Callum & Achille

What if I loved you

Deux potes qui s'en vont prendre une bière et partager un repas, se rassure Callum. Rien de plus, rien de moins, renchérit-il intérieurement. Il n'aime pas particulièrement l'idée d'être vu en public avec son amant, et ce, même si cela fait des mois qu'ils partagent leur lit. Son coloc ne le sait pas; ses deux meilleurs amis le savent, mais il n'en parle que très rarement; ses parents n'ont aucune idée; il n'a jamais osé le dire à sa soeur. Parce que oui, Callum n'a jamais rien eu contre l'idée de coucher avec un homme pour essayer, pour découvrir ce que c'est que de partager une nuit avec une personne de même sexe. Mais là, ça fait quatre mois que ça dure. Quatre mois que Callum en redemande plus et ne peut se résigner à avancer avec sa propre vie, à tirer un trait sur cette relation qu'il juge superficielle. Il sent qu'il doit mettre un frein à ce manège bientôt, très bientôt. Car Callum n'a pas envie de continuer ainsi toute sa vie. Il n'a pas envie de se cacher simplement pour avoir du plaisir avec Achille, alors qu'une femme peut lui en procurer très facilement. Il a envie de stabilité, il a envie de se caser... mais avec une femme. Et Achille ne correspond malheureusement pas au profil recherché. Alors, il va y mettre fin bientôt. Ce n'est qu'une question de temps, une question d'avoir le courage d'aborder la chose. Mais Callum n'en a pas la force, pas pour le moment. Parce que les paroles d'Achille, sa douce manipulation, sa délicatesse, le forcent à céder à chaque fois à sa magie. Mais bientôt, il sera capable. Bientôt.
Ce soir, ils vont au restaurant. Juste pour souper, comme deux amis. Ça, Callum ne cesse de se le répéter. Il a bien mis les choses au clair avec son amant: leur relation doit demeurer discrète. Lorsqu'ils sont ensemble en public, le sexe s'évanouie; il reste dans la chambre à coucher. Alors, Callum profite d'une soirée au restaurant avec un bon ami; ils vont boire et discuter, feront abstraction de la tension sexuelle qui électrifie en permanence l'air.
Ils prennent place dans un bon restaurant de Leeds, pas trop dispendieux ni trop modeste. Callum leur commande un pichet de bières. Il a envie de partager une belle soirée avec Achille où ils pourront parler. Et peut-être que Callum se décidera à lâcher le morceau, à affronter cette rupture qui, en réalité, n'en est pas réellement une. Il n'y a aucun sentiment, de toute façon... se dit-il maintes et maintes fois. C'est que du sexe sans aucune attache. Ils ont du plaisir et cela ne va pas plus loin. Alors il va arrêter ça là et ça sera facile. Du moins, c'est ce qu'il croit.  

Callum & Achille

What if I loved you

Quatre mois. Quatre mois qu'ils se voient sans cesse pour du sexe. Deux mois qu'il y a énormément de choses qui chamboulent dans sa tête. C'est très difficile de mettre les choses sur le côté, de faire un certain tri. Pourtant, depuis deux mois, lui, il a arrêté ses conneries. Sans être vraiment sérieux, la seule personne qui a encore le droit de visite dans sa chambre est Callum. Et c'est bizarre, c'est même étrange, un tel changement dans sa vie. Pourtant, il y a quelque chose dans sa tête qui lui hurle de continuer, de ne pas s'arrêter. Qu'au fond, il est dans le bon chemin. Alors il aime y croire. Ce soir, ils se retrouvent dans un restaurant, éloigné de Dewsbury. Leeds, cette ville charmante. Et ce soir, Achille veut tester, veut oser quelque chose de gros, de vraiment gros. Parce qu'il a eu le temps de réfléchir, pendant deux mois, et il a envie de s'offrir à l'inconnu, quitte à ce qu'il se mange un râteau. S'il ne tente rien, il ne peut être certain de rien. Tous les deux sur une chaise, il ne pense pas à son corps nu qu'il connaît maintenant par coeur, il ne pense pas vraiment à lui retirer cette chemise qui fait, très légèrement, battre son coeur un peu plus vite. Il fait également abstraction à cette pomme d'Adam qui bouge légèrement à chaque fois qu'il boit. Il se retient de se lécher les lèvres. La soirée débute bien, ouais, et au fond, elle fait agréablement du bien. « Call ? » Il ose, au bout d'un moment. Ses yeux pétillent légèrement, se déposent sur les siens. Pour une fois, ce n'est pas un regard qui veut du sexe, ce n'est pas ce fichu masque. Achille tente quelque chose de gros. « J'voulais... » Comment tourner ses phrases ? C'est le bordel, genre vraiment le bordel. Il a peur de sauter dans le vide, il a peur qu'à la fin, le parachute ne s'ouvre pas. Il a peur de beaucoup de choses, pour tout dire, et pourtant, l'adrénaline est bien présente aujourd'hui. Juste pour lui ouvrir son coeur, juste pour lui dire ce qu'il a depuis un sacré moment. « J'sais pas comment te dire ça... » Il souffle un bon coup, lève les yeux au ciel, boit dans son verre de bière. C'est juste pour se donner une certaine force. « J'ai plus envie que ce soit que du sexe. » Respire un coup Achille. Respire deux coups. « J'veux que ce soit plus que ça, parce que ... » Te dégonfle pas. « Parce que je ressens des choses, genre, vraiment. » Et maintenant, tu fermes ta gueule. Le temps s'arrête, son coeur bat fort, il a l'impression de l'entendre.

