L'odeur. C'était la première chose qui me frappait lorsque je pénètrai dans le centre commercial de Leeds. L'odeur des nouveaux vêtements, celle du cuir des souliers jamais portés et les arômes divers en provenance de la foire alimentaire où des délices m'attendaient. C'est un monde de merveilles qui s'offrait à moi, ma récompense pour toutes ces heures de travail acharnées. Une nouvelle garde-robe dont chacun des morceaux représenterait un lit que j'avais eu à faire. En gros, je me sentais comme si c'était Noël en septembre. Comme dans toutes ces chansons ridicules, je ne pouvais m'empêcher de sourire bêtement. Seulement, dans mon cas, ma joie n'était pas dûe aux gros flocons qui tombaient du ciel, ni au feu qui brûlait dans le foyer ou à toutes ces lumières rouges et vertes qui illuminaient le quartier, mais plutôt aux diverses enseignes de boutique que je pouvais déjà apercevoir. Parmi celles-ci, ma préférée de toutes. Elle se trouvait à une vingtaine de mètres de l'entrée, distance que je franchis aisément.

Un quart d'heure plus tard, mes pieds foulaient déjà le sol marbré de ma boutique favorite. J'arpentais les différents rayons, examinant avec attention chacun des hauts accrochés sur les nombreux cintres, m'inspirant de la dernière revue que j'avais feuilletée pour sélectionner un look adapté à la nouvelle saison. Je me sentais bien parmi les présentoirs. J'étais à ma place et pourtant, j'étais loin d'être superficielle. Toutefois, qui ne jubilerais pas face à toutes ces belles créations?

Au bout d'une trentaine de minutes, je me mis en route vers les cabines d'essayage, lorsque j'aperçus le haut parfait. Un chandail en fin lainage bourgogne qui me tiendrait parfaitement au chaud pour l'automne qui se préparait. Sans plus tarder, je me dirigeai d'un pas rapide vers le modèle qui semblait être le dernier survivant. Puis, priant pour qu'il s'agisse de ma taille, je tendis une main vers l'étiquette, geste qui fut malheureusement interrompu. Visiblement, je n'étais pas la seule qui à être tombée sous le charme de ce bout de tissus, puisqu'une brunette qui semblait avoir mon âge se trouvait à mes côtés, mirant le chandail de mes rêves. Merde L'envie de le lui arracher des mains pour me sauver avec l'objet se fit tout de suite ressentir, mais je ne pouvais me permettre ce céder à ces pulsions. J'avais été arrêtée il y a quelques mois pour possession de drogue et je ne tenais pas à salir mon dossier criminel à nouveau. Je m'apprêtai donc à revenir sur mes pas, lorsque j'aperçus un bout de bourgogne replié au sol. Mon jour de chance, pensai-je en esquissant un immense sourire. « Génial, comme ça on pourra l'avoir toutes les deux! » M'exclamai-je en me retournant vers la brune.