_ i'm stronger when i'm with you

FT ALFIE & JONA

Il y a toujours ce moment unique dans une journée, cette pause où le cerveau déconnecte totalement. Pour Jona, c'était quand il retrouvait Alfie. Toujours. Quelle que soit l'heure ou le moment ou même la situation. Quand Alfie était là, c'était toujours plus simple, plus évident, plus calme aussi. Depuis toujours, c'est un peu comme si c'était son frère, comme s'ils avaient le même sang. C'est un peu la seule chose qui n'a pas changé avec le temps, la seule chose qui est identique et que Jona savoure. Ils se ressemblent et ils sont différents. Ils se complètent tout simplement. Depuis quelque temps maintenant, depuis toujours sans doute, Jona a un regard protecteur et fier sur Alfie. Il ressent le besoin de toujours l'avoir à ses côtés, de préserver leur amitié contre les ravages du temps. Aujourd'hui encore, ils s'étaient donné rendez-vous pour manger ensemble, petite pause midi bien méritée dans leurs métiers respectifs. L'un et chauffeur de taxi, l'autre est facteur. Deux gamins nés avec une cuillère en or dans la bouche, qui aujourd'hui survivait le plus simplement possible. Jona n'avait plus aucun contact avec sa famille aujourd'hui. Ni sa mère, ni sa sœur… Non, sa famille, c'était Alfie. C'était tout ce qui lui restait, tout ce qui comptait. Sa sœur aurait même pu détruire ça. Cette amitié, ce lien, cette force qu'ils avaient ensemble. Voilà une chose, une bonne chose, à laquelle elle avait lamentablement échoué.

Garant son petit engin dans un coin, Jona vérifia que son sac était bien dans le siège d'à côté. Dedans, il y avait l'essentiel pour survivre à ce midi : une bouteille d'eau, un yaourt, un sandwich fait à la va-vite le matin au réveil. Jona ne se prenait pas trop la tête. Fatigué par sa soirée, il avait, comme toujours, une allure déplorable. Il a essayé pourtant. Il a fait un effort en mettant un pull aux couleurs de son ancienne université. La Loose. En remarquant son reflet contre les vitres de la voiture, il se rendit compte qu'il était ridicule. Son style vestimentaire n'avait pas de style du tout. Il était fade, Jona, parce qu'il portait des trucs qui dataient. Six ans qu'il n'avait pas vraiment acheté quoi que ce soit qui lui plaise vraiment, culpabilisant par avance de ne pas mettre son argent dans un truc plus utile que quelques bouts de tissus alors que son placard est déjà bien rempli. Soupirant, il cherche dans ses poches son paquet de cigarettes. Voilà quelque chose qui va le calmer, le rassurer, le faire patienter en attendant qu'Alfie arrive dans le coin.

Ils n'ont pas les mêmes horaires, ils n'ont pas le même rythme, mais ça ne les empêche pas de se débrouiller pour se retrouver. Assis sur un banc, Jona est impressionné par les températures. C'était un peu le problème de se retrouver ensemble quand on prépare sa nourriture : il n'y avait pas d'espace précis pour les acceullir. Par chance, ils faisaient assez beaux ce jour-là, un peu exceptionnellement, ce qui rendait le froid plus supportable. Dans tous les cas, ils iraient se réfugier à la boulangerie, pour un petit café. Petite tradition de fin de déjeuner.
Il balance son mégot quand il aperçoit le facteur arrivé, tout beau dans son uniforme. Amusée par cette image, Jona souriait. De toute façon, il suffisait de voir Alfie pour que l'ancien psychologue soit amusé. « - T'as l'air épuisé ! Un chien t'a couru après ? Trop attiré par tes belles fesses ? »