Callum & Achille

What if I loved you

Les deux jeunes hommes sont confortablement installés à leur table, chacun leur verre de bière bien remplie devant eux. Callum sent une certaine distance vis-à-vis son compagnon. Il se sent oppressé par ce poids qui essouffle autant son coeur. Il n’est plus capable de taire sa tête qui ne cesse de lui dire de larguer sa décision le plus rapidement possible, pourvu qu’il puisse enfin recommencer à respirer. Pourtant, Achille est là, devant lui, à lui provoquer des envies qui ne semblent jamais comblées. Ses lèvres, ses cheveux doux comme la soie, sa peau laiteuse dont le contact le fait frissonner à chaque fois, et sa façon de le baiser qui ne faille jamais à l’amener au septième ciel l’empêchent de prendre parole, de pousser la porte qui demeure fermée depuis trop longtemps. Le regard posé sur ses doigts qui dansent sur son verre, Callum tente de rassembler le courage d’exprimer ses états d’âme de la plus délicate des façons. Il n’a pas envie que son amant le prenne brusquement, qu’il soit fâché du manque de tact de son ami. Il veut que les choses soient faites de manière diplomatique, que son point de vue lui soit expliqué de la façon la plus honnête qui soit. Callum soupire, tente de chercher son souffle qui semble de plus en plus absent. Il s’apprête à ouvrir la bouche, à entrer dans un monologue à la fois libérateur et pénible. Mais il est coupé alors qu’il n’a même pas encore prononcé un mot. Achille semble vouloir lui dire quelque chose. Peut-être songe-t-il aussi à arrêter notre connerie, se dit-il. Alors il le laisse parler, espérant ne pas avoir à le larguer au final; que ce sera lui qui déclara la mort de leur relation. Toutefois, la déclaration qui suit plonge davantage Callum dans les ténèbres de son abîme. Il ne sait pas comment réagir, ne sait pas quoi dire. Outre le fait qu’il ne ressent rien envers cet homme. Certes, il l’apprécie énormément. Il ne le verrait pas quitter sa vie de sitôt; c’est son ami, possiblement son meilleur ami. Alors, il a peur. Peur que les mots qu’il s’apprête à dire le choquera et, bien évidemment, lui brisera le coeur. Mais Callum ne sent aucune réciprocité dans ses sentiments. Alors pourquoi son coeur bat-il autant la chamade? Pourquoi sent-il que sa poitrine va exploser à tout moment? Le stress, conclut-il… faussement. « Je… », commence-t-il cherchant les bons mots. Il se sent pris à la gorge, encore plus époumoné qu’il ne l’était que quelques secondes auparavant. On lui tient un couteau si près de lui trancher l’artère. Il doit parler, et ce, maintenant. « Je ne crois pas que nous soyons sur la même longueur d’ondes dans cette "relation"… », lâche-t-il en baissant la tête, trop effrayé pour affronter le regard d’Achille.   

