jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

Rien de pire qu’un congé en plein milieu de la semaine. Tout le monde est au boulot, personne avec qui passer le temps. Izzy adorait son chien, mais une journée en tête-à-tête avec ne lui tentait pas. Elle voulait bouger, se sentir utile, être productive ou peu importe ce qui n’implique pas de rester cloitrer chez elles. Quoiqu’elle pourrait rattraper son retard dans Orange is the new black, mais la flemme. Il faisait beau, autant en profitant avant que l’hiver se ramène. De là lui est venu l’idée d’aller faire les boutiques. Finit l’été, elle devait refaire sa garde-robe. Quoiqu’elle eût une panoplie de choix en vêtement, mais l’accro du shopping ne pouvait s’empêcher de se manifester à chaque début de saison. En fait, il se manifestait tout le temps, mais pour ce qui était des vêtements, elle avait des phases. Bon du coup, elle décide de s’aventurer au centre-ville au grand malheur de sa carte de crédit. Heureusement pour elle, les boutiques n’avaient à lui offrir de bien. Tout était passé de mode ou elle avait déjà un truc de ce style. Enfin, bref, elle finit par s’arrêter au Starbucks pour prendre son café moka habituel. Impossible pour elle de passer devant le commerce sans en prendre un. Déambulant tranquillement sur les trottoirs, elle s’arrêtait à plusieurs reprises pour faire du lèche-vitrine, jusqu’à ce qu’elle s’arrête devant le disquaire. Normalement, elle aurait continué son chemin, ayant sa collection de Taylor Swift à jour, mais le mot « luthier » l’arrêta net. Ne pas avoir connue Caleb, jamais elle n’aurait su ce qu'était ce métier. En fait, jamais elle n’aurait pensé que c’était un métier. Elle ne connaissait qu’une personne qui faisait ce métier et la rencontrer était ce qu’elle souhaitait en ce moment. En même temps, ce gars semblait changer son meilleur ami, autant aller voir d’elle-même si ça en valait la peine. En fait, elle était curieuse, elle se cherchait tout simplement des excuses. Main au-dessus de ses yeux, tête contre la vitrine, elle jette un coup d’œil à l’intérieur, mais n’y voit rien. Bon, tant pis, vaut mieux rentrer.

À l’intérieur, son regard se posa sur chaque personne, essayant de se rappeler de quoi il avait l’air. Finalement, elle ne savait pas trop si elle s’en rappelait. Elle s’aventura donc entre les petites allées, faisant mine de chercher un truc, alors que ses yeux étaient loin de regarder ce qu’elle faisait. Peut-être qu’elle s’était trompé d’endroit. Il y avait sûrement plus d’un luthier à Dewsbury. « Jasper ! » Ah non, c’était bien ici. À ce nom, elle relève la tête d’un coup pour regarder celui qui sortait de l’arrière-boutique. Son visage lui était familier, ça devait être lui. Comme une jeunette fantasmant sur le quaterback de son école, elle le fixait, analysant chaque mouvement qu’il faisait. Lorsqu’il tourna la tête vers elle, elle regardait ailleurs avec aucune subtilité. Par contre, en relevant les yeux, il n’était plus là. Merde, il était passé où ? Elle fronce les yeux, tournant sur elle-même lentement. Elle ne l’avait quand même pas imaginé, sinon, elle avait de quoi s’inquiéter. Au moins, elle a eu l’occasion de le voir, c’était tout ce qu’elle voulait. Sans réaliser que quelqu’un se trouvait derrière elle, elle tourna les talons pour finalement heurter un mur (enfin, la personne, mais avec sa petite taille c’était l’équivalent d’un mur). Un petit cri aigu se fit entendre dans la boutique alors que son café s’était renversé sur la personne en question. Bien entendu, avec sa chance, ça ne pouvait pas être n’importe qui. C’était Jasper. Yeux écarquillés, elle apporta ses mains devant sa bouche. « Oh mon dieu ! Je suis désolé ! » Une partie d’elle s’empêchait de rire, car, on ne se mentira pas, c’était assez comique. Surtout que ça ne lui prenait pas grand-chose pour qu’elle rigole. « J’suis pas possible ! Est-ce que ça va ? » Elle arrivait toujours à faire des conneries du genre et se foutre la honte devant les gens. Enfin, la gêne n’était pas problème, c’était juste le fait que ce soit arrivé à Jasper. Elle aurait aspergé son collègue de café, ça passe, mais pas lui. Son verre par terre, elle se penche pour le ramasser, il est vide. « Bon bah, v’là cinq euros dans le vent. »

jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

Dans la vie, il y a toujours des jours avec et des jours sans. Pour moi, cette réalité est quelque peu accentuée et des jours sans sont des jours où sortir de chez moi n’est pas facile. Comment se lever le matin et aller travailler quand on sait que quelque chose ne tourne pas rond ? Quand on sait que d’ici le milieu de la journée, on aura une première crise… Aujourd’hui est un jour sans. Malgré mes médicaments et mes tentatives vaines de me concentrer, Jace ne cesse de pleurer alors que Nathan hurle à tout va pour tout et n’importe quoi. Ma tête va exploser. Leurs voix sont tellement fortes que j’ai l’impression de ne pas être le seul à les entendre. Je sens les regards des passants se poser sur moi. C’est absurde, je le sais. Je sais que c’est la schizophrénie, que je suis juste en pleine crise de paranoïa. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de psychoter. Je méprise cette maladie. Cette vie. Je décide de m’enfermer dans l’arrière-boutique en attendant que la petite cloche au-dessus de la porte ne retentisse. Sans quoi, je reste dans la salle entre la lutherie et le disquaire, à l’abri des regards indiscrets des gens qui peuvent passer devant la boutique.

Assis sur mon tabouret, le regard dans le vide, incapable de travailler, je pense à ce qui peut me mettre dans cet état. C’est pourtant simple… Sully. La raison de tout ça, c’est Sully. C’est son mariage avec la magnifique petite blonde du vernissage. Ce sont les sentiments que je ressens pour lui et que je lui ai finalement avoués en lui volant un baiser et en me tirant en courant. Un moment de folie me direz-vous… mais même pas, là, c’était moi. Juste moi. Sous aucune influence. Nathan et Jace n’y étaient pour rien. Ma maladie n’y était pour rien. Non, c’était simplement moi. Et ça m’a fait un bien fou. Je crois que c’était la première fois depuis des années que je me laissais vraiment aller. Et bon sang, c’que c’était bon ! Pas de l’embrasser - quoi que si, c’était fantastique - mais d’enfin pouvoir être moi, sans faire attention de ne pas passer pour un taré, de ne pas laisser mes sentiments prendre le dessus. Parce que clairement, c’était ça. J’ai laissé mes sentiments prendre le dessus. Quelque chose qui m’a toujours fait peur. J’ai toujours eu peur de me lâcher, car avec moi, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. Il suffit que mon cœur s’emballe, que l’adrénaline monte et ça peut être la fin. Ou plutôt, le début d’une belle crise. Quand on me voit, je passe pour un mec extrêmement calme et raisonnable, mais en vérité, je bouillonne de l’intérieur. Si ça ne tenait qu’à moi, je parlerais tout le temps - avec moi-même ou pas d’ailleurs, ça n’a que peu d’importance -, j’oserais plus de trucs comme je ne sais pas moi, courir à poils sur la plage pour prendre un bain de minuit - oui, je sais, y’a pas de plages Dewsbury… Non, mais je vivrais quoi ! J’en ai terriblement besoin. Seulement voilà, je porte beaucoup trop d’attention à ce que les gens peuvent penser de moi. Je ne devrais pas, pourtant je ne peux pas m’en empêcher. Pour ma défense, quand on a été regardé de travers toute sa vie, c’est difficile de ne pas faire attention au regard des autres.

