Mes plans venaient soudainement d'être totalement chamboulés par l'arrivée inopiné d'un message. L'émetteur de ce dernier ? Rosa, la mère de la prunelle de mes yeux. C'était d'ailleurs au sujet de cette dernière qu'elle me contactait, en même temps, comment pouvait-il en être autrement ? Elena était le seul liant nous unissant, nous, deux personnes qui n'avaient pour seule envie que de ne plus jamais voir l'autre, mais qui devaient pourtant s'efforcer pour le bien de leurs filles qu'ils aimaient profondément tout deux. Et donc, à défaut de nous entendre, disons que nous arrivons à nous tolérer ce qui était déjà énorme lorsque l'on connaissait les circonstances et conséquence de notre rupture, surtout pour elle dans ce dernier cas, elle qui avait été dévastée tandis que de mon côté... hé bien... je n'en avais absolument rien à cirer ! Mon seul regret véritable étant celui de ne pas pouvoir offrir une véritable famille unie à Elena qui l'aurait pourtant méritée, signifiait clairement que jamais mon ex n'avait eu une place importante dans mon cœur, si tant est qu'elle en ait seulement eu un jour. Mais nul besoin de ce genre de conneries, d'autant plus pour quelques entrevues précipitées dans le but de ne pas rester trop longtemps en présence de l'autre. Même si celle à venir semblait assez particulière étant donné le lieu qu'elle avait choisie. À quoi bon se rencontrer dans un lieu qui était, pour elle, charger de souvenirs en tout genre ? C'était dans ce club que nous nous étions rencontrés et que tout avait débuté, autant dire que je ne comprenais pas sa logique pour le coup. Mais bon... si tel était son désir, alors qu'il en soit ainsi.

Je n'allais d'ailleurs pas tarder à arriver, parfaitement à l'heure - comme toujours, d'où mon agacement face à sa précision inutile dans son message - prêt à signer ce papier. Comment ce dernier avait pu m'échapper ? Moi qui n'oubliais jamais rien, qui m'assurait toujours que tout soit parfaitement fait et en ordre, j'aurais oublié quelque chose ? Concernant Elena qui plus est ? Cela n'était définitivement pas bon signe... peut-être que cela n'était pas grand chose, mais pour quelqu'un vivant une vie telle que la mienne, il était VITAL de ne jamais négliger quelque chose, aussi minime soit cette chose puisque cela voulait dire que je pourrais reproduire cette erreur avec quelque chose de bien plus important et cela pouvait me couter cher, extrêmement cher même... Mais pour l'heure, nul besoin de se focaliser là-dessus, d'autant plus que je venais d'arriver sur le parking, garant ma somptueuse voiture de luxe à la perfection. En sortant de cette dernière, je prends soin de renouer ma cravate, plongeant ensuite mes mains dans ma veste de costume, refermant l'une d'entre elle sur un stylo que j'avais préparé à l'occasion. J'allais donc entrer, m'approcher d'elle, sortir l'objet que je venais de saisir, signer ce foutu papier et ensuite m'en aller sans dire quoi que ce soit pour enfin retrouver Elena à la maison, elle que je n'avais pas vu de la journée et avec qui j'aurais pu être en ce moment sans ce rendez-vous totalement imprévu.

Me hâtant vers la porte d'entrée, je l'ouvris en sortant ma main droite un bref instant pour pénétrer dans ce lieu charger de souvenirs chers à mon cœur... non, je plaisante, je m'en fiche au moins autant que de la première cuite de mon père ! Plusieurs personnes se trouvaient dans ce lieu, mais je n'en avais que faire d'eux, ne les saluant chaleureusement que pour jouer de l'image que je m'efforçais à me donner en public pour être considéré comme quelqu'un d'exemplaire, un vrai modèle pour chacun et chacune. Dans mon champ de vision se trouvait également cette femme que je devais retrouver, elle qui, je devais le reconnaitre, avait le mérite d'être magnifique, le genre de beauté rares affolant les regards et pour qui certains seraient prêts à tout donner. Mais dans mon cas, elle ne m'intéressait pas du tout. Je m'approchais donc d'elle afin d'enfin la rejoindre, lui adressant un vague signe de tête en guise de salut pour ensuite prononcer quelques mots à son encontre sur un ton parfaitement neutre.

