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Retourné. Oui voilà c'est ainsi que je me sens. Retourné. Cette rencontre m'a retourné. Je n'arrive pas à savoir ce que je ressens. Je suis à la fois perdu et confus. Pourquoi je lui ai pas dit ? J'ai perdu les moyens. J'ai complètement foutu en l'air ce qu'on avait … Qu'est-ce qu'on avait ? Bonne question. Izzy va me tuer lorsque je lui dirais, elle va me dire que j'aurai dû foncer. Ah et oui comment ? Je n'allais pas le déshabiller et le prendre dans l'arrière boutique. Et voilà que je pense comme elle à présent, ça ne va plus du tout. Et puis je ne fais pas ça, ce n'est pas moi, je ne suis pas comme ça. Je ne peux pas. Perdu. C'est exactement ce que je suis à ce moment même. Je suis perdu. Je ne sais plus ce que je fais et où je vais. J'ai malgré tout su retrouver le chemin de chez moi… Enfin chez moi, on ne peut pas dire que je me sente chez moi ici. Hormis quelques objets, rien n'est à moi. Triste quand on y pense. J'ai l'impression d'être dans un catalogue de déco, je suis le parfait petit fiancé, qui va avec le décor. Enfin est-ce que je vais réellement avec ce décor ? Lorsque je suis en costume, sûrement, mais dans le fond, rien ne reflète qui je suis. Est-ce que je sais au moins qui je suis ? Oui, peut-être. Passant mes mains dans les cheveux, soufflant à nouveau. J'en ai marre. Je n'imaginais pas notre première rencontre comme ça. J'imaginais rien du tout. Je pensais juste que… j'en sais rien. C'est ça qui m'énerve dans le fond, ce n'est pas moi. J'ai toujours su plus ou moins ou j'allais. Enfin mon père m'a dicté la route, mais cette route me convenait, enfin je crois… A présent, je ne sais plus. Je sais juste que cette rencontre, je l'avais pas imaginé ainsi. Il ne m'a pas reconnu, enfin c'est ce que j'ai cru comprendre. J'ai joué le jeu. J'ai fait style que ce n'était pas lui, dans le fond, le fait qu'il me reconnaisse pas, ça m'a pas plu. Je sais pas pourquoi. Enfin si je sais, le fait qu'on discute depuis longtemps et qu'il fasse comme-ci j'étais n'importe qui… Caleb, tu te prends trop la tête. Voilà ce qu'elle dirait la Izzy. Je l'ai pris au dépourvu, tout comme je l'ai été. Je n'ai jamais été doué avec les gens de toute façon, mais là fiasco total ! Le pire dans l'histoire c'est que j'avais complètement oublié de l'inviter. C'était plus ou moins son idée, c'est lui qui me pousse à me retrousser les manches et me dépasser. Son aide m'apporte beaucoup, alors oui j'ai oublié, oui j'ai merdé et en beauté ! Izzy va me tuer. Quel con je fais par moment. Visualisant le plafond, blanc, les lumières m'aveuglent un peu, je repense à tout ça. Cette rencontre, lui, les mots, la gêne, tout … J'étais pas aussi nerveux la première fois que j'ai rencontré Caitlin, enfin ça remonte à loin, je m'en souviens plus vraiment. Je sais que ça m'a paru, normal, comme une évidence. Mon père m'avait vite fait parler d'elle, puis un repas avec son associer, son père, ainsi qu'elle. Tout s'est fait assez rapidement, je dois bien l'avouer. Je n'ai pas eu le temps de ressentir la nervosité ou l'appréhension. C'était naturel, une évidence, nous étions fait pour être ensemble… C'est ce que je pense, mais je ne suis plus sûr de savoir si c'est ce que je ressens. Le penser et le ressentir sont deux choses totalement différents. Quand je vois, que je suis plus à l'aise avec lui, qu'avec elle. Il dégage quelque chose en moi, un truc indescriptible et ça me fout la trouille. La dernière fois que j'étais ainsi, c'était avec Matt, autant dire que ça remonte à loin. C'était rien et ça n'est toujours rien. Mon père ferait une attaque si je lui en parlais. A l'époque Jules venait de partir de la maison, c'était sûrement à cause de ça, que j'étais ainsi … Sûrement. D'après Izzy, j'ai ressenti ma première déception amoureuse, mais c'est toujours d'après elle. Dans le fond, moi j'en sais rien. Je sais juste que j'étais mal et qu'il avait le don de me faire perdre mes moyens, un peu comme lui …

Mes yeux voguent en fonction des chaînes qui défilent, aucune n'arrivent à capter mon attention. Alors je défile, je zappe, cherchant quelque chose d'un brin intéressant. Quelque chose qui pourrait me captiver. Regardant l'heure, il se fait tard, fronçant légèrement les sourcils. Elle n'est pas rentrée. Étrange. Pas que ça m'inquiète ! Bien que ça le devrait, elle rentre de plus en plus tard, mais je sais que son boulot lui prend tout son temps et son énergie. Qui suis-je pour la juger ? Le mien me capture tout autant. D'après mon père, c'est pour ça qu'on va si bien ensemble. Nous sommes tous les deux passionnés par notre travail, nous voulons un bon avenir. Il pense que nous avons les mêmes centres d'intérêts, pas moi. Elle ne sait pas que je pratique la musique à mes heures perdues, encore moins que j'écris. Je ne sais même pas pourquoi je lui dis pas. Peut-être parce que c'est mon jardin secret, tout comme lui en fait partie. C'est à moi. Je ne veux pas qu'on s'y introduise, ou alors je ne veux juste pas l'y introduire elle. J'en sais rien. Je devrais tout partager avec elle, après tout c'est la future Madame Barnes. Elle est censée être mon âme sœur, alors pourquoi je n'arrive pas à lui dire … Il faut vraiment que je m'occupe l'esprit. Laissant tomber la télé, j'attrape mon ordi. Est-ce que je prends le risque d'y aller ? Pour voir que je n'ai pas de mails de sa part car il a eu peur de l'imbécile que je suis et qu'il m'écrira plus … Ce qui serait totalement compréhensible. L'envie me démange. J'ai envie de lui écrire pour m'excuser de mon comportement tantôt … « C'est moi... » Pile au moment où j'étais sur son adresse. Quittant et effaçant l'historique, vaut mieux être prudent de nos jours. Je consultais mes mails, mais j'ai toujours ce sentiment de culpabilité en le faisant ici. Au bureau, ça me dérange pas, là c'est différent.« Bien travaillé ? » Lui dis-je en refermant l'ordi. Elle arrive vers moi tout souriante, je sens une nouvelle, bonne je pense sinon elle ne ferait pas cette tête !


