Une semaine. Il a mis une semaine avant de pouvoir enfin rentrer chez lui. Et c'était long, parce que si Callum est resté là, pour la première nuit, les autres, Achille est resté seul. C'est angoissant, de chercher le sommeil, d'être réveillé en pleine nuit, d'avoir peur de fermer à nouveau les yeux. Alors, il se reposait plus la journée, quand Callum s'allongeait à ses côtés et qu'il lui caressait les cheveux. Le jour, il ne fait pas de cauchemar, le jour, il arrive à se reposer comme il se doit. Et une semaine, ça a fait qu'ils ont appris à se connaître un peu plus. Sans des fois rentrer dans les détails. Mais c'était agréable, c'est agréable même, d'être écouté, d'avoir une seule et unique personne pour le rassurer, pour trouver les mots qu'il faut. Callum a eu une grande patience, parce que quand les douleurs devenaient plus fréquence, il s'énervait Achille. Il s'énervait, avant de pleurer. Parce que c'était trop fort. Maintenant, il est chez lui. Seul, parce que la journée, il n'est pas là. Et aujourd'hui, il reçoit un gros colis. Un truc qui lui a fait épuiser ses économies qu'il a eues à sa sortie de l'armée. Son grade a énormément aidé, parce qu'il est vraiment fier de ce qu'il vient de faire. Il se tient le ventre, son bandage n'aide pas vraiment à diminuer la blessure et le moindre grand pas fait qu'il en souffre énormément. Il ouvre, demande au livreur de placer le colis à une place précise. Il n'a pas cherché à râler quand il a vu l'état d'Achille. Il a déplacé les meubles sans rechigner. C'est pas un truc de merde, qu'il lui a pris. Piano professionnel, un truc qui coûte une blinde. Mais lui, il est incroyablement heureux de lui avoir fait. Le livreur se casse, il n'a pas le courage de mettre de l'ordre, ça le lance trop et il ne tient plus sur ses jambes. Pourtant, ses doigts touchent quelques touches blanches. Le piano fait une mélodie incroyablement magnifique. Achille ne reste plus debout. Le médecin lui a dit qu'il lui fallait beaucoup de repos, qu'il ne fallait pas qu'il force parce que ça pouvait ouvrir certaines plais. Achille attrape le plaid, s'allonge sur son canapé et attend. Il attend que Callum rentre. Il est fier de sa surprise, mais d'un autre côté, il a peur que ça ne lui plaise pas, qu'il se sent offusquer et qu'il lui en veuille. Alors, il attend, le coeur qui bat très rapidement contre sa cage thoracique.

Callum a eu la semaine la plus difficile qu’il a été amené à vivre. Lui-même la jambe dans le plâtre, ses déplacements sont difficiles et il peine à rester trop longtemps debout. Ça le fâche, parce qu’il a l’impression de perdre la face lorsqu’il est au tribunal. Au moins, il a eu quelques jours pour se reposer avant que le devoir ne l’appelle. Sa tête l’élance souvent, l’enflure vient à peine de disparaître. Mais le pire est à la maison, lorsqu’il voit Achille dans l’état pitoyable qu’il peine à endurer. Il se fâche souvent, pleure souvent, ce qui détruit à chaque fois un peu plus le coeur de Callum. Il sait que ça prendra du temps avant qu’il ne guérisse, mais il devient de plus en plus difficile de supporter l’ambiance qui règne dans l’appartement. Comme chaque soir depuis une semaine, Callum prend le taxi pour rentrer chez Achille. Il ne va même plus à son propre appartement, trop préoccupé par la condition de son amoureux. Il lui a promis qu’il prendrait soin de lui, alors il tient à honorer sa promesse. Il arrive donc à l’appartement, le putain d’ascenseur est encore brisé. À sa grande joie, il doit monter difficilement les marches qui le séparent du sixième palier. Il a mal, il se retient à chaque fois de ne pas jurer. Mais il n’a pas le choix, parce que le putain de proprio n’en a rien à chier. Il va le poursuivre, Callum. Parce quand il n’est pas là, Achille ne peut pas sortir de chez lui. Et ça le met dans une rogne pas croyable. Bien sûr, il a déjà essayé les menaces. Cogner très, très fort contre la porte du proprio, le menacer avec son poing pour qu’il fasse les réparations nécessaires que pour se faire rire en plein visage. Et pourtant, Achille ne vit pas dans un quartier défavorisé; le logement est très beau, très bien entretenu. Le propriétaire, quant à lui, préfère garder l'argent des loyers pour payer ses loisirs.