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FT ALFIE & JONA

Regardant ta montre. La tournée se finit bientôt, mais si tu n’accélères pas la cadence, tu vas être en retard. C'est vraiment l'une de tes habitudes en ce moment. Il est loin le Alfie qui était toujours à l'heure. Ce Alfie n'est plus là. Parfois il te manque. Tu aimais bien ta ponctualité, le rythme de vie que tu avais. Sauf qu'il y avait tout le reste. Et surtout ce poids qui te rongeait de l'intérieur. Ce poids que tu nommais stresse. Elle avait pris ses habitudes au sein de ton corps. Il y avait des jours où ça allait et puis des jours où elle prenait le dessus. Tu succombais à son emprise. La laissant te bouffer de l'intérieur. Tu ne pouvais plus rien faire. Elle prenait contrôle de tout ton être. Tu avais l'impression d'être un robot. Ta vie était rythmé d'habitude, de gestes en répétition. Y avait des jours ou tu étais le capitaine. Et puis les autres jours, où c'était le contraire. Ces moments là, ces jours « noirs », tu as fait une croix dessus. Tu es bien mieux à présent. Alors oui tu es en retard, souvent, voir tous les jours. Sauf qu'elle n'est plus présente. Elle a quitté ton corps. Tu as dit stop à ce contrôle. La façon qu'elle avait de prendre le dessus sur toi. Tu as tout envoyé balader lorsque tu as accepté ce poste. Les responsabilités sont autre. Moins importantes. Moins impressionnante. Tu n'as plus besoin de paraître. Tu peux te laisser aller. C'est ce qui te plaît. Tu te sens de nouveau en vie. Libre de tes gestes, actions et mots. Tu n'as plus besoin d'impressionner ton entourage, même si sans le vouloir c'est toujours le cas. Pour cette partie, tu n'y es pour rien. Tu as beau chassé tes démons, ta personnalité reprend le dessus et en l’occurrence ton savoir. Lui tu ne peux pas le mettre de côté. Ou alors il faudrait que tu trouves une boîte assez grande. Ou bien qu'on te l'efface, ça irait plus vite. D'un sens tu en es fier de ce savoir. C'est une partie de ce que tu es. De ce qu'il t'a enseigné. Tu restes fidèle à toi même, avec quelques amélioration.

Le vent s'engouffre dans ton cou. Tu frisonnes. Tes muscles se contractent. Les paysages de la ville se dessine sous tes yeux. Passant de l'un à l'autre. Tu n'as pas vraiment le temps de savourer cette vue. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui tu as rendez-vous avec celui que tu appelles « frère ». Il est bien plus qu'un ami. Tellement plus qu'un meilleur ami. C'est ton frère, de mère différente. Celui qui a toujours été là pour toi. Qu'importe les aléas de la vie, il était là. Tu l'en remercieras toujours d'être cet homme. Celui sur qui tu sais que tu peux t'appuyer. Et réciproquement. Ensemble votre lien se renforce. Tu sais qu'à ses côtés, tu peux tout traverser. Jona. Ton frère de spirituel, de cœur. Ton complément. Tu t'es déjà posé la question du « qu'est ce que j'aurais fait sans lui ? », tu aurais vécu, mais différemment. La vie n'aurait pas eu cette saveur, que lui seul t'apporte. Parce que Jona, est unique. Il te connaît depuis que tu es haut comme trois pommes. Depuis que tu sais dire des mots scientifiques sans te tromper. Depuis toujours en fait. Cette sûreté de savoir que rien ne vous arrêtera. Que cette amitié perdurera. C'est ça qui te fait sourire en ce moment. De savoir qu'il sera toujours là, même si l'homme n'est pas éternel. Et puis surtout de le retrouver. Tu accélères la cadence. Tant pis si tu dois finir en tomate. Il en vaut le prix.

Le parc se profile enfin sous tes yeux. Tu diminues le rythme, cherchant des yeux son vieux tacos. Et dieu sait qu'il y tient à cet engin de malheur. Engin de torture à tes yeux. Depuis ton accident, tu ne caches pas que tu évites les voitures. Tout ce qui a un moteur, à la don de t'agacer. Tu préfères ton vélo. Tu le contrôles et non l'inverse. Tu sais que tu peux perdre le contrôle, comme derrière un volant, mais c'est différent. Et puis c'est bon pour le moral. Posant un pieds par terre. Les roues se stoppent à quelques centimètres du banc. Posant ton deux roues contre un arbre. Esquissant un sourire en le voyant et surtout à ses paroles. Tu poses ton sac sur le guidon. Sortant ton petit repas. Tu sais bien que mes fesses préfèrent ta compagnie à celle de canine aiguisées. Te posant à ses côtés. Lui donnant une petite tape amicale dans le dos. Hélas non pas de chien, juste un retard, j'ai traversé la ville aussi vite que j'ai pu… tu plonges ton regard dans le sien. Rien que pour tes beaux yeux. Jouant des cils, histoire de rendre le tout plus.. mielleux. Il ne vous en fallait pas plus pour rire aux éclats. Oui, vous êtes con, mais cons à deux c'est mieux que con tout seul. Déballant ton linge, qui enveloppe ton casse-croûte. Repas que tu vas fait en rapidos ce matin. Ta sœur ayant séquestré la salle de bain. Et surtout le réveil n'étant pas de ton côté… Alors quoi de neuf ! J'ai raté quoi dans ta vie dernièrement ? Oh mais tu t'es fait plaisir dis-moi ! dis-tu en regardant son repas. Qui a l'air bien plus appétissant que le tien. La pomme comblera le vide.