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On dit que le mariage est la plus belle chose qui soit, jamais personne ne nous ne vend cet évènement comme quelque chose de stressant, nous faisant hésiter. Depuis toute petite, j'ai hâte au grand jour, je me vois dans une robe magnifique, entourée de tout ceux que j'aime, commencer le premier jour du reste de ma vie au bras d'un homme qui me fait tourner la tête. Cependant, les mois passent et la date fatidique se rapproche. Je ne prends aucun plaisir aux préparatifs, déléguant tout à mon assistante et à ma mère, qui s'occupe pour moi de planifier les rendez-vous et de me mettre en contact avec les bonnes personnes. Même la robe, j'ai envie d'aller lui dire : « vas-y maman, je te fais confiance! » Assise au volant de mon large SUV blanc, je me gare dans l'entrée de ma maison après une longue journée à la galerie. Oh, j'aurais pu arriver il y a quelques heures à la maison, mais j'ai prétexté du travail supplémentaire au bureau pour avoir quelques heures à moi seule. Voilà plusieurs jours que je n'ai pas de nouvelles d'Ezra après qu'il m'ait annoncé qu'il devait s'absenter un moment. Son absence me pèse beaucoup, mais je ne peux me résoudre à lui en faire part. Il n'est que mon artiste exposant, rien de plus. Bon, oui, parfois -chaque fois que nous nous voyons depuis des mois- il se passe ... quelque chose entre nous, mais ça ne veut rien dire. On le fait, mais on en parle pas, ne ressentant jamais de malaise après nos ébats. Certains se font la bise à chaque rencontre, nous on fait l'amour à la galerie. Je sais que je devrais ressentir de la culpabilité puisque je suis fiancée, mais je n'y arrive pas. Ma relation avec Ezra semble si naturelle... Elle me convient trop pour que je puisse regretter quoique ce soit, même si le bon sens me dit que je devrais tout regretter et y mettre fin au plus vite. Bon, c'est pour le moment, parce que si quelqu'un venait à apprendre que mon fiancé est cocu, je partirais en coup de vent de cette ville, mortifiée par ma réputation d'infidèle. Non, je ne me pose pas de questions, je ne cherche pas à savoir pour c'est Ezra qui me manque alors que j'épouse Caleb dans quelques mois. En plus, il faut dire qu'il y a des mois, pour ne pas dire des années, qu'il ne se passe plus rien sur le plan physique avec Caleb. Au début de notre relation, on s'y adonnait, mais avec la routine qui est arrivée, nous n'en ressentons pas le besoin et ça ne nous a jamais dérangés.

Ce soir, j'ai pris mes pinceaux et je me suis installée dans l'atelier attenante à la galerie et j'ai tenté de peindre. Oh, je n'expose pas, n'ayant pas réellement de talent, mais peindre me détend. Il y en a qui partent courir, qui font du shopping, moi c'est l'art qui m'a toujours permis de m'évader. J'avais besoin de mettre mon cerveau à off pendant un moment, ce que j'ai fait. Personne pour me juger, une douce musique de fond, le soleil qui se couche. Au bout de deux heures je suis partie, n'ayant fait que la forêt au fond de ma toile. Je m'améliore à chaque coup de pinceau, ce qui a réussi à alléger mon humeur maussade. Il faut dire que mis à part ma vie sentimentale catastrophique, ma galerie se porte bien. Nos vernissages sont toujours bondés, les oeuvres se vendent bien, les journalistes adorent nos évènements et nous songeons même à agrandir au cours de l'année prochaine. S'il n'y avait pas le mariage à s'occuper, ce serait mon projet actuel. Mais bon, mettre mon union avec Caleb sur la glace attirerait trop l'attention. Un frisson me parcours lorsque je pense à la prochaine étape, celle des enfants. Non, vaut mieux ne pas s'aventurer sur ce terrain. Une fois devant la maison, je retire les clefs du contact pour y voir un sms d'Ezra, m'annonçant qu'il sera présent à la rencontre des employés prévu dans deux jours. Quelques mots, c'est tout ce dont j'avais besoin pour entrer dans la maison, le sourire jusqu'aux oreilles. On me dit parfois que j'air l'air froide, pincée puisque je suis très professionnelle, mais cet homme fait fondre le masque à la surface et laisse paraître mes vraies émotions.