Il ouvre enfin la porte du logement d’Achille, à bout de souffle; il n’est même pas encore entré dans le logement lorsqu’il lance : « Ton putain de propriétaire va se réveiller avec une mise en demeure sous la porte demain matin ». Et là, il le voit. La magnificence du piano qui est parfaitement posé dans le salon. Enfin, "parfaitement". La disposition est à voir, mais ça, Callum ne le remarque pas. Parce que tout ce qu’il voit, c’est ce mastodonte dont la beauté domine toute la pièce. Ses jambes tremblent, il manque de s’effondrer au sol. Il ne peut pas croire ce qu’il voit. « T’es pas sérieux? », lui demande le jeune avocat, les larmes aux yeux.

C'est long, avant que Callum rentre à la maison. Et Achille ne sait pas quoi faire, ses journées deviennent réellement longues. Ne pas pouvoir bouger, ne pas pouvoir rien faire, ça devient lassant. Aujourd'hui, il a fait des efforts, pour aider ce livreur qui a été d'une attention incroyable. De toute manière, quand on voit l'état d'Achille, on n'essaye pas vraiment de l'engueuler pour le peu d'effort qu'il fournit. Allongé sur le canapé, il l'attend. Et quand la porte s'ouvre, son coeur s'emballe. Ce cadeau a plusieurs sens, parce qu'il a entendu à quel point c'était difficile pour Callum, il a compris qu'il voulait jouer, ou alors il ne l'a pas compris, mais lui il veut l'entendre jouer. Il a été vraiment difficile, perdre son autonomie, être dépendant parce qu'il n'a pas l'occasion de faire des choses lui-même. Il en est incapable. Ses yeux se fixent sur son amour, son coeur bat encore plus fort contre ses tympans. « Comment ça va, ta jambe ? » Il lui demande. Parce qu'il est vrai que c'est difficile pour lui de monter les marches. Il n'imagine pas sa douleur, parce qu'il est presque certain qu'il souffre autant que lui. Sauf que Callum n'est pas difficile à vivre, sauf que Callum ne se plaint pas. C'est un homme remarquable, et Achille a beaucoup de chance de l'avoir. Voir sa réaction quand il voit le piano, ça le fait tendrement sourire. « Surprise mon amour. » Il murmure, assez fort pour que Callum puisse l'entendre. Voir ses yeux brillaient, ça n'a pas de prix. Il ne regrette pas de lui avoir fait ce cadeau, le prix n'a même pas d'importance. Cet instrument luxueux vaut beaucoup de choses. « Il te plaît ? » Il ose lui demander, même s'il connaît la réponse. Il sait qu'il a fait fort. Alors non, il ne regrette pas. Il lui prouve son amour à travers un sacré cadeau, un cadeau qui signifie beaucoup pour son amant de toujours. Il ne se lève pas pour l'accueillir, il n'a plus de force. Bien que l'envie de le serrer dans les bras et incroyablement tentante. Il a envie de l'avoir contre lui, lui embrasser la nuque, lui murmurer à quel point il est amoureux de lui. Il est très fier de lui. Il se redresse sur le sofa, cachant sa frustration. Aujourd'hui, il ne râle pas, aujourd'hui, il ne se plaint pas. « Tu joues ? Pour moi ? S'il te plaît. » Il veut l'entendre jouer, il veut voir ses atouts à la musique. Il veut tomber un peu plus amoureux de lui.     