Callum & Achille

What if I loved you

Les choses sont dîtes. Pour la première fois, depuis un sacré moment, il a l'impression de prendre sa vie en main. D'avoir les choix de faire quelque chose de bien, d'aller de l'avant. C'est agréable de ne plus plonger dans les ténèbres. Même si ses démons sont toujours là, parce qu'ils le seront toujours, pour une fois, il peut y avoir quelque chose de positive dans sa vie. Il ose y croire, il ose réellement y croire. Son coeur bat la chamade, bat vraiment très fort. Son esprit est figé, et il n'attend plus que sa réaction. Parce que, soit ça passe, soit il y a quelque chose qui se déchire dans son âme. Alors Callum se décide de prendre les choses en main, de prendre la parole. Et Achille se fait violence. Violence pour avoir cru qu'il pouvait y avoir un truc bien, violence pour ne pas balancer son verre de bière, violence pour ne pas éclater en sanglots. Violence ouais. Il ne veut pas paraître faible, pas devant lui. Alors il se fige, et doucement, un mur invisible de glace est en train de se monter. Un mur qui les sépare. Alors, c'est fini. Plus rien. Nada. comme s'il y était préparé. Alors que non putain. Il n'y était pas préparé, il ne voulait pas ça. « Je... Ok. » Ok ? Alors Achille perd sa répartie ? Ouais. Il a besoin de rentrer, mais c'est Callum qui conduit, c'est lui qui les a conduits tous les deux jusqu'ici. Il est tard, il n'y a pas de bus qui peut l'emmener jusque chez lui. Alors il fuit. Il sort son téléphone, fait semblent de lire un message qui lui sert d'excuse. « Je dois rentrer, il y a une urgence. » Quelle urgence ? Et s'il pose une question ? Alors Achille se traite silencieusement d'imbécile. « J'sais pas trop de quoi, mais je dois vraiment rentrer. » Il contrôle sa voix, il contrôle chaque détail de son visage pour ne pas se monter faible. « C'est toi qui conduis, j'ai pas de voiture. » Il souffle un bon coup. « Ramène moi chez moi. Enfin, t'as juste à me déposer devant, t'as pas besoin de rentrer, enfin... Ramène moi à la maison, s'il te plaît. » Il perd le contrôle, ses mots sont des simples supplices, et il se montre froid d'un seul coup. Il lui en veut, il le sent, ça fuse dans son esprit. Ouais, il lui en veut, de ne pas lui donner l'occasion d'être heureux. Ouais, il veut juste rentrer et chialer comme la merde qu'il est. Puis, laisser la fatigue prendre le dessus, les cauchemars feront le reste.

Callum & Achille

What if I loved you

Si Callum croyait que d’exposer ses sentiments - ou du moins, son absence de sentiment - serait une libération, alors pourquoi se sent-il aussi dévasté? Pourquoi est-ce que son coeur lui fait soudainement mal? Comme si, au final, la lame du couteau lui avait bien tranché la jugulaire. Il se sent perdre contrôle de tous ses moyens, sent sa tête prendre la déroute. Il ne sait plus quoi penser, ni quoi dire. Il voit Achille qui agrippe son portable, lève sa tête vers lui et l’implore de le ramener chez lui. Callum ne saurait dire si son amant feigne une urgence pour se sortir de cette situation, mais il lit très bien la décontenance qui assaille son compagnon. Il peine à lever la main pour demander prématurément la facture, comme si son coeur n’a pas réellement envie de quitter ce restaurant, de quitter Achille. Lui qui, pourtant, n’avait d’yeux que pour le moment où il se libérait de cette relation qu’il voit comme nuisance. Certes, il aime le sexe avec Achille, il aime aussi leurs moments où ils ne sont que de simples amis, mais il ne peut se contenter d’une relation homosexuel. Et cette peur d’un jour avoir des sentiments pour un homme a fait ériger une barrière entre son coeur et sa tête; parce que vivre en marge de ses idées conservatrices, il ne peut le faire. Il s’est ouvert d’une façon qu’il n’aurait jamais cru possible; jamais il n’avait réellement envisagé avoir une relation de nature sexuelle avec un homme jusqu’à sa rencontre avec Achille. Ce dernier, c’est une première et une dernière fois. Car cet imposant mur ne peut se permettre d’être détruit, ne peut ouvrir une brèche qui ferait lumière sur ses sentiments qu’il tente de refouler avec autant d’ardeur. Callum doit aimer une femme, marier une femme, avoir une famille, être un avocat accompli. Avec une femme. Callum ne peut pas être homosexuel. C’est non négociable.
Le jeune homme tremble un peu, désemparé par la tournure des choses. Il paie la facture et se lève, sentant que son amant le devance presque pour se rendre au véhicule. Il a envie de dire quelque chose, mais ne sait pas quoi dire. Il a envie de serrer Achille dans ses bras, mais se convainc que ce n’est que de la pitié. Alors il se contente d’embarquer dans son véhicule et de quitter le stationnement du restaurant, se pliant à la demande d’Achille.
 

