Ne dit-on pas « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ? » Un dicton qui te fait bien rire. Tu n'es pas du genre à croire à tout ça, encore moins au destin. Les gens qui y croient dur comme fer te font rire plus qu'autre chose. Ce n'est pas un être supérieur qui guide ta vie et encore moins qui te fait prendre tel ou tel décision. Sinon, on pourrait croire qu'il a décidé de faire de ta vie un enfer. Non, tu n'es pas du genre à croire à toutes ces merdes. La vie est faite de choix, tu as toujours pris les tiens en fonction de ce qui te plaisait. Là par exemple, tu es avachi sur le canapé, de la demeure familiale. Ton père va encore hurler en te voyant ainsi, la tête à l'envers, les pieds sur les précieux cousins. Une posture dont-il a horreur, ce qui t'amuses. Emmerder ton paternel a toujours été un plaisir à tes yeux. Voir sa haine dans son regard, tout ça, te plaît, même si dans le fond, tu aurais préféré ne jamais venir au monde. Ne pas connaître tout ça, être ailleurs. Il se dit père à présent, il dit vouloir t'aider, mais il était où avant ? Il ne s'est jamais préoccupé de toi avant, pourquoi subitement cela change ? Parce que tu as failli mourir une nouvelle fois ? Peut-être. Dans le fond, tu t'en fous de ce qu'il peut penser. Il n'est rien à tes yeux et ça ne va pas changer. La porte d'entrée s'ouvre, au son des pas, tu sais que c'est lui. Tu peux même faire le décompte dans ta tête, avant qu'il ne vienne te prendre la tête pour des futilités. Des voix se font entendre, tu te redresses légèrement. Ta curiosité est piquée, il n'est pas seul et semble en pleine conversation, avec qui, là toute la question ! Les pas finissent par arriver à ta hauteur, surprise en voyant cette chose à ses côtés. Ils posent leur regard sur toi. Ils te donnent envie de vomir. « Tiens, tiens mais qui voilà, ne serait pas le grand Batman et son acolyte Robin ? » Tu te redresses pour leur tenir tête. La chose s'apprête à dire quelque chose. « Vous prévoyez quoi ? Un nouveau plan pour me « sauver » ? » Les guillemets n'amusent guère ton père, tu le lis dans son regard. « Benjamin/ » Levant ton doigt, tu t'approches d'eux. « Pas de ça Benjamin, garde les formalités pour ton adjoint ! C'est vrai quoi, vous semblez bien vous entendre. Tu la fais grimper au rideau ou ça se passe comment ? Fais gaffe, elle a l'air de mordre. » Reculant d'un pas, tu vois bien qu'elle déteste ce que tu viens de dire. Elle te sort quelque chose, mais tu n'entends pas. « Sur ce les amoureux, j'vous laisse, mon devoir m'appelle ! J'vous laisse à vos sérénades. » Levant la main en l'air, tu prends la direction de l'escalier. A ce moment précis, t'as juste envie de faire un massacre. Ces deux-là te dégoûtent, mais à un point inimaginable. Séparément tu les supportes guère, mais ensemble c'est pire que tout. Il se croit fier de t'avoir imposé ce truc ?  Il faut croire, puisqu'il n'arrête pas de demander son avis. Riley par-ci, Riley par-là, écœurant. Qu'ils finissent par coucher ensemble, au moins tu auras la paix. Elle s'occupera de sa vieille tuyauterie et te fichera la paix ! Après tout, tu n'as rien demandé toi, absolument rien et on t'impose sa présence. Soupirant, tu te laisses tomber sur ton lit. C'est fou comme depuis ton retour ici, tu t'ennuies. Le fait de ne plus planer, te rend dingue. Être sobre, ce n'est pas dans tes fonctions, bon tu l'as été, mais pas par obligation, juste par envie. Là tu es forcé et contraint de ne pas boire. Bon qu'on se rassure, tu as déjà enfreint les règles du cerbère. En parlant de celle-ci, tu l'entends entrer dans ta chambre. « Je t'ai pas entendu frapper/  - T'es vraiment qu'un petit con ! » C'est maintenant qu'elle s'en rend compte ? On avance. Tu ne préfères même pas relever la tête. Elle va te faire un serment sur le bien et le mal, foutaises. Honnêtement, ses mots ne t'atteignent pas, pas le moins du monde. « Si tu crois que / - Que quoi ? Tu vas me faire quoi ? Vas-y ça m'intéresse de savoir ? Non parce que juste qu'ici tu causes mais c'est tout ce que tu fais ? » Tu peux voir son regard et tu ne baisses pas le tiens. « A moins que t'occuper de mon père te prennes trop de temps, j'peux comprendre il est plus tout jeune ! » Tu lui fais ton plus beau sourire, du moins le pire de tous, celui qui veut clairement dire que tu te fous royalement de sa tête. Bien que tu n'es pas besoin de ça. Elle s'approche de toi et sans que tu n'es le temps de comprendre, sa main vient te retourner la joue droite ! Celle-là tu l'as peut-être volé. Criant un je ne sais quoi, elle finit par claquer la porte, te laissant seul avec cette joue en feu. Passant ta main dessus, elle n'y est pas allée en douceur. Étrangement ça réveille en toi quelque chose. Il faut que tu bouges, mais pour aller où. Tes premières pensées vont vers lui … T'as envie de le rejoindre, de revoir son sourire, son regard, mais est-ce la bonne décision. Fixant ce qui te sert de téléphone, tu hésites un instant, c'est la première fois que tu es comme ça. Soufflant un bon coup, tu laisses tomber l'idée de le rejoindre. Il te faut quelque chose, une clope par exemple. Fouillant dans tes poches rien, c'est là que ton expédition commence. Il te faut un brin de nicotine ou autre.  

Soupirant, tu commences à désespérer. Rien. Tu ne trouves rien et ça commences à t'agacer. T'en as marre d'être leur prisonnier, pire qu'elle te fasse les poches. Elle s'attend à quoi ? Que tu restes sage et ne fasses pas d'histoire ? Et puis quoi encore ? Farfouillant dans une vieille veste, tu n'y trouves juste qu'un petit papier. Il doit sûrement dater, vu la qualité du papier. Ou alors tu étais trop éméché ce soir là, en tout cas, ce mot ne te dit rien. Le « si tu veux t'amuser » ne renvoie à aucun souvenir. Ta curiosité est une de fois piquée sur le vif, attrapant ce qui te sert de téléphone. Envoyant un sms à cette personne, qui qu'elle soit, si elle veut s'amuser, tu lui donnes rendez-vous. Ce soir, tu as besoin de distraction, t'en as marre d'être un pantin. Il te faut de l'action, de l'amusement et c'est ce que ce petit mot t'indique. Tu pries juste que l'amusement soit bon et plaisant. Il manquerait plus que durant tes nuits de beuveries, tu es croisé un thon, voir une autre sorte de qualité. Ce qui ne serait pas ton genre, même sous influence, tu aimes la qualité. Attrapant ce qui te reste de liquide, une veste, pas besoin de vérifier si tu es ok, car tu l'es toujours. Et puis voir ton reflet dans le miroir ne va faire que te rappeler à quel point tu es clean. Horreur. Autant foncer direct dans le tas, la suite te dira si tu auras eu raison d'y aller ou non. Cette fois-ci, tu décides d'emprunter la porte principale, qu'ils viennent te dire quelque chose : tu les attends. Le cerbère a bien trop à faire avec ce qui te sert de père, ils en ont pour la nuit, à l'aise. Autant profiter de cette nuit de repos. Il te faut de la nicotine et bien sûr tout est fermé. La chance n'est pas de ton côté, tu trouveras bien au bar, quelqu'un à taxer. Tu te fais pas d'idée là-dessus et pourtant tu as horreur de partager un paquet. Quoique ? Là tu t'en fous, du moment que tu peux fumer. Le bar n'est pas trop bondé, tu chercherais bien cette personne, mais aucun visage ne te parle. Levant la main vers le barman, la pinte ne devrait pas trop tarder. Lui demandant si par la même occasion il n'aurait pas un paquet à te dépanner et miracle … Cette soirée s'arrange en ta faveur. Le bruit de ton zippo raisonne dans le creux de tes oreilles, un régal. Le tout accompagner d'une pinte, la soirée s'annonce meilleure. Si cerbère débarque, tu jures de lui faire sa fête et pas dans le bon sens. A présent, tu n'as plus qu'à attendre cette personne, si elle daigne se présenter …

Tonight The foxes hunt the hounds