Callum pose son sac sur le sol et s’avance vers le piano. Il est incapable de détourner son regard de l’instrument, complètement ensorcelé. Il n’ose presque pas le toucher tellement il est impressionnant, tellement cette vision semble invraisemblable. Du bout des doigts, il parcoure l’armature du piano. Ça fait plus d’un an que le jeune avocat n’a pas posé les mains sur un piano. La dernière fois, il avait joué rapidement chez un ami. Il n’avait à peine eu le temps de sentir la vibration du son dans ses oreilles, de sentir la musique enivrer chacun de ses sens. Cette fois-ci, il compte jouer. Il compte laisser ses doigts explorer chacune des touches. Il veut se laisser emporter par la délicatesse du son, par la beauté de la musique qui le fait sentir vivant. « Il te plaît ? », lui demande Achille, toujours installé sur le fauteuil. Callum hoche frénétiquement de la tête, son bonheur est transperçant. Il prend place sur le tabouret. Sa jambe droite est cassée, il essaie donc de s’adapter aux pédales avec son pied gauche; c’est étrange au début, mais il s’habitue. Il observe les touches un instant, se demandant ce qu’il allait jouer. Et sans rien dire, il se met à l'attaque. La mélodie conquit tout l’appartement; dans chaque pièce on peut entendre la douce harmonie. Callum joue comme il n’a jamais joué. Ça lui fait tellement de bien de renouer avec sa passion. À mesure que les notes s’enchainent, son coeur se remplit de bonheur. Son sourire est intuable; il se sent renaître.
Il joue trois pièces, presque toutes sans fausse note. Il n’en a pas trop perdu, à sa grande surprise. Comblé, le jeune homme se relève, simule de courts remerciements en riant. Ses yeux sont rivés sur Achille. Il va vers lui, car il n’a envie que de l’embrasser pour ce merveilleux cadeau. C’était si inespéré; mais il s’agit du plus beau présent que l’on ait pu lui offrir. Doucement, il prend place sur le sofa, ses jambes de chaque côté d’Achille. Il reste relevé, mettant tout son poids sur ses genoux pour ne pas se faire mal à la jambe, ni raviver la douleur d’Achille. Il passe ses mains dans les cheveux de son amant et l’embrasse langoureusement. « Merci », lui souffle-t-il dans l’oreille entre deux baisers. En ce moment, il est l’homme le plus heureux du monde.

Le silence qui prend place n'est pas gênant. C'est incroyablement beau de voir Callum de cette façon. Il le trouve foutrement craquant. Achille n'en manque pas une seule miette. Il s'installe plus confortablement, pour pouvoir l'observer, pour ne manquer aucun détail de cette scène. Elle se mémorise dans sa tête, et c'est un souvenir qu'il ne veut pas louper. C'est tellement adorable de le voir comme ça. Il ne regrette vraiment pas. Son coeur bat fort, un large sourire se dessine sur son visage et ses yeux se ferment quand Callum se met à jouer. Des frissons parcourent tout son corps, et il l'écoute avec beaucoup de plaisir. Il joue réellement bien, ça se voit que c'est une passion, et c'est bien la première fois qu'il a l'impression de s'envoler à travers des notes de musique. Il n'imaginait pas aimer le piano, et pourtant, quand c'est Callum qui joue, il a l'impression d'avoir toujours apprécié cette musique. Il dégage quelque chose qui est foutrement beau. Il n'était pas prêt à avoir une aussi grande émotion face à son amant. Il se met à rire, ne perdent pas ce sourire. Il est beau. Il lui fait de la place, il laisse Callum s'installait confortablement, puis il prend appui sur lui. Il fait attention à sa blessure, sa main cherche la sienne et quand il le trouve, ses doigts se lient aux siens. Il caresse doucement sa main, ses lèvres prolongent chaque baiser que lui offre Callum. « Je suis chamboulé, tu joues tellement... Woah Call. » Il est sous le charme, alors il serre juste un peu ses bras contre lui. Il s'en fout de la douleur à ce moment précis, il s'en fiche vraiment. Il veut juste oublier l'accident de voiture, il veut juste profiter de ses bras. « Si le piano peut te faire oublier beaucoup de choses, alors... Alors c'est cadeau, moi c'est quand je suis dans tes bras que j'oublie beaucoup. » Il lui dit, doucement. Des moments agréables, tendres, et doux, ça lui fait du bien. La semaine a été difficile pour tous les deux. Parce qu'il y a une ambiance de merde quand Achille décide de ne pas être de bonne humeur, quand il lui balance à la gueule des reproches alors que Callum n'y est pour rien. Sauf que Callum a repris le boulot, et qu'Achille lui ne fout toujours rien dans sa vie. Callum a repris un rythme qui ne le réussit pas, parce qu'il y a sa jambe, parce qu'il est quand même handicapé. « Ta journée a été difficile ? » Achille est bien dans ses bras, son odeur lui rempli son nez et c'est une odeur qui commence à devenir accro. Bientôt, il portera les pulls de Callum, juste parce que celui-ci lui manquera de trop.