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FT ALFIE & JONA

Il n’y a rien de plus simple dans la vie qu’une cigarette. Qu’un objet éphémère comme la vie, qui se consume dans la douleur pour s’échapper dans l’air. Qui tiens compagnie un instant avant de s’envoler dans le néant. Quand Jona balance sont mégot il a immédiatement envie de sortir une autre clope. L’addiction d’une chose était remplacée par une autre. C’était pénible, c’était de la torture, mais il essaye de s’arrêter. Il essaye de se contrôler. De limiter sa main dans ce geste horrible de l’attente de l’attirance. La vision d’Alfie le calme aussi. Le persuade que tout n’est pas mauvais dans ce monde, tout n’est pas fixé. Qu’il y a des choses chouettes, des choses qui ne nécessite pas de se perdre. Des choses simples qui renforce les esprits et les cœurs. Il aurait pu attendre longtemps, cela ne l’aurait pas dérangé. Parce que Jona n’avait pas de problème avec le temps, il avait depuis quelques années décidées de ne plus s’attacher aux rythmes des autres. Les heures et les minutes n’avaient aucune différence. Jona suivait son instinct, et de toute manière, il pouvait travailler de nuit pour rattraper les heures creuses de la journée. Ce n’était pas compliqué de survivre dans ce monde, c’était presque impossible. Qu’il était là, assis, réveillé en Jona une étrange volonté de continuer à se battre. Il suffisait d’un instant, d’une seconde, pour qu’il cesse de subir ce qui lui arrive, pour qu’il essaye de sortir de l’eau dans laquelle il se noie. Alfie avait cet effet sur lui. Comme une main sortie de nulle part qui n’espérait qu’une chose : qu’il sorte de son trou, qu’il refasse surface. Qu’il respire. Jona ne savait pas franchement ce qu’il aurait fait sans lui. Sans ce frère qu’il connait depuis toujours et qui, quelque part, prouve à quel point le sang n’a pas de valeur face aux cœurs et à l’âme.

« - J’espère bien qu’elles préfèrent ma compagnie. » Un sourire amusé, Jona apprécie l’absurdité de cette conversation qui leurs ressemblent de bien des façons. Au moins, ils ne se prennent pas la tête. Au moins, ils ont cette bulle bien à eux dans laquelle ils peuvent survivre à cette vie parfois trop fur envers eux. Alfie a eu son lot, Jona aussi. Mais au moins, ensemble, ils allaient mieux. « - Tu m’en vois ravi. » Il continue de fixer Alfie dans les yeux, alors que le facteur s’amuse avec ces cils. Finalement, Jona rit. S’ils devaient jouer à ce jeu stupide où le premier qui arrête de fixer l’autre perd, il serait sans doute le premier perdant. Impossible de rester bien sérieux avec Alfie. De toute manière, Jona ne voulait pas. Il ne voulait pas vivre quelque chose de sérieux quand pour une fois, il pouvait être vivre quelque chose de léger.

« - Moitié-Moitié ? » Dit-il en tendant la moitié de son pauvre sandwich, pas plus appétissant que ça en réalité, mais correct dans le fond. « - Je vois James, la semaine prochaine. Mercredi, pour être précis. » Comme à chaque fois que Jona devait aller voir son fils, il stressait. Il ne savait jamais à quoi s’attendre. Il ne savait jamais comment cela allait se passer. Les choses pouvaient tellement mal tourner sans qu’il ne demande rien. « - Et toi ? La naine te court toujours autours ? » Dit-il en pensant à Izzy. Il ne l’avait vu que quelques fois, de loin et franchement les rares mots échangés ne l’avait pas aidé à apprécier la demoiselle. Il hausse les épaules. A ses yeux, elle était à fond sur Alfie. Un peu trop, sans doute. Mais il n'était pas étonnant que Jona s'imagine des choses...