Callum & Achille

What if I loved you

Il panique, il a peur, mais il n'a surtout plus envie d'être là. Il a tout gâché, il a tout détruit. Il n'y a plus d'espoir, il n'y a plus rien du tout. Alors, il a besoin de rentrer, il a besoin d'être seul. Il a besoin d'être dans un endroit où Callum n'est pas proche de lui, c'est un supplice, ce n'est pas supportable. Alors, sans aucune réponse, Achille sait qu'il a compris la manœuvre. Il a compris que l'urgence n'en n'était pas une, il a compris cette distance. Il le laisse payer, il n'essaye même pas de se débattre. Non. Il se plonge dans un mutisme, les yeux au sol. Parce que c'est trop difficile de regarder son visage, d'imaginer beaucoup de choses. Des choses qui au final, n'auront plus lieu d'être. Et il s'empresse. Veste sur l'épaule, téléphone dans sa poche, il se dépêche de regagner la voiture luxueuse de Callum. Son coeur bat tellement fort, et savoir qu'il sera encore plus proche de lui dans quelque minute, il n'est pas prêt à le supporter. Mais il n'a pas le choix, c'est le temps d'un trajet. Alors il peut le faire, il doit juste prendre sur lui. Call ouvre la voiture, il s'y engouffre à une vitesse folle. La portière claque brusquement, le bruit qui suit est assez impressionnant, mais il n'en a rien à foutre. Achille croise les bras, s'enfonce dans le siège, les yeux en face, qui regardent la route. Il se retient de ne pas trembler, et c'est un silence froid, un silence de la mort qui prend la place dans la voiture. Et franchement, ça l'étouffe. Et à un moment, il sent son regard, le regard insistant. Il essaye de ne pas y faire attention, parce qu'il lui en veut tellement. Il n'a même plus le droit de le regarder de cette façon, peut importe ce qu'elle signifie. Il ne lui autorise plus rien. La première chose qu'il compte faire, d'ailleurs, en rentrent, c'est de bloquer son putain de numéro. Il ne veut plus rien avoir à faire avec lui. « Pourquoi tu me regardes comme ça ? » Putain, il n'a pas réussi à se retenir. Ses mots sont froids, ses mots lancent une ambiance encore plus à la mort qu'elle ne l'était déjà. Alors, il détourne son regard de la route pour soutenir celui de Callum. Ses yeux lui lancent des éclairs. Mais, c'est peut-être pas ça le plus pire. Parce que quand Achille tourne son regard vers sa fenêtre, la peur est présente. Le seul réflexe qu'il a, c'est de hurlé. « PUTAIN ATTENTION. »

Callum & Achille

What if I loved you

L’ambiance est d’une lourdeur suffocante. Callum a aussi hâte de rentrer chez lui pour s’affaler dans son lit, se nicher dans les bras de Morphée où il ne sentira plus la douleur oppressante qui noit son coeur dans l’obscurité de ses mensonges. Il peine à tenir le volant correctement, sa main voulant s’aventurer sur la cuisse d’Achille. Il a envie de la lui caresser. Non pas d’une façon sexuelle, mais pour le réconforter. Lui apporter soutien pour le mal qu’il vient tout juste de causer. La douleur dans sa poitrine est toujours lancinante. Il ne sait pas pourquoi il se sent de la sorte; tout ce qu’il sait, c’est qu’il s’en veut. Il s’en veut de ne pas être capable de se donner ce qu’il veut dans la vie, d’accepter que son coeur ne s’est pas plié à son idée préconçue de son avenir, des choix de vie qu’il doit faire. Il tient ce voile entre ses yeux et son coeur, de peur d'y lire une réalité qui chamboulerait ses idéaux. Il ne veut pas de ces sentiments parasitaires, il ne veut pas céder à un amour nocif. Il ne veut pas, il ne peut pas. Et pourtant, il l’épie. Il le regarde parce que son coeur fend à chaque fois que les reflets de la lumière extérieure éclairent les larmes qui ruissellent sur les joues d’Achille. Il veut s’arrêter sur le bord de la route, le prendre dans ses bras de la plus tendre des façons. Il veut baisser sa garde, détruire violemment le mur qu’il s’est pourtant efforcé de bâtir à la sueur de son front. Ses entrailles sont un champ de bataille où s’affrontent sa tête et son coeur. Il ne sait pas qui en sortira victorieux, tout ce qu’il sait, c’est qu’il ne sait plus où il s’en va, ne sait plus quoi faire ni penser. Il l’épie encore, incapable de garder ses yeux rivés sur la route. « Pourquoi tu me regardes comme ça ? », lui demande agressivement Achille. Il ne l’a jamais entendu lui parler ainsi; ça lui fait peur, mais il peut comprendre le cataclysme qui doit gronder en lui. Il détourne sa tête, un peu trop tard.
Trop tard parce qu’il a déjà grillé le feu rouge. Trop tard parce que le véhicule s’est déjà engagé dans la voie inverse. Trop tard parce que ce dernier frappe de plein fouet le côté passager de la voiture de Callum. Trop tard parce que l'Audi se prend brutalement le garde-fou. Trop tard parce qu’à sa droite, ce n’est plus que du sang.  
 