La cloche retentit à plusieurs reprises. Deux fois exactement, mais je n’entends que la deuxième. En réalité, ce n’est que lorsque j’entends mon nom que je réalise qu’il y a des clients. Je sors rapidement de l’arrière-boutique. Un couple d’habitués m’attend derrière le comptoir. J’affiche un léger sourire. C’est difficile de sourire quand une migraine te matraque le crane, qu’un presqu’enfant pleure et qu’un homme aigri ne cesse de beugler que les gens sont cons et que tout ce que je fais ou pense est stupide. Doigt d’honneur mental. « Ah oui, c’est pour la contrebasse, c’est ça ? » L’homme acquiesce d’un signe de tête alors que sa femme a l’air de trépigner d’impatience. Son bébé, je présume. Je pars chercher l’instrument réparé et l’allonge précautionneusement sur le comptoir. « Comme neuf. J’ai aussi pris le soin de l’accorder. » La jeune femme s’empare de son bien avec tellement de délicatesse que ça m’arrache un véritable sourire. On dirait moi avec mon violoncelle. L’homme me paye pour les réparations puis quitte la boutique avec sa femme. Mon regard se pose alors sur la source du deuxième tintement de cloche. Une petite rousse cachée dernière une rangée de violons et d’altos exposés sur une étagère en bois. Quasiment tout est en bois dans cette boutique. Je m’approche d’elle et au moment même où j’allais lui demander si je pouvais l’aider, elle se retourne, me rentre dedans et me renverse son café dessus. NAN MAIS MERDE, ELLE EST CON CELLE LA OU QUOI ?! C’QUOI SON PROBLEME ?! J’VAIS M’LA FAIRE ! J’VAIS ME LA … J’inspire profondément pour me contenir. Nathan commence sérieusement à me taper sur le système. Ça br…brû…brûle. *sniff* Jace pleure de plus belle et sur le moment, j’ai très envie de l’imiter. A la place, je laisse échapper un long soupir. « Oh mon dieu ! Je suis désolée ! J’suis pas possible ! Est-ce que ça va ? » Je regarde l’état des dégâts, c’est moche. Heureusement que j’habite à côté.  « Hm… j’ai connu mieux ? » répondis-je le plus aimablement possible, tentant toujours de ne pas laisser l’autre énergumène trop influer sur mon humeur. Je regarde la jeune femme récupérer son verre en carton sur le sol. « Bon bah, v’là cinq euros dans le vent. » Dans le vent ? Je ne dirais pas ça. Disons que si ça avait été dans le vent, ça ne ferait pas aussi mal. Me dirigeant vers le comptoir pour attraper un chiffon, je marche clairement comme un pingouin. Je tente de m’essuyer comme je peux, mais je ne suis pas sûr des prouesses que je suis capable d’accomplir dans ce cas présent. « Je peux vous aider, peut-être ? A moins que vous ne soyez venue que pour m’asperger de café ? » Un sourire en coin apparait sur mon visage. Avec un petit peu de recul, cette situation est en effet légèrement amusante. Légèrement parce que j’en ai deux qui sont au bord du gouffre.

jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

La curiosité était un vilain défaut chez Izzy. Bien qu’il n’y eût rien de mal à vouloir en connaître davantage sur les gens, avec la petite brunette ça pouvait facilement tourner à du harcèlement. Involontairement, bien entendu. Pour la plupart du temps, elle croit bien faire. Du moins, pour elle. Lorsqu’il était question de Caleb, c’était pire. Savoir qu’un garçon faisait sourire son meilleur ami la réjouissait plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Elle avait espoir ! Espoir qu’il n’allait peut-être pas faire la plus grosse des conneries en se mariant avec Blondie ! Izzy ne pouvait pas vraiment intervenir dans la vie privée de son Sully, car même si elle ferait tout pour lui, ses choix ne lui revenaient pas. C’était sa vie à lui, il pouvait en faire ce qu’il voulait. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était l’influencer et le faire comprendre que Caitlin n’était pas celle dont il avait besoin. Surtout que cette dernière n’appréciait pas la meilleure amie de son fiancé, c’était un signe, non ? Limite, Izzy était un peu comme l’enfant de Caleb qui n’acceptait pas sa nouvelle belle-mère (étrange, mais vrai). Autant regarder The Parent Trap et commencer à prendre des notes. Rien de mieux qu’une Lindsay Lohan jeune et sobre pour nous apprendre comment gérer nos problèmes ! Bref, Jasper était tout ce qu’elle avait en ce moment et pourtant, elle ne connaissait même pas le mec. Tout ce qu’elle savait de lui était ce que Caleb lui avait raconter. Une source fiable, mais c’est toujours mieux d’avoir son propre jugement. Du coup, passer devant la boutique où bossait le luthier sans jeter un coup d’œil n’était pas envisageable. Garder ses distances, la seule chose qu’elle s’était promis de faire par peur de faire une bêtise et que ça lui retombe dessus plus tard. Par contre, distance ou pas, sa maladresse ne pouvait pas s’empêcher d’être. La voilà, debout devant le nouvel ami de Caleb qui venait de se prendre le restant de moka sur le torse. Le karma, sûrement. La tentation d’espionner Jasper était trop forte, maintenant, on la punissait d’avoir cédé. « Hm… J’ai connu mieux. » Gênée, elle baissa la tête pour éviter le petit malaise. Pour le coup, elle se sentait mal. Pourquoi lui ? Ça aurait pu être le vieux dans la section country au fond du magasin, mais non. La honte si un jour Caleb décidait de lui présenter. Elle se pencha pour ramasser son gobelet vide et lâcher un commentaire pour détendre l’atmosphère, mais qui n’eut aucun effet. C’était plutôt son commentaire qui passait dans le vent, pas ses cinq euros. Ayant travaillé au service à la clientèle toute sa vie, l’idée d’être cette cliente chiante lui faisait peur, mais aujourd’hui, ce jour était enfin arrivé ! Tandis qu’il se dirigeait vers le comptoir, elle le suivit pour continuer sur ses excuses. « Je suis vraiment désolé, hein. Je t’ai pas vu venir du tout. » Elle se répétait encore, mais elle était sincère. « Ta gueule Izzi, il s’en fout. » pensait-elle. Mais bon, s’était impossible pour elle de se taire, surtout quand elle se l’imposait. « Je peux vous aider, peut-être ? A moins que vous ne soyez venue que pour m’asperger de café ? » Ah merde, une question. Elle lui jeta un regard avant d’échapper un rire. « Ouais, hmm… Je cherche… Euh… Je cherche… » Elle se retourna pour balayer la boutique des yeux à la recherche d’une réponse. « … UN PIANO ! » lâcha-t-elle à voix haute sans vraiment prendre conscience qu’elle avait haussé le ton. Elle retourne la tête vers lui, affichant un sourire. « C'est ça ! Je cherche un piano. J’ai commencé des cours et j’aimerais pouvoir pratiquer à la maison. » C’était crédible. Bravo Izzy ! Restait juste à savoir s'ils en avaient en fait... Ses yeux posés sur lui, elle pouvait voir pourquoi son ami avait un intérêt pour Jasper. Il était mignon, très mignon même.

jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

Et dire qu’à peine une minute avant que la jolie rousse ne m’asperge de café, réveillant la fureur du dragon par la même occasion, je me disais qu’hormis cette affreuse migraine et des hallucinations un peu trop bruyantes, je ne m’en sortais pas si mal que ça… Eh bien, c’était penser trop vite de ma part. Nathan est tellement rouge que je peux facilement imaginer de la fumée s’échapper de ses oreilles. C’est presque drôle. Presque parce que je connais le spécimen et je sais qu’il ne va pas tarder à péter les plombs et à s’en prendre à Jace. Lui aussi en a conscience puisque ses pleures redoublent de violence dans l’appréhension de ce qui va lui tomber dessus. J’applique mon index et mon pouce sur mon front pour me le masser un peu. Je commence vraiment à atteindre ma limite et je n’ai honnêtement qu’une envie : rentrer chez moi et aller me coucher. Sauf que ce n’est pas possible, j’ai des responsabilités et je veux me prouver que je suis capable de les assumer même en temps de crise. Autrement, comment est-ce que je suis supposé m’occuper de mon neveu… enfin, si jamais je décide d’accepter de retenter l’expérience du baby-sitting. Il faut avouer que ça ne m’a pas bien réussi la dernière fois.

Derrière le comptoir, je tente à l’aide d’un chiffon d’absorber autant que possible le café de mes vêtements, cependant ça n’a pas l’air d’être très concluant. Je laisse échapper un léger soupire alors que la jeune femme s’excuse à nouveau. « C’est pas grave, ça arrive à tout le monde. » répondis-je finalement, car dans le fond, c’était la vérité. Ça m’est déjà arrivé par le passé et je sais très bien que ça se reproduira à l’avenir. C’est inévitable. Je lui demande alors ce que je peux faire pour elle, parce que je me doute bien qu’elle n’est pas entrée dans la boutique pour asperger le premier venu. Enfin, j’espère pour elle, car sinon, il se pourrait bien qu’elle ait encore plus de soucis dans sa tête que moi… et pourtant, j’en tiens quand même une sacré couche. Je l’observe alors qu’elle semble chercher le motif de sa venue. Bizarre. Plus les secondes passent, plus cette jeune femme me parait étrange. « … UN PIANO ! » C’est limite si elle ne se met pas à crier pour me répondre et je dois avouer que ça me prend de court. Dans un mouvement de recul, j’ouvre mes yeux en grand. Je crois que cette nana me fait peur. Jace s’est arrêté de pleurer d’un coup alors que Nathan, muet - une première pour aujourd’hui - a tourné la tête intrigué. Mais on a pas de piano, si ? « Un piano ? » répété-je incrédule. « C'est ça ! Je cherche un piano. J’ai commencé des cours et j’aimerais pouvoir pratiquer à la maison. » Je fronce les sourcils perplexe. Est-ce qu’elle est en train de me dire qu’elle m’a vidé son verre en carton dessus pour rien. Oh punaise, j’en ai marre. « Hm… On ne vend pas de piano ici. » répondis-je simplement en essayant de ne pas trop montrer mon irritation. Puis finalement, mes neurones se connectent entre eux. Il y a deux minutes, elle cherchait la raison de son passage dans la boutique et maintenant, elle me sort qu’elle veut acheter un piano. Elle est louche celle-là. Et ce n’est pas moi qui va dire le contraire. Je l’observe avec suspicion. « Vous n’êtes pas vraiment là pour acheter un instrument, n’est-ce pas ? » lui demandé-je en soupirant. En temps normal, ça m’amuserait tout ça, sauf que là ce n’est pas le cas. Pourtant, ça m’intrigue quand même pas mal, c’est plus fort que moi.

jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

Pourquoi devait-elle être aussi curieuse ? Attendre que son meilleur ami lui présente le gars aurait été la chose à faire, mais non. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort que elle. En ce moment, elle se sentait conne et vu dans quoi elle s'était embarqué, elle ne faisait qu'empirer la situation en restant là. Il ne l'aimait déjà pas, ça se voyait. L'effet Izzy avait déjà commencé. Pour supporter la jeune femme, il faut la connaître. À première vue, il est difficile de la cerner. Elle bougeait trop, parlait trop et tout cela amenait toujours à faire des boulettes. De plus, elle sait très bien que sa façon d'être ne plait pas à tout le monde. La plupart du temps, elle ne se rendait même pas compte qu'elle est énervante, mais en ce moment, elle le savait très bien. Entre le café renversé et ses exclamations, il y avait de quoi s'inquièter pour sa santé mentale. Fuire, si seulement elle pouvait partir en courant, mais en y repensant, ce n'était pas mieux. Elle était déjà assez louche comme ça, autant ne pas en rajouter. « Hm… On ne vend pas de piano ici. » Ah merde... Les yeux d'Izzy s'écarquillèrent légèrement alors qu'elle fixait le luthier. Le petit hamster qu'était son cerveau tournait à cent mille à l'heure à la recherche d'une autre option de réponse. Si Caleb la voyait, il aurait vraiment honte. « Oh... » était le seul mot qu'elle réussi à prononcer. Pourtant, la question avait été simple : raison de venue ? Guitare ! Elle cherche, elle galère. Tête tournée vers la porte, elle se dit qu'elle devrait tout simplement quitter sans rien ajouter. Si elle continuait de parler, elle allait finir par faire une connerie et parler de Caleb. « Vous n’êtes pas vraiment là pour acheter un instrument, n’est-ce pas ? » Trop tard, elle était dans la merde. Tranquillement, elle retourna le tête vers lui et se glissa une main dans les cheveux pour se mettre à jouer avec la pointe d'une mèche. « La subtilité n'a jamais été mon fort. » finit-elle par dire d'une façon amusé, mais plus pousser par le malaise que par l'amusement. Dire qu'elle était ici parce qu'elle avait entendu parler de lui par le biais de son ami n'était pas envisageable. Caleb allait passer pour quoi si elle avouait qu'il lui avait parlé de lui et qu'elle l'avait poussé à venir le rencontrer. Elle devait trouver autre chose et vite. « C'est juste que... » Une idée lui vint en tête, mais elle ne savait pas trop si c'était la bonne chose à faire. Tant pis, c'était tout ce qu'elle avait en ce moment. « Je vous ai vu et puis... hum... je vous trouvais mignon alors... hum...» Ce qu'elle était en train de faire ? Elle en avait aucune idée, elle improvisait.  « ...je me suis dis que je pouvais peut-être... hum... faire les premiers pas. Puis, finalement, ça c'est mal passer. » Elle termina avec un haussement d'épaules. Ce qu'elle ne ferait pas pour sauver la mise à Caleb. Bon, en fait, tout ça été de sa faute. Si elle avait continué à faire du lèche-vitrine au lieu de venir fourrer son nez dans la vie de son meilleur ami, elle n'en serait pas à avouer sa fausse attirance pour Jasper. Il était pas moche, mais bon, c'était pas son style, puis elle le garde pour Caleb. « J'suis pas folle si c'est ce que vous pensez. Je panique facilement sous pression. » Pression qu'elle se mettait toute seule. Autant essayer de se rattraper pour ainsi avoir l'air moins conne lorsque Caleb allait la présenter. « Moi c'est Izzy en passant. » Elle se sentait plus à l'aise maintenant qu'elle s'était enlevé un poids de sur les épaules en lui mentant. Ouais, rien de ce qu'elle avait dit était vrai, mais elle préférait passer pour la relou que de donner le rôle à Caleb. Quoique dans les deux cas, c'était tout de même elle.

jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

Toute cette situation me laisse perplexe. Quelque chose ne tourne pas rond chez cette fille. Quoi ? Je n’en sais trop rien. Mais elle m’a quand même l’air d’en tenir une sacrée couche. Je m’accoude au comptoir, profitant de l’appui pour me masser la tempe avec ma main droite. Mon dieu, ce que je peux avoir mal au crâne. Je ferme légèrement les yeux, pas longtemps, juste le temps de me concentrer sur autre chose que la douleur. Je reporte ensuite mon attention sur la jolie rousse. Jolie, jolie… on a vu mieux quand même. Je ne réagis pas à cette remarque et pourtant l’envie de soupirer ou de lever les yeux au ciel est bien là, mais c’est Nathan. Et aujourd’hui, Nathan, je le ficherais bien dans une cave quelque part. Connard. Toi-même. « Oh... » Oh ? Ok. Je l’observe alors qu’elle semble bien embêtée. Je me demande sincèrement ce qu’elle veut. Elle n’a pas l’air méchante. Je ne pense pas qu’elle soit là pour se payer ma tête non plus. Sérieusement, je suis largué. Sa tête tournée vers la sortie, je ne peux m’empêcher de me dire qu’elle cherche une solution pour se tirer de cette mauvaise situation. Est-ce qu’elle aimerait s’enfuir ? Surement. J’avoue que moi aussi. « La subtilité n'a jamais été mon fort. » Son attention s’est reportée sur moi et je tente d’esquisser un léger sourire. Sourire quelque peu crispé. Ce n’est pas elle, c’est la douleur. Mais bien sûr, ça, elle ne le sait pas. A tous les coups, elle va penser que je la déteste. Je suis pourtant un gars gentil habituellement. Gentil ? Mon cul, ouais. T’es juste une chiffe molle. Ta gueule Nathan. Ta. Gueule. Prenant une grande inspiration, je tente de me concentrer sur ce qu’elle dit. J’ai dû en louper un bout, c’est sûr. « … Je vous trouvais mignon alors... hum... je me suis dit que je pouvais peut-être... hum... faire les premiers pas. Puis, finalement, ça c'est mal passer. » J’arque un sourcil, très surpris par cette … déclaration ? Oui, je crois que c’est le mot le plus proche de ce qui vient de sortir de la bouche de la jeune femme. Alors ça, je ne m’y attendais vraiment pas. Je passe une main derrière ma tête, un peu gêné. T’as l’air con comme ça. Bon sang, mais c’est qu’il a vraiment la haine aujourd’hui ! S’il existait vraiment et que j’avais une poêle sous la main, je vous jure que je la jouerais à la Raiponce. BIM.

Je reste planté comme ça, une main derrière ma tête, à la regarder. Je dois avoir l’air franchement débile à cet instant présent. Mais en même temps, je n’ai jamais appris à gérer ce genre de situation. Ce n’est pas tous les jours qu’une jeune femme vient me voir et me sort que je lui plais. C’est flatteur, c’est sûr, mais… Mais t’en as rien à foutre de cette cinglée. Cette fois-ci, c’est plus fort que moi, je laisse échapper un léger soupire alors qu’elle m’assure qu’elle n’est pas folle, mais qu’elle est juste de nature à paniquer facilement. « Je comprends. » C’est tout ce que je trouve à lui répondre. En même temps, je ne vais pas lui dire que c’est cool pour elle. Non, parce que bon, moi, je le suis. Fou. Elle ne le sait pas et ça ne se voit peut-être pas au moment présent, mais le fait est que je le suis. Je suis taré. « Moi c'est Izzy en passant. » Izzy ? Ce prénom me dit étrangement quelque chose, cependant je suis incapable de dire où est-ce que je l’ai entendu. « Jasper. » dis-je machinalement, répondant à sa présentation. Je pose mes mains à plat sur le comptoir et souris. Cette fois, je peux sentir que je parais plus sincère. Je le suis peut-être aussi. « Ecoutez Izzy, ne le prenez pas mal, mais même si les choses s’étaient passées différemment, ça n’aurait rien changé. Vous êtes très jolie et surement très … intéressante ? Mais j’ai déjà quelqu’un dans ma vie et c’est déjà assez compliqué comme ça. » J’esquisse un nouveau sourire. Un vrai cette fois. Parler de Sully me fait cet effet-là. Je ne peux m’empêcher de sourire bêtement. Et pouvoir en parler, même avec une parfaite inconnue, me fait un bien fou. Parce que oui, notre relation est compliquée. Parce qu’il est fiancé et que je n’ai peut-être aucune chance, seulement c’est Sully et il fait partie de ma vie maintenant. Pour le meilleur ou pour le pire, l’avenir nous le dira.

jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

Des bêtises… C’était tout ce qu’elle savait faire. Elle trouvait toujours un moyen de se foutre la honte et galérait à essayer de s’en sauver. Ce qui était simple, un « ciao, bye » et le tour est joué. La porte n’était qu’à quelques mètres, partir n’était pas un problème. Mais non, pas dans son cas. Elle devait trouver une justification à ses actions sans mettre son meilleur ami dans la merde. Pas cette fois-ci. Ils partageaient peut-être leur problème, mais pour le coup, elle avait poussé trop loin. En tout cas, maintenant, elle a fini eu ce qu’elle voulait : rencontrer Jasper. Une rencontre qu’elle n’allait certainement pas oublier – malheureusement. Ce qui la tracassait le plus dans tout ça, c’était qu’elle allait devoir le dire à Sully. Bon, il n’allait pas lui crier dessus – si oui, tant mieux, il a besoin de se laisser aller -, mais il n’allait pas rester indifférent non plus. Le pauvre, il était déjà assez stressé comme ça, elle ne voulait pas en rajouter une couche. Sa mère lui a toujours dit d’assumer ses actions, elle n’avait pas trop le choix. De toute façon, elle avait une grande gueule, impossible qu’elle réussisse à garder ça pour elle bien longtemps. Fallait tout simplement trouver une façon cool de le dire, pour ne pas l’inquiéter. Au moins, elle n’avait pas mentionné son prénom… pour l’instant. Lorsqu’il lui demanda la vraie raison de sa visite, elle aurait bien pu expliquer, mais elle n’y a pas songé un instant. Oh non ! Là, Caleb l’aurait trucidé, c’est certain ! Elle le mériterait. Difficile de faire des bêtises six pieds sous terre. Sur le moment, elle galérait et sa seule excuse plausible fut d’être sous son charme. De tout ce qu’elle pouvait choisir, fallait qu’elle dise ça. Elle était tout de même fière de s’en être sorti – en quelque sorte –, mais reste qu’elle ne se sentait pas plus à l’aise.

Le silence n’aidait pas, vraiment pas. S’il y a bien une chose qu’elle déteste, c’est bien les silences. Des raisons pour qu’elle continue à raconter n’importe quoi et s’enfoncer encore plus creuse dans sa tombe. Sa façon de la regarder la faisait rougir, mais pas du genre mignon. Ce sentiment, elle l’a souvent ressenti au primaire lorsqu’on se moquait d’elle : la honte. Ce silence signifiait qu’il pensait et il n’était certainement pas en train de se dire qu’elle était sympa. Le moment parfait pour prendre ses jambes à son coup, mais avant qu’elle puisse songer à le faire, il prononça finalement deux mots. N’ayant toujours pas compris sa leçon, elle enchaîne à son tour en se présentant. Que dieu la bénisse ! « Ecoutez Izzy, ne le prenez pas mal, mais même si les choses s’étaient passées différemment, ça n’aurait rien changé. Vous êtes très jolie et surement très … intéressante ? Mais j’ai déjà quelqu’un dans ma vie et c’est déjà assez compliqué comme ça. » Elle reste figée, ses yeux rivés sur lui, elle ne dit rien. Cette dernière phrase la déstabilise, elle ne s’y attendait pas du tout. Il a quelqu’un dans sa vie ? Pendant un instant, elle cherche à comprendre. Parle-t-il de Caleb ou de quelqu’un d’autre ? C’est compliqué avec Caleb, alors ça ne doit qu’être lui. À ce lien, ses lèvres s’étirent doucement pour y faire apparaître un large sourire. Là, elle avait l’air folle, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Il a quelqu’un dans sa vie ! Caleb est dans sa vie people ! « Tu as… dans ta vie… quelqu’un... » En ce moment, elle se retenait de ne pas lui sauter dessus. Comment elle avait envie de le prendre dans ses bras ! Un pas derrière, un pas devant, un derrière, un devant. Elle devait le dire à Caleb et tout de suite. « Je vais… » Elle pointa la porte pour continuer sa phrase. Trop d’émotion, elle n’arrivait plus à parler. Elle se mordait l'intérieur de la lèvres inférieur pour s'empêcher d'exploser de joie, mais cela ne l'empêcha pas de tambouriner sur le comptoir avec ses mains. « Ce fut un plaisir Jasper ! » lâcha-t-elle, le sourire toujours accroché aux lèvres avant de se diriger vers la porte. Mais avant de quitté les lieux, elle se retourna prêt à ajouter quelque chose, mais s’arrête aussitôt. Ta gueule et va-t’en izzy !