La compagnie de mon ex-petite amie n'était pas pour me plaire, mais je n'avais pas le choix puisque cela concernait Elena. Et pour cette dernière, je serais prêt à passer autant d'heures qu'il le fallait avec sa mère, quitte même à me retrouver menotter à elle à vie. Mais là en l’occurrence, nul besoin d'aller jusque là - fort heureusement pour moi - puisqu'il me suffisait de signer un simple papier permettant à notre fille de prendre part à une sortie. Et en annonçant à Rosa que je ne comptais pas rester bien longtemps, je sentis que ma légendaire franchise avait encore frappée, l'ayant quelque peu blessée. Mais ça, autant dire que je commençais à y être habitué et que je n'en avais par conséquent plus rien à faire. En avais-je eu quelque chose à faire un jour d'ailleurs ? Je ne pense pas. Jamais je ne me ferais avoir par l'amour, jamais je ne deviendrais dépendant à la moindre femme et jamais je ne me livrerais corps et âme à l'une d'entre elle. A quoi bon d'ailleurs ? Mais mes songes disparurent quand les fameux papier apparurent. Les prenant en main pour les parcourir des yeux et tomber rapidement sur l'endroit où devait se trouver ma signature, là où la ravissante femme avait cru bon d'apposer un post-it, post-it totalement inutile étant donné que mon QI dépassait les deux chiffres et que j'étais habitué à tout ce qui était administratif grâce à mon entreprise. Mais alors que je m'apprêtais à signer directement, elle se sentit obligée de rajouter une petite phrase me faisant serrer les dents, lui répliquant instantanément d'un ton sec.


Et jamais je ne lui permettrait de penser ou encore dire le contraire. Je pris finalement soin d'apposer ma signature, m'apprêtant à rendre les papiers à Rosa qui semblaient partir sur une phrase concernant des rides inexistantes, signe qu'il n'était jamais trop tard pour prendre un rendez-vous chez un bon ophtalmo, qu'une personne loin de m'être inconnue s'approcha de nous. Moreno, l'homme qui nous avait entrainé et qui malgré son âge "avancé", me semblant toujours autant en forme. Rosa et moi avions toujours été ses élèves favoris, de par le duo incroyable que nous formions à l'époque et qui n'étais plus qu'un lointain souvenir désormais. Même si je savais qu'il nourrissait l'espoir de nous réunir sur le même ring, sans doute car pensait-il que ça allait réveiller cette ancienne complicité ou je ne sais quoi que nous avions à l'époque. Mais c'était peine perdue, je n'avais aucune envie de faire quoi que ce soit avec elle, même pas monter dans le même ring. Et bien entendu, après nous avoir salué affectueusement, c'était ce que l'homme nous proposait... voir juste était ma spécialité, visiblement. Je m'apprêtais à refuser poliment son invitation lorsque cette insupportable personne qu'était la mère de ma fille prit la parole à ma place, me provoquant ouvertement.

J'étais conscient qu'elle agissait de la sorte pour justement me pousser à faire ce qu'elle désirait que je fasse, mais... bien que l'idée me déplaise, j'allais devoir lui donner ce qu'elle désirait. Il était tout simplement hors de question qu'elle me ridiculise de la sorte devant tout le monde, que je lui donne raison en montrant que je n'en avais rien à faire des gens, moi qui avait passer des années et des années à me créer un masque d'homme parfait, modèle, aimable, maniéré et toutes ces qualités qui faisaient ma réputation, je n'allais pas la laisser montrer un aperçu de qui j'étais réellement. Sans dire un mot, j’attrapai mon portable pour envoyer un message à Elena pour lui expliquer que je serais en retard, pour ensuite ôter ma veste de costume que je posais derrière moi, dénouant ma cravate tout en observant Moreno dans le blanc des yeux et en lui offrant un sourire éclatant.


Ma cravate partis rejoindre ma veste, suivie par ma chemise que je lançais avant de me diriger vers le ring, me hissant sur celui-ci pour passer entre les cordes en observant mon ex, un léger sourire aux coins des lèvres. Tu voulais te retrouver face à Sean Reid ? Maintenant, assumes et viens, ma grande !