Callum & Achille

What if I loved you

Ses joues sont mouillées, mais il n'y fait pas attention. Peut-être que dans le fond, il n'y a pas vraiment fait attention, il ne l'a pas remarqué. Il est tellement pris de court, tellement mal d'un seul coup que pleurer est sa dernière option. Se montrer faible, c'est devenu quelque chose qu'il n'arrive plus à contrôler. Alors, Achille ne comprend pas pourquoi Callum le regarde, il l'envoie chier. Complètement. Il ne comprend pas, et il n'a même plus envie de comprendre. Il a juste besoin d'être dans son lit, d'être enroulé dans sa couverture, boire aussi, il a besoin de boire énormément de litre d'alcool pour oublier cette soirée, pour avoir ce fameux blackout. Pour oublier sa misérable vie, pour que ses démons reviennent, pour qu'il soit comme avant. Avant ses deux mois. Avant ses quatre mois même, quand ce garçon n'existait pas à ses yeux, quand il était ce petit con, arrogant, prêt à faire la fête et à boire comme un con pour baiser à droite ou à gauche. Mais... Mais en vrai, la seule chose qu'il veut, c'est Callum putain. Et après, il est incapable de penser. Après li avoir hurlé de faire attention, il ne sait pas ce qu'il s'est passé. Il a juste vu cette lumière blanche, qui lui a aveuglé les yeux. Il a juste senti le contact de la voiture contre celle de Callum. Il s'est crispé, son coeur bat à mille à l'heure. Il ferme les yeux, forts, très forts. Il a peur. Et ce n'est pas pareil que ce qu'il a vécu à l'armée, peut-être que cette peur est plus grande que sa torture. Parce que la torture, au fond, il y était préparé, il se voyait déjà mourir dans les mains de ses salopards. Là, il veut juste rentrer chez lui, juste oublier Callum. La voiture, il ne l'a pas vu arriver, tout comme il n'a pas vu Callum grillait ce putain de feu à la con. Les lumières l'aveuglent malgré les yeux clos, le choc qui suit est encore plus difficile. Il a senti la moitié de ses os craquait à cause de l'impact, mais le reste, il est incapable de l'expliquer. Parce qu'il a perdu connaissance. Quand L'Audi se prend le garde-fou, il ne sent pas sa tête s'explosait contre la boite à gants, il ne sent plus rien du tout. Faiblesse. Parce qu'il n'arrive plus à respirer, parce qu'il a mal de partout. Impossibilité. De bouger un seul doigt. Frustration, d'être dans l’inconscient, mais d'avoir malgré tout les sensations qui se passent dans la réalité. Il ne voit pas cette fameuse lumière, il ne voit pas sa vie défilée. Non, il sent juste le vide à ses pieds, et plus personne pour le retenir. Il se sent juste faible, et il n'essaye pas vraiment de se battre, de se rattraper dans ce fameux vide. Lui, il veut juste tomber, et arrêter toute cette misère. Une bonne fois pour toute.