jasper & izzy

Well when you’re with your friends, but you’re lonely. You smile a smile that’s not your own. When comfort comes from a strangers arms, Miles away from home. And you close your eyes to feel a darkness, you dream of love you have known.

Le regard posé sur la jolie rousse, j’essaye tant bien que mal d’ignorer Nathan qui se fait de plus en plus envahissant. J’ai très envie de lui gueuler après, cependant ça ne serait pas très professionnel de ma part … de gueuler après un mec invisible devant une … fausse cliente. Oh bon sang. Dans quelle sitcom, j’ai mis les pieds. Non, mais sérieusement. Je la regarde ouvrir de grands yeux. Est-ce qu’elle bug ? Ouh lala, qu’est-ce que j’ai dit moi encore ? A voir son expression du visage, je peux deviner qu’elle est en pleine réflexion. Mais en pleine réflexion par rapport à quoi ? Tout ce que j’ai dit moi, c’est que j’avais quelqu’un dans ma vie et que c’est … compliqué. Et encore, c’est peu dire. Ça, c’est sûr ! Il sait même pas que tu l’aimes bien. Enfin… il sait pas que tu l’aimes bien comme ça. Si ? Noooon. J’entends à peine Jace tellement Nathan fait de bruit, ça m’agace. Si j’étais dans un animé, on pourrait voir l’espèce de carré chelou renversé au creux de ma tempe. Au bout d’un certain moment qui m’a paru être une éternité, je peux voir un sourire grandir sur les lèvres d’Izzy. Nathan a arrêté son bazar pour assister à la scène avec moi. Oh mon dieu, mais c’est qu’elle fait peur en vrai ! Alors là, je ne peux pas dire le contraire. Elle fait vraiment peur. Et puis, elle a l’air sacrément heureuse d’un coup, ce qui est flippant aussi. Peut-être qu’elle est comme nous ? Peut-être que quelqu’un qu’on voit pas lui a dit une blague ? C’est une explication plausible, mais ça n’en est pas moins flippant. Je ne dis pas qu’elle est flippante et que je ne le suis pas. Je sais que j’ai déjà terrorisé une petite dame en gueulant sur Nathan dans la rue quand j’étais plus jeune… Depuis, j’ai appris que pour paraitre moins fou, la solution magique, c’est de discuter avec son téléphone portable collé à l’oreille. Ça parait moins… anormal ? « Tu as… dans ta vie… quelqu’un... » Wow. C’est vraiment tout ce que j’ai à dire. « Je vais… » Tu vas ? Elle pointe la porte du doigt et je peux remarquer qu’elle est toute tendue, comme si elle retenait au maximum son excitation. J’ai vraiment beaucoup de mal à cerner cette fille. « Ce fut un plaisir Jasper ! » J’esquisse un sourire gêné. « Oui, un plaisir. » répété-je, en espérant que ça ne perde pas tout son sens. Parce que oui, dans le fond, ç’a été un plaisir de la rencontrer… plus ou moins ? Disons que cette nana est un véritable phénomène et que je ne sais pas trop pourquoi ni comment, mais je pressens que je vais la revoir… bientôt. C’était beaucoup trop bizarre pour être une rencontre random. Je la regarde s’éloigner vers la porte avant de reporter mon attention sur mes vêtements humides. Je commence à avoir froid. Cette journée aura été quand même très minable. J’aurais dû supporter une belle migraine - merci Nathan -, je me serais brûlé le ventre et les jambes avec du café - merci Izzy - et pour couronner le tout, je vais tomber malade - merci café chaud devenu froid. Je soupire. Cependant, la sonnette ne sonne pas, ce qui n’est pas normal, alors je relève la tête et la petite rousse est toujours là. Elle semble s’être arrêtée net et débattre avec elle-même si elle doit ajouter quelque chose ou non. Seulement, avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle semble avoir fait son choix. Elle fait volte-face, ouvre la porte et disparait dans la rue. Etrange, mais mignonne.