Le baiser que les deux hommes échangent est doux et langoureux à la fois. Callum sent son coeur qui s’envole tant il est heureux. Depuis qu’il a avoué ses sentiments, il est sur un nuage. Libre comme un oiseau. Il profite donc de l’étreinte avec Achille parce que pour une fois, il est heureux. Il se sent bien. Il se sent aimé. « Je suis chamboulé, tu joues tellement... Woah Call », lui dit Achille, encore abasourdi par la prestation de son amant. Callum ne peut s’empêcher de lui sourire tant ce compliment le touche droit au coeur. « Ça fait terriblement de bien de jouer. Si tu savais comment ça me comble ce que tu m’as offert », lui dit-il avant de l’embrasser derechef. La petite confession d’Achille lui fait du bien à entendre; il se surprend à se demander ça fait combien de temps qu’il se sent ainsi face à Callum. Depuis combien de temps que ce n’est plus que du sexe pour lui; depuis combien de temps cette petite flamme brûle en lui.
Le jeune homme embrasse une dernière fois son amoureux avant de se lever pour s’asseoir à ses côtés. Sa jambe commençait à l’élancer. Ils sont un vrai couple d’handicapés; ils sont mignons dans leur malheur. « Ç’a été. Mais ça va mal quand tu dois marcher dans un tribunal quand t’es estropié », lui dit-il en rigolant. « Et toi, t’as chassé beaucoup de mouches? », lui demande-t-il en riant de plus bel. Il sait que c’est difficile pour Achille d’être cloîtré dans son appartement, de ne pas pouvoir bouger autre que pour aller pisser et manger. Alors Callum préfère tourner le tout à la blague pour le faire sourire un peu. Parce qu’il n’aime pas le voir triste, encore moins quand il sait que c’est de sa faute qu’il est dans ce triste état. « Je nous fais venir de la pizza, ça te va? », lui demande Callum avant de se lever pour aller chercher le pamphlet de la pizzeria du quartier. Son estomac grogne depuis déjà un moment et il ne peut s’empêcher de baver à l’idée de dévorer une bonne pizza. « Et après je te laisserai me battre - encore - à la FIFA », lui lance-t-il de la cuisine.

Il est heureux, d'avoir trouvé cette chose qui lui fait plaisir. Parce qu'il n'y a pas de prix de voir son sourire. C'est une sensation agréable dans son ventre, et l'avoir contre lui ça lui fait du bien. Ouais, ça ne fait pas longtemps qu'ils sont ensemble, c'est même très récent, mais c'est déjà pas facile. Parce qu'il y a des choses à supporter et qu'Achille ne l'aide pas réellement. Alors ça n'a pas de prix, et ça lui fait franchement du bien d'être dans ses bras. « Si c'est pour te voir aussi heureux que ça, je ne le regrette pas. » Il lui avoue, avant de l'embrasser avec beaucoup d'amour. Il se décolle un peu, pour aider Callum à se détacher de lui. Il lui fait une moue triste, parce qu'il sait qu'il souffre autant que lui. Les blessures ne sont pas les même, mais ça n'enlève pas la douleur qu'ils ont physiquement. Il hoche la tête, ça lui va de ne pas se prendre la tête sur la cuisine. Puis, ils ne peuvent pas vraiment se faire à manger, ils ne tiennent pas longtemps debout. « T'as repris le boulot trop tôt. T'es encore faible, t'as du mal à te déplacer, tu devrais toi aussi te reposer. Parce qu'à force d'être debout, elle ne va pas se guérir ta jambe. » Ce n'est pas méchant, ce qu'il lui dit, c'est un simple constat. Il s'inquiète énormément pour lui, le voir souffrir sans même pas pouvoir l'aider parce que lui même est au fond du trou, sur un canapé de merde parce qu'il peut pas bouger plus de cinq minutes, c'est frustrant. Il pouffe de rire. Il ne veut pas s'énerver, il n'y est pour rien. « J'ai chassé les mouches et je suis allé faire la cueillette. » Il lui dit, d'une humeur taquine. Il le laisse commander et pendant ce temps là, il se lève. Bon, il met bien cinq minutes à réussir à être droit sans avoir trop mal et puis il récupère les deux manettes sur le meuble de la télévision. Il se laisse tomber sur le canapé, mauvaise idée, mais aujourd'hui il ne râle pas. Il ne lui rejette surtout pas la faute. Parce qu'il n'y est pour rien. « Tu râles pas parce que tu perds, alors ? » Il lui dit, sourire aux lèvres. Callum le rejoint sur le canapé alors il se blottit contre lui, en faisant attention à sa jambe. Il a juste besoin d'être contre lui, juste ça.