« Il est revenu Alec. » Il savait très bien de qui je parlais. Je n'avais pas besoin de prononcer son prénom pour qu'il le devine. Il leva juste vers moi un regard surpris du livre qu'il feuilletait quelques minutes plus tôt avant ma fracassante arrivée. À cet instant, j'aurais aimé avoir son assurance nonchalante comme s'il ne se passait pas l'apocalypse dehors. Bon. Ce n'était pas la fin du monde aujourd'hui, mais dans ma tête, c'était tout comme. Je croisais les bras et mordillais nerveusement ma lèvre inférieure en jetant des regards à droite et à gauche. Comme si le fait de parler de lui allait le faire apparaitre devant moi comme par magie. Comme dans les films ou les romans de magie. Mais heureusement pour moi, on était dans la réalité et apparaitre par magie, c'était impossible. Ainsi, la pièce où je me trouvais avec Alec était vide de sa présence. J'aurais aimé qu'il soit là. Je me giflais à cette pensée. Et Alec qui poussait un soupir avant de reposer son regard sur son livre qu'il était en train de livre avant que je le dérange en m'incrustant chez lui. Ne voyait-il pas l'état que la simple pensée de son prénom me mettait hors de moi ? J'allais lui faire comprendre. « De toutes les villes qui existent sur cette putain de terre, il a choisi celle-ci pour poser ses valises. » Il semblait enfin s'en apercevoir vu qu'il lâcha enfin son roman. Il me fixa d'un regard comme s'il cherchait à m'analyser. À choisir avec soin, ses prochains mots. À m'apprivoiser comme il le faisait avec ses animaux. Et il se lança et ça marcha. « Calme-toi Lily-Rose, tu ... » Ou pas. Non. Impossible de me calmer. J'étais comme une lionne en cage. À faire les cent pas dans cette cage qu'était son salon, guettant le prochain geste de fouet qu'il devrait lancer. Mais je ne lui laissais pas le temps et attaquai. Une nouvelle fois. « Non. Je ne peux pas me calmer. Tu ne comprends pas Alec. Tu ne peux pas comprendre.  » Je secouais la tête et me positionnai vers une de ses fenêtres. Dehors, il faisait nuit, J'aurais mieux fait de rester travailler plutôt que de venir chez Alec pour exploser ma colère. Ce n'était peut-être pas trop tard. Certes, ce n'était pas mon jour de garde, mais je pouvais encore aller travailler. Au moins, je savais que là-bas, je l'oublierais un temps. Quoique, la dernière fois, il m'avait bien retrouvé là-bas par je ne sais quel miracle. Et s'il comptait revenir ce soir dans ma clinique ? Mon regard resta bloqué sur l'horizon à cette douloureuse mais tentante pensée. Il y avait des chances que oui qu'il vienne par surprise à la clinique comme il l'avait fait l'autre jour. Est-ce que je devrais y aller en prenant le risque de le voir ou ne pas y aller ? « Qu'est-ce que je ne peux pas comprendre Lily ?  » Et Alec qui rajoute une couche. J'avais presque oublié sa présence. Je fermais les yeux et avalai difficilement une bouffée d'air. Pour me calmer même si la mission reste incroyablement difficile à cet instant. Mais il fallait que j'y arrive. Pour mon propre bien. « Ce n'est pas n'importe quel homme Alec. C'est Ethan merde ! » Et c'était bien là, le problème. Si c'était un autre homme, j'aurais su comment réagir, mais pas là. Ethan était différent des autres hommes avec qui j'étais sorti. Malgré les années qui sont passées depuis notre rupture, mon cœur ne réclame que lui. Je serrais les poings à cette pensée. J'avais Ethan dans la peau. Et je ne savais pas comment il m'avait retrouvé. Il fallait que je sorte d'ici. Maintenant. Pour ne pas aller travailler. Ma décision était prise. « Excuse-moi Alec, mais il faut que je sorte d'ici. J'ai besoin d'oublier que l'homme que j'aime encore depuis cinq ans se pointe comme une fleur à Dewsburry comme si de rien n'était. » Je partis récupérer ma veste en cuir que j'avais jeté négligemment sur un des fauteuils d'Alec. « Je ne sais pas encore, mais loin d'ici. » Alec semblait sur le point de me retenir, mais je l'en dissuadai d'un simple regard. Il me connaissait plutôt bien vu qu'il soupira en se passant une main dans ses cheveux avant de s'asseoir. Je lui fis un dernier sourire avant de partir de chez lui en claquant la porte d'entrée.