D'ailleurs, mon fiancé le remarque. Dès que je pose un pied dans la maison, il me demande comment s'est passée ma journée. « Très! Je suis restée quelques heures après la fermeture pour boucler un dossier quant à la prochaine exposition. J'ai réussi à obtenir exactement ce que je voulais de la firme évènementielle ! » Ce n'est qu'un petit mensonge, la réelle raison de ma bonne humeur maintenant enfouie au fond de mon sac à main. Ce dossier, il est bouclé depuis le matin même, mais Caleb n'a pas besoin de le savoir, non ? « As-tu déjà mangé ? » je m'informe en me dirigeant vers la cuisine. Ouvrant la porte du frigo, j'en sors un plat déjà prêt à faire réchauffer. J'aime bien planifier ma cuisine le dimanche, préparant des repas pour toute la semaine, ce qui nous accommode vachement Caleb et moi, vu que nous ne passons que peu de temps à la maison. « Et, oh. Ma mère a appelée, elle veut savoir si elle peut nous accompagner chez la pâtissière pour goûter les gâteaux la semaine prochaine, je lui ai dis que je verrais avec toi. » Mes mots sortent comme s'il s'agissait d'aller chercher un colis à la poste. Il faut dire que Caleb non plus ne démontre pas d'enthousiasme quant au grand jour, ce qui me rassure un peu, mais surtout, me déculpabilise.

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Mes yeux se perdent sur l'écran, mes réflexions fusent dans tous les sens. Je n'ai pas envie que notre discussion se termine sur ça. J'ai aimé ce moment, même si au départ ce n'était pas gagné. Je ne savais juste pas comment agir en sa présence, il ne m'a pas reconnu, j'ai continué. J'ai suivi son jeu. J'en ai même oublié de l'inviter au petit concert, alors qu'il était la raison principal. Une rencontre autour d'un verre aurait été plus sympa que ce moment assez gênant que nous avons vécu tantôt. En même temps, nous étions naturel, si on peut le dire, y avait surtout la gêne et la peur de mon côté. Trop de sentiment qui me perde. Je ne sais plus comment penser, enfin si, mais je ne sais plus quoi penser de tout ça. Je n'avais aucune idée du comment on se rencontrerait et si on se rencontrerait un jour. Oui j'avais l'idée de l'inviter à ce concert, mais ce n'était pas dit qu'il accepte. Il aurait très bien pu refuser, ou alors venir et se fondre dans la masse. Ne pas vouloir discuter avec moi et … il faut que j'arrête de songer à tout ça. Je ne sais pas du tout où ça mène, si ça doit mener quelque part. Je n'en sais rien. Je suis perdu, c'est tout ce que je sais. La porte d'entrée s'ouvre, pile au moment où j'allais lui écrire. A croire que le destin me joue des tours. Est-ce que je dois y voir un signe ? Allez savoir. Je clique vite pour tout fermer, ainsi que mon historique. Je sais que c'est bête, je ne faisais rien de mal en soit, juste une consultation de mail mais … je ne sais pas, je n'aime pas ce que je ressens en le faisant ici. Ce que je lui dis, je ne l'ai jamais dit à personne, à l'exception peut-être d'Izzy et encore. Il sait plus de chose sur moi que ma propre fiancée. Tout ceci me perturbe, elle devrait tout savoir de moi, mais je me ferme. Sûrement une peur, la peur du mariage, un truc comme ça. Je n'en sais rien. Fermant l'ordinateur, je reporte mon attention sur ma douce fiancée. Elle vient tout juste de rentrer, son visage est lumineux, elle doit sûrement avoir une nouvelle à m'annoncer. Dois-je avoir peur. Je me relève en douceur, la chaleur du canapé commence déjà à me manquer. La froideur de Caiti n'est pas ce que je préfère, pas qu'elle soit froide, quoique … Je n'ai pas envie d'aller vers elle pour l'embrasser par exemple … maintenant que j'y repense. Est-ce normal ? Je veux dire, logiquement des fiancées s'embrassent aux retrouvailles, ils sont contents de se retrouver. Moi, je ne sais pas. Je suis content qu'elle soit là, mais aussi étrange que ça puisse paraître elle ne me manquait pas. C'est mal. Je devrais être heureux de la revoir, de savoir ce qu'elle a fait aujourd'hui, mais non. L'envie n'est pas là. Elle s'affaire déjà autour de moi. Tel un petit électron elle mène sa vie. Je la regarde faire patiemment. M'interrogeant sur tout ça, après tout, c'est ce que je fais de mieux. M'interroger. Repenser à tantôt... « Très! Je suis restée quelques heures après la fermeture pour boucler un dossier quant à la prochaine exposition. J'ai réussi à obtenir exactement ce que je voulais de la firme événementiel ! » Je hoche la tête, signe que je l'écoute. J'essaie de me remémorer ce qu'elle m'a dit par rapport à tout ça. « C'est chouette, tu vas faire quoi du coup ? » M'intéresser à son boulot, ça ne me dérange pas. Elle aime autant son travail que … Non, je ne peux pas dire moi. En soit mon travail, ne me dérange pas, de-là à dire que je l'aime, c'est autre chose. Porter des costumes à longueur de journée commence à me fatiguer. Parler aux gens, répéter la même chose. Je me demande si c'est vraiment fait pour moi. Je me sens bien mieux guitare en main, sur scène, à l’abri des regards. C'est paradoxale quand on y repense car sur scène, je suis à la vue de tous. Seulement je suis éloigné des regards de mon père. Je n'ai aucune pression, je ne pense à rien. Ce qui est rare et me fais du bien. « Non pas encore, je viens à peine de rentrer. » Elle s'agite encore. Ne prenant pas le temps de