« Vous êtes renvoyée, Joelynn. » Ces paroles, je me les repassais en boucle dans ma tête depuis une bonne demi-heure, à un point où on aurait pu prendre ça pour du masochisme. Et peut-être que ça l'était, mais je ne pouvais m'en empêcher malgré la douleur -ou plutôt l'incompréhension- que ça me causait. J'avais bel et bien été renvoyée et je ressentais le besoin de repasser ce souvenir sans cesse tellement ça me paraissait irréaliste. Moi, fichue à la porte? Certes, je n'étais pas la meilleure des employées et il m'arrivait de me pointer sur mon lieu de travail avec une légère gueule de bois, mais en général, je n'étais que très rarement en retard et je faisais du bon boulot. Je m'assurais toujours de la propreté de chaque chambre. Ce n'était pas de ma faute si certains clients se plaignait de mon caractère. S'ils ne s'amusaient pas à tout remettre en bordel à chaque jour, je ne les réprimanderais pas. « Vous avez hurlé sur un client! Et cette fois-ci, je ne laisserai pas passer votre manque de professionnalisme. » Sauf que cet imbécile m'avait cherché. Un ancien du lycée avec qui j'aurais du graduer qui s'était permis de m'insulter. Il avait dit ne pas être étonné de me retrouver à cet endroit, malgré qu'il soit surpris qu'un hotel aussi réputé m'ait engagé. Ce connard avait parfaitement mérité que je le remette à sa place. Mais, malheureusement pour moi, mon patron ne s'était pas montré aussi compréhensif. Il aurait préféré que je me laisse faire sans me défendre, le con. Après tout, peut-être que c'était mieux comme ça? De toute façon, je n'avais jamais cessé de me plaindre à propos de ce job minable. Sauf que non... J'en avais besoin, de ce travail et peu importe à quel point il était dégradant, c'était grâce à lui que je payais mes leçons de boxe. Maintenant, je serai forcée de piger dans mes économies. Sauf que cet argent, je l'avais mis de côté pour mon avenir, pour financer ma boutique ou mes cours en commerce. Et aujourd'hui, je devais avoir amassé près d'un millier de dollars, un montant ordinaire pour n'importe qui, mais qui me semblait immense. De plus, j'avais mis quelques années à l'économiser et ça avait été difficile de ne pas piger un peu dedans pour faire la fête. C'était l'une de mes plus grandes fiertées, même si j'étais la seule au courant et ça m'attristait de devoir y toucher après tant de mois.

J'étais donc furieuse au moment où j'entrai dans la boite où ma soeur bossait. Parce qu'elle avait encore un boulot, elle. Pas comme moi, la minable qui avait réussit à se faire virer de l'un des taffs les plus dégradants. Franchement, c'était démoralisant de me dire que même en tant que femme de chambre, je n'étais pas à la hauteur. C'en était même frustrant, à un point où j'eus du mal à ne pas envoyer promener le barman qui vint me saluer au moment où je pris place au bar. « Allez chercher Alexee. Je dois lui parler, c'est super important. » Réclâmai-je d'un ton bête qui sembla surprendre le pauvre employé. J'aurais du m'excuser, mais j'étais trop en colère pour le faire, alors je me contentai de l'observer tandis qu'il se dirigeait vers les cuisines. Pour patienter, je commandai un shooter de vodka que je terminai de boire au moment où ma soeur entra dans mon champ de vision. « Alex? Est-ce que tu pourrais prendre ta pause? Faut qu'on parle, c'est important. Sinon... » Expliquai-je sous le regard incrédule de mon aînée. « Sinon, je sens que je vais me mettre à frapper le premier type qui ose venir me parler! »