Tu soupires en rentrant chez toi, parce que sur le pas de la porte il y a le courrier. Tu le récupères et fermes derrière toi avant de te diriger vers la cuisine. Tu inspectes alors les lettres que tu as dans les mains. Tout d’abord il y a de la pub. Tu mets de côté pour que l’un de vous récupère tous les coupons de réductions dans les pubs. C’est devenu une habitude chez vous de récupérer tout ce que vous pouvez. Vous n’avez pas assez d’argent pour le claquer n’importe comment. Alors, il n’y a jamais de petites économies. Les caissières au supermarché le savent quand vous arrivez que vous allez les faire chier avec vos réductions, mais ça vous laisse indifférent. Si ça les emmerde tant que ça, elles ont qu’à fermer quand elles vous voient arriver. Et puis, après tout c’est votre droit de le faire et leur métier d’accepter. Tu laisses donc de côté tout ça pour te concentrer sur le plus important, la facture d’électricité. Tu ouvres l’enveloppe et soupire une nouvelle fois en voyant le montant. A force, ça ne devrait plus t’étonner de voir ce genre de facture parce que vous êtes quand même six enfants et tes deux vieux. Mais tu ne peux pas t’en empêcher. C’est plus fort que toi. Tu serres les dents en te disant que vous allez devoir faire des heures supplémentaires si vous voulez passer l’hiver et tu ouvres le placard où vous cachez votre cagnotte secrète. Ouais vous la cachez pour ne pas que vos géniteurs ne la trouvent et s’en servent pour acheter de l’alcool pour votre père et des antidépresseurs qu’elle utilisera jamais, pour votre mère. T’attrapes la boite de biscuits et elle te semble légère. C’est déjà suspect. Tes dents se serrent ainsi que tes poings. T’as déjà une vague idée de ce qui s’est passé. Et quand tu l’ouvres c’est le drame. C’est totalement vide. « PUTAIN DE MERDE ! » hurles-tu. Un grognement te répond et il vient de la chambre parentale. Tu montes alors à l’étage et tu ouvres sans ménagement la porte de la chambre. Tes parents sont à moitiés défoncés à moitiés endormis sur le lit, bras dessus, bras dessus. La rage prend le pas sur toute autre émotion. Avant, quelques années auparavant, t’aurais eu pitié d’eux. Maintenant, ils te dégoutent. S’ils venaient à crever, même pas tu ressentirais de la peine. T’attends même que ça, qu’ils crèvent et vous foutent la paix une bonne fois pour toute. Quoique, même morts t’es sûr que leurs dettes viendront vous emmerder. Cependant, t’as pas le temps de penser à ça que la voix de ton père attire ton attention. « Qu’est-ce que tu fous là ? Rends toi utile et va me chercher à boire. » dit-il en te lançant quelques billets. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Tu te jettes sur lui et le frappe au visage, une fois, deux fois en gueulant. « Espèce de connard ! Comment t’as pu pioché dans la réserve juste pour te saouler la gueule ! T’es qu’un putain d’égoïste ! Qu’est-ce que t’attends pour crever dans un ravin ? » Tu le frappes une dernière fois pour le foutre inconscient et tu te mets à la recherche des billets qui lui restent. Tu le fouilles sans regret et tu te contrôles pour ne pas le tuer là maintenant. Ça pourrait passer pour un coma éthylique si tu t’y prends bien. Ta génitrice se retourne vers toi et te sourit avant de replonger dans sa demie conscience. Elle aussi tu voudrais la frapper, mais heureusement pour elle, tu frappes pas les femmes. Pareil, tu lui fais les poches cherchant le moindre centime avant de passer la pièce au peigne fin. Au final, sur les miles livres que vous aviez mis de côté, t’arrives à en récupérer que deux cent cinquante. T’as fouillé partout, mais maintenant c’est plus la peine, y a plus rien. T’entends la porte d’entrée se refermer et tu décides d’aller accueillir ton frère ou ta sœur qui vient de rentrer. Si c’est un plus jeune que toi, tu te la fermeras sur ce qui s’est passé. Mais si c’est Alexee ou Axten, tu leur diras. Tu descends alors et tu retrouves Alexee dans la cuisine. Elle ne semble pas avoir remarqué la boite de biscuit vide… Tu t’approches d’elle et alors que tu vas pour l’embrasser avant de lui demander comment était sa journée, avant de rentrer dans le vif du sujet, tu fonds en larmes. L’accumulation du mariage, de Cory qui t’a lâché plus l’argent qui a disparu, tu n’en peux plus. Tu te jettes alors dans ses bras comme lorsque tu étais petit pour y chercher un peu de réconfort, le réconfort que ta mère n’aura jamais su te donner.