s’asseoir, de me regarder ou je ne sais quoi encore. Elle a toujours été ainsi, je ne peux pas lui reprocher ça. J'aimais ça au début, sa façon de tout gérer. Notre vie est toute tracée, ça m'a toujours plu, rassuré quelque part. Là je me sens un peu … lasse de tout ça. Je pense que c'est un contre coup, d'ici quelques semaines, tout redeviendra normal. Je pense. J'y crois. Il n'y a pas de raison. Je fais une petite crise de la trentaine, bon je les ai pas encore, c'est peut-être ça qui m'effraie. « Et, oh. Ma mère a appelée, elle veut savoir si elle peut nous accompagner chez la pâtissière pour goûter les gâteaux la semaine prochaine, je lui ai dis que je verrais avec toi. » Relevant les yeux vers elle. Fronçant les sourcils. Je me demande pourquoi elle me demande mon avis. Sa mère est du genre à s’incruster, qu'on le veuille ou non. Et puis elle sait très bien que ça me dérange pas au fond. Je sais qu'elle aime avoir les avis de sa mère. « Si cela te va, ça me va aussi. D'ailleurs, il faut que tu me redises les rendez-vous à venir pour le mariage. » J'en profite pour sortir mon agenda, tout en me dirigeant vers les assiettes. La table, c'est ce que je fais tous les soirs. Bien souvent je mange tout seul, mais bon son boulot lui prend du temps. Ses expositions sont importantes, je peux comprendre. Et puis je me retrouve jamais très seul, vu qu'Izzy débarque bien souvent ou alors je sors. Ce qui est bien rare, mais ça m'arrive. « Rouge ou blanc » lui dis-je en montrant les bouteilles. Notre petit plaisir du soir, mais j'aimerai savoir ce qu'elle désire avant d'ouvrir la mauvaise. J'entends déjà les mots d'Izzy « petit chien à mme » elle n'arrête pas de me dire que je suis sa marionnette, comme celle de mon père, mais … Bon je n'aime juste pas les conflits, c'est tout et puis si ça peut lui faire plaisir. J'aime la voir heureuse dans le fond c'est ce que j'aspire.
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Je ne prends même pas le temps de m'arrêter lorsque je passe le pas de ma porte, saluant seulement verbalement celui qui deviendra mon mari dans les semaines à venir. Mon mari... Mon coeur se sert à cette appellation, riche de sens. Celui que je dois aimer, chérir, jusqu'à ce que la mort nous sépare. Alors que Caleb est encore assis sur le sofa, je me retourne pour le fixer quelques secondes. Je sais que je l'aime, j'en suis certaine. Il me fait rire, me fait sentir bien, me mets à l'aise, il aime mes manières à tendances maniaque, il est toujours là pour m'écouter et pendant un moment, je savais que je pouvais tout lui dire. On dirait que notre amour s'est détérioré avec le temps, oubliant toutes ces petites attentions qui autrefois parsemaient notre relation. Je devrais être heureuse, honorée même, de m'unir à un homme si gentil et attentionné, mais mon coeur semble en décider autrement. Il y a des mois qu'il n'y a plus d'étincelle entre lui et moi, si étincelle il y a déjà eu. Lorsque l'un de nous arrive, nous nous embrassons pas contrairement à beaucoup de couple. Juste à repenser au dernier baiser échangé avec Caleb, évidemment c'était en public, à une soirée avec ses partenaires d'affaires. Juste un baiser, simple, mais à la vue de tous, pour maintenir cette image de couple parfait auquel nos sentiments ne rendent pas justice. Cette certitude, savoir qu'il saura là lorsque je rentrerai, c'est tout ce que je demande. Il est quand même mon meilleur ami avant tout et même si je sais que le statut n'est pas réciproque - cette Izzy.... pfff - je ne pourrais pas me passer de lui. Alors que je lui fais part du message de sa belle-mère, une partie de moi lui demande de me contredire. Je ne sais d'où me vient cet élan, cette envie de le voir arriver et de me dire 'pourquoi nous ne prendrions pas plus notre temps avant le grand saut ?' Je lui tomberais dans les bras, j'en suis certaine, criant oui avec plus de ferveur que devant l'autel. Même si Caleb ne parait pas plus enchanté que moi quant à l'arrivée prochaine de notre union, je sais qu'il ne me proposera jamais de la repousser. Selon lui, selon tout le monde, je suis fébrile en l'attente de mon grand jour. Sont-ils tous si naïfs pour ne pas percer mon secret à jour où suis-je devenue une meilleure actrice que je ne le pense? Cette fatalité m'attire avec sa stabilité, rien de plus. Je me sens pathétique de penser de la sorte. « Non, ça me va aussi que ma mère soit présente. Je voulais seulement te demander ton avis. » Je me retourne et lui adresse un sourire radieux tout en finissant de préparer le repas du soir. Je le vois aller chercher son agenda pour prendre les rendez-vous en note, ce qui me fait sortir mon portable de mon sac pour les lui lister. Il y en a tellement que même Miranda ne pourrait s'en souvenir si je lui demandais et dieu sait que cette femme a une mémoire infaillible. Alors qu'il se pose à l'îlot, je scrute cette liste infinie, stressant à l'idée de devoir jouer encore plus la comédie qu'au quotidien. « Blanc, merci. » Le vin, c'est ce que nous partageons chaque soir, en plus de notre lit. Enfin, il y a des lustres que plus rien ne se passe entre nous, mais nous n'abordons pas le sujet. Nous ne ressentons pas le besoin de nous adonner à des ébats chaque jour, jamais en fait, et ce comportement ne semble pas sonner l'alarme