La première chose que je sentais en sortant de chez Alec fut la fraicheur de la nuit. Un signe qu'il n'allait pas tarder à pleuvoir. Pas que je n'aimais pas la pluie juste que ça me rappelait trop l'enterrement de mes parents. Bien trop douloureux même si beaucoup d'années étaient passées depuis leurs morts. Je levais la tête en regardant la lune qui dominait les étoiles. Depuis leur mort, j'ai toujours pensé que quelque part, là-haut, ils me regardaient. Je n'ai jamais été quelqu'un de croyant, mais l'idée que le paradis existe était quelque chose de rassurant pour moi. Un sourire triste s'afficha sur mes lèvres avant que je sente quelque chose vibrer dans ma poche. Mon téléphone. À tous les coups, c'était Alec. Quelle ne fut ma surprise quand je découvris que ce n'était pas Alec qui était le destinataire de ce message. Un numéro que je n'avais pas revu depuis des lustres et qui venait comme un signe de destin s'afficher sur mon écran de téléphone. Je ne croyais pas au destin, mais à cet instant en prenant la route pour aller au Dewspub, j'y croyais un peu.

Le pub se dressa devant moi. Invitation à y entrer pour oublier qu'Ethan mon ex était dans cette ville à ce moment même. Une goutte d'eau entra en contact avec mes cheveux m'incitant à entrer avant que je ne finisse tremper sous cette soudaine pluie. Le pub était toujours le même depuis la dernière fois où j'avais mis les pieds. Avec mon travail de vétérinaire, je n'avais peu de temps à moi et les occasions étaient rares pour fréquenter ce genre d'endroit. Mais pas ce soir. Ce soir, j'étais libre de prendre une cuite pour oublier que ma vie était un désastre. Il fallait juste trouver parmi la foule de gens, mon partenaire de beuverie. Enfin partenaire, c'était vite dit. Mes yeux détaillèrent chaque personne présente au bar et il me fallut plusieurs minutes pour le retrouver. Assis au bar. Avec une cloque à la bouche. Se fichant pas mal d'être dans un bar pour en fumer une. Je le rejoignis et remarquai au passage la pinte qu'il s'était commandée. M'attendant. C'était bizarre qu'il ne me rappelle maintenant. J'avais toujours pensé qu'il disparaissait de ma vie et ce sentiment s'était confirmé quand je n'avais reçu aucun sms de sa part. Car même bourré, j'avais l'esprit plutôt clair et je me rappelais lui avoir griffonné mon numéro de téléphone sur un vulgaire papier. Mais il l'avait fait. Avait-il lui aussi besoin d'oublier sa journée merdique en buvant jusqu'à que notre corps ne puisse plus en supporter ? Si c'était le cas, j'étais son homme enfin sa femme quoi. « Je suis surprise de te voir là. »  Je ne lui demandais pas la permission de m'asseoir sur le tabouret à ses côtés. À quoi bon, il m'attendant autant y aller franc jeu. En m'installant à ses côtés, je demandais la même chose au barman. Autant être sur un terrain équitable pour la première manche. Je penchais la tête sur le côté en me mettant en face de Ben. « Je ne m'attendais pas à recevoir un sms de ta part Ben, je pensais que vu la raclée que tu avais eu la dernière fois, c'était la dernière chose que tu voulais que de me revoir.  » Je remerciais le barman quand celui-ci m'apporta ma commande. Une pinte. On commençait doucement, mais s'il y avait bien une chose que je savais de mon partenaire de soirée était qu'on allait vite finir aux alcools forts rapidement. Il fallait juste le provoquer et je savais comment le faire. « Prêt à perdre une nouvelle fois ? » Amusé. Et au fond de moi, je n'attendais que ça. Qu'il y réponde. Pour que j'oublie un moment jusqu'à la couleur des cheveux de mon ex qui est revenue soudainement dans ma vie. Du moins juste pour cette nuit.