Il commande deux grosses pizzas, car il se doute bien que pour les prochains jours, il n’auront pas vraiment la tête à la cuisine. Alors il préfère prévoir des lunchs pour qu’Achille ne meurt pas de faim, même si cela signifie le laisser s’empiffrer de mal-bouffe. Callum a la flemme de faire l’épicerie, et n’a pas plus envie de cuisiner. Alors à quoi bon se casser la tête lorsqu’il y a une pizzeria à deux coins de rue! Une fois la commande passée, il revient difficilement au salon. Sa jambe lui fait déjà mal, il a besoin de s’asseoir. Il agrippe la manette que lui tend Achille et prend place à côté de lui. Le jeune avocat glisse sa main sur sa cuisse d’une tendre façon. « Pour répondre à ton commentaire… j’ai trop de boulot en ce moment. On a tellement de gros cas sur lesquels on doit s’attarder, et je suis l’avocat principal sur la majorité de ces cas-là », lui explique-t-il. Il aurait bien apprécié avoir un peu plus de temps pour reposer sa jambe et sa tête qui lui font mal, mais son devoir d’avocat et surtout, d’associé en chef, ne lui permet pas un tel luxe. « De toute façon, je cumule mes vacances. Comme ça, on pourra aller en voyage tous les deux », renchérit-il en sachant très bien que cela fera plaisir à Achille. Callum a les moyens de voyager très loin, dans les destinations les plus paradisiaques. Il compte bien un jour partir avec lui. Comme ça, pendant au moins quelques jours, il pourra être lui-même sans craindre les préjugés et des regards indiscrets qui lui causent tant d’insécurités. « Je râle parce que chaque fois qu’on joue, tu veux qu’on gage quelque chose et c’est toujours moi le perdant », lui dit-il en affichant une moue contrariée. Il s’efforce d’avoir toujours l’air d’attaque, prêt à relever le défi, mais avec le temps, il a perdu l’intérêt. Il n’a jamais gagné contre Achille et ne croit pas qu’une victoire soit prévue avant très, très longtemps.