ni chez lui, ni chez moi. Vaut mieux ne pas penser aux enfants... « Alors, pour commencer il y a le rendez-vous chez la pâtissière, comme je viens de dire. Ensuite, tu dois me donner tes disponibilités pour aller chez le traiteur, afin de goûter les options de repas pour le mariage. Ma mère m'a dit qu'elle te contacterait pour les ajustements de costumes. Sinon... » mes doigts font défiler la liste qui semble s'allonger « Demain je vais pour ma robe. » Je souffle, cherchant à masquer mon exaspération. « Il faut aussi terminer les invitations et le plan des tables. Et oh... » Mes yeux se relèvent vers mon fiancé, plongeant dans cet océan bleu azur qui m'a autrefois si facilement séduite. Il semble prêt à l'action, notant tout ce que je viens de lui énoncer. « Pour les fleurs, je me dis qu'on pourrait demander à Isis ? » Je n'ose pas utiliser un prénom pour une femme que je déteste par son excentricité et ses manières enfantines, mais même en guerre je sais jouer juste. Un mariage comme le notre, celui d'une Edwards et d'un Barnes sera forcément un gros contrat et si cet argent peut arriver dans la poche d'une de nos connaissances, je suis totalement pour. Enfin, ce n'est pas la seule raison qui me pousse à lui proposer une nouvelle fleuriste... « À vrai dire, j'ai eu mon père au téléphone plus tôt cet après-midi. Comme c'est lui qui a réservé la salle de réception, il m'a fait part d'un problème administratif sans me donner les détails... On ne pourra pas célébrer dans trois mois comme nous l'avions prévu. Le mariage est devancé à dans un mois et demi. » Je prends une longue gorgée de vin, espérant que la nouvelle passe bien. Quand j'ai eu mon père au téléphone, j'avais envie de lui raccrocher au nez. Cherchant mille excuses, j'ai tout fait pour trouver une autre solution autre que de devancer la date fatidique, mais rien n'est passé au conseil. Il paye pour la salle, il a le dernier mot, malheureusement. Tous mes arguments comme quoi rien ne serait prêt à temps ont été détruits lorsqu'il m'a dit que ma mère à veillé personnellement à changer les délais pour le menu, les invitations, les plans de la salle... Tous on acceptés, sauf le fleuriste, ce qui explique ma précédente proposition. J'ai envie d'hurler, mais je me dois de rester forte pour Caleb qui se retrouve dans le même bateau que moi. Reposant ma coupe sur le comptoir, je guette sa réaction qui j'espère, sera meilleure que la mienne.

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Il fut un temps ou j'étais heureux de la retrouver, enfin je le crois… Je n'en suis plus très sûr. En ce moment, je doute de beaucoup de chose et ça m'effraie. M'interroger constamment sur ma vie, mes choix, mon avenir. Je déteste ça, enfin est-ce que je déteste vraiment ? D'un sens, ces choix m'ont été dicté. Rien de ce que je fais ou prévois de faire, n'est dans mes options. Je n'ai pas choisi ce mariage, c'est une idée de mon père. Bien sûr, c'était la suite logique … et je ne préfère pas songer à ce qui doit advenir par la suite. Tout ça m'effraie un peu, mais j'essaie de me contenir, pour elle. C'est son rêve, du moins je crois. Je ne suis plus très sûr, mais la voir parler du mariage, de ses préparatifs. Elle aime ça. Ma mère n'arrête pas de me dire que chaque femme rêve de son mariage, des préparations, de tout ce qui s'en suit. C'est d'après elle, un événement unique dans sa vie. Je veux que Caiti profite de ce moment, c'est le sien, enfin le notre, mais le sien que le mien. A mes yeux, ce n'est pas un bout de papier qui changeront ce que je pense d'elle ou de notre couple. L'amour que je lui porte ou non, ne peut pas se résumer juste par un papier, une réception ou autre. Je m'affaire pendant qu'elle prépare le repas. Je sens que la liste des rendez-vous va être longue, ce qui ne me réjouit pas. Rien dans ce mariage me réjouit et je sens au fond de moi que ce n'est pas normal. Je devrais être heureux, enthousiaste à l'idée de partager le reste de ma vie à ses côtés. Je pourrais même compter les jours, mais rien de tout ça. Ce qui me rend réellement heureux en ce moment ? Et bien ça ne se trouve pas dans cette pièce, enfin pas complètement. Et c'est à ce moment que je revois son sourire et l'air idiot que j'ai dû avoir. Puis ses mots, ses regards, sa façon qu'il a de m'encourager. Ce que j'ai ressenti, un bien être, ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. L'idée même me fait un brin paniquer. Je ne devrais pas ressentir tout ça, ou même me confier à lui. C'est à elle que je dois parler de mon avenir, de mes projets et non à cet inconnu … qui n'est plus si inconnu que ça… Je me rends compte que j'ai besoin de ses mots, alors que j'ai de moins en moins besoin des siens. Est-ce qu'il fut un temps ou j'ai eu besoin de ses mots ? Elle a su m'écouter, m'aider, mais .. je ne sais pas. Je suis perdu, c'est tout. Un contre coup de tout ces derniers événements. Caiti est quelqu'un que j'aime et respect. En aucun cas je lui ferais du mal, je m'en veux déjà de ce que je lui fais subir, sans qu'elle le sache. Il faut vraiment que je me mette un peu plus dans ce mariage. J'essaie, mais la motivation recule de plus en plus. J'ai juste envie de tout plaquer et de partir loin, très loin. Être quelque part, là où on me trouverait pas… Une idée, rien