CHAPTER O1 – DEWSBURY, APRIL, 1999  ► IL Y A DES MOMENTS QUI PEUVENT CHANGER NOTRE VIE SI ON EST PRÊT A LES SAISIR.  

«  Aly vient manger, c’est prêt ! » Ta mère t’appelle de la cuisine et tu ne tardes pas à descendre, bientôt suivit par les deux boulets qui te servent de frères. Tu prends place à table à côté de TJ et en face de Will, votre habitude. Ça s’est fait automatique depuis que t’es en âge de t’asseoir avec eux. Ton père finit par vous rejoindre et vous commencez. Toi t’adores ces repas en famille, lorsque vous êtes tous réunis et que … « Au fait, Aly, comment il va le petit Isaiah ? » te dit TJ avec un sourire en coin. Tu lui donnes un coup dans les côtes tandis qu’il éclate de rire et que Will lève les yeux au ciel. « Isaiah va très bien, merci» Te faire charrier, c’est aussi une habitude mais au fond, tu sais que c’est sa manière à lui de veiller sur toi. Tu vois que les parents ne peuvent s’empêcher de rire. Dans le genre j’ai toute ma famille à dos … « Vous allez arrêter à la fin ? On a neuf ans ans. C’est mon meilleur ami. Moi j’ai pas les hormones de TJ déjà » Et voilà qu’ils éclatent tous de rire. Tu fais mine de bouder mais rester en colère contre eux ce n’est pas possible bien longtemps. T’as peut-être que neuf ans mais tu sais qu’ils t’ont sauvé la vie. Ils t’ont recueilli lorsque t’avais trois ans. Depuis t’es une McCoy et t’y es bien.

JULY 1998 — « Isaiah viens voir » Il se dépêche de te rejoindre dans ton jardin. Il s'accroupit près de toi. « Tu vois ce papillon, il ne vole que lorsqu'il va y avoir une bonne saison, nous sommes au printemps . Je pense que c'est un signe. » Le français sourit. Cette fille avait le don de lui faire découvrir des tas de choses, surtout quand il ne s'y attendait pas. « Et comment tu dis papillon en russe ? » Tu tournes la tête vers lui. Tu laisses s'envoler le papillon et t'assois en tailleur comme si ce que tu t'apprêtes à lui dire est crucial « Babochka, ça se dit babochka. » Isaiah avait commencé à apprendre le russe  et toi t’apprenais le français. C'était assez drôle.


CHAPTER O2 - DEWSBURY, OCTOBER, 1999 ► LES PIRES TRAHISONS VIENNENT TOUJOURS DE CEUX EN QUI L'ON A LE PLUS CONFIANCE.  

Le garçon dévale les escaliers. Quelqu'un a sonné à la porte et il sait déjà qui c’est. Ces derniers temps, tu ne l’as pas vu souvent, faisant tout pour t'éviter. Mme Leblanc s'est remarié avec homme qu'Isaiah haïssait au plus au point et cela semblait réciproque. L'ambiance à la maison n'était plus au beau fixe, loin de là et il espérait que tu n'avais rien remarqué. Ta présence devant sa porte prouvait le contraire. Il court vers l'entrée, ouvre la porte, t’attrape par la main et te poussa à l'extérieur. Tu prends ton ami dans tes bras mais recule d'un pas assez rapidement. « Isaiah, que se passe-t-il ? » Il n'ose pas te regarder dans les yeux sachant pertinemment que tu peux lire en lui comme dans un livre ouvert. « Ton visage .. tu es tombé ? » Le garçon leve la tête vers toi, plongeant finalement son regard dans le tien . Tu peux y voir de la douleur, de la peur et du désespoir. « Aliyah il faut que tu partes, sdelayte pozhaluysta » Tu sais que c’est sérieux. Il ne te parle en russe qu’à ce moment-là « Isaiah !! viens ici ! » Le français tourne la tête, prit de panique . « Il faut que tu partes ! Vite » D'abord réticente à l'idée de laisser ton ami seul, tu capitules. Mais il est hors de question de l’abandonner. Tu saisis sa main et l’entraînes avec toi. Vous courrez, déterminés à fuir.« Où crois-tu aller ?! » Le beau-père d'Isaiah sort et attrape le garçon au vol. Tu finis projetée au sol dans l'action. « Je t'ai interdit de la revoir ! Tu sais ce qu'il se passe quand tu désobéis ?! » Il le gifle  et tu le vois tomber au sol sous la violence du coup. Incapable de rester sans rien faire, tu sautes sur le dos du bourreau de ton ami, tentant vainement de l'empêcher de lui faire du mal. Tu n'y échappes pas plus que lui. Tu atterris au sol, presque assommée. « Aliyah cours ! Vite ! » Tu te relèves et cours vers le portail. Tu te tournes une dernière fois, juste à temps pour voir ton ami disparaître à l'intérieur de la maison.