Callum & Achille

What if I loved you

Les hurlements de Callum sont tout ce qui est perceptibles. Il hurle, hurle si fort qu’il s’en déchire ses propres tympans. Sur son front s’est ouverte une plaie béante qui saigne et qui saigne, voilant son regard d’une fine couche rouge. Toutefois, tout ce qu’il regarde, c’est Achille qui, à ses côtés, est enseveli sous une marre de sang. Il tend difficilement ses bras pour essayer de le réveiller pour que son esprit ne déserte pas son corps blessé de toute part. « Achille, reste avec moi! », lui crie-t-il en lui tapant avec un peu de violence les joues. Il pleure; toutes les larmes de son coeur jaillissent de ses yeux, se mélangent au sang qui trace son chemin sur les joues de Callum. Il est incapable de regarder si l’occupant de l’autre véhicule est blessé, incapable de focusser ses pensées ailleurs que sur Achille qui semble avoir laissé son corps complètement inerte. Il essaie de prendre son pouls, essaie d’avoir le moindre espoir qu’il n’est pas parti. La culpabilité règne en lui comme le plus sanguinaire des tyrans. C’est de sa faute, il est le seul à blâmer. Il a peut-être tué la personne qu’il aimait; la personne pour qui il s’apprêtait à descendre ses barrières. Il pleure, crie, frappe contre son volant. Il ne sait plus quoi faire, n’est pas capable de sortir de son véhicule tant son moteur qui s’est compressé contre son tableau de bord lui serre les jambes. Il a mal, physiquement et émotionnellement. Et doucement, il sombre lui-même dans un abysse où tout son corps se noit, pour le meilleur et pour le pire.
Il se réveille à l’arrivée des secours qui l’extirpent de son véhicule. Il ne peut s’empêcher de s’affoler en voyant qu’Achille n’est plus là. Il a peur, peur qu’on lui dise que son corps était déjà dénué de toute vie lorsqu’on l’a récupéré. Peur qu’on lui dise qu’il l’avait tué. Le jeune avocat se rend en ambulance à l’hôpital. Il a vraisemblablement une jambe cassée et besoin de points de suture pour la blessure à sa tête. Il s’en sort mieux que les pronostics. On lui dit qu’Achille est aux soins intensifs, qu’il est plongé dans un coma. Son coeur s’affaisse, il implore le personnel de s’affairer plus rapidement à leur tâche, pourvu qu’il puisse aller le voir et s’excuser puis s’excuser jusqu’à ce que sa voix se déchire en sanglots.
 

Callum & Achille

What if I loved you

Il ne sent plus rien. Pourtant, il est abîmé. Il est vraiment mal en point. Mais il ne le sent pas lui frapper les joues, il ne cligne même pas un seul œil. Son corps est présent, mais pas son âme, pas son esprit. Il est en train de sombrer, sans chercher à se sauver. Sans chercher à se battre. Parce que c'est peut-être sa seule et unique chance d'être sauvé, d'avoir la vie libre, de connaître enfin le prix d'une vie éternelle. Le plus horrible, c'est qu'il ne sent pas qu'on le sort de cette foutue bagnole. Il n'entend pas l'urgentiste qui hurle à sa collègue de lui trouver un fichu pouls. Il ne sent pas la minerve qu'on lui met autour du cou. Il n'entend pas ses personnes qui paniquent, pour le conducteur. Il ne réalise pas qu'ils sont en train de parler de Callum. De son Callum. Et ça lui fait peur, soudain, parce qu'il sent qu'on lui injecte des choses. Il ouvre les yeux, dans un semblant de panique. Une lumière blanche, qui bouge. Il entend se pompier qui lui parle, ses yeux sont fixés. Puis, il se met à convulser. Arrêt cardiaque, parce que la douleur était trop forte, parce que le choc était trop rude, parce qu'il n'était pas préparé à avoir aussi mal. Alors, plutôt que de hurler de vive voix, il a hurlé à l'intérieur de lui, et ça a disjoncté. Il ne sait pas ce qu'il a, et pourtant, il en fait un deuxième, d'arrêt cardiaque. Juste quand ils arrivent à l'hôpital. Ils essayent de le ranimer, pendant des secondes qui se filent en minute. Mais il a compris qu'il était pas mort, parce qu'il a compris à un moment qu'il était dans une chambre d'hôpital. Il entend les gens parlaient autour, il réussit à récupérer quelque mot et il essaye d'en former une phrase dans sa tête. Mais celle-ci le lance. Il bouge un doigt, ça, il le sent. Mais le reste non. Il est dans l'incapacité de répondre au médecin qui essaye d'attirer son attention, il plonge dans les bras de Morphée pendant quelques secondes. Pas longtemps. Et la Morphine est tellement forte qu'il est incapable de rêver. Achille souffre le martyr, genre, vraiment beaucoup. Il essaye de comprendre ce qu'il s'est passé, mais pour le moment, la seule chose qu'il veut, c'est de plus souffrir. Et dormir, ça ne l'aide pas, ça l'enfonce.