Quand tu ouvres la boîte de biscuits, tu n’arrives pas à croire que tout votre argent s’est fait la malle. Tu sais de suite qui sont les fautifs. Tes frères et sœurs ne voleraient jamais cet argent dont vous avez besoin pour payer les factures, ou alors ils vous l’auraient dit avant de rembourser. Tu sais donc que c’est ton alcoolique de géniteur et sa femme dépressive qui ont fait le coup. A cause de ce qui se passe avec Cory t’as pas trop le moral, alors tu démarres au quart de tour et tu fais éruption dans leur chambre. Ils sont à moitié mort. Mais à moitié ça ne te va pas. Tu voudrais qu’ils crèvent pour de bon. Mais ce sont des Freeman, et vous êtes difficiles à crever malheureusement. Ton père se réveille à cet instant et d’aller lui chercher à boire. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Tu te jettes sur lui sans réellement réfléchir et tu le frappes. Tu voudrais le tuer, le voir crever sous tes poings. Mais t’es pas assez con pour le faire chez toi. Personne ne croira à un accident. Alors tu frappes trois fois de toutes tes forces. T’as mal aux mains maintenant mais tu t’en fous tu t’es défoulé. Tu peux maintenant te mettre en quête de l’argent. T’as peu d’espoir de retrouver tout ce qu’ils vous ont piqué mais tu cherches quand même. Tu retournes chaque centimètres carrés de la chambre pour finalement arriver à récolter le quart de ce que vous aviez mis de côté. T’en trembles encore de rage quand tu descends de nouveau dans la cuisine parce que tu as entendu du bruit. Ça doit être un membre de ta fratrie qui est rentré. Tu pries pour que ce soit Alexee ou Axten parce que t’as besoin de décharger ta colère et ta frustration avec quelqu’un qui comprendrait la situation. Quand tu vois ta grande sœur au milieu de la pièce, tu ne peux pas t’empêcher d’être soulagé. Cependant t’avais pas prévu cet effet secondaire. Alors que tu sens que le soulagement prend possession de ton corps, tu fonds en larmes. Tu n’arrives plus à supporter tout ce qui se passe dans ta vie. Cory et le mariage, Cory et le fait qu’il t’ait largué, plus l’argent volé font éclater ta carapace et tu te jettes dans les bras de ta sœur. Ça te fait du bien d’être réconforter parce que Alexee a toujours été là pour toi quand tu avais besoin et ça fait longtemps que tu n’avais pas ressenti le besoin qu’elle agisse comme une mère pour toi. La voix de ta sœur t’apaise et tu laisses les larmes couler le long de tes joues. T’as jamais eu honte de pleurer, c’est juste que depuis que t’as compris le poids qu’elle porte sur ses épaules, tu évites de lui montrer tes faiblesses. Elle a assez de problèmes comme ça pour que tu en rajoutes. Pourtant aujourd’hui, t’es arrivé à bout de tes forces. T’en as marre de te comporter comme un homme. Merde quoi t’as que vingt-quatre ans et t’as pas vraiment eu d’enfance. T’as juste envie que cette fois, cette unique et seule fois, Alexee te considère comme un enfant qu’elle doit protéger envers et contre tout. Ta sœur fait mention de Cory et tu secoues vigoureusement la tête contre son épaule. Pour une fois, ton petit ami n’a rien fait. Enfin, tu pleures à cause de l’accumulation des choses mais Cory n’est pas la cause direct de tes larmes. Tu essaies de te calmer en te reculant de l’étreinte réconfortante de Alexee. T’essuies tes yeux en te mouchant dans ta manche. Tant pis, tu nettoieras plus tard. « C’est pas Cory… » Tu montres alors du doigt la boîte de biscuits ouvertes et vides. Tu sais qu’elle n’aura pas besoin d’avoir d’explications pour comprendre ce qui s’est passé mais tu te sens obligé de lui en donner. « Ils ont tout pris ! » dis-tu simplement. T’as pas besoin de donner plus de détails, elle a déjà compris… Tu sors alors de ta poche les deux cent cinquante livres que t’as pu récupérer et tu lui tends. « C’est tout ce que j’ai pu trouver dans leurs poches, dans les taies d’oreiller, les placards… J’ai cherché partout, deux fois. » Tu remarques alors du sang sur ta main qui tient les billets. Dans la précipitation t’as pas vu que tu t’étais blessé. Enfin, t’es même pas sûr que ce soit ton sang. C’est sûrement celui de ton géniteur. « Ah et je l’ai frappé… » ajoutes-tu sans émotion sur ton visage. Alexee comprendra que c’est de votre père que tu parles parce qu’elle sait que tu ne frapperais jamais une femme. Tu renifles bruyamment alors que t’essuies une nouvelle fois tes yeux rouges de ton autre main. Tu ne pleures plus mais t’es toujours pas bien…
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