'avais pas connu le corps d'un homme depuis presque trois mois. Je me gardait pour l'être devant moi. Et là, je sens comme cette alchimie qui se forme entre nous. Il s'est éloigné mais il n'a jamais été aussi proche. Le silence vaut bien tout les mots qu'il peut prononcer. Ce regard, je le connais. Je le sens. Lui et moi n'avons jamais été aussi vivant que l'un en fusion avec l'autre. Ce moment unique où nos deux corps ne font qu'un. « Fais-moi l'amour... » Je me cristallise. Pendant un moment je pense rêver. La béquille qui tenait alors par la pression de ma cuisse, frappe le sol. Mais le bruit est étouffé par le silence entre nous. Ce moment où le son le plus fort que l'on entends est le battement métronomique de nos deux cœurs à l'unisson. « Montre-moi que tu m'aimes encore Dan... Je t'en supplie. » C'est le signal. La bête est lâche. Et les docteur qui m'ont conseil du repos n'ont cas aller se faire foutre.

L'espace qui séparait alors nos corps disparaît à la vitesse de la lumière. En une fraction de seconde, plus rien n'a d'importance. Mon torse viens se coller au sien. Mes mains se placent à l'arrière de sa nuque et au bas de son dos. Mes lèvres viennent dévorer les sienne comme s'il était la seule source d'oxygène au monde. Je l'embrasse comme ce moment où il m'a dit le oui qui a scellé notre destin. Je lui vole toute volonté en savourant le doux de son corps. Mon regard plongeant dans le sien comme un prédateur qui soumet sa sentence. J'ai choisi. Il sera condamné à subir mon amour. Il m'a supplier d'abattre cette dernière barrière entre nous. Les regrets viendront plus tard, nous n'avons pas le temps pour ça. Mon poids l’entraîne vers le mur qui fait face à la porte d'entrée. Nous nous écrasons lourdement dessus. Je reprends mon souffle dans le sien. Dans ce petit signe d'une douleur délicieuse. Mes mains se mettent à fouiller le long de ce torse trop familier. Il m'a tellement manquer ce corps. Mes baisers brûlants de passions s'acharne maintenant sur sa joue, sa nuque son oreille. J'embrasse, je mordille, je gémis d'envie. Chacun de mes gestes me semblent être répéter. Comme une pièce de théâtre que l'on prépare depuis longtemps et qu'il est aujourd'hui temps de jouer. Je dirige nos mouvements de jambes en l’entraînant avec autorité vers ces pièces qui me sont inconnue. Je vois pourtant le canapé entre deux baisers. Je vais l'abattre là bas. Quelques pas et même si ma jambe me fait souffrir, grimacé l'instant d'un clignement d’œil, mes mains sont partie à l'assaut de ses vêtements. Je tire sur son haut, il lève docilement les bras, s'il tremble maintenant, c'est de désir. Mes mains parcours son corps. Je le repousse pour qu'il s'écrase sur le canapé. Et l'espace d'un instant fatal, mes yeux se posent sur cette photo. Cette foutue photo de nous deux. Il était donc en train de pleurer en la regardant ? Je reste sans voix. Je le regarde avec un mélange perturbant de sensation. Il est tellement beau là. Mais aussi tellement vulnérable. Je me demande si je dois vraiment en profiter. « C'est vraiment ce que tu veux mon amour? » Ma voix est brisé. Mes yeux sont humides. Je rêve qu'il prononce un oui aussi franc que quand il me l'a dit pour notre mariage. Mais j'ai peur d'avoir une terrible désillusion.