Il est bien, mais il culpabilise un peu. Parce que c'est vrai que lui n'est pas capable de bouger beaucoup, mais Callum aussi est blessé. Quand ils sont à la maison, parce que depuis qu'ils sont sortis de l'hôpital, ils sont sans cesse chez Achille, il ne devrait pas autant bouger. Il devrait se reposer, rester sur ce canapé à rien foutre. Achille apprécie réellement ce que fait Callum pour lui. Il s'occupe très bien de lui, pour tout dire. Il lui change ses pansements, et c'est vraiment pas une étape simple parce que les douleurs lancent encore plus que ce qu'elles ne sont déjà. Il est incroyablement adorable avec lui qu'il ne le remercie pas assez. Sa main sur sa cuisse, il pose sa main sur la sienne pour lié leurs doigts ensembles. Parce qu'il y a une chose sûre, depuis les récents événements, c'est qu'Achille ne supporte pas de ne pas avoir un contact humain avec Callum. Il a besoin de le sentir proche de lui. Sauf que cette histoire de boulot, ça l'inquiète. Il a peur de le rétablissement de son tendre et cher amour. Il n'a pas envie que ça s'aggrave encore un peu plus. « Tu ne peux pas ... Faire passer tes cas à quelqu'un d'autre ? » Il ose lui demander. Sauf que le reste, ce que lui dit Callum, ça fait emballer son coeur. C'est foutrement adorable, et foutrement agréable. « Où ça ? Et je te préviens, je paye la moitié du voyage. » Il est sérieux. Il est hors de question que Callum l'entretienne comme un toutou parce que lui travaille, et pas Achille. Certes, il a de l'argent tous les mois, mais c'est presque certain que c'est beaucoup moins que ce que gagne Callum. Il suffit de voir sa voiture, qui est complètement foutu à cause de l'accident. La voiture d'Achille est dix fois moins luxueuse. Alors, il ne veut pas être dépendant, ce serait presque une honte d'être entretenu. « Mais partir en vacance avec toi, ça serait... Exceptionnelle. » Un sourire s'affiche sur son visage, rien que d'imaginer la scène, ses yeux brillent. Bon sang, il est niais. « Pas de gage alors, mais si je gagne, tu restes avec moi demain et on reste dans le lit toute la journée, ok ? » C'est pas un gage, c'est une très forte envie. Achille a envie d'être dans ses bras, parce que quand il n'est pas là, c'est difficile de gérer la douleur seul. Il sait qu'avec le temps, tout ira mieux, mais ce n'est pas demain, ni la semaine prochaine qu'il ira mieux.

Callum sait qu’Achille est embêté par son surmenage. Certes, le jeune homme devrait penser à lui, devrait s’occuper de son rétablissement qui ne se fera pas complètement s’il ne fait pas attention à lui et à ses blessures. Mais ses responsabilités, Callum ne peut les chasser de ses pensées. Elles sont là, en permanence. Toujours prêtes à se manifester lorsque Callum ose dévier le moindrement ses idées. Il sait qu’il devrait être à l’écouter de sa santé, mais il l’ignore. Parce s’il cède, il va se mettre à stresser. Et il ne veut pas ça, car il sait comment il peut être exécrable lorsqu’il est anxieux. Et il ne voudrait surtout pas qu’Achille ait à endurer ça. Lorsqu’Achille propose de faire passer ses cas, Callum a envie de dire oui. Parce qu’il sait qu’il pourrait peut-être faire quelque chose. Mais une partie de lui est mal avec cette idée, parce qu’il est conscient que ça va l’embêter. Il ne sait pas trop quoi dire, alors il affiche une moue indécise, démontrant à la fois son incertitude et son hésitation. « Où ça ? Et je te préviens, je paye la moitié du voyage », s’empresse de répondre Achille lorsque Callum fait mention d'un voyage. Évidemment, l'avocat ne peut s’empêcher de rouler les yeux. Achille a vraiment de la misère à le laisser payer des trucs. Même en temps qu’ami, lorsque leurs sentiments demeuraient inexistants ou inavoués, il n’était pas capable de le laisser payer quoi que ce soit en entier. « Tu viens de m’acheter un putain de piano! J’peux bien t’emmener en voyage si je veux », réplique-t-il alors. Il va payer ce voyage et il n’est pas question qu’Achille n’y mette son nez. « Tu considéras ça comme un cadeau de fête, tiens! », renchérit-il avec un sourire niais. Sur ce sujet, il veut avoir le dernier mot, coûte que coûte. « Bon, on la joue cette partie ou quoi? », demande Callum, prêt pour la partie. De son côté, Achille lui lance une proposition qui, sans l’ombre d’un doute, allèche le jeune avocat. Il sait qu’il a beaucoup de pain sur la planche, que son emploi le préoccupe plus que ses blessures, et même plus que la douleur que celles-ci génèrent. Alors c’est difficile pour lui de céder. Mais les yeux d’Achille qui pétillent devant lui, juste à l’idée de passer une journée avec lui, rend la décision plus complexe. Le jeune homme soupire donc, incapable de refuser. « Je vais essayer d’arranger quelque chose, mais je promets rien », finit-il par répondre alors que ses lèvres se déposent sur la temple d’Achille.