qu'une idée. Je divague encore et toujours. Ce n'est pas comme si je serais capable un jour de faire ça. Pourquoi faire ? Recommencer à zéro, ça pourrait être une option. Je souffle et attrape mon agenda, il faut que je prenne cette liste. Je me sens dans l'obligation de répondre présent, alors si on me demande ce dont j'ai envie ? De quelque chose de simple. La simplicité m'a toujours résumé, mais pas pour ma famille. Pas pour mon père, non, on doit faire les choses en grand. Briller, étinceler. Paraître. Montrer qu'on est quelqu'un, quitte à enfouir ce qu'on est vraiment. Qui suis-je dans le fond ? Personne. Juste un pantin dans la vie de mon père, il tire les ficelles de ma vie un peu plus. Je me sens pris dans ce tourbillon de décisions et c'est bien trop tard pour faire marche arrière. Trop de personnes comptent sur moi. Ils m'attendent. Je ne dois pas les décevoir. « Alors, pour commencer il y a le rendez-vous chez la pâtissière, comme je viens de dire. Ensuite, tu dois me donner tes disponibilités pour aller chez le traiteur, afin de goûter les options de repas pour le mariage. Ma mère m'a dit qu'elle te contacterait pour les ajustements de costumes. Sinon... » La voix de Caiti me sort de mes rêveries. Je prends en note ce qu'elle me dit, des jours de disponible ? Cela doit pouvoir se faire, mais avec les réunions à venir sur le projet avec la chine … Cela me semble compliquer. Je vais devoir sauter mes pauses repas. J'écoute d'une demi oreille Caiti, qui me parle de sa robe, des tables et des fleurs. Je fronce les sourcils à ce mot et pas qu'à celui-là. Elles savent parfaitement que je déteste lorsqu'elles font ça. Izzy fait la même lorsqu'elle parle de Caiti et inversement. « Pourquoi veux-tu faire appelle à Izzy ? » Ma prononciation est différente, je lui montre que je ne la reprends pas, mais que ce n'est pas pour autant que j'ai aimé. Je n'ai juste pas la force et encore moins l'envie de partir dans ce genre de débat. Je sais qu'elle en fait exprès. Tout comme Izzy et je déteste les conflits. Elles le savent très bien, j'ai baigné dedans et je ne veux pas que ça se reproduise de nos jours. J'évite les conflits entre mon père et ma mère, ainsi qu'entre lui et moi. J'évite les conflits de manière général. Les conflits ne mènent à rien, hormis énerver les gens, les faire des choses qui regretteront. Et puis ça me ramène trop dans le passé. Non. Je n'ai pas envie. Passant une main dans mes cheveux, j'essaie de rester focus sur les mots de Caiti. Je vois à sa tête que quelque chose cloche. Elle prend son temps, ça sent mauvais. Je scrute à nouveau mon agenda, ayant bien pris soin d’annoter ce qu'elle m'a dicté. « À vrai dire, j'ai eu mon père au téléphone plus tôt cet après-midi. Comme c'est lui qui a réservé la salle de réception, il m'a fait part d'un problème administratif sans me donner les détails... On ne pourra pas célébrer dans trois mois comme nous l'avions prévu. Le mariage est devancé à dans un mois et demi. » Je pense que demain, je pourrais lui faire une place. Quoique jeudi me semble mieux. Elle vide son verre et me fixe. Attend elle a dit quoi là ? … C'est à ce moment précis que la pièce tombe. Non, elle n'a pas dit que le mariage était avancée. J'essaie de lire dans son regard, non ce n'est pas possible. Mais ? Non. Je ne suis déjà pas prêt à me marier dans trois mois, alors avant … Et puis … mais … non … mais … non ça ne peut pas être vrai. Je regarde le verre, puis elle, puis le verre, puis elle. Je vois bien qu'elle attend une réponse de ma part. Je suis censé lui dire quoi ? Que ce mariage me fait peur, que je n'ai pas envie de m'unir à elle… Enfin pas tout de suite. Bien sûr que j'ai envie, enfin je crois, dans un futur incertain. Enfin non j'en sais rien. Et puis son sourire m'apparaît et puis je commence à me répéter. Mes pensées tournent en rond, ne laissant que ce laps de temps et son visage dans ma tête. Je peux entendre le tic de la pendule, puis le tac qui résonne dans le creux de mes oreilles. Un monde parallèle se construit autour de moi. Un monde qui se liquéfie. J'ai l'impression que ce qui m'entoure est en train de fondre, tel la persistance de la mémoire de Dali. Je fixe mes mains et je les vois se fondre à la table. A ce blanc. J'ai l'impression que bientôt je vais faire partie de ce décor. Ou alors je vais me réveiller de ce cauchemar. Tout ceci ne peut pas être réel … Le temps s'arrête. Aucun mot n'a franchi les portes que sont mes lèvres. Il faut pourtant que je réagisse, mais je me sens incapable. J'ai l'impression d'être loin, trop loin pour qu'elle m'entende. Et lui qui s'échappe doucement de mes songes. Je devrais dire quelque chose, mais … « ok ! » c'est tout ce que je trouve à dire. Je me sens vide. Comme ci ce simple mot m'avait aspiré toutes mes émotions. Simple et banale, mais pourtant il résume tellement de chose. Ok je vais sauter par la fenêtre. Ok je suis partant, allons nous marier dans un mois. Ok mettons de la distance entre toi et moi. Un mot et tellement d'opportunité. Un mot qui me permet de souffler un brin, de tenter d'attraper une bouée. De maintenir mon corps hors de l'eau. Là je coule et je ne sais pas comment me maintenir hors de l'eau. Je dois pourtant trouver une solution, pour elle. Je le dois. Sauf que je ne vois pas quoi ?  