Quel était le but derrière tout ça ? A quoi bon me provoquer pour se retrouver dans le même ring que moi ? Cela n'avait aucun sens et pourtant, c'était bel et bien ce qu'elle avait fait. Devenait-elle folle ? Rêvait-elle de me passer à tabac pour me faire payer mon manque d’intérêt vis à vis d'elle ? C'était ce qu'il y avait de plus crédible, même si je savais très bien qu'elle ne le ferait pas pour notre fille. Enfin... à quoi bon chercher de la logique dans ce genre de situation ? Alors même que toute notre histoire était basée sur l'illogisme. La preuve en était, je me retrouvais là, au centre d'un ring, torse nu, attendant que mon ex-petite amie me rejoigne pour que nous puissions commencer une distribution de marrons. Qu'y-avait-il de plus étrange que cela en ce moment même ? Rosa arriva finalement, s'étant changée pour bien appuyer le fait que ce moment avait été planifiée par elle depuis le début, elle qui savait parfaitement comment m'orienter vers ce qu'elle désirait faire, ce qui m’horripilait profondément. Personne n'a le contrôle sur moi, Sean Reid, seul maitre de mon destin, homme à l'influence si importante que bon nombres avaient peur de moi, mon nom seul parvenait à leurs invoquer la peur. Et elle, là, osait se pavaner et m'envoyer des piques... c'est d'ailleurs ce qu'elle fit, une fois de plus en me rejoignant sur le ring, me faisant face et plongeant son regard dans le mien.


Suite à ces mots, je détournais mon attention vers Moreno, attendant avec impatience que ce dernier lance le début ce cet affrontement qu'elle avait eu tord de provoquer. Je comptais bien la remettre à sa place une bonne fois pour toutes - sans non plus en faire trop, n'oubliant pas qu'il s'agissait de la mère de ma fille - pour qu'enfin elle comprenne qui je suis. Mais alors que le départ allait être lancé, une fois de plus, elle captiva mon attention avec ses paroles qui eurent cette fois-ci le don de me séduire. Oh... ainsi voulait-elle pimenter le tout en ajoutant un enjeu ? Pour la première fois depuis bien longtemps, je lui répondis avec un sourire amusé bien loin de ceux moqueurs qui lui étaient habituellement réservée. Le jeu en valait la chandelle, étant donné que la perceptive de pouvoir lui demander ce que je désirais me faisait jubiler.


J'allais gagner. Comment pouvait-il en autre autrement ? Comment pouvait-elle me vaincre ? Jamais personne ne m'avait mis au tapis, aucuns coups n'avaient jamais été assez puissants pour me maintenir au sol, pas même ceux que la vie m'avaient distribuer. Je finissais toujours par me relever depuis toujours, même enfant lorsque l'homme chez qui l'on doit chercher le taux de sang dans l'alcool qu'il a dans les veines et non l'inverse, plus communément appeler "mon père", me passait à tabac. Alors ce n'était pas cette frêle femme qui allait me faire quoi que ce soit. Le bras de Moreno s'abaissa alors que les miens se levèrent devant mon visage, écartant raisonnablement ma jambe droite pour prendre un appui optimal et balancer une phrase pleine de détermination à mon adversaire.


Je pouvais la réduire en bouillie aisément et elle en étant pleinement consciente, même si je n'allais pas y aller trop fort, bien entendu. Mais alors que j'avais l'opportunité parfaite pour placer un premier - et sans doute unique au vu de la différence de puissance - coup, je ne le décocha pas. Comme si quelque chose au fond de moi m'empêchait de m'en prendre à elle. Et je savais parfaitement ce que c'était... Elena... elle qui d'ailleurs, et je ne m'en rendais compte seulement maintenant, ressemblait finalement bien plus à sa mère physiquement que ce que je ne pensais. Non... non, non et non ! Je ne dois pas commencer à voir un peu de ma fille en elle, pas en une personne pour qui je n'ai aucun intérêt, aucune accroche. Me forçant à me reprendre mentalement, je fini par lever ma jambe dans les airs, la touchant l'épaule avec mon tibia et l'envoyant sur le coté. Je n'avais pas appuyer mon coup de façon volontaire, pour ne pas lui faire mal et simplement me contenter de l'expédier plus loin, voir même de l'envoyer au sol si jamais elle venait à perdre l'équilibre.