OCTOBER 2002 — « Je suis obligée de vous parler ? » Elle doit se dire que du haut de tes 13 ans, t’es un peu trop insolente. « Ton père et tes frères ont suggéré que tu viennes ici. Puisque tu refuses de leur parler, ils se sont dit que tu voudrais peut-être le faire avec moi. » Tu lèves les yeux au ciel « C’est bien la première fois qu’ils s’entendent tous sur quelque chose. Formidable. » T’as pas envie d’être là, tu veux juste rentrer chez toi. Will t’a annoncé qu’il part à l’armée et tu veux profiter un maximum. La bonne femme te dévisage et attend patiemment que tu daignes ouvrir la bouche « Très bien mais si je le fais, c’est pour mes frères c’est tout. » Elle hôche la tête et tu soupires « Il faut que je parle de quoi exactement ? » Elle jette un coup d’œil à ses notes. Super, elle connait déjà ta vie ! « Tu peux commencer par Isaiah » Tu croises les bras « Il est parti, il n’y a rien à dire. » « Et ta mère ? » « Elle aussi est partie » « J’ai cru comprendre que ton frère s’en allait ? » « Oui lui aussi » « Ca fait beaucoup non ? » Tu lèves les yeux au ciel « Ils sont partis c’est tout » Tu commences à perdre patience, elle te prend la tête « Non Aliyah, pas exactement. Isaiah s’est littéralement fait enlevé pas son beau-père qui le maltraitait. Cet homme t’a également frappé et tu n’as plus jamais revu ton ami. Ta mère est décédée d’un cancer il y a peu. Et ton frère Will s’est enrôlé dans l’armé et … » Tu la coupes « Mais lui il va revenir ! Et j’ai TJ avec moi, je sais qu’il sera toujours là pour moi. »«  « Ton père dans tout ça ? » Tu fermes les yeux, énervée « Il a du mal à avancer. C’est TJ qui l’aide à la boutique. Mais je ne suis pas seule et je sais que mes frères ne m’abandonneront pas. Ils sont ma famille après tout. » Et puis elle commence à te gaver avec ses questions « Je peux partir maintenant ? » Elle regarda sa montre et toi, tu trépignes. On toque à la porte et la tête de TJ apparait dans l’embrasure « On y va Princesse ? » Tu sautes sur tes pieds et te rues à l’extérieur « A la prochaine Aliyah » Ou pas …


CHAPTER O3 - DEWSBURY, JULY, 2005 ► IL VIENT UN MOMENT DANS CHACUNE DE NOS VIES, OU LE CONTRÔLE DES ÉVÉNEMENTS QUI NOUS PERMET DE RESTER RAISONNABLE NOUS GLISSE ENTRE LES DOIGTS.  

« Joyeux Anniversaire ! Allez fais un voeu » Tu regardes ton gâteau et toutes ses bougies. Tu fermes les yeux et ne mit que quelques secondes pour trouver ton souhait « J'aimerais revoir Isaiah et si ce n'est pas possible, faites qu'il aille bien » puis souffles . Toutes les petites flammes s'éteignent. Ta famille explose de joie et tu vois TJ dans la foule avec un grand sourire. Tu sais qu’il se donne beaucoup de mal pour que tu avances et sois bien. Will t’a appelé et ça semble aller pour lui. Visiblement il a trouvé sa voie. Mais ça t’ennuies que ces deux-là ne s’adressent toujours pas la parole. Et il faudrait peut-être que tu t’en mêles.

MARCH 2017 —Tu passes la porte du commissariat. T’as choisi de devenir flic, contre l'avis de ton père, jugeant le métier beaucoup trop dangereux. Mais il a fini par s'y faire mais il t'appelle régulièrement pour s'assurer que tu vas bien. Tu te diriges vers ton bureau, un jeune homme s'arrête devant toi « Ali ? » Tu lèves la tête et le reconnais immédiatement ... Isaiah

TO BE CONTINUED