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Treat her better

J’aurais aimé une réaction plus marquée de Caleb suite à mon annonce, mais rien. En même temps, pourquoi je m’attendais à ce qu’il se mette autant en avant, qu’il me contredise et qu’il montre du désaccord ? On parle de Caleb, l’homme le plus doux et le plus gentil que je connaisse, celui qui ferait tout pour plaire à tout le monde, prenant sur lui bien plus que nécessaire. Il est trop altruiste, même si c’est sa plus grande qualité je ne voudrais pas qu’il se perde à essayer de plaire à tout le monde. Si je ne lui dis pas que ce mariage arrive trop vite à mon avis, il ne me partagera jamais cet avis si je ne lui en ai pas préalablement fait part. Je vois pourtant dans ces yeux que ses pensées s’emmêlent et s’entrechoquent, que cette annonce n’est pas spécialement bien accueillie. La coupe de vin à la main, je laisse volontairement un silence planer entre nous pour lui laisser une porte ouverte pour placer son opinion. Je veux qu’il me dise ce qu’il pense, mais si je le dis haut et fort, je réduirai toutes mes chances à néant de découvrir le fond de sa pensée. Le brusquer, c’est fermer la porte et il n’en résultera que des approbations de sa part, même si tout son être cri l’inverse. Après des années de relations, je le connais Caleb, plus qu’il doit le penser. À force de lui imposer mon avis sur tout et n’importe quoi, j’ai compris que Caleb ne faisait qu’approuver les volontés des autres, mais lui, que veut-il ? Là, je lui laisse la chance de s’exprimer, mais comme ce n’est pas mon habitude, la chance qu’il saisisse cette perche est si mince… J’ai envie de poser ma main sur la sienne, de lui sourire doucement et de lui demander ce qu’il veut, intérieurement, réellement. Je veux savoir ce qui le rendrait heureux, est-ce ce mariage ? Est-ce être avec moi ? Oui, je pense, je l’espère un peu. À part lui, personne ne voudra d’une femme aussi maniaque moi. Le seul homme à qui je pense me prends pour sa catin, et même si je me sens bien trop bien avec Ezra, il n’est que mon amant. Il n’y a pas plus de niveau à notre relation, elle est déjà à son apogée, bientôt à sa fin. Enfin, j’ai toujours voulu me marier et Caleb me semble être l’homme idéal pour moi, j’en suis presque convaincue (à force de me le répéter…), mais justement. C’est cette incertitude qui me pèse sur les épaules, parce que bien que tout le monde ne cesse de nous répéter que nous sommes le couple le plus assorti qui soit, nous n’arrivons pas réellement à voir cette réalité. Éventuellement, un jour, peut-être, le temps viendra de nous unir de manière officielle, mais le moment ne me semble pas idéal. Notre entourage est plus excité que nous quant à notre grand jour, et cette idée n’est même pas venue de nous en plus. Ce mariage, ce n’est même pas notre initiative, ce sont nos parents qui nous ont dit que nous devrions nous marier et Caleb et moi avons accepté cette idée puisqu’elle semblait être la suite logique des choses à l’époque. Nous étions bien, dans notre maison, avec notre petite routine, nos petites attentions. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Je prends une gorgée de vin, sachant que pour ma part le retour d’Ezra dans ma vie ajoute à mes doutes, mais il est hors de question de l’avouer. À personne. Reposant mon verre sur l’ilot, je pose ma main sur celle de Caleb, espérant y trouver quelconque source de réconfort. Souriant tristement, je cherche quelque chose dans son regard, je veux savoir que nous sommes deux dans ce bateau, que nous serons soudés dans ces épreuves. Mais rien, rien du tout. Ce contact me semble froid, étranger presque. Il est la preuve que toute complicité a quitté notre couple il y a bien trop longtemps, mais je m’accroche alors qu’il serait temps de lâcher prise. C’est la chute qui me fait peur, qui m’empêche de le faire. Caleb est la seule certitude dans ma vie, il est celui qui devrait être toujours pour moi quand je rentre le soir, quand je vais mal, quand je vais bien. Mon cœur ce serre, l’illusion de notre relation s’effritant bien trop rapidement d’un seul coup. Je me sens seule, contre tous, et je sais que je ne pourrais jamais gagner cette bataille sans un allié dans mon camp. Le son du four me tire de mes rêveries, ma main quitte celle de Caleb pour aller m'occuper du repas. Moi qui cherchait une expression n'importe quoi dans son regard, je me tourne pour y cacher la tristesse qui s'affiche sur mon visage. « Tout va bien alors... » Ma voix tremble, heureusement qu'il ne peut pas voir de quoi j'ai l'ai en ce moment. Posant le plat sur la cuisinière, je me retourne vers Caleb qui n'a toujours pas bougé. Il a l'air absent, ce qui m'achève. Parce que même pour mon fiancé, je n'arrive pas à trouver les mots et à agir pout être là pour toi.