Comment avais-je pu un jour former un "couple" avec cette femme ? Elle qui m'irritait à un point inimaginable et qui avait un don tout particulier pour me placer dans des situations que je haïssait, comme celle qui se jouait en ce moment avec ce combat stupide qui ne rimait à rien alors que j'avais bien plus important à faire. Son seul atout de mon point de vue était la raison pour laquelle je me l'étais appropriée pendant un temps : son physique de rêve qu'elle n'avait absolument pas perdue au fil des années, bien au contraire même. Et malgré le fait que je sois tenté de penser que j'aurais mieux fait de ne pas m'arrêter à ça, je n'ai absolument aucun regret et je referais exactement la même chose pour conserver ce petit rayon de soleil qu'était ma Elena. Ma fille que j'allais voir d'ici quelques instants, car je comptais bien mettre rapidement fin à ce combat inutile, quand bien même je ne voulais pas blesser sa mère, ironique lorsque l'on sait que je lui ai fait subir bien pire que n'importe quel dégât physique. Elle me rappela d'ailleurs que notre combat n'était jamais terminé, ne parlant pas simplement de celui que nous nous apprêtions à livrer dans ce ring, mais à celui que nous menions dans la vie de tout les jours, enfin... qu'elle menait étant donné que je me fichais pas mal d'elle depuis un bon moment déjà, ne cherchant absolument pas à la nuire ni même à m'approprier Elena qui devait avoir ses DEUX parents et non pas un seul.


Cette obsession de vouloir me faire payer ce que je lui avais fait subir était bien plus nocive pour elle que pour moi. Qu'avait-elle à y gagner dans le fond ? Absolument rien puisqu'elle ne pouvait m'atteindre avec quoi que ce soit. Elle ne faisait que perdre son temps, gâcher sa vie et ferait même du mal à notre fille dans l’éventualité où elle découvrirait mon secret à force d'être obsédée par moi. Quoi qu'il arrive, elle allait forcément laisser des plumes dans cet affrontement, ne s'en rendant même pas compte, elle qui pourtant n'était pas la dernière des idiotes mais ne voyait pas au delà du bout de son nez. Cette même femme qui n'avait de cesse de me provoquer depuis que nous étions montés dans ce ring, pensant me déstabiliser en critiquant la force de mes coups volontairement faibles.


Elle voulait jouer avec les doubles sens ? Grand bien lui en fasse ! Je venais sans doute de toucher le point sensible en remettant mes nombreuses infidélités sur le tapis, ce qui me donnait la victoire incontestée à ce petit combat de piques. Quant à l'autre, je venais de me prendre un coup de pied dans le genoux ayant plié à ce coup. Forcément, peu importe la force employé, c'était obligé qu'il se passe ceci. Mais la victoire ne lui était pas offerte étant donné que je repris rapidement mes appuis, comme si de rien n'était. Car que signifiait ce petit coup de pied pour moi qui avait essuyé un nombres incalculables de coups, à un point où il en était même étonnant que je m'en sois sortis sans la moindre séquelles. Un regard échangé avec Rosa plus tard, je vis cette dernière reporter son attention sur une jeune fille ma foi fort charmante et qui semblait être intéressée par moi comme... presque toute la gent féminine ? Le petit pourcentage n'étant pas intéressé étant celles qui préféraient les femmes. Cet évènement ainsi que les paroles de mon ex-petite amie me déconcentrèrent momentanément, ce qui semblait être l'effet rechercher par Rosa qui profita de l'occasion pour m'envoyer son poing en direction de mon torse. Mais les réflexes que je m'étais forger grâce au milieu dans lequel j'évoluais étaient bien trop affutés pour que je me laisse avoir de la sorte. J'attrapais alors son bras de ma main gauche, pivotant ensuite sur la droite pour abattre d'un coup sec mon avant bras dans les épaules de la mère de ma fille tout en relâchant son bras. Ce mouvement avait été plus puissant que je ne l'aurais voulu, mais en théorie, elle devrait s'en sortir sans trop de douleur, elle qui était peut-être au sol en ce moment précis. Mais je ne pris pas la peine de me retourner, me contentant de lui balancer ces quelques mots d'un air détaché.


Elle ne pouvait rien faire contre moi durant cette démonstration et elle le savait. Bien qu'elle allait sans doute poursuivre encore et encore simplement pour remporter ce stupide pari qu'elle avait fait avec moi. Mais le gagnant était déjà tout désigné, à tel point que je ne faisait plus attention à elle qui se trouvait dans mon dos, levant les bras en observant les personnes venues observer le combat, un petit sourire au coin de mes lèvres.