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Le temps s'est arrêté. La sueur perle sur mon front. J'ai l'impression de fondre sur place. Tout s'est arrêté au moment ou elle a prononcé ces phrases. Le mariage est avancé … Tout se mélange dans ma tête, un sacré bordel. Je suis censé dire quoi ? Hormis ce « ok » qui s'est échappé de mes lèvres. Il a filé, laissant planer le doute sur ce ok. Il a tellement de signification. Je peux être partant, ce qui n'est clairement pas le cas. A la base,  je ne ressens rien vis-à-vis de ce mariage. Je devrais être heureux à l'idée de partager le reste de ma vie avec elle, pourtant … Je suis heureux en pensant à lui. Je suis heureux lorsque je passe mes doigts sur ses cordes. Je suis heureux ailleurs qu'ici. Ce sentiment me perturbe au plus haut point. J'ai l'impression que ma vie a tellement changé en quelques mois. Je ne suis plus ce que j'étais ou alors je n'ai jamais été qui j'étais. Je ne sais pas. Je ne sais plus, ce que je veux, ce que j'attends de mon avenir. Il a toujours été tracer, préméditer et jusqu'ici ça m'allait. Je me pliais au règle que mon père m'imposait, lui faisant plaisir, parce que je suis ainsi, j'aime faire plaisir aux gens qui m'entourent. M'oubliant au passage, mais qu'importe du moment que la joie circule autour de moi, ça me va. Du moins, ça m'allait, là je ne sais plus. Cette annonce n'a pas eu l'effet qu'elle aurait du me faire. Je devrais être capable de lui dire ce que je ressens, elle aussi, pourtant rien. Rien ne sort et je n'ai envie de rien. La chaleur de sa main ne m’atteint. J'ai l'impression qu'on est à l'opposé, trop loin pour se toucher, se comprendre. Est-ce qu'on s'est déjà compris ? J'ose croire que oui. Tout n'est pas que mascarade ou autre sentiment. Non, il y a quelque chose, on n'en serait pas là sinon. Pourtant je ne ressens rien, juste du vide. Le vide m'appelle, mon corps flanche. Elle s'agite autour de moi, je suis incapable de remonter à la surface. Je me sens submerger par cette annonce. Elle m'étouffe. J'ai besoin de bouger, mais pour aller où ? Chez Izzy, sûrement pas, je sais d'avance qu'elle va débouler comme une folle demain. Elle veut savoir. L'idée de repenser à lui, m'apaise un peu. Et puis l'annonce apparaît, je lui ai rien dit. Il ne sait pas. Tout ceci me paraît irréel, mais réel à la fois. Jusqu'ici je dois reconnaître que le mariage, n'était qu'un mot dans le vide. Quelque chose sans « importance », il allait avoir lieu, mais j'en avais pas pris conscience. Jusque là. Là tout devient si réel. Je ne peux pas y échapper. Il va avoir lieu, que je le veuille ou non. Je le veux ? Je n'en sais rien. Je devrais savoir. Ce n'est pas une décision qu'on prend à la légère, je n'ai pas décidé sur un coup de tête de lui demander sa main. Bien sûr que mon père m'a suggère ce mariage, ces sous entendus ont bien été réceptionnés. Si je le fais, c'est que quelque part j'en avais envie… Enfin je crois. Je ne sais plus et ça m'attriste un peu, voir beaucoup. Je ne veux pas la décevoir. Ce mariage est important pour elle, c'est un rêve de petite fille. C'est ce que ma mère n'arrête pas de me dire, chaque gamine s'imagine le mariage de ses rêves. Caiti n'est pas une exception, je sais qu'au fond d'elle, elle imagine le mariage de ses rêves. Suis-je le prince qu'elle rêvait d'avoir ? Une part de moi se dit que oui et une autre en doute. Le fait qu'on soit si éloigner n'est pas normal. La normalité voudrait qu'on soit proche, peut-être pas fusionnel, mais qu'on rayonne de bonheur. Quand je nous regarde, ce n'est pas ce que je vois. Posant mon regard sur elle, me tournant le dos. Elle s'affaire en cuisine, cachant sans doute sa peine. Je vois à ses épaules, qu'elle ne va pas bien, mais je suis incapable de la réconforter. Elle s'attendait sûrement à une autre réponse de ma part. Ce qui me fait encore plus douter sur cette annonce. Le veut-elle réellement ? Une part de moi, aimerait la confronter, qu'on crève l’abcès, mais non. Je ne veux pas la blesser, c'est son rêve. Elle ne m'aurait pas dit oui sinon, enfin c'est ce que je me dis. Peut-être pour me rassurer et me dire que c'est la bonne décision ? Alors que mon instinct me dire de fuir. De partir d'ici, de tout arrêter avant de faire des dégâts, encore plus gros. Est-ce que ce n'est pas déjà le cas ? Je n'en sais rien et je suis lasse de tout ça. Mon corps réagit, je recule la chaise. « Je n'ai pas très faim, je vais me coucher. » finis-je par lui dire. La boule au ventre, les questions qui fusent. Je sais que je devrais aller la réconforter. La prendre dans mes bras, la laisser verser ses larmes sur mon épaule, mais là, j'en suis incapable. Son sourire apparaît dans un coin de ma tête. Je vais me bercer d'illusion pour ce soir. Faisant abstraction de cette annonce, repenser à cette rencontrer. Je l'abandonne dans ce qui est notre cuisine, à contre coeur, mais dans l'incapacité d'agir. Ce qui me chagrine le plus. J'aimerais être l'homme qu'elle veut, mais ce soir, je ne suis qu'un homme faible, incapable d'agir ou de dire ce qu'elle aimerait entendre. Est-ce que je sais au moins ce qu'elle veut entendre ? Je ne crois pas. Le coeur gros, je me dirige vers notre chambre, me laissant tomber sur le lit. Il y a encore quelques minutes, je me sentais bien, à présent je me sens dériver, encore plus perdu … L'incompréhension me hante de partout et la peur de cet avenir…
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